Altior se tenait debout sur la plateforme de la frontière. Une frontière qu’il avait franchie depuis longtemps. La frontière de quoi ? Il ne savait plus.

Dans sa main gauche, marquée par les cicatrices de ses batailles passées, il tenait un flacon d’un liquide verdâtre avec un pulvérisateur sur le dessus. Le X. Un mal qu’il n’avait que trop connu, et qui l’avait empoisonné depuis longtemps.

Du haut de la frontière entre les villes, il contemplait les néons clignotants au loin, la vie qui continuait inlassablement, sans s’arrêter, alors qu’il était là, immobile, suspendu dans le temps.

Les yeux baissés mais grands ouverts, Altior fit le dernier pas. Celui vers la fin de la frontière, celui vers la folie, celui vers la fin de tout.

“Ne laisse jamais les ombres te définir, Altior. Sois la lumière ou la nuit, mais ne sois jamais entre les deux.”

Cette phrase, comme une épée suspendue au-dessus de lui, se glissa dans son esprit. Une promesse de son père, un idéal qu’il n’avait jamais réussi à atteindre. Il n’était ni l’un, ni l’autre. Il n’était plus rien.