L'origine des jeux
de Comicsboris
Harry fut pris à chaparder dans le sac d'un infirme le jour de ses treize ans. Mauvais présage me direz-vous ? De fait, il n'atteignit pas son quatorzième anniversaire.
Petit, roux, boutonneux et rondouillard, Harry était peu à son avantage lorsqu'il gambadait à l'extérieur de la demeure parentale. A l'intérieur de celle-ci, il n'était que le dernier rejeton d'une lignée de disgracieux. Illettré par tradition familiale, il avait l'instruction d'une meule de foin.
Son crime se trouvait être l'un des plus honteux que l'on rencontrait à cette époque : marauder le butin d'un mendiant, de surcroît unijambiste. C'est ce qui fut consigné dans son rapport par le redresseur de tort qui le prit la main dans le sac.
Après trois mois de geôle passés en compagnie de rongeurs et d'arachnides de toutes sortes attirés ici pour la convivialité du site, eut lieu son procès.
Suite au réquisitoire assassin du fonctionnaire mandaté par la République, on passa directement au verdict. On avait omis d'avertir la famille de l'accusé de son incarcération. D'ailleurs celui-ci ne représentait pour elle qu'un de ces innombrables marmots courant dans tous les sens et dont on ne sait plus vraiment combien ils sont.
Le juge eut la sentence clémente : on proposa au coupable d'échapper à la mort en se soumettant à un jeu dont les règles avaient été définies durant les trois mois de sa détention. S'il remportait la victoire, il avait la vie sauve. Dans le cas contraire, il était pendu haut et court. Harry accepta la sentence et se prépara.
Quelques heures plus tard, on le fit amener dans une vaste pièce lumineuse. A sa droite, sur le mur blanc, était fixé un tableau noir, à sa gauche, trônait une potence. Sur le tableau, apparaissaient, écris à la craie, cinq traits horizontaux et alignés.
On commença par nouer les mains d'Harry dans son dos puis on lui expliqua la règle du jeu que, de nos jours, tout enfant ayant fréquenté les fastidieux bancs de l'école connaît. Il devait découvrir le mot inconnu en proposant des lettres et se rapprochait un peu plus de la mort à chaque erreur. Harry ne comprit même pas la règle. Ayant prévu cette éventualité, la justice avait invité pour accélérer la manœuvre le redresseur de tort qui avait harponné Harry. Celui-ci avait devant lui six chopes qu'il devait avaler. A chaque fois que l'une d'entre-elles était vide, on franchissait une étape supplémentaire dans la pendaison du pauvre Harry. La besogne fut vite accomplie. On fixa d'abord la corde à la potence puis on la noua autour du cou d'Harry. On lui mit une cagoule sur la tête et on le fit monter sur le tabouret. Au bout de ces quatre étapes, l'autre avait déjà éclusé ses chopines alors on passa illico à la sixième et dernière étape. On shoota un bon coup dans les pieds du tabouret et s'en fut terminé de la brève et pénible existence d'Harry.
Cette anecdote est à l'origine du fameux jeu du pendu cité précédemment. On pourrait la qualifier de sinistre mais que voulez-vous l'Histoire du monde est ainsi : cruelle. L'époque fut d'ailleurs féconde en matière de jeux puisque, quelques temps après, fut inventé le jeu des chaises musicales. L'unijambiste, victime d'Harry, fut à son tour l'auteur d'un larcin. On lui proposa une sentence similaire à celle du jeune homme. La règle du jeu proposé était, à quelques innovations près, la même que celle que l'on connaît actuellement. Inutile de préciser que le coupable n'en réchappa pas.
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