Narcis Parker (13)

6 minutes de lecture

Vendredi 26 février, 18h passées.

Encore une fois, je me lève vers dix-huit heures. J'ai mal dormi cette fois. C'est pas faute de m'être couché à peine rentré ; j'ai juste passé la journée à réfléchir. En plus, je suis encore fatigué. C'est Lucie qui m'a réveillé, quand elle a actionné la sonnette. Maintenant, je suis en caleçon sur mon canapé, plaid sur moi, alors qu'elle est assise de l'autre côté du sofa. Elle a pu venir plus tôt, finalement.

Elle me regarde un peu hésitante, un peu moqueuse aussi.

  • Alors ton job...? elle demande en me matant plus que nécessaire.
  • Ouais. Ouais, c'est bien. Je m'y fais. Les gens sont cools, je suis content d'avoir choisi ce job plutôt que pâtissier ou maçon, je me marre. Et toi ? La vie loin d'ici ?
  • Un peu plus dure ; c'était mieux quand on pouvait se voir tous les jours… elle répond dans un soupir. Mais ouais, j'ai bien fait d'accepter cette opportunité, le salaire est meilleur et les conditions de travail aussi.

Je hoche la tête. Je suis content pour elle. Elle en pouvait plus, ici.

  • Et donc... Toujours pas trouvé l'amour Narcis ?
  • Peut-être lundi soir. On sortira, tous les deux, je souris, enthousiaste. C'est cool que tu puisses rester cinq jours au lieu de deux !
  • Ouais ! Eh, aussi, Narcis. Tu sais hein. Je suis là. Même si tu veux pas depuis le début… elle minaude et je me marre encore.

Elle essaye toujours de m'avoir.

  • T'inquiète Lucie. Occupe-toi de toi, je m'occupe de moi.

Je lui fais un grand sourire innocent mais charmeur, puis je resserre la couverture sur moi. Elle fait une mine boudeuse avant de tirer la langue.

  • Je profiterai de ton taux d'alcoolémie lundi.
  • Sauf si quelqu'un d'autre en profite avant toi.

Je souris d'autant plus. Elle me fait marrer, cette petite.

  • On sortira manger en ville, ce soir. Genre, une pizza en cornet. Je dois y retourner pour vingt-deux heures.
  • C'est pas trop dur comme job ? Tu côtoies des assassins et des violeurs, des pédophiles, non ?

Je hoche la tête. Je lui raconte mes premiers jours, les problèmes de suicide, les collègues, je lui parle pas mal de Julien, aussi.

  • Julien, hein ? Il va me voler la vedette ? Il est beau ? Il est peut-être hétéro…

Elle a repris son expression de chasseuse.

  • Ouais. Beau, je souris pensivement. Je sais pas ce qu'il est.
  • Si tu me le présentes, je te dirai tout de suite… elle susurre.
  • Un jour peut-être.
  • Tu veux le garder pour toi, avoue !
  • Mh... Sûrement.

Je lui tire la langue et me relève.

  • Tu sais, si tu me présentes tes attributs comme ça à moitié à poil faut pas t'étonner que je te saute dessus, elle dit en regardant mon caleçon.
  • Ouais ?

Je fais bouger mes hanches suggestivement. J'adore draguer.

  • Allumeur, elle nargue en se redressant aussi pour approcher.

Elle fait claquer sa main sur mes fesses.

  • Va te préparer avant que je t'attrape !

Ça me fait marrer. Je me retourne et pars en me dandinant. Une quinzaine de minutes plus tard, je suis dans le salon, coiffé et vêtu de mes vêtements moulants.

  • Seigneur, celui-là moule encore plus ton cul que l'uniforme de police ! Avoue t'as choisi ce job pour ça !

Je lui lance un regard en coin, avec un sourire coquin.

  • Ouais. Bien sûr. Pour quoi d'autre ?
  • Pour les beaux détenus ? (Elle m'envoie un clin d'œil) Le dangereux criminel tout ça…
  • Exact.

Je lui envoie un baiser et on se dirige vers la porte pour sortir.

  • Y a des portes ouvertes ? Je pourrai venir voir comment c'est une fois ?
  • Alors là. Aucune idée, 'demanderai à Julien.

Je lui fais signe de passer avant moi pour pouvoir fermer à clef. On arrive dans ma voiture et on se dirige vers le centre ville pour manger un morceau. Moi je choisis une pizza en cornet, une bonne royale pleine de crème, Lucie prend une part de quiche.

  • T'as pas peur de prendre dix kilos avec ça ? Les mecs ont tellement de bol.

Je lui souris grandement et lèche un long morceau avec de la crème pour la faire enrager.

  • Salaud, elle siffle en croquant dans son bout de quiche.

On marche tous les deux dans les rues un moment. On parle, elle me raconte des petites anecdotes sur sa semaine.

  • Mais tu sais que le mec, il a genre trois voitures et il va se plaindre qu'il veut une augmentation alors qu'il est là depuis moins longtemps que moi ? Et moi j'en ai même pas eue ! C'est du putain de sexisme !

Elle s'énerve, les joues rouges, en mordant rageusement dans sa quiche. Ses boucles brunes volettent autour de son visage.

Elle est toujours comme ça, Lucie. À se battre pour ses causes. J'acquiesce gentiment, mais je pense comme elle. Le repas passe vite ; il est vingt heures. Elle a bu deux bières et elle est déjà pompette, riant à tout et n'importe quoi. Cette fille est un cas. Je suis obligé de la tenir par le bras. Elle le regarde et fait jouer ses sourcils.

  • Je te préviens Narcis, tu pourras pas abuser de moi. J'serais consentante, elle rit et je me marre à la suite.
  • Je vais devoir travailler alors t'auras pas trop le temps, je lui dis avant d'embrasser sa joue.
  • Oh merde. J'avais oublié…

Elle fait la moue.

  • Tu vas voir ton beau Julien hein ?
  • Ouais. Je vais peut-être même lui sauter dessus dans la loge, je susurre à son oreille.

On se dirige vers ma voiture. Elle me lâche pas des yeux, elle a ce regard intense qu'elle prend parfois, je crois que c'est quand elle m'imagine à poil en train de coucher avec qui que ce soit. Je fais claquer mes doigts devant son visage et j'ouvre la portière de l'autre main. On arrive rapidement chez moi où je la dépose avec un dernier baiser sur sa joue avant de reprendre la route pour le boulot.

En trente minutes c'est bouclé. À l'entrée, je rejoins Guillaume et Julien en train de fumeret je les salue tous deux.

  • Ça va ? demande Julien. T'es vachement en avance non ?

Il regarde l'heure.

  • Vingt et une heures trente. Vous aussi, vous êtes là tôt.
  • Je viens toujours avec un peu d'avance, on sait jamais si y aura des bouchons, rappelle Julien.
  • Et moi je fume trois clopes et j'ai besoin de mon café avant de démarrer, se marre Guillaume.

Je roule des yeux. Il s'abîme ce mec.

  • Julien le modèle de droiture, je me moque en m'appuyant sur le muret à ses côtés.
  • Je tiens à ma promotion dans quelques années.

Il me fait un clin d'œil.

  • Eh vous avez entendu ? ajoute Guillaume. Parlant de droiture, apparemment le petit nouveau, Casta, c'est une pute.

Je fronce les sourcils. C'est quoi cette histoire encore...

  • Ouais ? Pourquoi, comment tu sais ça ?
  • Martin est allé zieuter chez Twist.

Il a un rire graveleux.

  • Et alors ?
  • Il a vu des petits mots de N. Le seul mec qu'il fréquente parfois c'est Nicolas Casta.

Ça me fait marrer.

  • Et alors, ils disaient quoi ces mots ?
  • Il passe voir des mecs les uns après les autres. Va savoir ce qu'il demande en échange...

Je hoche la tête sans montrer ce à quoi je pense et ça passe totalement inaperçu par les gars.

  • Peut-être que c'en est pas une. Vaut mieux pas faire passer l'idée.
  • Vu comme il crie quand il baise, ça a plutôt l'air d'être lui, ricane Guillaume.
  • Casta ? je fronce les sourcils.
  • Ouais. Tu l'as jamais entendu ? C'est vrai que c'est plutôt autour de vingt heures...

Vingt heures. Comme pendant la pause, après le repas.

  • Non. Jamais.
  • Tu verras ces prochaines semaines, rit Guillaume. On peut pas le louper !

Je hoche lentement la tête. Je sens que je verrai beaucoup de choses, ces prochaines semaines.

  • Bon, c'est bientôt l'heure, intervient Julien cette fois.

Il a une expression particulière - suspicieuse ?

  • On va se préparer ?
  • On va se préparer, je confirme ; et on part tous les trois à la loge.

J'enlève ma veste et garde le reste ; je fais les contrôles d'usage - cellules bien fermées, caméras, matériel d'urgence. Il est vingt-deux heures. Je réfléchis rapidement, compte sur mes doigts, puis je me rends compte que Walter est plus en isolement depuis ce soir, normalement. Alors je me dirige vers sa cellule, pour voir s'il a réfléchi à la suite de son mémoire.

J'ai à peine déverrouillé après avoir toqué qu'il ouvre d'un coup.

  • Eh chef ! Je suis là !
  • Bien. Continue de l'être, je rigole. Ça va ? T'as écrit ?

Il hoche vivement la tête en m'amenant à l'intérieur, puis la porte se referme derrière moi.

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