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Un homme erre dans l’immensité d’une pièce sans fenêtre. Des carrés s’étirent et semblent s’afficher autant sur les murs que le plafond. Deux couleurs s’opposent dans un duel sans fin. Elles le tourmentent, l’attirent et l’emprisonnent. Il s’arrête au pied d’un pilier, lève les yeux et ravale un cri. Une créature perchée au sommet l’observe, une lueur amusée dans son regard. Elle prend son envol, descend jusqu’à sa hauteur et lui adresse un sourire. Des dents acérées encore enveloppées de chair et de sang lui font face alors qu’une voix rocailleuse résonne dans son esprit.
Joue avec moi, et peut-être qu’au bout du plateau, tu sortiras.
Fabien accepte. Les marques dans son dos le font souffrir. S’il réussit à passer la porte, alors il pourrait obtenir une aide. Il joue avec le chat ailé, manque de perdre un bras et une jambe, et malheureusement, il perd. Toutes les lumières s’éteignent. La créature semble lui rire au nez avant de s’envoler pour revenir sur son perchoir.
L’alarme sonne. Fabien peste. Il se met à courir au travers de l’échiquier sans savoir que la Reine se rapproche et étend ses bras invisibles pour l’attraper. Il roule sur le sol, esquisse des lances et saute sur une table avant de détaler comme un lapin vers le premier étage tel un professionnel de parkour. Seulement à mi-parcours, l’homme se rate. L’escalier de tables se dérobe sous ses pieds ; il tombe tête la première. Son crâne s’éclate en plusieurs morceaux de chair et peint d’un liquide carmin dans la salle de jeux.
— Raté, Fabiou. Es-tu prêt pour une nouvelle partie ? déclare une voix au travers d’une enceinte.
Le chat ailé semble rire alors que le corps de Fabien commence à guérir. En une à deux heures, l’homme serait comme neuf et pourrait essayer de battre la Reine à nouveau.
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