20 - Indices du passé

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11e jour de la saison de la faux 2449

Azéna lâcha prise de l'aile de poulet qu'elle était sur le point de dévorer. Elle leva le regard vers le parleur et grimaça, incertaine de ce qu'elle venait d'entendre. Terenas contemplait ses protégés sereinement depuis la table des maîtres qui faisait face aux autres. Il laissa un long moment passer dans le silence, croisant faiblement les bras comme s'il essayait de se convaincre qu'il ne devrait pas agir ainsi. Il se racla la gorge et enfin, il annonça pour une deuxième fois :

— Vous avez bien entendu. Pour le Festival du Crâne, nous nous rendons en Gosform.

La foule murmura sur un ton rempli d'incertitude et de confusion. Les apprentis ne comprenaient pas ce qui se passait. Gosform, la capitale du peuple elfe gris, était surveillée par le Haut-Roi qui suspectait une trahison.

— Sans vouloir vous offenser Grand Maître, ne serait-ce pas dangereux ? Spécialement pour nous qui sommes que des humbles apprentis ? questionna Vorshiènn qui était à proximité d'Azéna.

— Bien sûr le risque est bien réel, répondit Terenas sur une mine légèrement sombre. En revanche, vous serez bien entourée, soit de dragonniers accomplis. Cela vous donnera la chance d'explorer et pour la plupart, de découvrir une nouvelle culture.

La moitié des apprentis trépignèrent, démontrant leur contentement tandis que les autres se privèrent de réagir. Azéna et ses amis virèrent verts d'inquiétude sauf Arièlla qui n'osait pas croiser le regard d'autrui.

— Je suis sidéré, commenta Teriondil dont les yeux étaient faiblement écarquillés – sûrement le plus qu'ils le pouvaient.

— Je ne comprends pas, grogna l'archère frustrée.

— Je suis prête à parier qu'il y un autre motif derrière tout cela ! déclara Fayne avec détermination. Le Haut-Roi n'est pas un imbécile. Il sait que les elfes gris n'oseraient pas refuser les dragonniers au festival de crainte d'attirer leur colère. Il se cherche sûrement un moyen d'enquêter à l'intérieur.

— Pas bête. Avec les ennuis causés par le Gok'Mok, Terenas en profite aussi.

— Exactement.

Un gémissement à peine audible provint d'en face de la dragonnière grise. Une mer de cheveux blonds cascadait jusqu'à sous la table. Elle dissimulait la plupart du visage d'Arièlla qui émit un tremblement. Azéna compris. Elle se déplaça jusqu'à sa bonne amie et posa une main sur son épaule.

— Hé, hé ! Pas de soucis, continua-t-elle avec plus de douceur sous le regard menaçant de l'herboriste. On va en profiter nous aussi. On fera notre propre exploration et on prendra le temps de chercher pour Serf.

— Il est probablement à la merci de sa mère, grogna Harath qui était au-dessus de sa compagnonne, près du plafond arrondis.

Le regard orange lave de la dragonne aux écailles rubis était braqué sur la table des maîtres. Du haut de sa perche, elle observait les dragonniers accomplis qui discutaient entre eux et qui appréciaient leur repas comme des rois. Elle poussa un sifflement et secoua sa large tête en signe d'irritation.

« Elle a perdu sa confiance en eux, songea Azéna en fronçant les sourcils. »

Cette-dernière fixa sa nourriture avec peu d'intérêt, ayant perdu son appétit. En revanche, une flamme de détermination s'éveilla en elle quand elle pensait à retrouver son bon ami elfe gris. Elle désirait en venir à bout avec cette histoire infortune. Il ne méritait certainement pas quoi qu'il lui fût arrivé après leur dernière rencontre qui datait de bien trop longtemps. Cette visite en Gosform était leur chance de lui venir en aide si c'était possible.

✦×✦

La noirceur tombée, après un long entraînement amical avec Tyrath près du lac, il était temps de se préparer à aller au lit, mais le sommeil n'était qu'un luxe limité pour notre archère. Elle devait rencontrer Argoshin à minuit et elle ne trouvait pas l'énergie pour se motiver à l'idée. Elle avait beau être jeune et à moitié elfe, elle possédait ses limites aussi. Son focus flou, elle se dirigeait maladroitement vers sa chambre, passant dans la salle commune qui était animé par quelques apprentis jacasseurs. Leur chahut n'était qu'un bruit d'arrière-plan. Azéna ne désirait qu'un peu de répit avant d'enchainer avec la suite de son chaos personnel.

Elle pensait avoir trouver de la tranquillité une fois dans le corridor du dortoir des filles, mais elle fut accueillie par une voix colérique :

— Ça ne va pas Naësh ! Je ne peux pas le supporter malgré mes efforts !

— Que pourrais-je faire pour t'aider moralement ? répliqua calmement le récipient de ces paroles agressives.

Impulsivement, la demi-elfe tourna le coin et reconnue les deux filles : Renora et Naëshirie. Elle réalisa qu'elle était sur le point de s'introduire dans une querelle personnelle. Elle figea, prise sous l'influence de la panique. Dos à elle, Renora ne la vit pas et ne fit que croiser les bras en réfléchissant à sa prochaine réplique. Les yeux de l'elfe métisse s'écarquillèrent légèrement, indiquant qu'elle était au courant de la nouvelle présence, mais elle reprit son sang-froid dans l'espace d'un instant. Elle avait réellement une attitude angélique et cela hypnotisait Azéna.

— J-je ne sais pas ce qui pourrais être fait, avoua la rousse d'une voix tremblante en serrant les poings.

Un tss résonna doucement, à peine audible. L'archère se fit tirer par en arrière. Incapable de résonner, elle se laissa emporter, rebroussant une partie de son chemin.

— T'es vraiment n'importe quoi, grogna Nixie-Elle qui relâcha enfin le collet de sa protégée. Une perdue quoi !

— Désolé ? murmura l'archère en haussant les épaules et en souriant bêtement.

— Arrête d'faire l'idiote et tient ta langue, murmura l'assassin avec froideur. Et écoute bien.

Son interlocutrice lui prêta un maximum d'attention comme si elle s'attendait à ce qu'elle lui dise le secret de la vie, mais elle ne reçut qu'un roulement de yeux en guise de continuité.

— Pourrait-on en discuter à un endroit plus privé ? demanda Renora qui semblait plus à son aise.

— Absolument, chère Renora, dit Naëshirie d'un ton si empli de bonté qu'on pouvait presque voir son sourire. Viens. Je t'invite à ma chambre.

La rousse maintenue une expression rigide, mais ses joues rosirent subtilement. L'hybride l'invita à la suivre d'un mouvement de main gracieux. Puis elles disparurent derrière l'une des portes de chambres.

Plus rien. Le silence régna pendant un long moment.

— Par Elysia, murmura-t-on avec désespération derrière l'archère.

La jeune rebelle n'eut pas la chance de réagir qu'elle se fit trainer jusqu'à sa propre chambre.

— H-hé ! s'exclama-t-elle, prise au dépourvue par l'impolitesse de sa garde du corps.

Elle se retrouva assise au bord de son lit avec Nixie-Elle qui était rester planter devant l'entrée. Heureusement que Fayne était absente sinon elle aurait mourut de gêne. Elle tira doucement l'une de ses couvertures sur ses jambes comme si elle assumait que ça allait la dissimuler.

— Dis-moi que t'as compris c'qui se passe, bougonna la dragonnière accomplie.

— Pas vraiment, avoua l'adolescente qui retrouvait son sang-froid lentement.

— J'vais t'donner un indice. Bah, on peut dire que ça ne v'pas trop bien ces deux-là, termina Nixie-Elle avec un sourire mesquin.

— Que veux-tu dire ? questionna Azéna en clignant des yeux avec ignorance. Qu'elles se sont querellées ?

— Bonté divine... Au moins, t'as compris l'évident. C'est déjà ça. Mais t'es vraiment aussi innocente que ton ami l'elfe sylvain. C'est presque adorable, ajouta-elle sur un ton moqueur.

— Mais qu'est-ce que tu essais de me dire ? s'impatienta la demi-elfe. Accouche ! Allez ! Ras-le-bol !

— Pour que j'accouche, il faut premièrement que quelqu'un m'mette enceinte, expliqua l'assassin en zieutant sa protégée spécifiquement pour la rendre inconfortable.

Malgré le savoir que deux filles ne pourraient jamais engendrer de progéniture, l'image du processus se dessina dans l'esprit d'Azéna. Aussi rouge qu'une cerise, elle haussa la couverture jusqu'à ses épaules et plissa les yeux avec défiance.

— Comme si ça t'sauverai, rigola Nixie-Elle.

Azéna réalisa que son bouclier improvisé était bel et bien inutile. Elle n'aurait eu qu'elle-même pour se protéger. Elle savait bien que ses chances de s'en sortir serait presque zéro si Nixie-Elle se décidait vraiment. Elle opta donc de rester immobile en espérant que rien ne se passerait.

— Non mais ! T'l'sais que j'ferai jamais ça ! s'esclaffa la jeune adulte ébahie par la situation. Quand-même ! Idiote vas ! J'travail à ton cas. J'essaie de te rapprocher de Naëshirie et j'crois bien avoir la confirmation qu'elle aime plus les femmes que l'norme.

— Q-quoi ? hoqueta l'archère, sa gêne étant maintenant hors de son contrôle.

— Allez, viens avec moi. J'vais t'le prouver. J'en suis presque certaine. Oublie pas : silenceeeee.

Au même instant, la porte s'ouvrit. Fayne, le nez coincé dans un immense livre, entra. Elle heurta le dos de la garde du corps qui avait été trop distraite pour réagir promptement. L'héroïne du moment fut Azéna qui s'était défaite de sa couverture avec agilité et avait utilisé ses bras pour empêcher ses deux compagnonnes de tomber.

— Par Elysia, je suis si désolée ! s'écria la brunette sous le choc.

— Ça va, dit Nixie-Elle qui prit sa retraite dans le corridor. Mais toi ! continua-t-elle en s'adressant à sa protégée. Viens avec moi.

L'adolescente à la chevelure argentée grincha les dents, assurée qu'elle allait se retrouver dans de beaux-draps si elle obéissait. Tout-de-même, elle s'avança et traversa le seuil de la porte.

— Bonne nuit, lui souhaita Fayne avec un sourire chaleureux. Ne rendre pas trop tard.

— N'te fais pas de soucis ! déclara Nixie-Elle avec confiance. Elle est avec moi donc, en sécurité !

— Sûrement pas de Rendar, grogna Azéna. D'ailleurs, ni de toi...

— Aucune foi en notre équipe celle-là !

Elle passa son bras amicalement autour des épaules de son interlocutrice, salua Fayne et se dirigea vers la chambre de Naëshirie. Le calme drainé de son visage, l'apprentie tenta du mieux qu'elle le pût de ne pas laisser ses émotions la contrôler. Elle serra les poings, son anxiété poignante.

— Je ne veux pas espionner Naëshirie.

— Plus jamais promis, chuchota l'assassin.

Elles s'arrêtèrent à un recoin à proximité de la chambre, assez proche pour qu'elles puissent entendre des voix.

— Je n'aurai jamais accepté si tu n'aurais pas su voler mon cœur. Ce n'est tellement pas mon genre. Je ne suis pas un traître ! Je suis loyale et fière comme tous les Elthiens ! Maintenant, je suis coincée et de surcroit, sans la raison pour laquelle je me suis mis les pieds dans les plats en premier lieu. Je ne sais pas quoi en faire !

C'était Renora. Le désespoir dans sa tonalité vint chercher l'archère droit au cœur. Qu'est-ce qu'était cette histoire de trahison ? De qui parlait-elle ? Sûrement pas des Gardiens d'Aerinda. Ce n'était pas possible. Ça devait être quelque chose d'autre. Mais elle n'avait pas le temps d'y songer. La conversation continua :

— Tu es consciente qu'il y a plus que notre relation amoureuse attachée à cette cause, rétorqua une voix bien plus douce. Je t'implore de te calmer. On va nous entendre. Allons en discuter ailleurs.

— N-non, hoqueta la rousse d'une voix tremblante. Il est trop tard. Le couvre-feu...

— C'est important.

— Ça suffit ! rugit Renora avec une énergie soudaine. Tout ceci, Naëshirie, c'est terminé !

— Ren... Essai de comprendre...

— Non !

Des bruits de pas lourds s'approchèrent de l'entrée. C'était le signal du départ pour nos deux espionnes qui déguerpirent le plus subtilement et rapidement possible. Paniquée, Azéna prit de l'avance sur Nixie-Elle, ne s'arrêta pas à sa chambre, mais plutôt au foyer de la chambre commune. Sa complice s'installa à côté d'elle, lui donna un léger coup de coude dans les côtes et lui accorda un regard peu impressionné.

— J'ai perdu la notion de...

— Ça va, grogna l'assassin. Nous sommes seules, mais possiblement pas pour longtemps. Agis naturelle.

Effectivement, Renora dévala les marches menant aux dortoirs agressivement, traversa la chambre commune en ignorant la présence d'Azéna et de Nixie-Elle puis, elle continua sa descente jusqu'à la sortie de la tour.

De longues minutes passèrent avant qu'Azéna puisse respirer confortablement à nouveau. Elle plongea son regard dans les flammes du foyer qui crépitaient de temps à autre. Maintenant que personne ne s'en occupait, elles allaient bientôt mourir. C'était une triste réalité pour un élément si redouté.

— Qu'est-ce que j'te disais ? mentionna la garde du corps.

— T'es vraiment perspicace. Mais... de quoi parlaient-elles ? questionna l'adolescente avec hésitation. Ça me semble louche.

— J'n'en sais rien. Quelque chose d'sérieux, ça c'est sûr.

— Peut-être devrais-je aller vérifier si Naëshirie va bien, décida l'archère avec une pointe de détermination et, malgré elle, un peu d'espoir pour établir une meilleure connexion avec l'elfe.

— S'pa mieux ça, rigola Nixie-Elle doucement. Laisse-la tranquille. Elle a sûrement b'soin d'espace après tout ça. De plus, t'es vraiment nulle avec les femmes, termina-t-elle en s'esclaffant.

— Qu'est-ce que tu racontes ? se choqua la demi-elfe en fronçant les sourcils.

— Oh misère... Ma pauvre p'tite, j'te vois bien regarder les autres filles. T'es aussi en chaleur pour une belle paire de seins qu'moi.

Son interlocutrice eut un mouvement de recul. Les yeux écarquillés et le visage chauffant, elle paraissait confuse entre la colère et la timidité ce qui lui donnait une allure assez amusante.

— C'est... C-c'est que...

— Relaxe, relaxe, dit Nixie-Elle en pouffant de rire. J'dirais rien à propos d'ta perversion. Après tout, j'suis supposée t'protéger, nah ?

Offusquée et sans défense, Azéna croisa ses bras et s'enfouit la moitié du visage dans le creux. Elle n'avait rien à répliquer et elle ne désirait qu'oublier cette discussion.

✦×✦

Quelques heures passèrent et après une sieste, Azéna fut doucement réveiller par une petite pousse à son épaule et un chuchotement à son oreille :

— Ton entraînement.

L'archère bailla, épuisée par l'éveil prématurée en plein cœur de la nuit. Elle grommela, s'enfouit le visage dans son oreille et se gratta une fesse sous les couvertures. Elle était en sous-vêtements, incapable de dormir nue en sachant que Nixie-Elle était son alarme humaine. À ce moment, elle se foutait d'Argoshin et de son devoir en tant que dragonnière violette. Son corps entier hurlait sa protestation et la plupart de ses muscles étaient à un minimum endolori. Elle était consciente qu'elle n'avait pas le repos nécessaire pour endurer deux entraînements intensifs.

On la poussa à nouveau.

— Azéna, marmonna-t-on en tentant de gagner son attention. Allez, il est temps. Tyrath doit déjà t'attendre près de la fenêtre.

Effectivement, un crissement provenant de la toiture retentit. Il devait encore une fois s'amuser à essayer d'attraper des lucioles avec sa patte.

— Énervante, dit la rebelle en repoussant sa garde du corps d'une main.

Nixie-Elle grogna, son impatience se manifestant. Elle agrippa la couverture épaisse qui couvrait sa protégée et la tira hors du lit. Ne laissant pas la chance à sa victime de réagir, elle posa sa main sur sa bouche, l'empêchant de pousser un cri alarmé. Elle ignora l'expression colérique qui lui fut accordé et se retira, vérifiant que Fayne était toujours bel et bien endormis.

— Dépêche-toi, ordonna-t-elle avec autant de discipline que de sérénité.

Avec peine et misère, Azéna se leva enfin et se prépara à faire face à sa destiné.

En chemin, Tyrath et Sièrre planèrent l'un à côté de l'autre. Ils étaient assez proche pour que l'apprentie dragonnière puisse observer sa séniore d'assez près. Elle détecta en elle une touche de paix en elle qui lui semblait superficielle. Il n'y avait pas de communication et d'énergie, contrairement à habituellement. Enfin, elle put percevoir une teinte de rouge dans ses yeux.

— Tu passais du temps avec Teri pendant que je roupillais ?

— Peut-être, dit tout simplement l'assassin.

Suspicieuse, la demi-elfe désirait plus de détails, mais elle ne dit rien de plus. Elle savait trop bien ce qui s'était passé durant son absence et cela avait un lien avec un certain thé. Nixie-Elle n'essayait pas vraiment de le cacher semblait-il. Les yeux mi-clos et presque aucune concentration sur son entourage, elle était imprudente ce qui n'était pas dans ses habitudes. Elle devait être à court d'énergie elle aussi. Surveiller une adolescente presque constamment était une tâche ardue. Azéna ne pouvait pas la blâmer pour sa faiblesse. De plus, elle se croyait parfaitement capable de fonctionner sans elle.

Ce soir, elle allait avancer dans sa maitrise de l'énergie spirituelle et Argoshin allait être fier d'elle. Elle en était certaine.

Comme d'habitude, le groupe se rendit à la colline qui se trouvait assez loin d'Atgoren pour profiter d'un minimum d'isolation. Cette-fois, en revanche, le maître secret d'Azéna ne l'attendait pas seul. À ses côtés, une silhouette svelte encapuchonné et enrouler dans une robe cérémoniale discutait avec lui.

— Qui est-ce? questionna l'adolescente alors que Tyrath entama sa descente.

Le drake réagit que par un grognement qui en disait long. Il se méfiait et il avait toutes les raisons du monde, ne portant pas encore Argoshin dans son cœur. De son côté, Nixie-Elle ne perdit pas de temps à réagir :

— Poses toi derrière Sièrre, lui ordonna-t-elle. Nous n'allons pas prendre d'chance.

Elle tourna le visage vers sa protégée et lui adressa un petit sourire.

— Prépares-toi au pire. Garde une main proche d'ton arc, c'est clair ?

— Bien sûr, approuva Azéna en obéissant.

Comme prévu, Sièrre et Nixie-Elle s'approchèrent du demi-dragon et de l'intru. À première vue, il n'y avait aucun signe de lutte ni de malfaisance. L'être au capuchon s'exprimait beaucoup avec ses mains et semblait ne porter aucune arme mis à part d'un bâton en bois décoré de plumages, d'os et de fleurs. Curieusement, son langage corporel était familier : un mélange étrange d'excitation et de sérénité. Azéna et Tyrath étaient trop loin pour comprendre ce que les autres disaient.

— Mmmm pourquoi j'ai l'impression de connaitre cette personne ? commenta l'archère en sentant un malaise lui monter à la gorge.

— Je n'aime pas ça, siffla Tyrath en reniflant, cherchant à détecter une odeur révélatrice. J'ai déjà senti ce parfum.

— Dommage qu'il ne t'évoque aucun souvenir.

— Je crois que c'est une bonne chose.

— On va espérer ! Cet individu me parait pacifique.

En effet, l'étranger, Argoshin, Nixie-Elle et Sièrre étaient en train de discuter entre eux et il n'y avait aucun signe d'agression ou d'irritabilité. Le processus se déroulait bien. Nixie-Elle arborait un sourire satisfait. L'archère sentait sa curiosité amplifier rapidement, particulièrement lorsqu'elle fixait le dos du nouveau venu.

Quelques minutes plus tard, l'assassin fut celle qui brisa la conversation et qui vint chercher les deux apprentis. Elle s'installa à côté d'Azéna qui était maintenant assise sur un grand rocher.

— Bon, va voir. J'suis le plus confortable que possible dans une telle situation. J'suis presqu'entièrement confiante que rien d'malheureux ne se produira. De plus, il y a quelqu'un qui désire t'parler, termina-t-elle en pointant en direction de l'individu encapuchonné.

— Je n'aime pas ça, répéta Tyrath en agitant légèrement la queue.

— C'est tout sous contrôle mon grand, encouragea la garde du corps en donnant une tape amicale sur le flanc du drake. N't'inquiète surtout pas ! Moi et Sièrre, nous sommes là, toi aussi d'ailleurs et toujours vigilent, y'a Argoshin. Ça serait imbécile pour une seule personne d'essayer quoi que ce soit.

Dans un sifflement, Tyrath donna sa bénédiction à contre-cœur. Il se roula en boule, gardant ses distances de Sièrre qui n'avait que peu de patience pour lui.

— Qu'est-ce que t'attends ? demanda Nixie-Elle en se rendant compte que l'adolescente n'avait pas réagi.

— Je crois connaitre cette personne, expliqua l'aéromancienne en sentant ses paumes devenir moites de sueur. Ça me stresse un brin.

— Elle m'semble inoffensive si c'est ce qui t'rends anxieuse.

— Elle ? Mmmm...

— Vas-y. T'verras bien. Moi j'l'a connais pas, mais de ce que j'déduis, elle est amicale.

— Amicale. Bien sûr, marmonna Azéna en roulant les yeux qui doutait des intentions de son interlocutrice.

Un pas à la fois, lentement, mais sûrement, elle s'approcha de son maître secret et de la femme mystérieuse. Il y avait un feu de camp dont les flammes dansaient paresseusement. Les détails des visages présents étaient difficilement percevables sous le voile des ombres. Tout-de-même, les yeux dorés d'Argoshin étaient bien visibles comme si elles brillaient délicatement dans la noirceur. Le demi-dragon était aussi couvert que sa compagnonne. Comme à son habitude, il n'aimait pas laisser son identité à la vue du publique. D'après son langage corporel, il semblait calme ce qui apaisait Azéna un peu. D'habitude, il priorisait la discrétion plus que tout. Ce n'était pas dans la norme qu'il recevait des invités.

— Comme on se retrouve, jeune dragonnière, commença la femme dont la voix était aussi familière que son ton enjoué.

— Je ne vous reconnais pas, avoua l'archère. Pas complètement dans tous les cas.

— C'est mieux que pas du tout.

Elle rabattit son capuchon, révélant son visage serein qui cachait un peu d'espièglerie. Une mer châtaine de cheveux et de billes colorées cascadait le long de son dos droit. Quelques symboles à base de peinture corporelle décoraient son front et son cou, lui donnant une allure plus sauvage qu'à sa dernière apparition. Malgré cela, son identité n'échappa pas à Azéna.

— Cartomancienne ! s'exclama-t-elle.

— Tu as utilisé le bon terme cette-fois, sourit Trish.

— J'étais sous la nette impression que Maître Argoshin n'appréciait pas ta compagnie, mais peut-être me suis-je trompée.

— Azéna ! jappa le demi-dragon sèchement en révélant ses crocs. Ta langue...

— Dans ma poche, grommela l'apprentie en boudant.

Un petit rire provenant de Nixie-Elle lui confirma que la situation était hilarante d'un point de vue extérieur. Distraite par la réaction de cette-dernière, Azéna tourna le regard et fut surprise de voir l'assassin qui se dépêchait vers elle. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, elle sentit un serrement à sa taille. Confuse et inconfortable, son premier réflexe était de reculer, mais elle fut trop lente : elle subit le câlin de Trish. Nixie-Elle agrippa la femme mystérieuse par le collet et tira, forçant une séparation.

- Ne t'approche pas trop.

- Oh ! Garde du corps typique ! s'exclama Trish avec un sourire. On se connais, moi et Azéna.

- C'est ton dernier avertissement, grogna l'assassin en offrant à son interlocutrice un regard noir des plus intimidant.

- Comme tu le désires, pouffa la cartomancienne comme si la requête de Nixie-Elle était absurde.

Cette-fois, la dragonnière adulte demeura proche de sa protégée, soit à quelques mètres. Elle s'accota le dos contre Sièrre et elle se mit à aiguiser l'une de ses dagues à l'aide d'une roche en jetant des coups d'œil fréquents en direction des autres.

Azéna était reconnaissante, mais elle ne l'exprima point de peur d'insulter quelqu'un.

- Je ne vais pas te laisser lire dans tes cartes si c'est pour cela que tu es ici, dit-elle à Trish.

- C'est moi qui lui ais demander de venir, avoua Argoshin avec un semblant de gêne qui traversa son visage. Nous avons besoin de vérifier l'état de santé de ton compagnon. Je m'inquiète car tu éprouves une immense difficulté à progresser dans ton entraînement.

- Q-quoi ? sursauta l'adolescente avec autant de choc que de furie.

Elle cligna des yeux, laissant ses émotions se retirés pour laisser place à une question :

- Vous voulez dire, Maître, qu'elle est une chamane ?

- Exactement, confirma le demi-dragon. Elle pourrait possiblement nous venir en aide. Tu comprends, pas vrai ?

- Ah... Je... Mmmm...

Elle réalisa que son maître avait probablement raison. Il était bien plus sage qu'elle. Elle était confiante de son entourage et bien protégée. Elle hocha de la tête, donnant son consentement à contre-cœur. De son côté, Tyrath siffla doucement et secoua sa large tête comme s'il désirait se débarrasser de puces; une métaphore pour Trish de ça Azéna en était certaine.

- Parfait ! s'exclama la chamane avec contentement. Pour ma part, j'étais heureuse de te revoir.

Personne ne réagit et un silence gênant s'en suivit.

- D'abord, je me dois de raconter un peu d'histoire à notre jeune dragonnière, continua Trish avec enthousiasme.

- C'était l'entente, dit Argoshin. Vas-y.

- Hé ! Attendez un instant ! Et mon consentement dans tout ça ? questionna l'archère en croisant les bras.

- Je ne te donne pas le choix, rétorqua son maître avec autorité. Elle n'utilisera pas ses cartes comme promis, il n'y aura pas de lecture du futur, du présent ou du passé. Pas de prophétie non plus. De plus, il est toujours avantageux d'en connaitre plus à propos du monde. Il faut penser avant d'agir.

- Bon d'accord. Je consente, mais d'abord, qui es-tu vraiment madame la liseuse de cartes ? questionna suspicieusement l'adolescente.

- Sa tombe bien que tu me demandes. C'est ce que j'avais l'intention de te partager, sourit chaleureusement la chamane.

Elle fit volte-face gracieusement et enfonça sa main dans une poche en cuir attachée à sa ceinture, provoquant une secousse nerveuse au corps de Nixie-Elle qui était encore en état d'alerte.

- Relaxe ma grande. Ce n'est que des pétales.

- Même d'pétales pourraient être un danger en c'qui concerne les chamanes, grommela la garde du corps qui retourna à l'aiguisement de son arme.

Trish pouffa légèrement et se concentra à sa tâche : tirer les pétales dans le feu de camp avide qui les dévora comme une bête affamée. Un épais nuage de fumée aussi colorée que les pétales s'éleva vers les cieux. C'était une réaction qui prit les autres spectateurs au dépourvu. Les soupirs d'exclamation satisfirent la cartomancienne qui se mit à mouvoir ses bras comme si elle façonnait des objets invisibles.

Tyrath et Sièrre eurent la même idée : grogner. Heureusement, ils demeurèrent calmes.

Bientôt, un premier changement se produit en le torrent de fumée de teintes variés. Une femme ressemblant étrangement à Trish en fut sculptée. Elle réagissait aux commandes de la chamane en contrôle, suivant ainsi le cours de l'histoire raconter.

- J'étais simplement une humaine. Mon bercail, Dètmor, était, il y a longtemps, enrichit par une culture qui rendait honneur à la nature et au chamaniste.

La Trish miniature composé de fumée, se mit à danser au travers des flammes de façon animalesque. Elle portait un masque tribal en forme de tête de loup. Elle semblait passionnée et surtout, épanouit.

- D'ailleurs, il y avait un chaman installé dans chaque communauté et ceux-ci servaient de guide spirituel. La coutume s'est perdue durant le règne du grand-père du Roi Rouge actuel. Son nom résonne à ce jour au travers des cœurs colériques des chamans restants : Tekumseh Ghiatrajdar. Car oui, la famille royale présente est celle des Suranz. En cause des mauvaises décisions de Tekumseh, ses fils furent assassinés, le laissant avec sa seule fille comme héritière. C'était la punition que les divinités lui accordèrent murmurent les rumeurs. Enfin bref, sa fille épousa un homme important de Daigorn : un Suranz, expliquant leur peau plus pâle que la norme.

La Trish dansante disparut, laissant place aux personnages décrits dans le récit. Une série d'animation correspondant aux évènements s'en suivit, les couleurs s'enlaçant pour en créer des nouvelles.

- Et ça me sert à quoi toute cette leçon d'historique ? questionna Azéna.

- Rien pour l'instant, jeune dragonnière, répliqua Trish. Pour l'instant. J'espère que cela t'aidera dans ton futur, termina-t-elle avec un sourire coquin qui donnait l'impression qu'elle en savait plus qu'elle en partageait.

La fumée enchantée se dissipa, laissant place à la normale. La chamane fixait son interlocutrice avec intensité. Cette-dernière se sentit mal à l'aise et recula de quelques pas en direction de Nixie-Elle qui rigola doucement.

- Ça suffit maintenant ! siffla Argoshin en s'adressant à Trish. Nous en avons assez entendu. Maintenant, fais ta pars, chamane.

Trish s'approcha d'Azéna et lui offrit un sourire chaleureux en ouvrant les bras comme pour l'invité à elle.

- Il va falloir que tu demeures calme.

L'archère sentit ses muscles se contracter et sa mâchoire se serrer, une indication corporelle qu'elle luttait contre son anxiété.

- Que va-t-il va se passer ?

- Je vais essentiellement pénétrer dans ton esprit, expliqua la cartomancienne. C'est une sim –

- Attend ! Quoi ? s'écria l'adolescente qui sentit ses émotions négatives bouillir en elle.

- S'il te plaît, demeure calme.

- Avec l'expérience de l'an passé, je refuse que tu pénètres dans mon esprit ! insista Azéna avec un peu de panique.

Elle aperçut un regard partagé entre Trish et Argoshin. Le demi-dragon acquiesça, acceptant à quelque chose qui était sous-entendu.

Dans l'espace d'un instant, la femme spirituelle piqua le doigt de l'apprentie dragonnière avec une aiguille et lui vola une goutte de sang qu'elle tira immédiatement dans le feu. Personne n'eut le luxe de réagir. L'acte avait été commis.

- C'était quoi ça ? s'affola la demi-elfe.

Nixie-Elle s'élança entre elle et Trish, pointant sa dague en direction de la chamane, la lame effleurant son dos.

- À quoi t'joues, sorcière ?

Sièrre approuva d'un grognement intimidant, tandis que Tyrath fixait tout simplement sa dragonnière avec inquiétude. L'insulte sorcière avait été une grande influence dans l'enfance d'Azéna et il résonnait encore avec sa rage, mais elle savait mieux.

- Elle n'est pas une sorcière Nix, dit-elle avec une sérénité maladroite.

- Du calme grande dragonnière, requêta Argoshin. Nous avons besoin de savoir.

Les deux croisèrent leur regard avec celui d'Azéna, cherchant son avis.

- J'ai donné mon consentement, abandonna l'archère dans un soupire.

- Sois, approuva l'assassin qui retourna aux côtés de Sièrre.

Devant Trish, les flammes grandissaient et changeaient, sa couleur passant d'un grisâtre à des teintes de violets et d'argentés. Elles semblent incapables de s'entre-mêlées contrairement aux précédentes, créant des rayures étranges.

- Ceci est les éléments qui circulent en toi, expliqua Trish dont le ton de voix était aussi transformé – plus grave, plus intense. Incapables de s'harmoniser, ils prennent leur espace comme ils le peuvent. C-ce violet !

Elle se tourna pour faire face à Azéna. Ses yeux n'étaient plus que des orbites de lumière bleu pâle. Ils émanaient à la fois quelque chose de bienveillant et de terrifiant. Là était un pouvoir que peu de gens possédaient et la demi-elfe l'avait ressenti trop souvent à son goût. Heureusement, celui de Trish semblait bon, contrairement à la corruption des chamans noirs.

Et s'en était assez pour qu'elle accepte de se faire sonder malgré son inconfort. Elle s'immobilisa, se concentrant uniquement sur sa méditation dans une position debout et improvisée. Elle ferma les yeux et espéra que la procédure se déroule bien.

Bientôt, elle sentit de l'air tourbillonner autour d'elle – sûrement la fumée représentant ses éléments. Étrangement, elle pouvait aisément respirer – sûrement une protection accordée par Trish.

Elle sentit une pression en elle et son premier instinct fut de le repousser, mais elle était consciente qu'elle ne devait pas. Elle laissa donc la présence entrer du moins qu'elle le pu.

La réaction fut immédiate : une troisième présence émergea de nulle part. Celle-ci était vaste, puissante, énigmatique et surtout, déterminé à protéger son territoire. C'était Turion. Il savait que son temps était limité s'il ne désirait pas briser l'esprit de sa dragonnière. Il ne tarda pas à s'acharner sur l'intrue.

- Non ! Laisse-la faire, susurra Azéna dans une tentative désespérer de calmer le wyrm. Elle est une alliée.

- Ce n'est pas ce que je ressens en toi ! fut les seules paroles du légendaire dragon violet.

Il pouvait percevoir au travers des mots, bien évidemment. Après tout, il vivait en elle. Il détectait ses sentiments à l'égard de Trish : méfiance, incertitude et plus que tout, de la crainte. Il ne comprenait pas la situation. Il ne désirait qu'une chose : protéger.

La présence de Trish, quoique bien établie, fut engloutit par celle du wyrm comme si elle n'était qu'une novice. Aussi rapidement qu'elle fut entrée, elle en fut chassée violement. Elle se mit à résister, mais elle perdait du terrain rapidement.

Pendant cette lutte d'esprits, les émotions fortes de Turion grandissaient comme une catastrophe naturelle. Il prenait de l'ampleur, ses efforts au-delà de ce dont il avait besoin. L'archère était, encore une fois, trop faible pour maintenir sa place. Elle se sentit se perdre dans un néant noir et ses pensées commençait à se liés à celles du dragon. Elle se sentait passionnée à réduire cet envahisseur à de la poussière.

Soudainement, elle se tenait debout à Dètmor dans la demeure royale du Loup Rouge où se terrait les Suranz. Comment possédait-elle ce savoir ? Elle n'en avait aucune idée. C'était comme si cela faisait partie de ses souvenirs à présent. Le tout était autant naturel que fantaisie. Elle cligna des yeux et baissa le regard sur ses mains. Ses doigts étaient plus longs et épais qu'ils étaient supposés l'être. Ce n'était donc pas les siens. Pourtant, ceci était son corps et elle se sentait comme si tout était normale.

Elle n'avait jamais visité le château et elle le connaissait comme le fond de sa poche. Tout était si chaleureux, mais étrange. Confuse, elle resta là immobile à tenter de comprendre son état d'être. Son cœur battait la chamade; elle était apeurée à la vue de quelque chose d'important. Une pensée fit surface : s'enfuir. Elle désirait partir et au plus vite, mais avant, elle devait rencontrer quelqu'un d'important. Cet individu, franchement, la terrifiait. Elle sonda les environs : les multiples bannières décoratives qui arboraient l'emblème du Loup Rouge confirmait ce qu'elle croyait déjà.

- Comment vais-je m'y prendre ? demanda-t-elle à personne en particulier.

- Ne soyez pas ridicule, dit un homme à sa gauche qui se portait fièrement.

Elle le reconnut immédiatement en tant que Boros, un serviteur de la famille Suranz. Mais il n'était pas que n'importe quel serviteur – il était efficace, poli et loyal. Et pour cela, il avait été récompenser avec un peu de liberté et un habit propre de qualité moyenne. Comment savait-elle cela ?

- Roi Maroth vous attend, dit-il avec un peu d'insistance. Je comprends que vous êtes nerveuse, mais vous ne seriez pas sage de faire attendre Sa Majesté.

- N-non. Vous avez raison, dit Azéna sans son consentement comme si elle habitait en quelqu'un d'autre.

Elle ne reconnut pas cette voix comme la sienne, mais celle de Trish. Son esprit s'était sûrement mélangé au sien. Ce qu'elle voyait était des souvenirs. Maintenant, tout faisait du sens.

Elle s'avança, rassemblant le peu de courage qui lui restait. Elle devait lui dire. Elle devait le lui annoncer. Elle en avait assez de ce pays de fou. Elle désirait devenir une simple vagabonde en charge de sa propre destinée. Ses paumes étaient moites et elle les essuya sur ses manches en tremblant.

Elle continua sa marche malgré tout.

Un individu passa à côté d'elle. Il était encapuchonné, mais elle reconnut sa démarche : son demi-oncle. Il visitait que rarement. Vraiment, elle ne connaissait pas grand-chose à son sujet mis à part que son père le détestait. Il était une abomination, un infidèle, un filou. C'était donc, la réaction normale.

- Un jour... Un jour... Bientôt... Je serai en charge, marmonnait-il dans sa barbe.

On le disait fou. On le disait dangereux. Il y avait des rumeurs qui courraient qu'il désirait détrôner Maroth. Pourtant, Trish percevait qu'il souffrait sans trop savoir exactement pour quelle raison. Son père refusait de lui en parler.

Enfin, Azéna revint à elle. Enfin, ce qui restait d'elle entre-mêlé à ce qu'était Turion. Elle leva la tête contre son gré et son intérêt se fixa sur Argoshin. Elle voyait la vie en teintes de violet. C'est alors qu'elle sentit des crocs jaillir de sa bouche, ses ongles s'allongèrent en griffes et sa peau piquaient à quelques endroits.

- Elle ne doit pas savoir ! s'écria le demi-dragon en panique.

Nixie-Elle s'élança sur Trish, la bousculant au sol. Elle utilisa ses bras pour l'immobiliser de sorte que ses yeux soient couverts.

- Lutte pas si t'sais c'qui est bon pour toi, avertit-elle.

Heureusement, la cartomancienne obéit. Elle ricanait tout simplement dans une folie temporaire. Était-elle au courant ? Avait-elle réalisé ce qui dormait dans le subconscient d'Azéna ?

- Quelle présence ! hurla Trish. Si vaste, majestueux et également terrifiant ! Bien trop puissant pour être encabané dans l'esprit d'un humanoïde comme nous ! 

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