Prologue - 1 an plus tôt
Les alarmes retentissent de toute part au sein du bastion militaire de la LANCE. Perchée sur la bâtisse non loin, la jeune femme observe les lumières s’affoler à la recherche des intrus. La fumée épaisse encombre le paysage de plus en plus, aussi elle a le réflexe de réajuster le masque à gaz qui cache la moitié inférieure de son visage. Elle remet dans le même temps la capuche noire qui couvre sa tête et tombe légèrement sur son front, d’où s’échappent de longs cheveux aussi sombres que sa tenue. Le silence de l’hiver recouvre San Vegas, seulement perturbé par le chaos des sirènes et les lumières qui balaient la cour et l’extérieur avec avidité. Depuis son promontoire, elle se décide enfin à bouger.
Elle vient s’allonger sur le toit, derrière son arme posée sur trépied. Un vieux modèle qu’elle n’a pas utilisé depuis quelques mois, hérité du début du XXIème siècle. Sortant le viseur de l’arme, et concentrant sa vue dans ce dernier, elle s’emploie à viser sciemment les soldats sur les murs sécurisés du bâtiment. Dans le silence de la nuit, elle en abat un, puis deux. Les projecteurs poursuite qui suivent ces deux-là s'immobilisent et créent une ouverture pour masquer au mieux les gars envoyés à l’intérieur de cette forteresse. Elle balaie le paysage à la recherche d’une prochaine cible quand l’engin s’enraye sur son support, ne pouvant plus pivoter et devenant, de fait, inutilisable. Elle retire un instant son masque et vient observer le fusil sniper.
— Fait chier, sérieux !
Pas le choix ; elle va devoir descendre et sécuriser l’espace depuis le sommet du mur d’enceinte. Elle s’approche du bord du bâtiment, tirant sur le câble de sa ceinture tout en remettant le masque sur son nez. Ajustant son grappin, elle se laisse tomber le long de la paroi en métal du mur du hangar. Le bruit de la taule s’étouffe sous ses pas, la rendant aussi silencieuse qu’un chat. Et à peine ses pieds touchent le sol qu’elle décroche le câble qui vient se ranger dans sa ceinture. A son poignet, la vibration caractéristique du signal qu’ils ont établis attire son attention. Elle s’empresse de rejoindre sa position, profitant de l’obscurité pour avancer rapidement jusqu’aux bâtisses militaires d'où s’échappent encore des volutes de fumée dues à l’explosion. Le cœur battant à tout rompre après avoir passé la brèche dans le mur, elle se dépêche de commencer l’ascension du mur là où elle a pu avoir les deux soldats avec le fusil sniper. Escalade vive qui l’amène à observer la cour d’un œil méfiant depuis le haut du mur. Le masque bien ajusté et en place, la belle tire un pistolet à plasma du holster dans son dos, à sa ceinture. Le modèle, compact, est parcouru de sillons bleutés montrant son alimentation, tandis qu’elle tâche de se montrer discrète.
A l’intérieur, la cour est ponctuée de feux qui s’éteignent ou se propagent quelque peu, conséquence directe des explosions ayant permis l’entrée dans la forteresse. La fumée épaisse lui masque parfois la vue tandis qu’elle se positionne pour couvrir les hommes sur le terrain s’ils sont poursuivis ou mis en joue depuis le chemin de ronde. Accroupie, elle tâche surtout de ne pas se montrer.
Et l’attente commence.
Longue.
La panique, pourtant, ne désemplit pas dans les bâtiments, où les soldats viennent vite au point de rupture. De sa place, la tireuse peut aisément les abattre ; elle se contente pourtant de bombes fumigènes jetées en contrebas, quand l’un d’eux débarque à ses côtés pour venir la déloger. Rapidement sur ses pieds, la tireuse vient parer son coup de matraque de son arme avant de venir le frapper. Elle prend et encaisse un coup de tibia dans la poitrine, roulant plus loin. Quand le soldat la charge, elle le fait basculer de la passerelle d’un coup de reins quand son ouïe lui indique d’autres pas qui s’approchent ; un soldat qui vient et la met dans le viseur de son arme.
— Rends toi, rebelle !
Debout d’un bond, la jeune femme esquisse un sourire derrière son masque et lève son pistolet plasma vers le soldat. Les secondes s’écoulent avant qu’ils ne déclenchent chacun leurs armes en pressant la détente. Vive, la rebelle esquive le tir, comme si elle était plus rapide qu’une balle, tandis que le jeune soldat tombe mollement au sol. Elle jette un coup d'œil par-dessus son épaule, veillant à pouvoir couvrir la sortie des siens de la bâtisse.
Quand enfin elle discerne une silhouette musclée supportant un homme plus fin et surtout plus affaibli, un soupire de soulagement lui échappe, sans quitter son poste. Elle avise la position des autres rebelles chargés des couvertures, tandis que des coups de feu se font entendre à l’intérieur. La technologie a beau avoir poussé les armes à feu à de meilleures performances et en en faisant des outils de neutralisation avant tout, elles restent le meilleur moyen de mise à mort. L’angoisse lui noue le ventre tandis qu’une nouvelle fois, elle laisse le grappin la ramener sur le bitume de la route en descendant du mur d’enceinte et court vers leur camion blindé, qu’elle ouvre à la volée, s’empressant d’aller mettre le contact.
Bien vite, le plus massif des deux hommes qu’elle a vu s’échapper aide l’autre à monter par la porte arrière. Épuisé, ce dernier s’effondre et descendant son masque autour de son cou, elle se rue vers lui :
— Hel ?! Eh mon vieux, reste avec nous.
A côté, le blond qui l’a ramené tempête contre les soldats, maugréant dans sa barbe en abaissant à son tour le foulard qui protégeait son nez et sa bouche.
— Ils nous sont tombés dessus quand on s'est barrés ! On a pu libérer du monde, mais je sais pas si beaucoup s’en sont sortis. Fait chier, sérieux !
— Ça va Thor, calme toi. Bouge et va prendre le volant. Freya doit tenter de nous contacter, indique la brune.
Elle glisse un masque respiratoire à Hel, mis sur le dos, et l’aide à le mettre. L’horreur se peint dans le regard de la tireuse quand elle constate qu’il a affreusement maigri et, même dans la nuit, elle constate que sa peau métisse est bien pâle. Que lui ont fait les membres de la LANCE à l’intérieur ?
Elle jette compulsivement un regard dehors quand, enfin, une haute silhouette s’avance. Seule. Elle fronce les sourcils, se relevant pour venir au bord des portes du camion, le cœur battant à tout rompre dans ses tympans.
L’homme - un géant de presque deux mètres - s’avance, une main plaquée sur le flanc, le pas traînant. Et elle cherche son regard, quand elle l’aide à monter et qu’il s’écroule à genoux en reprenant son souffle, sa main comprimant la blessure. La jeune femme l’oblige à s’asseoir et s’adosser contre la paroi, jetant des regards vers la rue agitée, mais rien ne vient.
— Il ne viendra pas… siffle la voix du grand brun alors qu’il retire son propre masque à gaz.
Elle lui ouvre son blouson militarisé et relève le t-shirt noir, dévoilant un trou béant saignant abondamment. Elle applique des compresses, préparées d’avance, et il grimace tandis qu’elle fait pression avant de relever vers lui un regard inquiet.
— Doucement… Odin, où est-ce qu’il est ?
Les yeux dudit Odin se posent sur elle, venant accrocher les iris argentés de la rebelle. Et elle comprend avant même qu’il n’ouvre la bouche que toute cette opération est un échec. Que la LANCE, en autorité officielle et soit-disant supérieure, a gagné cette manche.
— Je suis désolé… Ils l’ont abattu, j’ai rien pu faire… Ton père est mort, Loki.
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