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— Prisonnier numéro 31 900. Transféré officiellement aux mains de l’Agence privée des Jeux carcéraux. Le condamné est un meurtrier de 47 ans jugé pour 15 meurtres qui ont eu lieu entre 2115 et 2135.
Dante fixe le nouveau patient de l’établissement : un homme vêtu de modeste vêtements de prisonniers. Il possède quasiment plus de cheveux. Une barbe mal entretenue orne son pâle visage. Dante croise le regard vert de ce dernier et lui sourit narquoisement.
— Il a été retiré de sa cellule à la prison Sainte Louise ce matin à 6 heures. À 7 heures, le produit classé S, numéroté 99 001, a été injecté. À 8 heures, l’opération a eu lieu et la puce a été mise. Le meurtrier s’est montré violent au moment du transfert. Nous lui avons donné une bonne dose de tranquillisant. Docteur Bartault s’est chargé de lui enfiler la camisole.
— Très bien. Des points importants à souligner ?
— Prisonnier numéro 31 900 a été condamné à mort. La date de son exécution n’a pas été révélée. Cependant, nous avons la certitude qu’elle aura lieu dans 10 ans. Le condamné n’a pas le droit aux visites. Il est également ciblé par un procès pour viol. Une procédure de coupe a été engagée par ses victimes.
— Nom ? veut savoir Madame Lefarfalet, la tante de Dante en charge de l’unité médicale.
— Fabien Pourry.
— Très bien, acquiesce Dante en faisant signe aux gardes d’emmener leur nouveau patient. Fabiou va s’amuser ici…
Les agents carcéraux hochent la tête. La discussion s’arrête là ; la directrice du service ainsi que diverses autres collaboratrices se chargent du reste.
*
La grille s’ouvre sous le regard ahuri de Fabien. L’homme se précipite et s’engouffre dans les allées du jardin. Il court et trébuche à plusieurs reprises en regardant derrière lui toutes les trois secondes de peur que les Berserkers ne le retrouvent.
Au loin, il aperçoit une citerne avec le nom Frisco dessus. Fabien décide alors de s’y rendre. Son regard balaie constamment les alentours, repérant les trentaine de caméras qui quadrillent l’endroit.
— Toi ! Hey, toi ! hurle une voix inconnue.
Son sang ne fait qu’un tour. L’homme avale sa salive et jette un coup d'œil dans la direction de son interlocutrice. Derrière une fontaine — structure circulaire blanche encadrée par deux grands dauphins — se dessine un grand mur où une fine silhouette masculine y est attachée. Fabien cligne des yeux plusieurs fois. Il se détourne pour repartir vers sa destination. L’autre individu se met à brailler pour lui demander de rester.
— Reviens ! Non ! Pars pas ! J’peux tout t’offrir ! J’ai de l’argent en-
Abruptement, la voix se tue. Fabien ne s’en formalise pas. Il suit le chemin, évite les divers obstacles qui ne cessent d’augmenter au fil des minutes. Il repasse devant l’autre homme une dizaine de fois sans vraiment comprendre ce qui est en train d’arriver.
Finalement, au bout de deux heures, Fabien s’arrête, agacé. Que se passe-t-il ? Quelque chose heurte son dos. Ses genoux flanchent. Il s’étale comme une crêpe sur les cailloux. Un pied se pose sur son dos.
— Dommage, Fabiou… Tu y étais presque !
Dante rigole. Il dégaine son arme à feu et tire sur Fabien. Les balles fusent au travers de son corps, diffusent du poison et terminent leur course dans la mâchoire du prisonnier.
— Une véritable merveille… T’en as déjà entendu parlé, Fabiou ? Toi qui adores regarder tes victimes subir ces balles… Qu’est-ce que ça te fait de souffrir de la sorte ?
— Va te faire enculé ! siffle ce dernier, grinçant des dents.
— Appelle-moi daddy plus tôt, se moque Dante.
L’homme finit par reculer pour permettre à son équipe de saisir le fuyard.
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