10e jour de la saison de la faux 2449

Depuis son arrivé à l'académie pour sa troisième année d'entraînement, Azéna avait remarqué que les autres apprentis la traitaient différemment. Les histoires de son nouveau surnom, exploits et aventures s'étaient propager comme un fléau. Argoshin ainsi que les maîtres en auraient préféré autrement, mais c'était trop tard pour cela. La dragonnière grise devait en subir les conséquences. Elle entendait souvent les murmures autour d'elle et tentait de les ignorer. Une fois de temps en temps, elle recevait de l'affection, soit admirative ou romantique, qu'elle devait gentiment rejeter. Sa patience avait ses limites et parfois, il lui arrivait de réagir fortement, attirant la colère des maîtres.

Après les cours, elle avait eu affaire au premier entraînement de son équipe de skotar en tant que capitaine. Il y avait une dizaine de spectateurs dont une bande d'apprentis de première année qui en pinçait tous pour elle rien que pour sa réputation. C'était tous des jeunes garçons qui pouvaient à peine se laisser pousser une barbe. L'un d'entre eux, un elfe lunaire aux grands yeux bleus, trouva assez de courage pour lui offrir une fleur aux pétales dorées. Par simple politesse, L'archère accepta le cadeau en forçant un sourire. Les deux ne s'accordèrent pas un mot. Après tout, ils savaient bien qu'ils ne pouvaient pas avoir de relation amoureuse. Finalement, le garçon retourna s'asseoir sur les gradins avec ses amis qui se moquèrent un peu de lui.

Inconfortable avec la situation et stressée par ses responsabilités, Azéna se concentra sur son devoir de capitaine pour oublier le reste temporairement. C'était un honneur d'avoir été choisis pour un tel rôle. Elle était la remplaçante de Serfantor qui était à ses yeux un magnifique joueur de skotar et un excellent capitaine et ce, malgré sa vie personnelle tordue. D'ailleurs, elle songeait souvent à lui, particulièrement lorsqu'elle remarquait que l'amertume d'Arièlla prenait le dessus. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait rien entendu à ce propos qu'il assumait tous qu'il était mort, faute de la cruauté de la souveraine des elfes gris. En revanche, personne n'osait l'admettre devant la blonde.

C'est durant le reste de l'entraînement que la demi-elfe à la crinière argenté remarqua Naëshirie se faufiler parmi la modeste foule. Distraite et gênée, elle leva les yeux des deux joueurs dont elle était en train d'observer minutieusement. Un instant passa et elle revint à la réalité en raison d'un grognement sourd suivit d'un feulement. Tyrath menaçait le partenaire d'Othrys Managht de ses crocs immenses.

- Tu es un dragon, pas un lapin ! Allez ! Fait preuve de plus d'agressivité ! Il te faut du cran pour vaincre tes ennemis !

- Mais ce n'est qu'un jeu ! se lamenta le dragon bleu.

- Xutus, ta concentration supérieure et tes sens aiguisés sont un grand atout à l'équipe, mais tu ne dois pas hésiter.

Othrys, un humain à la carrure frêle, s'avança entre les deux dragons et pointa un doigt en l'air pour paraître plus sage qu'il en avait l'air.

- Vous avez chacun raison à votre façon, mais également tort. C'est un jeu certes, mais le skotar a pour but de préparer ses participants au combat de façon interactive. Il faut donc s'y prendre sérieusement, sans pour autant avoir l'intention de blesser sévèrement.

Sa voix rassurante eut raison des deux dragons. Les traits de ces derniers s'adoucirent et leur langage corporel se détendit.

- Je ferai de mon mieux, dit Xutus, admettant sa défaite avec maturité.

- Je serai moins dur sur toi, répondit Tyrath avec autant de patience.

Restelle Virna et son partenaire Kultin s'approchèrent d'Othrys et de Xutus. Ils avaient tous les quatre besoins de pratique avec leur élément, particulièrement Restelle qui était confortable rien qu'à la défensive. Kultin était plus âgé, possédait le plus d'expérience, mais il n'était pas un tellement bon en équipe. Il était impulsif et n'appréciait personne sauf sa dragonnière.

- On recommence, siffla-t-il entre ses crocs qui saillaient de sa gueule.

- Hé Rest ! appela Azéna.

La timide elfe lunaire s'immobilisa et lui accorda son attention.

- O-oui Capitaine ?

- Pas besoin de m'adresser par mon titre, rigola l'archère. Tu permets que je te montre un petit truc ? Tu sais, de dragonnière grise à dragonnière grise ! ajouta-t-elle avec un clin d'œil joueur.

La gardienne hocha doucement de la tête, semblant un peu plus sûre d'elle.

- Prend avantage des brises créer par les mouvements de Kultin. Ça te sauvera de l'énergie et tes attaques seront plus puissantes, conseilla la demi-elfe avec un sourire béant.

- Oh ! C'est une si bonne méthode, complimenta Restelle. Merci. Je vais l'essayer.

- Pas de problème ! J'y es songer cet été en observant mon petit frère monter Tyrath. Maintenant, va botter des fesses !

Depuis les gradins, Fayne tenait une encyclopédie d'herbologie tandis que Teriondil apportait une tasse de thé chaude à ses lèvres. Le duo observait leur amie avec intérêt.

- Elle maîtrise mieux le vent, commenta l'elfe sylvain. Elle a tant évolué depuis notre rencontre. Quelle grande aéromancienne elle fait.

- Elle s'organise bien... pour elle, admit la brunette avec un brin de taquinerie.

✦×✦

À la suite de sa session d'entraînement avec son équipe de skotar, Azéna avait optée pour une sieste.

Lorsqu'elle émergea de son sommeil, elle réalisa avec légère aigreur que sa soirée s'était achevée sans elle. Elle s'accouda contre le rebord de l'unique fenêtre de la chambre et admira les étoiles qui accompagnaient la magnifique lune brune. Une brise joueuse lui ébouriffa tendrement la chevelure. Il faisait juste assez chaud pour que ce soit confortable en sous-vêtements.

Un long moment s'écoula avant que la porte s'ouvrît brutalement dans un claquement. L'archère bondit en se retournant, se retrouvant face à face avec l'intruse.

- Oups, marmonna une voix familière qui était clairement embarrassée par ses actions. Milles pardons. Le vent... Vois-tu... Je ne voulais pas te déranger, mais -

Ce n'était pas nouveau que Fayne réagissait à la nudité avec pruderie, mais depuis que la demi-elfe s'était un peu plus découverte, elle restait souvent victime de confusion en présence de d'autres filles dans de telles situations.

- C'est moi qui ai envoyé Fayne, coupa une deuxième personne, celle-ci clairement dans une humeur bougonneuse. J'ai réalisé que ceci allait sûrement encore arriver donc je suis venue à la rescousse.

Nixie-Elle, vêtue de son armure et équipé de ses armes, se présente à l'entrée juste derrière l'herboriste. Elle avait les bras croisés et ses traits étaient sombres. Elle était clairement de mauvaise humeur.

- Bah merci, grande garde du corps, grogna Azéna qui était agacé par les deux présences.

- Il faut bien que je garde un œil sur toi, continua Nixie-Elle sèchement. C'est mon devoir. Combien de fois va-t-il falloir que je te le répète ?

- Azéna, supplia Fayne qui laissa son expression d'inquiétude transmettre le reste de son message.

L'archère lâcha un juron dans un grognement, prit une grande respiration et sentit son esprit se détendre lentement.

- Pardonne-moi Nix... Je suis fatiguée... Je suis consciente que tu ne fais que ton devoir.

- Bon ben v'là qui es mieux ! s'exclama la garde du corps en se retirant, tirant le bras de Fayne afin que celle-ci la suive à la salle commune. Laissons-là s'habiller. Un peu de dignité hein ?

La rebelle serra les dents et ses poings en attendant que la porte de ferme d'elle-même. Malgré le lien d'amitié qu'elle et Nixie-Elle avaient former, elles s'agaçaient mutuellement en cause du manque d'espace. Après tout, elles étaient presque toujours en présence l'une de l'autre.

Elle s'habilla d'une simple veste et d'un pantalon puis, elle emprunta les escaliers jusqu'à la salle commune où Nixie-Elle, Fayne, Teriondil et Arièlla étaient installés près du foyer. Il y avait quelques apprentis additionnels, mais la plupart d'entre eux se dirigeaient vers les dortoirs pour aller dormir. Il devait être tard, mais l'aéromancienne n'avait plus sommeil.

- Ralentit un peu, grogna la blonde en pointant la théière que Teriondil tenait entre ses mains. Tu en as déjà beaucoup bu.

L'elfe sylvain ne s'en préoccupait pas. Il déposa le récipient sur le sol, inséra des herbes dans le filtre puis y vida de l'eau bouillante. Il sourit et attendit avec la toute la tranquillité du monde. Il paraissait véritablement épanoui avec ce simple moment entouré par son thé et ses amis.

C'était mignon de voir Arièlla s'inquiéter à propos de sa santé. Elle qui était normalement si forte de caractère.

- Azéna ! s'exclama Fayne qui était la première à la remarquer.

- Viens t'asseoir, invita la dragonnière rouge en lui faisant signe de s'approcher.

- Bien dormis ? questionna Teriondil en sirotant une nouvelle tasse de thé qu'il venait de se servir.

L'archère se plia aux demandes d'Arièlla et alla s'asseoir à ses côtés. Lorsqu'elle passa devant Nixie-Elle qui était accoté contre un mur un peu plus à distance du groupe, elle remarqua que la guerrière semblait songeuse et distraite. Ce n'était rien d'alarmant, mais c'était un comportement assez hors de norme pour soulever des questionnements.

- Vous êtes bien accueillants, mentionna-t-elle avec nonchalance.

- Nous n'avons pas le droit ? questionna Fayne sur un ton innocent.

- C'est pas ce que je voulais dire, mais...

- T'as eu un une grosse journée, coupa Nixie-Elle. Ils s'inquiètent, c'est tout. C'est pas dans t'es habitudes d'prendre une sieste l'soir.

Arièlla roula les yeux avec légère irritation. Les joues de Fayne rosirent sous l'embarras. Teriondil se préoccupait de son breuvage avec amour comme s'il n'avait rien remarqué ce qui était probablement le cas.

- Ouais je dois me faire vieille, rigola la dragonnière grise en tentant d'oublier la véritable raison de sa fatigue écrasante : ses nuits d'entraînement avec Argoshin.

Elle s'approcha un peu plus du feu dansant du foyer et se baigna dans sa chaleur réconfortante. Il n'en fallut qu'un instant avant qu'une tasse de thé soit déposer devant elle. Elle leva le regard et elle rencontra le visage radieux de Teriondil.

- Prends-en, dit-il doucement. Je te l'offre. Tu en as clairement besoin.

Incertaine de si devait accepter, elle sonda son entourage. Les autres apprentis étaient tous partis dormir. C'était donc sécuritaire. En revanche, Fayne la fixait avec sévérité. Ils savaient tous ce qui reposait dans ce liquide spécial.

- Ne commence pas ça, conseilla l'herboriste.

- D'après moi, cela semble assez inoffensif, injecta Arièlla. Mes parents n'ont jamais été contre, mais ils n'en consument pas non plus.

- Au moins ça. C'est attendu de gens professionnels.

L'archère tourna la tête vers sa garde du corps. Cette-dernière haussa les épaules et lui fit signe qu'elle n'allait pas lui empêcher cela. Elle se laissa distraire en jouant avec sa dague qu'elle sortit de sa manche.

- Je plonge ! se décida sa protégée.

Elle prit une grande gorgée sous l'expression du dragonnier vert qui passa de relaxe à légèrement alarmé.

- Tu n'as jamais de retenue, dit-il dans un subtil rire. Mais tu sais à quoi t'attendre.

Peu de temps plus tard, les effets des fleurs du crépuscule égrenés commençait à se faire ressentir. Azéna sentit ses muscles se détendre et son humeur s'améliorer. Une béatitude dû à la présence de bons amis et d'une atmosphère relaxante la fit sourire.

- Bon ! Buvons tous de ce thé ! annonça Nixie-Elle de bon cœur.

- Et dire que tu es supposé être une garde du corps professionnelle, dit l'archère, amusée par l'attitude enfantine de l'adulte.

- Pas pour moi merci, décida Arièlla sur un ton des plus poli.

- Certainement pas pour moi non plus, suivit Fayne avec légèrement déception.

- Il faut trouver le centre de notre univers, de notre paix, dit Teriondil en fermant les yeux. Il est important de laisser autrui de laisser emporter par le flux de la vie.

- De quoi...? questionnèrent l'assassin et l'archère simultanément.

Un moment passa dans le silence alors que les filles s'échangèrent des regards confus. Il était devenu clair que l'elfe sylvain n'allait pas s'expliquer.

- De toute façon, comme l'mignon ici présent l'dit si souvent : Il est important d'relaxer ! cita Nixie-Elle en se servant une tasse de thé. J'en buvais de temps en temps avec une amie quand j'étais apprentie.

Azéna n'eut aucune difficulté à deviner de qui sa garde du corps parlait : son ancienne amante Èrionda Murkwan. L'image de deux jeunes dragonnières en train de se prélasser ensembles sous l'effet des fleurs du crépuscule l'amusait.

Elle réalisa un long moment plus tard qu'un large sourire s'était dessiné sur son visage que la plupart du groupe la fixait avec incrédulité.

- De qui parles-tu donc ? questionna l'aéromancienne en tentant de paraître innocente.

Elle ne s'empêcha pas d'accorder une expression taquine à Nixie-Elle qui lui rendit l'appareil en plissant ses yeux avec suspicion.

- Ah c'pas de tes affaires, petite fouineuse, ronchonna l'assassin.

- Accorde-moi des indices dans ce cas, rétorqua l'archère avec défiance. Est-ce que cette personne est toujours une apprentie ? demanda-t-elle en sachant qu'elle se dirigeait dans la bonne direction.

- Pfff, siffla Nixie-Elle en détournant le regard, ses joues s'enflammant. J'réponds pas à ces questions idiotes.

- Allez ! Crache le morceau ! C'est quoi cette réaction ? On dirait une princesse qui en pince pour un beau prince.

La dragonnière accomplie dissimula son visage derrière sa tasse de thé momentanément alors qu'elle travaillait à retrouver son sang-froid.

- Bon... Est en cinquième année d'entraînement. Elle s'appelle Èrionda. Contente ? termina-t-elle en fixant vicieusement sa protégée.

La réaction d'Arièlla et de Fayne fut immédiate : yeux écarquillées, bouche entrouverte et un petit hoquet.

- Quoi ? Qu'est-ce qui a ? s'énerva Nixie-Elle.

- Teri ici présent est son frère, informa la blonde.

Elle ouvrit la bouche comme si elle allait ajouter quelque chose, mais elle préféra s'en abstenir.

- Ça explique pourquoi il est si mignon, continua l'assassin avec une neutralité et une ouverture troublante.

- Mais t'es dégoûtante, dit Azéna en fixant sa garde du corps avec une grimace au visage.

Elle n'avait pas pu s'en empêcher. Les mots avaient sauté hors de sa bouche. Elle était au courant pour les aventures de nuit entre elle et Èrionda et là, elle s'entichait de son frère cadet. Réalisant comment brutale elle avait été, elle tenta de se repentir :

- Heu... Je veux dire que...

- Ça va Azéna. Pas besoin d't'excuser, coupa l'assassin avec nonchalance. J'agis peut-être comme une idiote, mais ça n'veux pas dire que j'agis sur mes paroles.

La demi-elfe poussa un petit rire forcé en attendant que quelqu'un prenne la relève.

- Mais si tu trouves Èrionda et Teri de ton goût..., commença Arièlla avec un brin de confusion.

- Je peux apprécier les deux sexes, confirma Nixie-Elle. En revanche, j'ai aimée qu'une seule personne...

- Alors c'est sûrement toi la fille que ma sœur aimait bien. Elle gardait ton identité bien secrète, mais elle en discutait lorsque nous étions de retour au bercail, expliqua Teriondil.

- Sûrement pour m'protéger au cas où l'information s'propagerait. Elle m'racontait souvent à quel point votre peuple est ouvert d'esprit.

Arièlla et Fayne paraissaient inconfortables avec le sujet de discussion. La brunette évitait de croiser le regard des autres tandis que la blonde clignait tout simplement comme si elle était entrain de traiter la nouvelle information en silence.

- Ne répéter rien à personne, menaça Azéna qui se sentait soudainement protectrice de sa propre garde du corps. Nixie-Elle prend un risque en se confiant à nous.

Les deux dragonnières hochèrent de la tête, confirmant qu'elle garderait leur langue sous contrôle.

« Un jour, c'est peut-être moi qui serait dans la situation de Nixie-Elle, songea l'archère avec peine. Surtout si je me trouve une amante... »

- Relaxe Fayne ! s'exclama l'assassin avec un grand sourire. Y'a plus de gens que t'penses qui aimes les deux sexes.

Effectivement, l'herboriste paraissait beaucoup plus alarmée que la demi-elfe guerrière. Elle avait été élevée à Daigorn où l'homosexualité était rejetée et inexistante en public. Elle était sûrement en conflit avec ses propres valeurs dans toute cette situation, mais elle avait bon cœur dans le fond et ça, Azéna le savait.

- Effectivement, confirma Teriondil. C'est courant à Nadalé. Ma sœur est dans le même bateau. Elle était éprise d'un béguin pour un garçon pendant son séjour ici. Encore une fois, elle ne révélait pas l'identité, mais je sais quand dans ce cas-ci, les sentiments n'avaient jamais été réciproque.

- M'ouais, marmonna Nixie-Elle en croisant les bras et en haussant la tête. J'étais au courant dans l'temps.

Azéna écarquilla les yeux puis, ses traits s'assombrirent.

- Tu savais ça pendant que toi et elle... enfin... hrmm...

- Arrête d'prendre tout au sérieux, grogna la garde du corps sèchement. Moi et elle, ce n'était que pour l'plaisir sexuel, pas du romantique. Pas du tout !

Entre les jappements colériques, on pouvait percevoir un bref moment de tristesse. L'archère s'en était aperçue, probablement parce qu'elle était au courant de la vérité.

- C'est sûr, dit-elle sur un ton clairement inconvaincu.

Sa garde du corps se mit à ricaner comme une hyène vicieuse.

- Et qu'est-ce que t'va en faire ? T'es une dragonnière. Tu connais la loi ! Coucher avec le même sexe, ça a ses avantages. Pas de risque de grossesse, pas de preuve... Utilise ta jugeotte ! Après tout, nous ne sommes qu'humains.

Elle avait mal. Elle souffrait et ça se voyait comme de la boue sur de la neige. Elle essayait désespérément de se convaincre de ses mensonges, mais ce n'était pas si facile que ça. Et Azéna était impuissante à l'idée de l'aider.

- Elle marque un point, intervint Teriondil. C'est pratique et plus sécuritaire pour ceux qui en ressentent le besoin.

- Aaah vous me donnez mal à la tête à la fin ! Merde ! rugit la capitaine de Sombrelame. Je vais me coucher.

À ce point, les effets du thé s'étaient dissipés et elle se sentait irritable et franchement épuisée mentalement. Toute cette discussion lui rappelait qu'elle allait possiblement devoir passer au travers de tout cela et son anxiété grimpait en flèche. Elle ne voulait plus l'entendre.

Elle se leva d'un bond.

- Je n'ai pas besoin que tu me bordes, dit-elle avant même que Nixie-Elle ne puisse réagir.

- Bah ! C'n'était pas mon intention ! rétorqua l'assassin qui posa son regard sur l'elfe sylvain en s'approchant de lui.

- Et je n'ai pas besoin que tu tripotes mon ami non plus !

- T'me prends pour une dégénérée ! J'veux tout simplement une autre tasse de thé ! J'besoin de calmer mes nerfs tordus en cause de toi !

- Parfait !

Elle monta quatre à quatre les escaliers et claqua la porte derrière elle lorsqu'elle s'enferma dans sa chambre. Elle se débarrassa de sa veste et de ses pantalons puis, en sous-vêtements, elle se roula dans ses couvertures.

Ce ne fut que quelques minutes plus tard, alors qu'elle était sur le point de trouver le sommeil, qu'on entra doucement. C'était sûrement Fayne qui allait se coucher à son tour, trop pétrifiée par la soirée pour dire quoi que ce soit. L'archère se décida à lui parler demain, mais pour l'instant, elle n'était pas en état pour cela.

- Hé t'me boudes pas ein ?

Cet accent si différent du sien. Azéna le lia immédiatement avec la voix grognonne qui l'accompagnait. Elle n'avait pas l'énergie ni le désir de lui répondre alors, elle garda le silence. Le lit trémoussa, indiquant qu'on s'était assis au pied.

- J'ai pas touché Teriondil. Il était évidemment pas intéressée de t'façon. L'est complètement ignorant d'son entourage l'pauvre. J'pourrais voir comment ça pourrait être étrangement charmant.

- Rappelle-moi comment es-tu devenue ma garde du corps, de tous les dragonniers disponibles ? ronchonna l'archère.

- T'le sais pourquoi. C'est pas des exploits dont j'suis particulièrement fières, mais ils étaient nécessaires. J'ai beaucoup enlevé de vies, t'sais. C'était pas facile au début. Pour l'meilleur ou pour l'pire, j'ai amplement d'expérience dans c'te domaine là et j'complète mes missions sans dégât et dans une subtilité impeccable.

- Apparemment que les assassins dans nos rangs sont rares.

- La plupart des apprentis ont pas l'cœur pour ce genre de rôle.

La demi-elfe ne commenta pas sur ce dernier fait. Elle savait qu'elle n'aurait pas pu marcher dans les pas de Nixie-Elle. De plus, elle ne désirait plus en parler.

- Je peux aller pisser seule ?

- T'as vingt secondes seule dans la salle de bain, lui accorda l'assassin.

- Désolé ! Cette action requière plus de vingt secondes !

- Vingt secondes, répéta Nixie-Elle avec sévérité.

- Raah ! Bon ben, avertis-moi si tu entres au moins. Je ne veux quand-même pas d'une perverse pendant que j'ai les pantalons baissés.

La garde du corps mit un moment à répliquer. Elle était sûrement entrain de sourire comme la folle qu'elle était.

- T'inquiète pas. Mes hormones sont sous contrôle... pour l'moment.

- C'est tellement rassurant, grogna l'archère. Parlant d'hormones... N'oublie pas ta promesse.

- Hein ?

- Tu sais...

- Pas vraiment, non.

- Ne me fais pas le mentionner à haute voix ! Un indice : Näe...

- Oh ! Bien sûr ! Naëshirie ! J'sais ! J'sais ! J'me souviens ! s'exclama la dragonnière accomplie avec enthousiaste.

- Par Elysia, un peu de discrétion ! Tu es un véritable désastre ambulant !

- Pareil pour toi ! répliqua l'assassin avec un grand sourire espiègle.