LE CHANGEMENT EST UN PROGRÈS - PARTIE 2

4 minutes de lecture

Bonjour ! Voici la seconde partie du premier chapitre ! Bonne lecture !! :D


J’attends. Combien de temps ? Je ne sais pas. Peut-être une heure, peut-être trois. J’ai soif. J’entends mon ventre crier famine : la nourriture que l’on nous donne n’est absolument pas nutritive… Rien que d’y penser, j’ai encore plus faim…

L’attente est insoutenable. Si encore il y avait de la lumière, je pourrais fixer un point et m’y accrocher afin de m’occuper. Avec des si… Au lieu de quoi j’attends, ennuyée. Tellement ennuyée que je commence à compter dans ma tête. Très vite j’atteins 10000, puis 10001, puis 10002, puis 10003, puis 10004, puis 10005...

J’entends du bruit, la porte s’ouvre en grinçant. De la lumière s’engouffre dans la pièce. Je suis aveuglée sur le coup. Le temps que mes yeux s’habituent à la luminosité, un coup de pied atteint violemment mes côtes. J’ai le souffle coupé. Il faut que je respire. J’inspire. Expire. Inspire. Expire. Inspire. Expire. Un autre coup m’atteint au visage, m’engourdissant celui-ci et faisant saigner mon nez.

«  1ère classe Ettel, je présume ? demande une voix grave.

_ Oui, colonel ! m’efforcé-je à dire.

_ Votre jugement peut commencer, continue-t-il. »

Je sens une légère pression sur mon cou. Une lame me menace. L’homme reprend la parole :

« On m’a rapporté votre nombre de victimes ce jour. Il s’élève à zéro. Vous savez bien que selon la loi n°1046, article 130, vous devez impérativement tuer un ennemi au combat. N’est-ce pas Soldat ?

_ Oui, je le sais, colonel ! marmonné-je.

_ Vous ne verrez donc aucun inconvénient à votre bannissement. Mais… avant que cela ne se fasse, j’ai pensé que quelques jours au cachot ne vous tueraient pas, dit-il en se levant. Adieu Soldat, puissiez-vous reposer en paix. »

Ainsi, je devais être doublement punie pour n’avoir tué personne : ‘‘tuer pour être récompensée ou être exécutée’’. Je soupire intérieurement, j’aurais préféré être directement jetée du haut des murs.

Le colonel et ses soldats se retirent, en même temps que l’homme qui me menace. Celui-ci m’assène un violent coup à la tête avec le manche de son couteau avant de suivre son chef. Je tombe, emportant avec moi la chaise à laquelle je suis attachée et perds momentanément connaissance, son sourire narquois imprimé sur ma rétine.

                                                                                                                                                                         

« Il n’incarne pas la délicatesse… ». Je suis allongée à même le sol, les mains et pieds liés dans cette même pièce. La chaise a disparue. J’essaie de me redresser tant bien que mal et y parvient au bout d’un certain temps. Là, je m’adosse au mur et attends. Je sens que mes liens sont trop serrés pour me permettre de me délivrer, alors j’attends sans rien faire. J’attends avec la douleur de mes poignets emprisonnés.

Les jours passent, et je comble l’ennui de la meilleure manière qui soit : je dors les trois quarts du temps. Cela me permet de moins m’ennuyer, de me reposer, mais surtout d’oublier un peu la faim, la soif et la douleur due aux liens – même si mes rêves confus sont là pour me le rappeler… –. Il y a peut-être trois jours que je suis là, à n’avoir rien mangé : je meurs de faim et j’essaie de combler ce vide par le peu d’eau qu’on me donne à différents moments de la journée. Des moments toujours indéterminés et indéterminables.

La porte qui me fait face s’ouvre, laissant passer non pas de l’eau mais trois soldats auréolés de lumière qui s’avancent vers moi, tels des anges déchus. Ils coupent mes liens, – à mon plus grand soulagement – me remettent sur pieds et m’emmènent vers les étages supérieurs, me traînant derrière eux.

Les escaliers sont une horreur, après trois jours d’immobilisation, mes jambes peinent à me porter et ces soldats ne sont pas là pour m’aider à marcher… Ils me dirigent vers un endroit que je connais très bien : vers la Porte. Celle qui mène droit au chemin de ronde. Au front. Ah ! Je vais enfin savoir si une bonne étoile veille ou non sur moi et si mes idées suicidaires seront une réussite.

Nous sommes devant la Porte. Contre mon grès, les battements de mon cœur s’accélèrent… L’un des trois soldats l’ouvre, me fait passer par l’ouverture et me fait courir accroupie jusqu’au bout de la portion occupée du mur. J’entends le bruit des balles ennemies contre les défenses érigées le long du chemin de ronde, transperçant la chair de mes camarades. De là, il me relève vite, et après avoir murmuré quelque chose comme « Adieu, camarade », il me pousse dans le vide.

 

Je chute. J’ai peur. Après quelques secondes d’effroi, je me ressaisis et essaie de mettre mes pieds sous mon corps. Je frappe alors la surface de l’eau.

C’est froid… et gluant ? Je sens quelque chose de dur sous mes pieds, je concentre mes dernières forces et prends mon impulsion dessus. L’air m’étreint enfin. Je respire et me hisse sur ce qui me semble être la rive. Je reprends mon souffle et réalise que je suis couverte de la tête aux pieds d’une substance rougeâtre : du sang.

J’entends un craquement. Je pivote sur place. Un jeune homme s’approche de moi, une arme pointée sur ma tête à la main. Je fais alors un geste que je n’avais plus fait depuis sept mois : je lève la main droite avec mon auriculaire replié, en signe de paix. Le garçon change alors son épée de main et me fait le même geste.

« Paix, murmuré-je.

_ Paix…  me répond-il en rangeant son épée dans son fourreau.»

A ces mots, je tombe inanimée sur le sol froid.

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