LA VOLONTÉ HUMAINE EST IMPARABLE - PARTIE 1
Salut à tous !! Voici la première partie du second chapitre de "Les Clans". J'espère que vous l'apprécierez ! Bonne lecture !
Je me réveille en sursaut. Je suis dans une salle sombre éclairée par un unique cierge dont la flamme vacille doucement. Sans doute une grotte ou un cachot : l’endroit transpire l’humidité. Je me redresse petit à petit et découvre des chaînes qui m’emprisonnent poignets et chevilles. Quel réveil chaleureux…
Des personnes, toutes vêtues de tenues grises, passent devant moi, me surplombant de leur hauteur, tandis que je les regarde, assise au sol. L’une d’entre elles s’arrête près de moi : une femme âgée d’une cinquantaine-soixantaine d’années. Son être tout entier laisse transparaître malveillance et sadisme ; elle ne m’inspire absolument pas confiance.
« Bonsoir mademoiselle, me dit-elle. Je suis le docteur Nelfie, je m’occupe de vous et de vos blessures. Mettez-vous sur le côté droit, s’il-vous-plaît.»
Je lève un sourcil interrogateur et m’exécute. Je ne réagis pas et ne prononce pas un seul mot pendant qu’elle m’applique une sorte d’onguent vert à l’odeur répugnante. La pommade étalée, elle se lave les mains dans une bassine mise à sa disposition à mes côtés, puis part soigner d’autres personnes, m’indiquant qu’elle reviendrait dans quelques heures.
Je regarde mon flanc gauche - celui que la femme vient de soigner - et découvre avec dégout de nombreux bleus virant au noir-violet qui entourent une longue cicatrice. Celle-ci a été recousue récemment : des fils noirs, propres, transpercent ma peau pour tenir fermée ma blessure d’une couleur rouge vermeille.
Je détourne les yeux et m’allonge sur le sol humide en attendant le retour du docteur. Je trouve vite le sommeil. Quelques heures plus tard, Mme Nelfie vient me réveiller. Elle me retire mes menottes et m’aide à me relever. Tout bouge autour de moi. Elle me supporte le long d’un couloir jusqu’à un ascenseur où deux hommes de forte carrure me prennent en charge.
Elle me regarde alors et prononce mon nom avant que les portes de l’ascenseur ne se referment sur moi. Comment le connaît-elle ? Ah, oui ! Mon collier de l’armée… Ce collier que j’avais oublié, tellement il m’est inutile. Sa fonction de reconnaissance ne me concerne pas : aucune personne ne m’attend chez moi, je n’ai ni famille, ni amis proches et à part mes ennemis, qui s’intéresserait à savoir mon identité ?
Les portes s’ouvrent. Je sors de l’ascenseur entourée des deux gardes. Nous nous trouvons dans une large pièce bleu clair, au sol et aux murs recouverts de givre. Mes pieds nus raclent le sol gelé et ma respiration régulière crée des nuages de buée devant moi. On ouvre une porte à ma droite et on me pousse dans un couloir terminé par une autre porte en chêne brut gardée par trois hommes vêtus de lourdes armures. Ceux-ci ouvrent la porte à mon arrivée et les deux personnes m’encadrant me jettent dans la salle ouverte. La lumière me fait cligner des yeux. Quand je m’y habitue enfin, je découvre avec incompréhension un décor macabre : des peintures murales représentant des corps déchiquetés, et un plafond dépeignant un ciel d’été sans nuages. Triste assemblage. Tel le Paradis assemblé à l’Enfer, ce décor est discordant.
Une personne m’interpelle, me sortant de ma contemplation. Une femme brune, assise en hauteur sur une estrade, entourée de diverses personnes à droite comme à gauche. Je lève un sourcil interrogateur : que font toutes ces personnes ici ? Très bonne question.
Une main glacée me pousse dans le dos et me dirige brutalement vers une chaise où m’attendent des menottes. La main m’enserre l’épaule droite de son étreinte froide. On me force à m’assoir, puis on passe les menottes à mes poignets avant de me lâcher. Je me redresse et regarde devant moi. La femme qui me fait face me dévisage et me demande :
« Soldat de 1ère classe Ettel, partisante des Destructeurs, rejetée par eux-mêmes ?
_ C’est exact, Maître… répondis-je.
_ Maître Caron ! hurle-t-elle.
_ C’est exact, Maître Caron, dis-je négligemment.
_ Votre cas sollicite toute notre attention mademoiselle : une évadée de l’autre Clan…commence-t-elle. »
La foule présente éclate de rire en entendant ces mots. Elle reprend en riant :
« Ahahah ! Oui, cela est rare. Habituellement, les gens comme vous meurent avant même d’avoir fait un pas au-delà de leurs murs. Votre rencontre avec le Soldat Velinn fût une chance pour vous. »
La foule se remit subitement à rire. La femme continue :
« Soldat Velinn, membre du 7ème Régiment dirigé par le sergent Jones, nous vous écoutons. Levez-vous !
_ Oui, Maître Caron ! hurle une voix. »
Le jeune homme qui m’a épargnée se lève sur ma gauche et s’avance près de moi. Il s’arrête à quelques mètres, me regarde furtivement et reprend la parole :
« J’ai trouvé Mademoiselle Ettel affaiblie près des douves qui entourent le Mur de nos opposants, les Destructeurs. Quand elle m’a vu arriver, elle m’a fait le signe de la paix… dit-il en imitant mon geste. Comme vous le savez sûrement, il est interdit à quiconque ce signe est adressé de faire du mal à celui qui l’a fait. Ainsi, je l’ai ramenée ici pour la faire soigner.
_ Et je vous en remercie, adressé-je au Soldat.
_Qui vous a donné la parole Mademoiselle ? Taisez-vous ! s’exclame la femme.
_ Voudriez-vous savoir pourquoi, j'ai été éjectée du groupe de vos ennemis ? bravé-je.
_ Taisez-vous !!! m’ordonne-t-elle.
_ Voyez-vous, j'ai quitté cet infâme clan pour essayer de rejoindre le vôtre, qui lutte pour un monde meilleur, commencé-je. Enfin, c’est le message que vous avez laissé transparaître : la lutte pour une bonne évolution du Monde. Je n'aurais pas pensé que vous seriez pareil à eux. Eux aussi avaient la fâcheuse manie de soumettre les plus faibles à leur cause. Vous me direz que c’est ainsi qu’une armée est formée, mais bon…
_ SOLDATS !!! hurle-t-elle.
_ Votre Justice est la même, toute comme votre organisation, continué-je. Je ne vois pas en quoi vous êtes différents… »
Un coup de pied m’atteint violemment à la mâchoire. Ma bouche se remplit de sang, ma tête bascule en arrière. Je me force à sourire devant la face réjouie de la femme.
« Merci pour votre écoute, marmonné-je.
_ Bien. Parlementons sur la sentence du Soldat Ettel, voulez-vous, dit la femme. »
J'attends quelques heures assise là, à voir ces chefs militaires mélangés pour décider de mon avenir déjà tracé. Toutes les personnes replacées, Maître Caron reprend la parole :
« Nous avons décidé de vous laisser en soins encore 2 jours. Vous serez ensuite engagée chez les Ménagères pour le reste de votre séjour chez nous. Bienvenue chez les Conservateurs mademoiselle ! Et puisse votre aide contribuer à la construction d’un Monde meilleur ! La séance est levée. »
Un coup de marteau sur le bois de l’estrade termine mon jugement.
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