Je me lance en direction de la plage. Je sais que je suis un bon nageur. Je peux y arriver.

En face, une vague grossit et pend la forme d'un rouleau. Elle m'enveloppe et m'entraîne vers le fond.

Je refais surface et reprends mon souffle. Combien de temps pourrais-je tenir ?

À chaque immersion, le rivage paraît reculer un peu plus.

Adrien me fait signe. Je n'entends pas ce qu'il me crie.

La prochaine tentative sera la bonne, cette fois-ci, je suis capable de la surmonter.

La vague s'abat de nouveau sur moi et m'entraîne vers le fond.

Je n'ai plus la force de remonter. L'eau s'engouffre dans mes narines, mes poumons se figent.

Je suffoque, puis je m'évanouis.

...

L'oxygène abreuve à nouveau mon cerveau. Je suis incapable de bouger, tout est encore noir et mes sens m'alertent d'une présence. J’ouvre les yeux et je découvre une silhouette qui me ressemble.

Mon double a l'air aussi surpris que moi. À une vitesse surprenante, il recule. Je l'observe dans son intégralité. Il n’a pas de jambes. À la place, une queue avec de minuscules pattes, comme une salamandre. Son corps est couvert d'un mucus verdâtre jusqu’au nombril. Puis son buste prend une apparence humaine. La teinte ambrée de ses yeux est coupée par une pupille ovale qui me glace le sang.

Tandis que sa queue commence à se diviser et à prendre l'apparence de jambes, il ouvre la bouche pour pousser un cri silencieux. Une onde de chaleur se propage vers moi. Tout devient sombre à nouveau autour de moi. Au moment où je perds connaissance pour la seconde fois, je reçois un message sous forme de vibrations au niveau de mes tympans.

"Demain matin, rendez-vous au bord de la piscine ! Ton initiation commence."

…

Cédric sursauta. Il avait rêvé. Il était trempé de sueur.

À travers les persiennes, l’aube diffusait timidement dans la pièce. Cédric se sentait confus.

Étaient-ce ses souvenirs qui lui revenaient ?

Venait-il de recevoir un ordre de Triton ?

Le réveil affichait six heures trente-six. C'était beaucoup trop tôt pour lui. Il referma les yeux, enfonça sa tête dans l’oreiller à la recherche du sommeil. Mais son esprit était trop agité, il comprit qu'il ne pourrait pas se rendormir. Ses pantoufles l’attendaient au pied du lit, il se redressa lentement. Il se dirigea vers la cuisine tout en sachant qu'elle serait probablement déserte, Véronique n’arrivant pas avant sept heures. Il chercha de quoi se préparer une tasse de cappuccino.

Silencieusement, il se dirigea vers la machine à café et, à peine enclenchée, une odeur réconfortante emplit la pièce. Les premières gorgées chaudes réveillèrent son esprit et les derniers doutes s'effacèrent. Ce n'était pas un rêve ordinaire. Un sentiment d’urgence s’empara de lui. Il remonta dans sa chambre et il enfila un maillot de bain et un peignoir contre la fraîcheur de l’aube. Au moment de franchir la porte, il reçut une communication télépathique.

« Triton t’a donné un ordre, dépêche-toi. »