CHAPITRE 2
Sommes-nous tous condamnés à ne percevoir que ce qui résonne avec nos douleurs ? (Des Gens Très Bien, Alexandre Jardin)
Deuxième car, Carcassonne 10h00
Un relent de vieux velours chaud régnait dans le car. Les enfants avaient envahi les trois-quarts des places en chahutant gaiement. Un brouhaha de rires et de pleurs y accueillit Toine. Il cherchait sa sœur. La tête posée contre la vitre, les écouteurs plantés dans les oreilles, elle s’était installée au fond du car. Sa joue rosie ne montrait aucune trace de larmes. Son regard semblait perdu vers la vieille ville de Carcassonne que l’on devinait au loin, derrière les centaines de voitures garées sur le parking. Le jeune garçon se laissa tomber lourdement sur le siège, juste à ses côtés. Elle lui jeta un coup d’œil furtif avant de replonger dans sa rêverie. Toine lui enleva un de ses écouteurs et lui demanda :
- Ça va ? C’était chaud en bas dis-donc ! Tu lui as dit quoi pour qu’elle pète un câble comme ça ? »
- Fais pas chier, Toine !
Simone lui lança un regard noir en lui arrachant l’écouteur des mains pour le replanter dans l’oreille.
- Ok, souffla l’adolescent en s’enfonçant sur son siège. Bein moi, j’vais piquer un p’tit somme, tient.
Il sortit son portable pour se mettre à son tour dans sa bulle musicale. Heureusement que Spotify existe ! se dit-il en fermant les yeux.
- Toine ! Allez, bouge-toi ! On est arrivé au château.
Simone secoua son frère en le poussant pour pouvoir sortir de sa place exiguë. Elle subissait ses vacances depuis la première seconde. Dès son arrivée à l’aéroport, un mauvais pressentiment s’était immiscé en elle. Maintenant, sa poitrine lui faisait mal. Une sensation d’oppression lui enserrait les poumons. « Comme j’ai pas envie d’être ici ! », songeait-elle. Pour elle, il n’y avait rien de pire que cette impression de ne pas être à sa place, de faire tâche dans le paysage. En sortant du bus, une légère brise rafraîchissait l’air. Elle l’accueillit comme un cadeau du ciel.
Toine se tortillait en grommelant :
- J’en ai marre de me faire réveiller en sursaut ! J’dormais trop bien ! pfff ! Il retira ses écouteurs et rejoignit sa sœur à l’extérieur.
- Quelle chaleur ! Bon, il est où le château ?
Simone se moqua de lui. Décidément, ils n’étaient jamais d’accord. Pour 11h, elle trouvait la météo plutôt clémente et bien plus respirable qu’à Carcassonne. Pour lui répondre, elle pointa le doigt vers le ciel.
- Là, frérot !
- Nan, mais elle déconne, maman ! T’as vu où il est ? Enfin, où ils sont ? On doit monter à pieds sous cette chaleur ? Non mais t’as vu ? Il y en a quatre de châteaux en plus. C’est ouf, ça quand même !
- Toine, arrête ! T’es fatiguant à la fin !
- Ah ! c’est moi qui te fatigue ! Tu vas voir comment tu vas te sentir après cette randonnée, sérieux.
Il lui emboîta le pas vers le lieu de rassemblement. De loin, il aperçut la chemise kaki de sa mère.
Valérie, du haut du sentier, scrutait, en aval, l’avancée de ses enfants. C’est vrai que sous ce soleil, cette excursion n’allait pas être une sinécure. Max s’était posé contre la rocaille en attendant les jeunes. Le guide, un vieil homme au chapeau ample et à la peau tannée, se raclait déjà la gorge pour se préparer à un monologue de deux heures.
- Regarde comme c’est beau, ma chérie !
A leurs pieds s’étalait des valons forestiers à perte de vue. Il continua :
- Il parait que lorsque tu fixes l’horizon du haut de la Tour Régine, tu peux distinguer au loin les forteresses de Carcassonne.
Valérie leva les yeux et parcourut du regard l’immensité qui se présentait à elle. Les montagnes et les vallées s’entrelaçaient. Les cimes des cyprès défiaient le ciel bleu comme pour leur promettre de l’atteindre un jour. Ils étaient là, plantés sur la sèche garrigue. Plus tard, le vieil homme lui expliqua que la présence des cyprès n’était pas naturelle. Ils y avaient été plantés pour consolider le terrain afin de préserver les vestiges. Il y avait un air d’Italie dans cette végétation, à la fois pauvre, cramée par le soleil, et majestueuse par son histoire. Comment des hommes, en plein Moyen-Age, ont-ils pu construire de si gigantesques bâtiments sur l’échine de cette montagne ? Combien d’entre eux y ont laissé leur vie ? Au nom de qui ? Pour quelle gloire ?
- Maman, t’as vu ça ! Il y en a quatre, de châteaux. On va tous les voir ? s’inquiéta Toine.
Valérie sourit à son fils. Elle préférait prendre cette question comme une marque d’intérêt plutôt qu’une énième jérémiade.
- Non, jeune homme, intervint le guide, nous allons nous contenter de Quertinheux et Cabaret. Ensuite, nous descendrons dans la grotte au collier et vous pourrez pique- niquer sur les ruines du castrum de Cabaret où je vous quitterai.
Le guide fit un check-up rapide avant de commencer.
- Tout le monde est là ? Bien, je m’appelle Philippe, je suis né dans la vallée à Lascombes, une ville à quelques kilomètres d’ici. Ces édifices que vous voyez là font partie de ma vie. Je les aime comme ma maison.
Tous, même les enfants, écoutaient attentivement l’accent chantant de l’homme au chapeau.
- Ne vous fiez pas à ces ruines, il y a plusieurs centaines d’années, elles représentaient la fierté des rois de France et appartenaient aux sentinelles royales. Pourtant, malgré cette gloire, la cruauté des hommes et leur intolérance ont mis à feu et à sang ces lieux.
- Il m’a l’air bien engagé, ce guide ! Murmura Max dans l’oreille de Valérie.
Son épouse l’avait à peine entendu. Elle fixait sa fille au visage fermé. Rien dans son attitude ne trahissait une émotion. Ni tristesse, ni colère, ni joie, rien ! Elle n’était qu’une image, une statue, presque un fantôme du passé, comme une ancienne châtelaine blasée écoutant un troubadour. Simone sentait que sa mère l’observait mais elle n’eut aucun mouvement vers elle. Ni rapprochement, ni recul, juste l’indifférence qui démontrait à quel point leur relation ressemblait aux ruines qui les entouraient.
- Allons-y ! montons vers notre première escale, suivez-moi !
Le guide pivota sur ses talons en faisant un signe de la main. Les moniteurs avaient organisé, tant bien que mal, les rangs des enfants. Des couples de randonneurs, équipés comme pour escalader le mont Ventoux, prirent la tête du convoi. Max, enserrant la main de sa femme, l’emmena juste devant la troupe de gamins. Toine et Simone fermaient la marche.
Arrivés au premier château, pendant que le guide expliquait l’épopée des croisades et le début de l’inquisition contre les Cathares, Simone s’éloigna doucement vers le donjon. En y entrant, Elle toucha la pierre froide et rugueuse, puis posa sa joue contre la fraîcheur de la muraille. A ce moment, Elle se sentait si proche de ces vieux murs, de cette majestueuse et triste sentinelle. Tant de guerre, tant de cruauté, tant de folie humaine et cette tour restait là, indomptable à découper le ciel, à brandir fièrement ses blessures. Tu ne sais à quel point on se ressemble confia-t-elle en fermant les yeux. Une profonde sensation de quiétude l’enveloppait lorsqu’elle perçut un petit ruissellement de gravier derrière elle. Le charme était rompu laissant place à l’agacement à la vue de la silhouette de sa mère qui assombrissait l’entrée de la tour.
- Chérie, tu vas bien ? S’inquiéta, Valérie.
Simone ne voulait pas l’affronter, pas maintenant. « Oh comme j’aime pas être là » se répétait-elle sans cesse. Elle la dévisagea froidement, prenant soin de ne laisser paraître aucun de ses tourments, puis sortit rejoindre les autres. Valérie ne put contenir ses larmes qui, doucement, coulaient le long de ses joues. Le goût salé dans la bouche, les yeux embués, elle s’approcha d’une meurtrière et regarda en contrebas. Comme il fait frais, ici ! Comme il fait calme ! Le car rouge se devinait dans la garrigue. Elle aurait voulu rester là pendant des heures à réfléchir au moyen de remonter le temps et de stopper l’élan de son geste violent. Son émotion l’empêchait de raisonner. Si un parent me demandait conseil à ce sujet, que lui dirais-je ? Max vint interrompre ses réflexions.
- Tu viens, ma Val ?
Elle quitta le donjon et suivit son mari sous le cagnard de juillet. Il lui fallut quelques secondes pour que ses yeux puissent s’habituer de nouveau à la clarté insolente de cette journée d’été. Elle aperçut alors ses enfants qui discutaient avec le guide. Toine l’assaillait de questions.
- Donc, si je comprends bien, les carrières d’où viennent les pierres pour construire ces châteaux sont ici même ! Et là, en bas, il y avait des villages ? Sérieux ? Il ne reste plus rien, là ?
Le vieil homme, trop content d'échanger sur sa passion, expliqua en détail la vie de ses ancêtres.
- Ces villages, comme tu dis, s’appelaient des Castrum. Ce ne sont pas seulement des villages ! Les habitants avaient promis allégeance au seigneur du château. En échange, celui-ci les protégeait des envahisseurs. Au XIII siècle, le seigneur du château de Cabaret a protégé des centaines d’hérétiques cathares. Mais là, je m’avance trop ! Allons d’abord voir la grotte où, il y a 50 ans, nous avons découvert la tombe d’une fillette richement parée de bijoux. Elle a vécu bien avant la construction de ces forteresses. Tu vois à quel point ces lieux sont chargés d’histoire ! Ma grand-mère me disait que la nuit, nous pouvions entendre les plaintes des âmes de ces pauvres gens, morts tragiquement dans ces montagnes. Je ne peux m’empêcher de croire que l’âme de cette fillette hante ces ruines.
Un jeune moniteur, la casquette vissée sur la tête, arrêta le guide dans sa lancée.
- Humm, s’il vous plaît ne parlez pas de fantôme, il y a des enfants ici et je compte bien dormir cette nuit. Donc, ne leur mettez pas des cauchemars en tête, ok ?
Le vieil homme fit un clin d’œil complice à Toine avant d’entamer la descente du sentier vers la grotte. Tout au long de ces deux heures de visite, Toine montrait de plus en plus d’intérêts tandis que Simone suivait, silencieuse. Et comme depuis la fameuse gifle, elle ne laissait rien passer de ses états d’âme, personne n’aurait pu soupçonner le volcan qui sommeillait au fond de sa poitrine.
Le couple prenait aussi plaisir à la visite. Valérie s’était fait une raison. Elle attendrait le soir pour parler à sa fille et s’excuser de son manque de contrôle. Et puis, voir Toine aussi enjoué par l’histoire cathare lui mettait du baume au cœur.
Après un pique-nique sur les allées des ruines du castrum de Cabaret et la visite du deuxième château, le groupe reprit le chemin des cars. Il était presque 17h. D’après le chauffeur, il fallait 2 h à 2 h 30 pour arriver à Cucugnan, le terminus de la journée. Au moment de partir, Valérie s’approcha de Simone.
- Vous revenez avec nous ? risqua-t-elle en lui montrant le premier bus.
Simone murmura un non ferme et sans équivoque. Toine s’approcha alors de sa mère et l’embrassa sur la joue.
- T'inquiète mam’s, je reste avec elle. Je vais lui parler, enfin essayer.
Elle lui sourit. Elle le trouvait grandi depuis ces dernières semaines. Encore une réalité de plus qui lui volait à la figure. « Et oui, il faut te rendre à l’évidence, ma vieille, se dit-elle, tu passes à côté de leur vie ». Elle lui ébouriffa la tignasse châtain clair en lui décernant un sourire rassurant.
- Allez, on fait comme ça, mon grand.
Puis elle repartit rejoindre Max dans le premier car.
- Sérieux, t’abuse frangine ! Tu vas pas lui faire la gueule pendant quinze jours ! Faut que tu lui parles, franchement !
- Arrête, Toine ! C’est pas tes oignons ! Elle m’a frappé ! Quand papa va savoir...
Il ne la laissa pas terminer.
- Quoi, quand papa va savoir ? En ce moment, vous deux, vous ne faites que ça, taper du sucre sur maman. T’as pas besoin de faire ça !
- T’as raison ! Je sais ce que je vais faire. Ne plus venir. D’un côté personne ne peut m’obliger à venir.
- Ouais, tu me fatigues à la fin, toi !
Il chercha son portable dans son sac à dos et changea de sujet :
- T’as du réseau ?
Elle lui fit un signe négatif de la tête.
- Et merde, Philippe m’a parlé d’une chouette application sur les châteaux Cathares, j’aurais voulu regarder.
Simone fit son premier sourire de la journée :
- T’es un marrant toi, hein ? Je t’envie, frérot ! Tu vois la vie tellement en rose ! T’as toujours la banane.
Le moteur se mit en marche et les deux cars quittèrent le site de Lastours en se suivant. Quelques minutes plus tard, les adolescents s’étaient déjà assoupis, éreintés par cette longue et chaude journée.
***********
Toine et Simone dormaient depuis au moins une heure lorsque le bus stoppa brusquement. Toine se sentit projeté vers l’avant. Une odeur pestilentielle envahissait l’habitacle et des enfants hurlaient et s’agitaient.
- Non mais c’est pas vrai, j’ai la poisse ou quoi ? Je suis toujours réveillé à coup de massue en ce moment ! Y’en a marre ! Râla le jeune garçon.
Sa sœur se protégeait le nez avec son sac à dos. - Ça pue, c’est horrible ! pesta-t-elle.
- Un des moniteurs, qui se trouvait à l’avant, grailla :
- Allez sortez prendre l'air. On doit nettoyer le carnage à l’avant. La petite Cassiopée a vomi son dej. Sortez par la porte centrale. A l’avant, c’est irrespirable.
Dehors, le paysage avait changé. Le car s’était arrêté sur une petite aire d’urgence. Les hauts pins et chênes verts assombrissaient la route. On distinguait à peine le ciel bleu. L’odeur de la forêt, un mélange de feuilles séchées et de mousse humide venait adoucir les narines. La collègue du moniteur à la casquette avait regroupé les enfants près d’une vieille table en bois. Il ne restait plus que les montants du banc, l’assise ayant été rongée par la vermine. La température baissait au point que Simone se surprit à frissonner.
- Bon, à mon avis on en a au moins pour un bon quart d’heure-là. Je l’avais dit à maman qu’un des gamins allait gerber !
La jeune fille s’appuya contre le tronc d’un énorme pin, bien décidée à ne pas bouger tant que l’air à l’intérieur du car ne soit pas assaini. Elle croisait les bras d’un air boudeur. Son frère, moins soigneux avec ses vêtements, s’était assis à la lisière de la forêt. Il regardait son aînée en triturant une vieille pomme de pin.
- T’en as pas marre, sérieux ?
- De quoi tu parles ?
- De toujours faire la gueule pour rien ? T’en as pas marre ? Tu fais la gueule en arrivant. Tu fais la gueule dans la voiture, tu fais la gueule dans....
- Ça va j’ai compris ! Si toi, cette situation te convient frérot, c’est pas mon cas ! Je déteste Paris ! Ses embouteillages, ces gens pressés, ces clochards dans les rues. Moi, ce que je veux c’est pouvoir aller voir Étoile quand bon me semble. C’est être avec mes amis, c’est retrouver ma vie d’avant ! Avant quand elle était avec nous !
Toine se leva en se frottant les fesses.
- Paris, c’est pas trop mon truc non plus, tu vois. Mais si c’est pour voir maman, je ne dis pas non. Surtout que c’est quoi ? Quatre jours par mois ? Tu vas piquer ta crise à chaque fois parce que tu ne peux pas voir ton cheval quatre jours par mois ? T’es ouf quand même ! Tu compares maman à un cheval, c’est ça ?
- Écoute, c’est elle qui est partie. Elle n’a qu’à en assumer les conséquences, non ?
- Ouais, en tout cas, c’est pas toi qui va lui faciliter la tâche, c’est sûr. Bon, moi, je dois faire pipi, là !
Il fit mine de chercher autour de lui. Sa sœur lui montra un gros tronc d’arbre, un peu plus loin en contrebas.
- Va là-bas, personne ne te verra.
- Heu, j’suis pas rassuré là quand même. Tu viens avec moi ? Je préfère aller plus loin et toi, tu feras le guet. J’ai pas envie qu’une de ces gamines me voit pisser, dit-il en lui décochant un clin d’œil.
- Frérot, t’abuse là !
Et en levant les yeux au ciel, Simone suivit son frère qui s’enfonçait un peu plus loin dans la forêt.
- Bon ça va, t’as trouvé ton p’tit endroit ? On dirait un clébard qui cherche un réverbère.
- Te moque pas de moi, Simone ! C’est pas drôle ! D’ici, je pense que personne ne peut me voir.
En guettant les alentours, Toine commença à déboutonner son bermuda. Il se soulageait enfin quand sa sœur se mit à crier :
- Vite ! Ils remontent dans le car ! Dépêche-toi, Toine !
- Attends deux secondes ! Tu crois quoi, toi ? Qu’on arrête ça comme un robinet ou quoi !
Sans l’attendre, Simone engagea un sprint en hurlant de toutes ses forces : - Attendez-nous !
Elle se retourna vers son frère tout en continuant sa course.
- Toine, dépêche-toi, il a allumé le moteur ! Ils se barrent !
Simone s’étala de tout son long, la tête la première, bouche grande ouverte, sur la terre humide. Son pied venait de heurter une souche. Toine, qui n’avait pas pris le temps de fermer son short, vint la rejoindre en claudiquant.
- Sœurette, ça va ?
- Oui ! Lui maugréa-t-elle. Cours ! Toine, cours ! Putain, empêche-le de se tirer !
Et Toine courut en retenant de sa main gauche son bermuda. Quand il arriva au bord de la route, le car avait déjà disparu.
Il se tourna pour faire face à sa sœur qui l’avait rejoint. Des traces de boue lui striaient la joue. Il y en avait même dans ses narines. Elle crachait de la terre en pestant contre son frère.
- Mais non ! T’es lourd Toine ! Ils se sont barrés sans nous ! Tout ça parce que t’as fait ton pudique !
Elle faisait les cents pas en se tenant la tête. Toine commençait, lui aussi, à s’affoler. Non sans prendre le temps de boutonner son short, il prit son portable espérant pouvoir appeler sa mère.
- Et merde, j’ai pas de réseau !
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