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Ombre au tableau


Louisiane-sous-Bois, une petite bourgade localisée au beau milieu de nulle part qui ne recevait pas beaucoup de visiteurs, n’avait rien d’une charmante ville. Ses locaux, dont la moyenne d’âge se situait entre trente et cinquante ans, demeuraient gentis malgré les épreuves qui ne faisaient qu'enfoncer le patelin dans l’horreur.

De sinistres bâtisses s’alignaient sur une structure typiquement américaine. Des quartiers se distinguaient par trois grandes avenues. Peu de véhicules sillonaient les routes mal entretenues, permettant ainsi à la population de parcourir les chemins sans être inquiétée d’un possible accident.

Clark attirait l’attention. Elle s’était présentée à l’unique agence immobilière de la ville, qui s’était occupée de la maison de son père jusqu’à son arrivée. La jeune femme avait rapidement trouvé ses marques autour de sa nouvelle propriété.

Un grand jardin, qui nécessitait d’entretien à cause de ses mauvaises herbes et des fleurs mortes, entourait une charmante demeure dont la peinture de la façade avait été récemment repeinte. Toutefois, les fenêtres n’arboraient pas une fière allure. L’agence immobilière n’avait pas pu engager plus de rénovation à cause du manque de main d'œuvre en ville. Clarks songeait à prendre les choses en main. Son père lui avait appris à être débrouillarde et l’avait mis les deux pieds dans le bricolage quand elle était petite.

— Mademoiselle Déclin, si jamais vous cherchez du travail, le restaurant sur l’avenue des Sapins cherche une barmaid. L’imprimerie recherche quelqu’un également. Sinon, vous pouvez toujours vous rendre au parc du plaisir, vous y trouverez un panneau regroupant toutes les offres d’emploi.

L’agente immobilière s’inclina, un franc sourire sur les lèvres, puis s’éloigna de Clark. La jeune femme chassa la pensée du parc du plaisir, s’attardant sur son déménagement. Le coffre de sa voiture était plein à craquer de diverses choses qu’elle avait accumulées ces derniers mois en prévision d’une fuite. Elle passa la plupart du temps à nettoyer les pièces poussiéreuses s’accordant des pauses quand ses bras et jambes fatiguaient.

Le soir, Clark se posa à son balcon avec un verre dans la main. Une douce musique accompagnait ses pensées tandis que son regard était rivé sur la ville endormie. Brusquement, un cri perçant résonna. Un frisson parcourut son échine. La jeune femme vit les lumières de sa rue s’allumer quelques secondes avant de s’éteindre, répétant son opération deux ou trois fois. Était-ce un code ?

— Rentrez chez vous, Déclins ! Ils arrivent ! lui hurla un voisin à sa droite.

La jeune femme ne comprit pas son avertissement. Un épais brouillard se leva : d’imposantes silhouettes se percevaient, accompagnées par les cris torturés de personnes en détresse.

Clark sursauta quand un bras s’enroula autour de ses épaules. Un souffle chaud vint lui apporter de drôles sensations. Ses cuisses se serrèrent. Un gloussement retentit.

— Tu ne devrais pas rester dehors, chaton.

Clark pût se tourner vers son interlocutrice quand celle-ci eut fini de l’emmener à l’intérieur de sa chambre. C’était l’étrange rousse du motel.

— Comment t’es rentrée ici, toi ? Je vais appeler la po—

Clark émit un cri étouffé quand l’inconnue plaqua ses lèvres sur les siennes, l’emportant vers un bal de sensations bienvenues, vers un tourbillon de plaisir. La rousse dominait aisément l’échange, sa langue s’enroulait autour de celle de Clark et l’air commençait à manquer.

Dehors, le silence revint.

Finalement, l’inconnue se sépara de Clark.

— Les Déclins ont une histoire délicieuse par ici… Et pour répondre à ta question, je vis ici…

— Impo… gémit Clark, un filet de bave s’écoulant de ses lèvres.

— Les lois humaines ne me concernent pas, chaton, roucoula la rousse. Par contre, je ne rigole pas quand je dis que tu ne dois pas être vue dehors quand les abominations sont de sortie.

Abomination ? Lois humaines ?

Clark vacilla. Elle tenta de se rattraper mais ses jambes se dérobèrent sous elle. Sa vision s’obscurcit, son ouïe se mura dans le silence et…

— Dors, chaton, nous causerons une autre fois.

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