Une odeur de jambon éveillant ma narine,
Prenant juste le temps de me bien étirer,
J'ai trottiné tout droit jusque dans la cuisine
Grapiller un morceau avant que de souper.
Ma maman a levé un sourcil très sévère,
Et tout en découpant quatre pommes de terre,
Elle m'a dit ces mots à ne pas oublier :
"Maintenant petit chat, il faut être très sage,
Pas question un instant de monter sur la table,
Car nous avons ce soir les Durand à dîner.
Médor viendra aussi, sans doute, et c'est injuste,
Mais il ne faut pourtant pas lui griffer la truffe,
Il n'est guère méchant, il ne veut que jouer...
Bref il faudra mon chat présenter pattes blanches,
Quoi qu'il en coûte même à ta nature franche !
Promets-moi mon minet, ne fais pas de bêtise"
Conclut-elle en courant repasser sa chemise.
Je murmure un "moui", j'acquiesce gentiment,
Car je suis un chaton des plus obéissants :
Trois de mes pattes sont aussi blanches que neige ;
Quant à la quatrième, elle est un peu trop beige :
Je la trempe aussitôt dans la boîte à farine
Avant de traverser à nouveau la cuisine.
Quand je verrai ce soir venir les invités,
Tout en haut du buffet je me présenterai.