Tarmac
Lucille nous amène à la planque en campagne pour retrouver Quentin et Mathilda qui nous attendent. Tous deux aussi prêt que nous à en découdre, surtout Quentin quand on lui a dit qu’il allait sauter d’un avion à très haute altitude. On balance les sacs derrière le fourgon que l’on a « empreinté » pour l’occasion. Les dossiers gouvernementaux sur nous demeurent maigres, je ne vais pas leur laisser le 4x4 du gang sur le tarmac pour qu’ils puissent le fouiller ou le baliser en notre absence, je suis possiblement suicidaire, mais pas stupide.
Dans le van, l’ambiance est plutôt décontractée. Lucille nous maquille comme à son habitude, peut-être bien qu’on aide l’État pour une fois, mais la guerre finie, la BRI recommencera la traque de nos têtes, voire même déjà quand on rentrera.
Le poste de contrôle se dresse devant nous, j’ai pris la place de Quentin pour qu’il puisse subir les pinceaux de notre amie. Mathilda me tend le pass. L’homme nous fixe avec de grands yeux, c’est la première fois qu’il entrevoit les ennemis publics numéro un de la Normandie, notre joyeux gang de Caux'nards. Et cette fois, c’est pour la bonne cause, mais toujours à coup de pétoires. Il m’indique la route à suivre. J’avance lentement, mes acolytes serrent leurs armes contre leurs gilets pare-balles, si toute cette histoire n’est qu’un guet-apens, nous sommes prêts à répondre. Une quinzaine d’hommes nous attendent dans le hangar, avec un magnifique avion au profile épuré pour fendre l’air et zigzaguer entre les radars. Une splendide beauté française, ce coucou.
- C’est vous les Caux'nards ? me demande l’un du groupe à hauteur de ma portière.
- Possible, sauf que cette fois-ci, nous sommes une escouade à la solde du gouvernement et non des braqueurs, je lui rétorque, mon 10 mm auto prêt à dégainer et lui faire une trachéotomie expéditive.
- Avancez-vous vers les caisses là-bas, il y a les munitions que vous avez commandées.
- D’ac.
- Et, vous êtes peut-être des braqueurs, mais pas aujourd’hui, me dit-il en me rattrapant.
J’avance vers la caisse de munition qui m’attend. Bien évidement, je lui le seul casse bonbon de l’équipe à utiliser des cartouches qui coûtent un rein et une dent en or. Donc, quitte à casquer, autant que ce mes impôts au lieu de mon compte en banque. Ah non, suis-je bête, je ne paye aucune redevance sur mes activités d’association de malfaiteurs.
Cette fois, exit notre magnifique treillis vert, pour une tenue légère de parachutisme noire. Mention spéciale au couturier qui nous a rajouté plein de poches porte-chargeur directement sur la combinaison, ça pourrait être sympa de récupérer ces uniformes après cette mission.
L’avion actionne ses turbines, tout le monde grimpe à l’intérieur. Sur ce casse, nous serons une dizaine et non quatre finalement, avec nous se joignent les Forces Spéciales qui n’existent pas. Sympa, on va pouvoir apprendre des techniques qu’on pourra remettre sur le terrain, quand le policier-voleur reprendra. Mais bon, je trouve ça bizarre, pourquoi engager quatre braqueurs comme nous alors qu’il y a déjà les FS (Forces Spéciales) sur le coup ? Ça sent l’entourloupe à plein nez ça. Mes amis le comprennent dans mon regard, Mathilda – ainsi que les autres – se tiendra prête pour raffaler avec ses MP9.
L’oiseau invisible prend son envole, direction les cieux, allons toucher le paradis l’espace d’un instant.
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