Jordan Twist (2)

15 minutes de lecture

Mardi 9 février, 6h.

Il est six heures trente. On est mardi. Et le type me réveille en frappant à la porte, comme d'habitude. Il ouvre la porte de la cellule. Ces chiens sont toujours à l'heure, hein...

Je me lève sans rien dire, je me brosse les dents, je pars prendre ma douche avec les autres détenus. Clinton me bouscule et je sors les dents, petit con. Ils devraient tous crever ici.
J'arrive au petit dej dans la salle commune et me laisse tomber sur une chaise. Je grimace de douleur et je commence à tartiner mon pain sans rien dire. Je sens le regard de ce connard de Beckett sur moi. J'ai envie d'aller lui casser la gueule.

Je relève les yeux pour voir si les gardiens sont affairés à autre chose et je surprends le regard de l'un d'eux sur moi - un nouveau, je crois l'avoir senti m'observer vite fait hier aussi.
Il ressemble pas aux autres gars d'ici. Ça, il est complètement différent même. Il a pas cette allure conne de certains, ou ce côté p'tite bite qui se la joue d'autres. En plus, il est grand et pas si baraque que ça. Quoique ses bras sont quand même volumineux, pour un corps si fin. Il a les traits jeunes, aussi. Et si c'est un nouveau, doit y avoir moyen d'en faire quelque chose.

Je le regarde encore, il fait pareil. Je me demande lequel de nous deux baissera les yeux le premier. Je le défie, en mordant nonchalamment dans ma tartine.

Sauf que lui, il a l'air de s'en foutre et de pas prendre notre battle de regard au sérieux. Ses yeux tournent lentement sur la salle pour surveiller et je soupire. Chiant. Le genre de type qui s'en fout, ouais. Je retourne à ma bouffe avant de rentrer dans ma chambre pour me préparer à mon job. Je bosse dans l'agriculture, je m'occupe des animaux. Eux au moins sont pas des foutus vicieux.

Bizarrement, le destin envoie le même mec s'occuper de ma rangée de cellule pour nous amener au taf ce matin. Quand il arrive vers moi, je dis rien, me contentant de le regarder. Je sais que je dois être irréprochable si je veux pas partir en isolement.

Il fait des grands signes pour nous montrer qu'il faut y aller, puis je sens qu'il surveille que tout se passe bien avec un réel intérêt. Il est pas encore blasé. Il verra dans quelques mois. Ça me fait marrer, ces nouveaux qui prennent leur job au sérieux. Ils se lassent vite, on devient tous que des numéros, des jolis petits moutons à aligner bien comme il faut, et ils sont pressés que tout soit fini histoire d'avoir tout le temps de bouffer et mater leurs films dans leur bureau.

Pour l'instant, il marche en prenant la peine de se tenir droit. Et quand on arrive à la section agriculture et élevage, il ouvre de grands yeux et un sourire fin se forme sur ses lèvres sans qu'il ait le temps de le réprimer. Comme un nouveau, quoi.
Impressionné par les bêtes ? Il a peut-être été élevé en campagne. Va savoir. Ça doit lui rappeler sa joyeuse petite enfance de mec chanceux.

Je me dirige vers les vaches, je commence à caresser ma préférée, que j'ai appelée Betty parce qu'elle me rappelle ma grosse vache de baby-sitter quand j'étais gamin. Mais cette Betty-là est plus douce, elle est gentille, elle nous produit du bon lait. Je sais qu'elle m'aime bien aussi, à sa façon de me regarder. Pas de faux-semblant avec les animaux.

Je vois que le garde se dirige vers celui qui nous surveille et ils parlent un moment ensemble ; mais moi je retourne à mes bêtes.

Je commence à installer la machine sur les pis de Betty, elle nous fournira un bon lait. Je lui parle doucement et je la rassure parce que je sais que c'est un moment stressant et pas agréable. Quand j'en ai fini, je m'occupe de son box, le nettoyant, et je lui donne à manger. Des trucs bons et bio ; ici on plaisante pas avec la traite des animaux.
Quand je me retourne un instant, je vois le garde de tout à l'heure derrière moi, qui regarde alternativement chaque mec qui travaille ici.

Il a que ça à faire ? S'il y tient je lui refile ma place ; il a qu'à venir en tant que taulard, il aura tout le loisir de traire les vaches. Après mes réflexions, il s'éloigne un peu et va voir John, qui s'occupe des plants de l'autre côté.

Je m'assois sur le tabouret et m'appuie contre la paroi de bois. Je ferme un peu les yeux, attendant. Je serre les dents quand je repense à tout ce que j'ai sacrifié.

Betty mugit à coté de moi et me tire de mes pensées. Je souris en la regardant, et je reprends un visage neutre. Arrête d'être faible, Jordan. T'as pas le droit de sourire. Je serre les dents et commence à la panser. Quand j'ai fini avec elle je vais nourrir les lapins. Mignonnes petites bêtes qui finissent dans les assiettes de violeurs, pédophiles et meurtriers. Si c'est pas du délire.

Le travail du matin dure plus de trois heures, les trois heures que j'apprécie le plus dans la journée. Y en a pas beaucoup qui ont choisi ce job-là dans la prison. Pas assez viril pour ces messieurs qui sont même pas capable de coucher avec quelqu'un de consentant. Et je serre encore les dents en y repensant.

On part finalement pour le réfectoire et devinez quoi ? C'est lapin et polenta aujourd'hui. Fabuleux. Je picore dans mon assiette, sans rien dire. Un jour je vais assassiner Randall. Le mois prochain.

Il est encore assis à quelques tables de moi, le nez dans son assiette à éviter tout genre de contact. Ouais, qu'il essaie même pas de me regarder où je lui plante direct ma fourchette dans la gorge. Ça, je crois qu'il l'a compris.

  • Qu'est-ce t'as ? grogne Foster, assis à mes côtés en envoyant un coup dans mes côtes.
  • Qu'est-ce que ça peut te faire ? Je réplique en lui lançant un regard noir.

Ce mec se prend pour Jésus, il dit qu'il sait pas ce qu'il fout là parce qu'il a jamais blessé personne. Il essaie tout le temps de jouer les bons copains.

  • Jamais sympa, il râle en revenant à son assiette.
  • Pauvre poussin, je siffle en attaquant la polenta.
  • T'es juste trop con, il fait pour lui-même, je sais même pas si il s'est entendu le dire.

J'écrase son pied rapidement et fais comme si de rien était. Moi non plus je mérite pas d'être ici. Foster lui, il lève les yeux au ciel en soupirant et change de place pour plus loin, à une autre table.

Je vais jamais me faire de pote ici. Le mec que je tolère le plus, c'est Duncan. Il est là à peu près pour les mêmes raisons que moi ; on se connaissait d'avant déjà.
D'ailleurs, je vais profiter du temps de repos après manger, histoire de discuter un peu avec lui. Je fusille encore ce connard de Beckett du regard en déposant mon plateau. Lui, il me fait un clin d'oeil.

J'ai envie de vomir. Je sens mes mains trembler alors je les cache dans mes poches et me donne un air nonchalant. C'est ce qui compte ici. Avoir l'air d'un dur, avoir l'air infaillible. Même si on est constamment terrifiés.

Beckett commence à se lever pour se diriger vers moi quand les gardes sonnent la fin du repas, puis tout le monde se lève pour évacuer. J'en profite pour le fuir comme la peste, et mon coeur bat à tout rompre. Pas aujourd'hui. Mais je sais que j'y couperai pas.

On a juste le temps d'aller aux cellules avant d'en ressortir pour se diriger vers le sport. Je me dépêche un peu, faut que je me défoule. Surtout que y a souvent pas mal de gens aux machines, faut aller vite si je veux le tapis en premier.

Quand j'y arrive j'en trouve une, et je monte à côté d'un type que je connais pas super bien. Il doit être arrivé y a peu lui aussi.

  • T'es là pour quoi ? Je demande histoire de dire quelque chose - ouais, ça m'arrive..

Il me jette un regard en coin, me détaille de haut en bas, puis continue son sport.

  • Courir.
  • Ta peine, je soupire.
  • Sans blague, il se marre avec une certaine arrogance sans plus me regarder.
  • T'es là parce que t'es con, non ? Je siffle, acerbe.
  • Et toi parce que tu parles trop, sûrement.

Il me fait un sourire hypocrite mais je vois bien qu'il est amusé.

  • Pour une fois que j'essaie de parler, je grogne en regardant devant moi.

On continue à courir sans bruit un long moment, si ce n'est ceux des autres mecs qui grognent en soulevant leurs haltères. La salle est pas mal surveillée à cause de tout le matériel

Finalement j'en ai marre ; et c'est bientôt l'heure d'aller bosser. J'y retourne sans traîner, suivi par le nouveau gardien qui prend son job au sérieux. Je lui lance un regard hautain et lui ne me remarque même pas, trop occupé à suivre Randall des yeux.

Quoi, c'est quoi son problème à mater ce connard ? Je bouscule le gardien en passant, encore plus énervé qu'avant. Il inspire la pitié maintenant ? Quel chien.

À mon premier pas après l'avoir dépassé, une main se ferme sur mon bras. Le gardien me remet à ma place avec fermeté, sans rien me dire de plus ni faire d'esclandre, puis il part dans la foule pour surveiller à l'avant.

Je serre la mâchoire et j'avance. Je l'ai mérité, je sais. Mais merde, il devrait pas accorder une seconde à cet enculé. J'arrive finalement à la ferme et je donne à manger au porc en réfléchissant à ce que je veux faire de ma vie.

  • Eh, Dan ! m'apostrophe un détenu.

Je me retourne et je soupire en voyant que c'est ce lèche-cul de Walter. Il s'approche tout souriant en trotinant.

  • Quoi ? je grogne en le regardant de haut en bas.

Lui, il m'envoie un sourire guilleret, puis sa main effleure mon avant-bras.

  • Comment tu vas, Danny ?

Je soupire et me recule un peu.

  • Comme un taulard, je maugrée.
  • Comme toujours. Tu vas bien alors, il sourit encore plus. T'as entendu ce qui se dit sur Boï ?
  • Non, je le regarde avec un air lugubre. Quoi ?
  • Faute majeure, il part en isolement quelques jours. Apparemment ils surveillent Beckett aussi.
  • Ouais ? Pourquoi ? Dis-moi ce qu'ils ont fait.
  • Je sais pas. Je pensais que tu savais. Je comptais sur tes oreilles traînantes, il se marre avec son sourire qui remonte jusqu'aux oreilles, puis il s'éloigne.

Mes oreilles traînantes. Ouais, je vais en jouer. Si Beckett pouvait aller au trou avant ce soir ça m'arrangerait.

La journée se termine vite, et on est rappelés pour les repas. Je m'occupe encore de Betty avant de partir. Tout le monde sait que je m'en occupe ici, alors personne vient la traire ou ce genre de choses. Je suis le boss de Betty.

  • Allez, faut vraiment y aller là ! fait l'un des gardes en s'impatientant.
  • Ouais, j'arrive.

Je remets encore un peu de paille à la vache et je me redresse. Une main m'attrape alors au coude et me tire en arrière. Je cille et me retourne, sourcils froncés, déjà en mode défense.

C'est le mec de tout à l'heure, au sport. J'avais même pas vu qu'il était avec nous en agri.

  • Allez bouge, il me conseille en me relâchant, puis il va dans les rangs avec les surveillants.

Je souffle de soulagement et j'avance aussi, suivant le groupe. On se retrouve dans la salle commune où les types des cuisines s'occupent de mettre la table.

Un rapide regard aux alentours m'indique qu'il n'y a ni Boï, ni Beckett, ni Randall, et je me détends un peu, me permettant deux secondes de répit en m'appuyant contre le mur de la salle.

Après quelques instants, le nouveau garde arrive dans la pièce et me fait signe d'aller m'asseoir d'un mouvement de tête. Fin du moment tranquille. Je le fusille du regard avant d'aller m'installer, assis entre Clinton et Foster.

Ce dernier me jette un regard torve puis se réinteresse à la conversation à sa droite. Vexé que j'aie pas voulu lui parler ce midi, le petit.
Ça me fait marrer. Les prisonniers peuvent être de ces plaies. Je me concentre aussi sur ma bouffe, le nez dans mon assiette. J'entends quelques types discuter, y en a un qui parle de Boï. Il aurait attaqué un type à coup de brosse à dent taillée. Tant mieux, il va y rester longtemps.

Tous les surveillants se sont rassemblés à l'entrée et discutent entre eux à voix basse, alors j'imagine que c'est vrai et qu'il se passe vraiment un truc. Je les observe à la dérobée. Y a pas de femme ici. Autant dire que ça manque pas mal à la plupart d'entre nous. Je serre ma fourchette.

Finalement, Bill, l'un des plus vieux matons d'ici nous ordonne de nous dépêcher, alors qu'on vient à peine de commencer. Ils craignent quelque chose, c'est confirmé. Je reste aux aguets, hésitant. S'ils sont inquiets pour autre chose, ça pourrait être le moment pour défoncer la gueule de Randall. Je le regarde alors qu'il passe tout juste la porte en plissant les yeux et j'observe de nouveau les agents.

Ils sont perdus dans leur conversation, ils jettent presque plus de regards vers nous, ou alors nerveux. Je sens l'urgence de la situation. J'hésite encore, tiens ma fourchette plus fort. Je me lève, je voulais attendre un mois, pour le côté symbolique. Tant pis. Ma cible a déjà la tête baissée dans son assiette, en plus. Et il est de profil.

Je m'approche de lui comme une ombre.

  • Tout le monde sort et rentre à sa cellule ! crie Bill le gardien d'un coup, et certains sont déjà debout.

Je serre les dents en voyant ma proie filer comme une anguille et je plante ma fourchette dans la table en bois. Pas mal de gardes arrivent en renfort pour nous faire évacuer, et je regarde passer ma chance, à quelques mètres de moi. Tant pis. Je l'aurai à la date symbolique. Je souris, mauvais. Et puis je veux le faire souffrir. Je préfère encore commencer par lui arracher les couilles...

  • Allez bougez-vous ! ils gueulent à droite à gauche.

Je souffle et avance sans regarder devant moi ; en un rien de temps je suis dans ma cellule. Ils nous ont bouclés pour l'instant malgré notre droit à notre pause ; ils ont promis qu'on pourrait sortir dans un moment et qu'on se coucherait plus tard.

Pour l'instant, c'est l'effervescence dans les couloirs. Ils essayent de boucler les derniers récalcitrants. Pas loin, je vois le nouveau se débattre avec un mec pas commode et en cinq secondes, il l'a maîtrisé, remis en cellule et est reparti.
Il gère pas si mal finalement. A sa façon de se tenir, je pressens que c'est un ancien flic ou quelque chose comme ça.

Tous les mecs crient depuis leurs cellules à mes cotés. Des beuglards. En fait, je préférerais carrément qu'on nous enferme pour la nuit. Surtout que j'ai pas eu de vraie confirmation que ce soit les autres cons en isolement. Peut-être qu'ils sont juste à l'infirmerie.
Plusieurs gardes passent en courant devant moi. J'essaie de regarder à travers la petite fenêtre mais j'y vois pas grand chose. Je laisse tomber et j'attends, assis sur mon lit.
Après une demi-heure de cris, tout s'arrête d'un coup. Pas longtemps après, j'entends le click caractéristique de la cellule débloquée qui a plus qu'à être activée par les gardiens pour s'ouvrir complètement. Progressivement, ils font sortir les mecs du début de mon allée, sans mouvement de foule. Puis vient mon tour et je me lève.

Je sors avec un soupir, passant devant belle-gueule-de-flic avec un regard appuyé, et j'avance jusqu'à la cour extérieure. Là-bas, on est tous rassemblés, certains déjà ballon à la main.
Je m'assois en tailleurs dans un coin, sans rien faire. Beckett est pas là. Je parie que c'est lui qui a fait une connerie.

  • Tu joues pas ?

Je lève les yeux. Le mec du tapis de course.

  • Pas envie. T'as envie de parler maintenant ? je hausse un sourcil provocateur.
  • P't'être bien. Plus toi ?

Il s'adosse au mur à côté de moi, bras croisés et les yeux sur le jeu.

  • Si. Si t'as un truc intéressant à dire, je souris en coin.
  • Rien d'intéressant. Je comptais parler de toi, t'écouter dans tes longs discours.
  • Mes longs discours ? je regarde aussi les joueurs. Tu veux m'entendre déblatérer quoi ?
  • J'sais pas. Je comptais pas parler, j'te dis, il se marre doucement.
  • Trop tard.

Je le regarde en coin.

  • Alors. Dan, hein ? il demande en se laissant glisser au sol.

Il finit jambes écartées, poignets sur ses genoux.

  • Et toi ?
  • Moriarty. Mes parents étaient des fans, il tourne le visage vers moi.
  • C'est pour ça que t'es là ? je me marre un peu. T'as voulu faire pareil ?

Il roule des yeux.

  • J'aurais aimé. Il est génial ce gars, il fait en regardant à nouveau le jeu.
  • Ouais. Il a tout compris.

Je croise mes jambes devant moi.

  • T'es juste une petite frappe qui a pas eu de bol alors ? T'as pris quoi, un an pour avoir noyé trois chiens ?
  • Eh ! il frappe mon épaule de la sienne. Pas les animaux, pauvre con. J'ai volé des trucs, moi. Blessé quelques-uns, aussi, il hausse les épaules. Et pouf. Je me suis retrouvé là.
  • Ouais. Dis que tu l'as fait juste une fois et que t'es là par hasard, je me marre un peu.

Personne est là par hasard.

  • Ouais. Comme toi.

Il se relève et s'éloigne jusqu'à l'autre côté du terrain. Je le regarde partir. J'ai dû le vexer. Tant mieux. Ça de moins dans les pattes. J'observe ma proie. Randall. Je vois le surveillant qui m'a suivi toute la journée qui le lâche pas des yeux. À gerber.

Il a l'air de l'étudier, de le détailler même. Je déteste déjà ce mec. Pour un maton, il devrait pas avoir le moindre respect pour un mec comme lui et il veut faire copain copain ? Je serre les dents en le détaillant aussi. Ouais, une vraie carrure de flic. Il est à quoi, cinq mètres ? Avec ses cheveux bruns en bataille et sa gueule d'ange, il espère quoi ? Se faire trousser par un détenu ? Il fait tout pour. Quel abruti.

Pile quand je l'insulte mentalement, il s'arrête de regarder Randall-le-con pour fixer ses yeux sur moi. Et encore une seconde plus tard, il les détourne pour revenir avec ses collègues à l'entrée. Je les vois discuter un moment, puis le mec en question se barre. C'est rare qu'ils restent toute la journée comme ça. J'en ai jamais vu faire autant d'heures, ou alors ils changeaient de section entre temps.

Je me dis que le système a peut-être changé pour le nouveau. Je me lève et je commence à partir quand quelqu'un d'autre m'interpelle.

  • Twist !

Il vient vers moi. Je hausse un sourcil quand je vois que c'est Jenden. On s'entend pas très bien d'habitude. Juste pour des échanges, des trucs comme ça. Je l'attends quand il arrive vers moi et me propose d'aller un peu plus loin pour discuter.

Il m'amène dans le coin opposé aux gardes, dos contre le mur pour les surveiller.

  • T'aurais pas, tu sais, des plantes ?

Je soupire.

  • Non.
  • Des médocs ?
  • Non.
  • T'as rien ? Allez mec avec ta réputation…
  • Quelle réputation ?

Je fronce les sourcils, et il dit plus rien. À force de le regarder sans rien dire, il craque.

  • On dit que tu peux tout trouver. Tout faire.
  • Je peux trouver mais j'y gagne quoi ?
  • Je t'arrange un moment en tête à tête avec Randall sans caméras ni surveillant.

Je le fixe un moment.

  • Je vais y réfléchir.
  • Réfléchis bien. C'est une opportunité en or mec, il sourit grandement cette fois, puis il repart en trottinant et je le vois taper dans la main d'un mec discrètement.

Je soupire et décide de retourner dans ma chambre. Rien à faire ici, à part des vautours qui te promettent des trucs dingues en échange d'autres trucs dingues...

Les mecs à l'entrée m'arrêtent et demandent mon identité. Je vois bien que l'affaire de tout à l'heure reste dans leurs esprits, ils continuent à cliquer. Je leur décline, Jordan Twist, et je continue mon chemin tête basse.

Rapidement, un garde me rattrape par derrière pour m'accompagner, un grand gaillard, et je serre les poings. Un petit con m'emmerde dans la cour et j'ai les matons au cul. Super.

Dès que je suis à la porte de ma cage, il me laisse et part du côté de leur loge. J'entre et quand je me retourne, je vois le nouveau qui prend le même chemin. Je plisse les yeux en le regardant, appuyé contre le chambranle. Il arrive par l'allée juste en face et commence à dezipper sa veste noire sans manche qu'il porte par dessus la chemise bleue de rigueur.

Je regarde ses gestes, il est précis. Il a l'air sûr de lui. C'est rare pour un nouveau, ils sont vite décontenancés. Une fois totalement ouverte, il la laisse pendre sur ses épaules, puis il tourne à droite pour rejoindre la salle des gardes ou le vestiaire.

Je continue de l'observer, jusqu'à ce qu'il disparaisse, et je referme ma porte. Pas trop de risque de viol aujourd'hui. Tant mieux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Illuni ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0