L'Appel de la jungle
Galata et Jane s’étaient réveillées très tôt. Leur matelas de roche informe ne leur avait apporté aucun confort, leur causant des courbatures dans le dos.
Le soleil n’était pas encore levé mais les premiers rayons n’allaient pas tarder à apparaitre à l’horizon. Le ciel était entièrement dégagé et encore parsemé de milliers d’étoiles.
Doug leur avait laissé quelques barres de fruits, qu’elles mangèrent seulement par nécessité. La soupe de la veille avait pansé leur faim et leur fatigue musculaire. De nouveau en forme malgré un manque de sommeil, elles se mirent en route chacune de leur côté en quête de leur dernière balise.
Galata avait décidé d’aller chercher la plus éloignée, au sud de leur position. Dès qu’elles auront atteint leur objectif, elles se rejoindraient vers la plaine de geysers pour finir le stage ensemble.
Pendant près d’une demi-heure, Galata suivit une sorte de sentier dans la jungle, facilitant son avancé. Elle n’était plus très loin de la balise lorsque son chemin s’arrêta subitement, laissant place à une mangrove difficile à traverser.
— Je parie qu’elle se trouve en plein milieu des racines…, souffla-t-elle pour elle-même.
Elle prit son courage à deux mains et s’élança au milieu des bras noueux et entrelacés aux pieds des hauts arbres, sautant de racine en racine avec la souplesse d’un chat.
Elle faillit se casser la figure à plusieurs reprises : les racines étaient humides et glissantes, parfois elle se prenait le pied entre deux, faillant de se tordre la cheville.
Elle se posa un instant pour regarder son GPS. La balise se trouvait à quelques mètres d’elle sur sa gauche. Encore un effort et elle pourrait sortir de là.
Juste avant de se relever, un craquement se fit entendre dans les branches au-dessus d’elle. Deux oiseaux s’envolèrent en poussant leur cri strident. La jeune fille eut comme un frisson lui donnant la chair de poule.
Elle n’était pas très rassurée. La lumière de l’aube naissante ne traversait aucunement l’épais feuillage, obligeant Galata à se diriger seulement par ses autres sens, ce qui ne l’aidait pas vraiment, malgré les exercices de maître Rayzen les yeux bandés. Elle reprit sa recherche, voulant quitter cet endroit le plus vite possible.
Comme elle se l’était imaginé, la balise se trouvait coincé dans un creux entre plusieurs branches mais elle était plus facile d’accès qu’elle ne l’aurait cru. Soulagée, elle la prit dans sa main et la plaça avec les deux autres dans sa poche.
A peine avait-elle reprit sa route qu’elle sentit une masse sombre tomber lourdement derrière elle, dans le craquement sinistre des racines qui cédèrent sous le choc.
Un horrible tressaillement parcouru son échine. Elle sut immédiatement que ce qui était tombé derrière elle ne venait pas en ami. Par réflexe, elle sauta en avant dans une pirouette qui lui permit de se retourner pour faire face tout en enclenchant son armure de Ranger.
La visière de son casque détecta automatiquement la luminosité ambiante et activa un mode de vision nocturne.
Si j’avais su… Galata, tu n’es qu’une idiote !
La chose qui s’était écrasé était vraisemblablement un être humain et non un animal. Son visage était caché derrière une capuche refermée et il semblait porter un masque.
Galata était prête à parier qu’il s’agissait de la même personne qui la suivait depuis son crash. Mais alors… qu’était-il arrivé à Karine ?
S’il lui a fait du mal…
Elle se concentra, réunissant sa lumière intérieure et la déploya dans tout son corps. L’armure lui facilitait la chose et augmentait son potentiel luminique.
Avec ça, je ne peux pas perdre !
Elle se mit en garde, attendant de voir la réaction de son adversaire. Celui-ci l’observait, immobile, tel un chat sauvage prêt à en découdre avec sa proie.
Tout à coup, il bondit sur elle en donnant un coup de pied latéral. Galata l’évita en sautant en l’air pour atterrir derrière lui. Il était déjà en train d’enchainer une seconde attaque avec son genou qu’elle para de justesse de ses bras. Le coup fut plus violent qu’elle ne l’aurait cru, surtout avec son armure à son plein régime, la faisant reculer de quelques pas.
Karine ne pouvait être battu que par des Space Rangers, donc si ce type est bien celui qu’elle a affronté, il doit être aussi fort qu’un Ranger. Mais c’est impossible !
Le coup qu’elle venait de recevoir lui montrait pourtant bien le contraire. Le combat ne s’annonçait pas facile…
Galata décida d’attaquer en premier cette fois. Elle asséna une série de coup de poings rapides qu’il contra avec la même rapidité. Elle usa ensuite de techniques diverses que son maître lui avait apprise mais hélas, sans succès.
Il anticipe mes mouvements on dirait…
L’inconnu ne dégageait aucun stress, ni nervosité. Il était d’un calme absolu, comme si sa confiance en lui était totale. Galata n’aimait pas ça… elle sentait quelque chose de négatif en lui. Malgré la souplesse de ses mouvements, il était brutal et féroce.
Le terrain ne se prêtait guère au combat. Les racines formaient un champ de pièges dangereux pour les pieds et les chevilles. Certaines étaient suffisamment grosses pour soutenir leur poids mais d’autres se brisaient comme du verre ou glissait à cause de l’humidité.
L’adversaire enchainait des attaques directes que la jeune fille peinait à contrer efficacement. Elle aurait pu en finir si elle pouvait user son pouvoir luminique mais étant face à un être humain, elle n’en avait absolument pas le droit. Tout ce qu’elle pouvait faire, s’était de se défendre.
Son armure lui procurait une incroyable protection, ainsi qu’une vitalité hors normes. Et elle en avait bien besoin contre un tel adversaire.
De plus, l’obscurité était encore bien présente. Si Galata voyait clairement grâce à son casque, comment lui pouvait-il voir ? Son visage était caché par une capuche et il gardait la tête toujours baissée.
Ce n’est quand même pas un sans-lumière ?
— Il n’y a que cet endroit ? demanda Trekker.
— Oui monsieur, répondit le technicien qui l’accompagnait. A part le portail d’entrée, il n’y a que cette bouche d’évacuation servant à renouveler l’eau de la rivière.
— Je vois. Et cette grille… ?
— Parfaitement inviolable, assura le technicien. De l’acier Kirien. Impossible à détruire, même au plus puissant chalumeau de l’univers. Seule la chaleur d’un soleil peut l’entamer.
Trekker examina la cavité dans le mur d’enceinte et la grille faite en épais barreaux. A première vue, rien ne démontrait un passage possible pour un être humain. Il regarda l’écoulement de l’eau à travers la grille et décida soudainement d’y plonger.
Eclairé par une boule lumineuse qu’il venait de créer, il fit quelques brasses vers le fond et découvrit ce qu’il redoutait. Le fond sablonneux de la rivière s’était creusé avec les années, laissant un passage suffisamment large pour passer à travers. Trekker passa de l’autre côté et remonta à la surface.
— Mais… ? s’étonna le technicien. Comment avez-vous fait pour… ?
— Le courant a finit par balayer le sable du lit. Je vais mener mon enquête à l’intérieur de l’enceinte, prévenez mon équipe, s’il vous plait.
— Bien, monsieur…
Le Space Ranger gagna la rive et sortit de l’eau. Par prévention, il avait emmené une tablette où il pouvait voir l’emplacement de toutes les balises disséminées. Il fit un rapide examen et vit que beaucoup était déjà proche de la dernière étape. Ceux qui les possédaient ne devaient probablement pas être en grand danger. Il changea la configuration de sa tablette et rechercha la position de chaque stagiaire.
Galata n’est pas loin d’ici… J’ignore si c’est elle qui est visée par ce terroriste mais il vaut mieux que je commence par elle.
Il rangea sa tablette et enclencha son armure de Ranger. Juste après, il reçu un message de Mélissandra.
— Trekker, j’écoute ?
— Nous avons un nouveau problème ! Karine s’est enfuit de sa chambre et a disparu. Telle que je la connais, elle a dû rejoindre la zone d’exercice pour retrouver celui qui l’a mis K.O.
— Il ne manquait plus que ça…
A l’horizon, le soleil pointa ses premiers rayons. La jungle restait cependant aussi sombre qu’au plus profond de la nuit. Chercher ce terroriste n’allait pas être une partie de plaisir. Trekker s’engouffra sous la canopée et disparu dans une nappe de brume matinale.
Toujours aux prises avec son mystérieux assaillant, Galata espérait avoir une aide car elle avait de plus en plus de difficultés à se battre. Mais n’ayant aucun moyen de communication, elle ne pouvait pas appeler à l’aide.
Le niveau d’énergie de son armure diminuait et elle sentait que sa lumière baissait.
Si j’enlève mon armure, il va me mettre une sacrée rouste ! Mais je n’ai clairement pas le niveau face à lui, il anticipe tellement mes techniques…
C’est alors que quelque chose frappa son esprit : il connaissait parfaitement l’art martial de maître Rayzen ! C’était la seule explication possible au vu de sa manière de se battre. Et jusqu’à présent, un seul, à sa connaissance, était capable de ça…
Ce n’est pas possible ! se dit-elle. Mais alors… !
— Bergen ? Est-ce que c’est toi ?
Ce dernier leva son visage vers elle et enleva sa capuche, montrant son masque de démon, comme lors du tournoi d’arts martiaux du lycée.
Elle n’en croyait pas ses yeux. « Son » Bergen était là, devant elle. Lui seul combattait de cette manière, connaissant ses propres prises et avec cette force…
— Bergen ! Qu’est-ce que tu fais là ?
Il ne répondit pas et attaqua de nouveau. Elle para son coup de pied, déboussolée.
— Mais qu’est-ce qu’il te prend ? Réponds-moi !
Bergen prit une posture qu’elle ne connaissait pas. Un halo ténébreux l’entoura subitement, brouillant l’image sur son casque. L’instant d’après, aveuglée, elle reçu un coup si violent à la tête et au torse qu’elle fut projetée contre un arbre, brisant son écorce. Un clignotement sur sa visière lui indiqua que son niveau d’énergie était au plus bas. Son armure se désactiva alors, laissant sa pauvre propriétaire sans défense.
— Quoi ? Mais… je….
Il avait pourtant vu qu’elle lui restait assez d’énergie pour la garder en fonction pendant dix minutes, comment pouvait-elle s’éteindre ? Était-ce le coup qu’elle avait reçu ?
Sa tête lui tournait. Elle restait là, assis entre les deux racines de l’arbre qu’elle avait percuté. Klyne s’approcha d’elle, l’air menaçant. Les ténèbres l’entouraient, on aurait dit un sans-lumière de niveau supérieur. Galata en avait déjà vu dans des livres sur les Space Rangers.
Alors que l’angoisse montait jusque dans sa gorge, un cri déchira l’obscurité de l’aurore, comme un feulement de chat enragé. Surpris, Klyne fit un saut périlleux en arrière pour éviter une silhouette qui plongeait sur lui comme un rapace sur sa proie.
Celle-ci l’attaqua comme un fauve. Klyne se défendit, pris au dépourvu. Son assaillant enchainait des attaques avec une vitesse et une force peu commune aux être humains. Il s’était déjà battu contre quelqu’un qui avait cette manière sauvage d’attaquer, il y avait à peine quelques jours.
Agacé, il projeta une onde maléfique autour de lui. Son agresseur fit un salto arrière pour l’éviter. Lorsqu’elle se dissipa, toute la zone de sa portée était devenue une terre sèche, sans vie.
Je ne comprends rien, se dit Galata. Qui est ce mec ?
Elle se demandait s’il était celui du tournoi, ce garçon aux cheveux noirs et aux yeux gris, ce jeune homme qui avait envahit ses pensées jour et nuit, celui qu’elle avait affronté à la finale… Elle qui pensait qu’il était comme un ange de lumière, voilà qu’elle découvrait qu’il était plus un ange de la mort, un démon.
Son adversaire s’était réfugié dans les branches des arbres et se déplaçait en sautant comme un chat agile, poussant des feulements rauques. Galata ne comprit pas tout de suite pourquoi il criait ainsi en tournant autour de Bergen en hauteur mais au bout d’un moment, elle remarqua que le son émit se répercutait dans les feuillages, camouflant le bruit de ses déplacements.
Bergen ne put se protéger d’une attaque éclair qui le mit à terre. Galata ne vit pas l’action se dérouler tellement elle fut rapide. Après s’être assuré qu’il était K.O., le mystérieux sauvage s’approcha de Galata qui eut un mouvement de recul.
— Calme-toi, dit alors une voix qu’elle connaissait.
— Karine ? C’est toi ?
— Bien sûr que c’est moi ! Tu t’attendais à qui ?
Galata reconnu les cheveux roses de sa guide lorsqu’un léger rayon de soleil matinal traversa l’épais feuillage.
— Oh je suis si soulagée ! J’avais peur qu’il ne te soit arrivé quelque chose…
— Disons que j’ai dû revenir prendre une revanche sur ce sale type ! Maintenant que c’est fait, on va pouvoir…
— ATTENTION !
Karine reçu un violent coup de pied sur la tête qui la projeta sur le côté. Avant qu’elle ne touche le sol, Bergen lui attrapa la cheville, la fit tournoyer en frappant les arbres et les racines à proximité. Karine cria de douleur sous le regard terrifié de Galata qui se sentait impuissante devant une telle cruauté.
Complètement sonnée, Karine était suspendue par la cheville, tenue par Bergen qui la regardait à travers son masque démoniaque.
— Lâche-là…, osa souffler Galata. Laisse-là…
Il tourna la tête vers elle.
— Je vais m’occuper de toi, ne t’inquiète pas ! lança-t-il d’une voix menaçante.
D’un geste violent, il frappa le sol en se servant de Karine comme d’un bâton. Celle-ci poussa un cri de douleur déchirant. Galata ne put s’empêcher de crier elle aussi.
— Arrête ! Ne fais pas ça… Je t’en prie, Bergen, ne lui fait pas de mal…
Elle essaye de se relever. Son épaule gauche lui faisait mal, ainsi que son genou droit qui était écorché et saignait plutôt beaucoup.
Klyne balança Karine comme une poupée de chiffon vers elle. La pauvre guerrière ne bougeait plus. Son corps était couvert de multiples contusions et du sang coulait de derrière sa tête.
— Oh non… Karine, je t’en prie, dis-moi quelque chose…
Pas de réaction. Galata s’approcha et se pencha au-dessus d’elle, posant sa main sur sa tête. Ses yeux étaient devenus vides de toute conscience, comme s’ils n’étaient plus animés de la moindre étincelle de vie.
— Pourquoi tu as fait ça ? lui demanda-t-elle en pleurant chaudement. Hein ? Tu peux me dire pourquoi tu lui as fait ça ?
Klyne commença à s’approcher pour finir son travail mais eut un mouvement de recul lorsque Galata se mit à luire d’une intense lumière blanche.
— Pourquoi cette violence ? Pourquoi faire du mal ainsi ? Si c’est moi que tu veux, pour je ne sais quelle raison, tu n’as pas à t’en prendre aux autres comme ça.
La lumière émanait d’elle, dégageant une chaleur douce. Elle finit par entourer Karine, l’enveloppant entièrement. Klyne n’arrivait plus à les regarder tellement l’intensité était forte.
— Je… JE NE TE LAISSERAI PAS FAIRE ! hurla Galata.
Il y eut comme une explosion, un souffle chaud qui balaya les débris de végétaux qui jonchaient le sol après le combat. Les branches d’arbres se soulevèrent et les troncs grincèrent sous l’énergie dégagée.
Lorsque le vent passa, Karine était debout, entièrement restaurée, une aura lumineuse autour d’elle. Galata était à genoux derrière elle, essoufflée, également entourée de ce halo d’un blanc pur.
Karine pointa l’un de ses bâtons de combat vers Klyne et lui adressa cet avertissement :
— Je ne sais pas qui tu es, mais tu es en infraction selon la loi régie dans cette zone ! Tu entraves un exercice établit par la fédération des Space Rangers, par définition, je t’ordonne de quitter ces lieux sur le champ !
Klyne n’entendit rien et se remit en position de combat. Mais avant d’avoir pu faire quoi que ce soit, il poussa un cri étranglé, en proie à une vive douleur dans le ventre. Karine venait de lui asséner un coup de poing à la vitesse de la lumière. Klyne ne l’avait même pas vu partir. Il voulut riposter mais la gardienne d’Alkor l’envoya à terre par un coup de pied derrière la tête.
— Ça, c’est pour le coup de tout à l’heure, lui cracha-t-elle.
Klyne sentait comme un poids sur lui qui l’empêchait de se relever. Pourtant, Karine n’exerçait aucune pression sur lui. Était-ce cette lumière qui s’opposait à son pouvoir obscure ?
Comment peut-elle avoir un pouvoir de lumière alors qu’elle n’est qu’une simple gardienne de zoo ? pensa-t-il amèrement. Est-ce que c’est cette sale gamine qui… ?
Galata était toujours à genoux. Les yeux fermés mais les dents serrées, elle semblait être dans une sorte de transe.
Non, il se refusait de se laisser battre par deux minettes dont l’une sait à peine se battre. Il laissa sa rage exploser, ce qui lui permit de se relever. Seulement, la lumière émise devenait difficile à supporter pour lui, d’autant plus qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps avant que son pouvoir ne se dissipe. Il fallait en finir au plus vite. Il dégagea de l’énergie noire autour de lui, poussant un grondement rauque qui résonna dans toute la forêt. Karine se tint prête.
S’ensuivit alors une rafale de coups démentiels entre les deux combattants, un duel entre l’ombre et la lumière, entre le bien et le mal.
Klyne était dans l’attaque, s’acharnant de toutes ses forces contre Karine, qui se contentait d’esquiver ou de parer avec un calme incroyable. La vitesse des gestes dépassait l’entendement, aucun combattant ordinaire ne pouvait suivre une telle cadence. Le choc des contres se répercutait jusque dans les feuilles qui en frémissaient, faisant tomber des fanes depuis la cime des arbres.
La lumière dégagée par Karine bloquait le flux de ténèbres de Klyne. La guerrière sentait qu’il faiblissait de plus en plus tandis que l’énergie qu’elle avait en elle ne se dissipait pas.
Lorsque Klyne baissa sa garde, elle saisie l’occasion et lui décrocha un direct d’un de ses bâtons à la mâchoire, puis de l’autre dans le ventre avant de le mettre à terre par un coup de pied latéral. Le flow sombre qui l’entourait se dissipa alors.
Etendu par terre, il cracha un peu de sang, le souffle coupé.
— Tu es en état d’arrestation ! lança Karine en pointant l’un de ses bâtons sur sa tête.
— Ce… ce n’est pas… fini ! cracha-t-il en essayant de se relever.
Karine posa son pied sur son torse pour le remettre à terre. Soudain, la lumière s’éteignit comme elle était venu. Galata se sentit vidée de toute sa force et Karine comprit qu’elle n’avait plus cette force prodigieuse.
Klyne se releva avec brutalité, repoussant la gardienne en arrière.
— Tu es encore debout ? lança-t-elle avec colère.
— Il semblerait que nos pouvoirs mystiques soient entièrement vidés, souffla Klyne avec un air méprisant. Voyons avec nos forces de mortels qui de nous deux est le plus fort…
— Ah ! C’est tout vu !
Ils se lancèrent en même temps dans un nouveau combat, d’un tout autre niveau cette fois. Karine reconnu que sans l’intervention miraculeuse de Galata, elle n’aurait pas fait le poids. Ce type n’était pas humain, c’était un monstre et rien de moins.
Elle ressentit l’épuisement de son adversaire à chaque coup qu’elle contrait tandis qu’elle-même était revigorée. Le combat n’était peut-être pas loyal en ce sens, mais il était primordial d’arrêter ce démon. Et dans ce genre de combat, tous les coups sont permis…
Karine profita d’un battement pour envoyer un direct du genou dans le ventre de son adversaire, lui coupant le souffle. Celui-ci ne se laissa pas abattre et voulu lui redonner son attaque mais elle fut plus rapide en le frappant derrière la nuque. Ensuite, elle lui attrapa le bras, le passa sur son dos et le renversa en lui faisant taper le sol avec violence.
— Que ça soit clair, mon coco… je n’ai pas la manie des Rangers d’être clément envers leurs adversaires… alors quand j’ai décidé de faire mal, je le fais !
Et elle se jeta sur lui en lui assénant un coup de coude dans le thorax. Klyne cracha un jet de salive et de sang, son corps tressaillit et se couvrit de spasme.
— Hum… j’y suis peut-être allée un peu fort…
Alors qu’elle se pencha pour prendre sa tension au niveau du cou, Klyne sortit une lame cachée sous sa tenue et entailla le bras de Karine sur le long. Si elle ne l’avait évité, la pointe du couteau aurait perforé son épaule. La douleur lui fit lâcher un cri.
— Si tu as décidé de me faire mal, alors fais-le correctement ! vociféra Klyne.
— Espèce d’ordure ! cracha Karine.
Son sang coulait abondement de la plaie profonde, elle craignait qu’une artère ne soit touchée… sans trousse de survie, elle ne voyait pas comment s’en sortir.
C’est alors qu’un halo lumineux se dirigea vers eux à toute vitesse. Karine ne put voir ce qui se passa, seulement Klyne qui fut désarmé sans que lui-même comprenne comment il fut mis à terre et menotté en seulement quelques secondes. Le halo s’estompa, révélant alors Trekker. Galata, qui reprenait un peu conscience, le vit debout entre elle et Bergen, fort et fier dans sa stature, illuminé par sa propre lumière. Elle ne s’était pas imaginée un seul instant combien elle serait contente de le voir lui porter secours.
— Au nom de la loi intergalactique, lança-t-il, je vous arrête pour outrage et agression envers des membres de l’unité des Space Rangers et de leurs alliés !
Il remit Klyne debout puis tendit la main vers le bras ensanglanté de Karine. Sa blessure se referma suffisamment pour que l’hémorragie s’arrête.
— Je ne saurais faire plus, lui dit Trekker. Tu iras te faire soigner à l’infirmerie et cette fois, tu y resteras !
— Oui…, se résigna-t-elle. Compris !
Trekker se tourna vers Galata et s’approcha d’elle.
— Est-ce que tu te sens de continuer ? lui demanda-t-il.
Galata se cru dans un rêve. Trekker n’avait plus le visage dur et froid. Son regard était doux et empli de compassion. Un léger sourire aux lèvres, il tendit la main vers la jeune fille qui ne pouvait se détacher de ses yeux.
— Oui…
Il l’aida à se relever.
— Tu es presque au but de ta mission, dépêche-toi de l’atteindre. Nous nous reverrons une fois que vous serez tous arrivés.
— Très bien… je… je me dépêche alors… J’y vais…
Elle s’éloigna sans détourner le regard, jusqu’à ce qu’une racine lui rappelle la dangerosité du terrain. Elle reprit son chemin maladroitement, fatiguée mais étrangement guillerette.
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