Vole petit oiseau

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 L’avion furtif gravite dans sa pleine altitude, on fonce vers la croix de la carte. Pendant ce temps-là, notre groupe termine de harnacher comme il faut son équipement. Masque et bouteille d’air, c’est bon, parachute, c’est good, armes, prêtes à cracher. Les Caux'nards sont paré à sauver leur pays, et accessoirement leur derrière de Français.

 En attendant le feu vert du saut, je me pose une question sur mon siège : « Et si c’était bénéfique de perdre la guerre pour nous ? ». Si nous perdons la guerre, l’envahisseur se baladera dans les rues, certes, la liberté je lui fais un dernier baiser, mais en revanche pour les braquages, là je pourrais y aller à deux cents pour cent, je pourrais enfin tirer sur la police, qui à ce moment-là, sera une milice montée par la nouvelle dictature. Oui, mais non finalement, j’aime bien plus mon indépendance, dommage pour ce « président » et son ministre des armées. J’ai deux. 300 Blackout qui les attendent. Préparez vos tombes, les filles, papa arrive pour donner des claques.

 Je contemple ma bonne étoile par le hublot, en lui faisant un signe de main et d’amour, qu’elle me protège cette petite, que je passe à travers les balles et que les miennes percent mes cibles.

 Le chef de groupe lève le bras, c’est notre moment. Quentin revient, après avoir fait ami-ami avec les pilotes. Je frétille, pour la première fois je vais réellement sauter en parachute. La trappe arrière s’ouvre, Lucille et moi nous nous regardons, un sourire se dessine sur nos visages à travers les masques intégraux transparents. Je me tourne vers la fratrie, les deux aussi sont emplis d’impatience. Aucun d’entre nous ne sait sauter, hormis Quentin avec ses cours de pilotage, mais on va se débrouiller avec la formation express que nous a faite les forces spéciales sur la route.

Le chef fait signe, le premier homme s’élance, rapidement, le reste suit. Puis derrière, il y a quatre guignols qui saute, l’un fait la roue, l’autre le Christ, le suivant un backflip et le dernier une vrille. Peut-être que cette mission est d’autant plus importante qu’aucune autre, et donc sérieuse, mais pourquoi se priver de rire quand on le peut ? Le chef d’escouade plonge à la fin, dépitée de nous, ça va être long pour lui de gérer quatre idiots insouciants comme nous. C’est ça de travailler avec les Caux’nards.

 Le panorama est somptueux, le décor de montagne avec ses neiges éternelles, la taïga en dessous, et cette alvéole de prairie froide où l’on doit atterrir. Lucille me rattrape en plongeant, elle m’agrippe le pied avant de me faire tournoyer, une vraie gamine celle-là, c’est bien pour ça que je l’adore. Les deux autres nous rejoignent rapidement, voulant aussi s’amuser. On fait quelques figures qu’on a vues dans les films. Juste, on profite de cette opportunité impensable. Il ne manque qu’un détail, ou deux, de la musique et un caméraman pour imprimer ce souvenir et pouvoir le diffuser sur nos réseaux sociaux. J’aurais dû embarquer ma caméra, je regrette. Notre altimètre s’emballe, on vient de passer la barre des deux mille mètres, à cinq cents mètres, les parachutes s’ouvriront automatiquement, ils sont prévus pour un déploiement aussi bas. On ne doit prendre aucun risque avec les radars, déjà que ce coucher de soleil nous couvre. Vu d’en haut, c’est encore plus magnifique que sur une plage de galets.

 Les parachutes se déclenchent, chacun retrouve son sérieux. Nos grolles de militaire foulent le sol plat, jonché d’herbes jaunies. Rapidement, on se débarrasse des voiles, qu’on remise sous un tas de fourrés, ces bêtes de technologie coutent le PIB d’un pays en développement. Pas le temps de se fixer sur ses émotions, le groupe avance aussi sec vers la position du bunker. Chacun range ses chargeurs sur le chemin froid et parsemé d’arbres.

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