39 - Orchidée hivernale
3e jour de la saison du sapin 2450
Azéna venait de passer la fin de la saison de la lune distraite en cause de ses rencontres secrètes avec Naëshirie. Les deux dragonnières s'étaient donné quelques rencarts et ils s'étaient passés à merveille. Il avait fallu qu'elles fassent preuve de subtilité aux endroits surveillés, mais elles étaient aussi allées au-delà de la lisière d'Atgoren pour un peu de privé. L'archère ainsi que Tyrath s'étaient déjà liés d'amitié avec la partenaire de la géomancienne : Karasha du clan Xentra, surnommée affectueusement comme Ka par sa cavalière. Karasha était une dragonne brune un peu plus âgée que Tyrath, mais tout-de-même plus courte que lui. Les membres du vol brun étaient naturellement ainsi. Leurs écailles étaient naturellement lisses et plus douces, leurs apportant moins de protection. Par conséquent, leurs crânes étaient aussi hardis que du melèriar. Il en fallait beaucoup pour les arrêtés lorsqu'ils se mettaient à la charge. Même Tyrath craignait ce genre de blessure, évitant soigneusement d'énerver la dragonne un peu surprotectrice.
— N'abandonnes pas Naësh comme la sale femelle à la crinière enflammée l'a fait, avait-elle avertit Azéna lorsqu'elles furent seules.
Elle avait fait référence à Renora. Azéna n'avait pas eu besoin de le lui demander.
— C'est compris, avait-elle agréée avec angoisse.
Ce n'était jamais une bonne idée de contrarié un dragon, mais Ka lui faisait particulièrement peur. Elle était franche, directe et ne jouait pas. Elle faisait sûrement preuve d'une férocité impressionnante en combat sérieux. Une fois de temps à autre, ses petits yeux sable suivaient la demi-elfe lorsqu'elle était près de sa cavalière. Avec le temps, elle s'était adoucie et devint tolérante face à la nouvelle relation des deux adolescentes, mais elle paraissait presque constamment inquiète pour sa partenaire. Habituellement, un dragon du vol brun adoptait un comportement généralement calme et patient. Celui de Karasha était étrange, particulièrement considérant que Naëshirie elle-même était loin d'être stressante. À multiples reprises, on aurait dit qu'elle cherchait à s'exprimer, mais qu'elle se retenait et clairement, ça la frustrait.
Tyrath réussissait à lui changer les idées en s'amusant avec elle, soit en la défiant amicalement ou en lui proposant de faire des bêtises infantiles. Elle semblait appréciée. Après tout, elle était aussi une drake, une enfant de la race draconique.
— Je ne comprends pas, avait-elle dit un jour au dragon argenté. Pourquoi les humanoïdes se choisissent des partenaires avec lesquels ils ne peuvent pas pondre d'œufs ?
— Ça me dépasse aussi, avait avoué son partenaire de jeux. J'ai appris rapidement qu'il ne faut pas essayer de les comprendre.
— Rapidement ? Elle est si folle que ça, ta cavalière ?
— Hrrrmmm, avait hésité Tyrath.
Azéna et Naëshirie, qui étaient à ce moment-là, assez près derrière, les avaient entendus.
— Merci du vote de confiance Tyrath, avait grognée l'archère.
Ce dernier avait viré la tête en sa direction pour étirer la bouche en une sorte de sourire maladroit.
En général, tout se passait bien entre Azéna et Naëshirie. Tous leurs amis proches étaient au courant à propos de leur relation, l'acceptaient et gardaient le secret. Nixie-Elle leur accordait du privé de temps en temps, comprenant leur situation. Elle en profitait pour aller rendre visite à Èrionda. Les temps étaient paisibles et même la température glaciale ne dérangeait pas l'aéromancienne. Et elle ne la dérangeait encore pas.
En ce jour, la capitaine de Sombrelame mettait son équipe à l'épreuve. Ils devaient jouer une partie contre leur rival éternel : Fergriffe, et ce, dans des conditions qui laissaient à désirer. Les derniers rayons de lumière se couchaient, apportant que peu de visibilité. Empirant la chose, une chute de neige commençait à s'énerver et les nuages bloquaient partiellement la lune turquoise, annonçant le début de sa transition du bleu au vert, qui apparaissait doucement.
Depuis les gradins, une nuée de dragonniers et dragons acclamaient leur équipe préférée. Par-dessus la distorsion du souffle du vent, on entendait des cris qui réclamaient du sang : SOMBRELAME ! SOMBRELAME ! FERGRIFFE ! FERGRIFFE ! Des bannières colorées dansaient dans les brises colériques et l'émotion de tout chacun semblait bouillir d'anticipation. C'étaient les préliminaires du tournois et ça se sentait.
Nixie-Elle s'était contentée de s'asseoir en compagnie du reste des amis d'Azéna. Après tout, elle ne pouvait possiblement pas suivre sa protégée alors qu'elle jouait au skotar. Les mains agrippant fortement les manches de ses épées, elle la surveillait comme une manique.
Naëshirie était installée timidement près des griffes ivoires de Karasha. Cette dernière l'avait enroulée d'une aile pour la protéger du froid. Buhrik et Ella l'avait imité pour leur compagnon aussi. Harath était restée à l'écart, perchée au sommet des gradins, surveillant la scène comme un hibou suspicieux, les ailes collées à son corps, traçant sa silhouette musclée. Fayne se faisait du souci pour Azéna. Elle n'approuvait pas de cette partie de skotar en cause de la tempête de neige naissante. Bien évidemment, l'archère lui avait tenue tête et s'était prononcée entièrement en capacité de l'endurer. Teriondil se réchauffait l'âme grâce à son thé et appréciait d'être entouré de ses pairs. Arièlla était toujours en période d'adaptions à sa nouvelle sœur et était incertaine de comment se sentir face à tout ça. Quoi qu'il en fût, elle encouragea la dragonnière grise de façon provocative en lui lâchant qu'elle devait se défoncer si elle voulait être digne du titre de rival.
Les deux équipes étaient en position, près à débuter. Entourées de leurs coéquipiers et à dos de leur dragon, les deux capitaines se fixaient en attendant le signal. Le chef de Fergriffe était un mec au regard intense, au physique trapu et à la chevelure ébouriffé et mouillée par les flocons. Il montra légèrement les dents, imitant une bête qui grogne. Azéna n'en fut pas impressionnée, mais elle savait que c'était lui qui possédait largement la force supérieure entre eux et elle devait restée sur ses gardes. Elle devait aussi garder un œil sur le dragon aux écailles orange et au regard de terre qui dévorait Tyrath de son regard prédateur. Un dragon du vol rouge... Leur faiblesse...
Ce ne fût pas Maîtresse Nymia qui s'approcha d'eux, mais un adulte aux allures ténébreuses. Il portait l'emblème de l'académie d'Isriss, sûrement l'entraîneur de skotar. Il tenait la balle élémentaire entre ses mains rongées par le vent vorace qui ne faisait qu'amplifier en puissance.
— Ça va aller, s'encouragea Azéna qui ne craignait pas la tempête. Après cette partie, tu va passer du temps avec Naëshirie et aujourd'hui sera une excellente journée. Nous pouvons vaincre Fergriffe !
Un long moment s'en suivit comme si le temps s'était arrêté. La demi-elfe n'osa pas détourner son attention de son adversaire et l'appareil lui était rendu. Elle sentit les muscles de Tyrath se contracter et enfin, la balle élémentaire fut relâchée.
✦×✦
La fin de la partie approchait. Les deux équipes adversaires se bousculaient, se frappaient, s'intimidaient constamment. Ils ne s'accordaient aucun répit. À plusieurs reprises, un dragon avait foncé dans l'une des murailles déterminant les limites du terrain dû à la pauvre visibilité qui ne faisait qu'empirer. Malgré tout, les blessés se relevaient toujours et recommençait leur acharnement. Les dragons crachaient leurs éléments, la balle élémentaire brillait de mille feux, toujours changeante. Elle perçait le ciel de son éclat, révélant une marée de flocons dans son chemin. Un spectacle de couleurs illuminait la noirceur tel des feux d'artifices à un grand festival.
Le pointage était serré. Malgré les conditions difficiles, la foule s'énervait. Il ne manquait plus qu'un seul but pour déterminer le vainqueur, que ce soit d'un côté ou de l'autre.
L'équipe de Fergriffe avait le contrôle. Leur chef s'approchait des hexagones enflammés, balle élémentaire en main. Si le gardien ne l'arrêtait pas, il allait marquer le but gagnant.
— Il est trop rapide ! s'écria Arièlla, affolée. Restelle ! Tu es distraite !
La dragonnière grise dont elle faisait allusion était aveuglée par la tempête furieuse. Son dragon souffla pour contrer sa rage. La vision du duo s'éclaira et c'est à ce moment qu'ils se rendirent compte de la situation désespérée. Malgré cela, ils s'élancèrent vers l'avant pour bloquer le tir.
Arièlla poussa un cri de terreur alors que le monstre de chef lançait la balle.
Au dernier instant, une silhouette ailée perça les ombres de nulle part et se faufila entre les deux objets enflammés et arrêta la balle de ses crocs gigantesques.
— Tyrath ! hurla la spectatrice blonde qui ne pouvait plus se tenir tranquille et se leva de son siège.
Le drake au regard améthyste ignora les flammes qui lui léchaient la gueule. Il défia son adversaire du regard en poussant un grognement sourd. Puis, il procéda à délivrer l'objet à sa cavalière.
— Un arrêt spectaculaire de la part des capitaines de Sombrelame, Azéna et Tyrath ! beugla l'annonceur du haut d'une des tours.
Tous les partisans de Sombrelame hululèrent et frappèrent du pied, démontrant leur support pour leur équipe local. Même Fayne s'était levée pour applaudir, elle qui n'approuvait pas du skotar.
— Vas y Zézé ! Défonce-lui la tronche ! hurla Arièlla en haussant les mains vers le ciel.
Alors qu'elle s'excitait, elle accrocha la tasse de thé de Teriondil par erreur. Le liquide bouillant se déversa sur ses cuisses et dans son entrejambe, brûlant encore une fois ses bijous de famille. Mais ce n'était pas important ! Il grimaça, pleurant son breuvage adoré.
L'adrénaline qui courrait dans ses veines, Azéna empoigna la balle élémentaire qui se transforma à son touché en une sphère de vent tourbillonnante striée de petites particules violettes. Elle serra légèrement les jambes contre les flancs de Tyrath. Le drake compris le message : aucune pitié. Il s'élança à la charge, toutes griffes dehors, rugissant comme un sauvage. Il passa à côté de son adversaire et lui lacéra une cuisse pour s'assurer qu'il soit trop déboussolé pour les poursuivre.
Les joueurs de Sombrelame s'occupèrent de distraire les autres Fergriffe alors que Tyrath fendait l'air, se dirigeant à une vitesse hallucinante vers les hexagones ennemis qui étaient enroulées de verdure perpétuelle.
— Change ! supplia Azéna.
Elle leva la main, se préparant à l'assaut. Les lianes et les fleurs entrecroisées méticuleusement ne fondirent pas. L'hexagone cible ne se transformait pas.
Confortable dans sa sécurité, le gardien adversaire s'esclaffa et pointa l'archère du doigt.
— Dommage, ein ? raillait-il en se tenant les côtes de façon moqueuse. Tu ne peux pas marquer de but comme ça !
Il ne vit pas que, alors la balle approchait dangereusement du but, les hexagones se firent engloutir par un maelström.
— La victoire revient à Sombrelame ! s'écria l'annonceur avec enthousiasme.
Les rugissements de la foule s'étirèrent de tous les sens du terrain de skotar. Même les partisans de Fergriffe ne pure faire autre chose que d'approuver de la performance magistrale de la capitaine de Sombrelame.
— C'est terminé, souffla cette dernière avec un sourire épuisé aux lèvres et les cheveux hors de contrôle. Nous avons gagné.
Elle reçut un coup de poing farouche à la joue. Là, se tenait à dos de son dragon, le chef de Fergriffe. Sans aucun mot, leurs regards se croisèrent et tout fut communiqué. C'était là des yeux désirants que du mal pour l'autre.
Tyrath se s'empêcha pas d'exprimer sa colère. Il feula et balança sa patte.
— Maintenant, c'est terminé ! rugit-il.
Il tenta d'écorcher impitoyablement le bras du dragonnier rouge qui évita l'attaque de justesse. Azéna profita du moment de distraction pour rendre le coup de poing au capitaine de Fergriffe. Ce dernier jura et vacilla dangereusement en appliqua de la pression sur son nez pour ralentir le saignement.
Alors qu'ils atterrirent au sol, les autres joueurs des équipes s'approchèrent d'eux, intrigués et choqués, formant un cercle.
Les entraîneurs de skotar, incluant Nymia et Tobalt, s'affolèrent vers la scène et s'occupèrent de calmer leur joueur respectif. Tobalt défia Tyrath, le repoussant de son immense aile qu'il utilisait comme un bouclier pour le forcer à reculer.
— Cesse cette folie ! lança-t-il de sa voix profonde.
Le drake obéit à contrecœur. Frustré, il tourna en rond, fouetta la queue et laboura le sol de ses griffes.
De son côté, Maîtresse Nymia inspecta le visage de sa fille. Cette dernière grimaça dans son humiliation, insatisfaite de son manque de vigilance. Elle avait ressenti la colère de Turion qui s'était agité dans les tréfonds de son esprit. Heureusement, elle avait réussi à se calmer avant qu'il se manifeste.
— Bon, il va falloir que tu aies à l'infirmerie, annonça la Valkirel, peu impressionnée.
Elle tourna la tête en direction de Tyrath qui s'était assieds en rogne et qui fixait le dragon orange d'un regard rempli de haine.
— Tu savais les risques en provoquant ton ennemi de la sorte.
Le jeune dragon révéla les crocs et émit un grognement silencieux. Tobalt, bien plus grand que lui, le toisa et lui donna un coup de patte sur le museau.
— Un peu de respect pour ta supérieure, dragonneau ! tonna-t-il.
Nymia vacilla ses yeux pour rencontrer ceux de la capitaine de Sombrelame qui n'avait pas réagi à son ordre.
— Vas voir Leith, répéta-t-elle. Tu vas te retrouver avec un sale bleu si tu ne guéris pas ça tout de suite.
— Bien Maîtresse Nymia, bougonna l'archère.
En vérité, elle n'avait aucune intention d'obéir. Elle avait d'autres plans bien plus importants que de passé sa soirée enfermée avec Leith pour un petit coup de poing.
— Allez célébrer votre victoire, ordonna la blonde aux autres membres de l'équipe. Il n'y a rien à voir ici. Circulez !
La plupart d'entre eux obéirent sauf Restelle qui s'attarda derrière pour encourager et félicité sa capitaine d'un signe de la main. Azéna lui sourit en se frottant la joue endoloris. Son irritation s'estompa et elle leva les yeux vers la foule encore en délire qui clamait : AZÉNA ! TYRATH ! AZÉNA ! TYRATH ! Elle n'avait aucun intérêt pour eux. Tout ce qu'elle désirait c'était d'aller retrouver Naëshirie. Elle chercha son regard vert céladon. La tempête ne lui accorda pas ce luxe. Par conséquent, elle savait que de l'autre côté de cette muraille de neige, la petite elfe faisait la même chose.
Étrangement, le seul spectateur qu'elle réussit à identifier fut Umah qui lui rendait son attention de ses yeux anormalement sombres tel un prophète de mauvais présage. Un fourmillement désagréable, presque glacial, lui traversa le corps. Intimidée, elle s'attarda à féliciter Tyrath d'une tape amicale au flanc et à grimpa à son dos. Le duo se mit en route vers l'académie où ils n'avaient pas l'intention de se rendre.
— Bien joué Tyrath, complimenta la dragonnière. Tu t'es vraiment dépassé ce soir.
Elle apprécia le ronronnement calme du drake ainsi que le doux sentiment des brises qui jouait avec sa longue chevelure qui brillait sous la luminosité verte de la lune.
Comme prévu, elle évita Nixie-Elle qui voyageait à dos de Sierre, sûrement en chemin pour l'infirmerie. Il n'était pas question de l'avoir dans les pattes cette soirée-là. Le climat chaotique lui offrit une bonne couverture, rendant la tâche aisée. Naëshirie lui avait fait la requête quelques jours plus tôt et elle n'avait pas l'intention de la décevoir.
Tyrath battit des ailes avec grâce, prenant avantage de son affinité pour la navigation aérienne pour se mouvoir dans la tempête et la noirceur. Heureusement, sa vision nocturne était assez développée pour qu'il puisse se repérer dans ce désastre. Ils approchaient de la lisière nord d'Atgoren.
La muraille gigantesque en pierre fortifiée surplombait une grande majorité du reste de la majestueusement cité des dragonniers et des dragons. Elle aurait su arrêter une armée de dragons s'ils n'auraient pas eu la capacité du vol. Ainsi, elle se trouva impuissante face à l'escapade d'Azéna et de Tyrath.
Le drake argenté s'amusa à plonger en vrille jusqu'à la base des remparts patrouillé de gardes, la remonté drastiquement pour enfin la traversée en virevoltant comme un enfant. Cette liberté... Azéna la désirait. Elle ne pouvait pas estomper cette soif qui l'avait suivi au courant de toute sa vie, mais particulièrement depuis qu'elle avait rencontré Tyrath. Alors que les limites de la cité furent dépassées, elle tourna le regard vers l'arrière, vers Atgoren qui commençait à disparaître dans une nuée de flocons. Pendant un moment, elle se perdit dans cette image nostalgique et triste.
Au loin, le rugissement titanesque de Rendar annonça le début approchant du couvre-feu. C'était l'heure. Les apprentis devaient se préparer à retourner à leur dortoir respectif. Personne n'allait aller se coucher si tôt, pas après la victoire de l'équipe de Sombrelame. Arièlla, Fayne et Teriondil étaient sûrement en train de se raconter des histoires autour du foyer accompagné des autres apprentis du troisième cycle. Ils savaient où Azéna était et donc, ils ne devaient pas la chercher. Nixie-Elle cependant... Eh bien ! Elle devait s'arracher les cheveux, finir par abandonnée et aller retrouver Èrionda dans un excès de colère. Azéna pouvait l'entendre hurler son nom d'ici. Elle pouffa silencieuse et sourit.
— Tout va bien ? questionna Tyrath.
— Tout est parfait, lui assura sa cavalière.
La lune était haute dans le ciel et on arrivait à apercevoir la luminosité des étoiles au travers du blizzard qui continuait d'abattre sa colère sur tout ce qu'il touchait. Tyrath tint le cap comme le maître des cieux qu'il était.
Peu de temps plus tard, une silhouette similaire à celle du dragon, mais en version plus petite, se dessina au travers du torrent blanc. Tyrath poussa une exclamation avant de se rendre compte qu'il s'agissait juste de Karasha et qu'elle portait Naëshirie. La dragonne brune avait les yeux entrouverts et sa mâchoire crispée, clairement inconfortable avec les conditions de son vol. Ses mouvements étaient instables, passant rapidement de contrôler à affolé.
Naëshirie paraissait dans le même état d'esprit, mais elle réussissait quand-même à offrir un sourire à l'archère. Elle était enroulée dans un manteau de fourrure et une cape épaisse. Le capuchon protégeait sa tête, mais cela n'empêchait pas sa chevelure claire de se chavirer dans touts les sens.
Le hurlement du vent était assourdissant. Azéna n'avait jamais remarqué à quel point la tempête s'était empirer depuis son départ d'Atgoren. Peut-être s'était-elle adaptée aux défis des cieux au fils des singeries partagés avec Tyrath. Elle devait avouer qu'il faisait froid et que c'était difficile de naviguer dans de tel circonstances. De surcroit, c'était Naëshirie qui devait les guider à l'endroit choisit pour leur rencart.
Même tout ébouriffée et au bord de la panique, elle était si mignonne. Elle rappelait à Azéna une source de clair de lune. Son cœur s'arrêta momentanément et une bouffe de chaleur s'éprit de son corps. D'ailleurs, cette dernière devait revenir au problème initial.
— Je vais nous protéger de la tempête, annonça-t-elle.
— Bien reçu, répliqua Tyrath.
L'aéromancienne s'exécuta. Elle rassembla toutes les forces qu'elle possédait pour former une sorte de sphère venteuse autour des quatre individus. Celle-ci bloquait les brises et la neige, créant une zone calme qui les suivait. La tempête s'acharnait contre le bouclier sans cesse, mais l'archère ne lâcha pas prise.
— Guide-nous Naësh !
— Nous devrions presque y être, dit-elle en cherchant du regard.
C'était quand-même difficile d'y apercevoir quelque chose et la géomancienne n'avait pratiquement aucun pouvoir si loin du sol.
— À droite ! s'exclama Karasha en pointant d'un doigt griffu.
Elle vira doucement suivit de Tyrath qui s'efforçait à maintenir ce rythme qui lui semblait anormalement lent.
— Tu fais ton gentil, taquina Azéna.
— Hé ! Je fais ça pour toi et ta copine qui ne te sers à rien ! grommela le drake offusqué qui faisait référence à leur impossibilité d'engendrer des enfants.
— Ahhh, mais c'est trop chou Tyrath.
— Ces humanoïdes ! Ils m'exaspèrent ! siffla-t-il, évitant de croiser le regard de son interlocutrice.
Après un moment à naviguer dans la tempête, le groupe aboutit devant une grotte dont l'entrée avait clairement été façonné pour être circulaire par un être quelconque. La pierre était polie et semblait douce au touché. Un dragon de petite taille aurait pu y pénétrer. Ainsi donc, Tyrath s'y glissa de justesse alors que Karasha n'eut aucune difficulté.
Ce refuge apporta un soulagement immédiat au groupe, particulièrement à Karasha qui se sentait mal à l'aise si loin de la terre ferme et encore plus dans ces conditions. Les membres du vol draconique brun étaient les seuls de leur espèce à ne pas apprécier l'excitation aérien. Ils préféraient s'enfouir sous la terre dans une série de tunnels qu'ils créaient avec expertise. La dragonne ne l'exprimait pas, mais on ressentait qu'elle avait enduré tout ça pour faire plaisir à sa partenaire. Elle tentait tant bien que mal de cacher son inconfort.
La caverne avait été préparé à leur arrivée d'avance, sûrement par Naëshirie et Karasha elles-mêmes. Des torches maintenues par magie avaient été accrochées aux murs. De longs corridors humides de rocs furent révélés. Les ombres y dansaient au rythme de la lueur artificielle et rappelaient à l'archère le donjon à l'académie. Elle frissonna, un froid lui traversant le corps. Il ne faisait pas chaud dans cette grotte.
— C'est... charmant ? dit-elle avec sarcasme en se croisant les bras pour se réchauffer.
— Ne t'inquiètes pas, rigola Naëshirie de son petit rire innocent. Je ne t'aurais pas emmené jusqu'ici pour qu'on traîne dans un labyrinthe glacial. Nous avons tout préparé.
— Ah bon, je te fais confiance. Qui sont nous exactement ?
C'est alors qu'ils débouchèrent dans une salle sublimement organisée pour ressembler à un petit appartement. Au centre reposait un bassin d'eau chauffée par magie assez grand pour y accueillir deux personnes. Le sol était recouvert d'un tapis d'herbe tendre au touché. Au fond, on pouvait s'étendre sur un modeste lit formé de lianes et rembourré de coton moelleux. Une centaine de lianes desquels des fleurs de teintes variés poussaient étaient suspendue à la voûte.
Pendant qu'Azéna observait son entourage, Naëshirie en profita pour allumer un feu dans la fosse à l'est de la salle en y tirant un élixir de flamme vivante que Fayne lui avait concocter avec l'aide de Harath.
— Mais... Je n'ai pas de mots, souffla l'archère.
— Tout le monde à aider, expliqua Naëshirie. Fayne et Buhrik se sont occupés de remplir le bassin, que j'avais élevé, d'eau. Arièlla et Harath ont alimenter le feu et les torches. Teriondil m'a aidé à enchanter le tout tandis qu'Ella décorait et à créer le lit.
— Quand avez-vous eu le temps de faire tout ça ?
— Oh tu étais exténuée. Je crois que c'était en cause d'Argoshin... Enfin bref... Tu t'es endormie et Nix est restée derrière pour te surveiller.
— Ah c'était donc ça les excuses abominables qu'elle me balançait pour tenter d'expliquer votre disparition subite, réalisa la capitaine de skotar en roulant les yeux, peu impressionnée.
— Au moins, elle ta garder occupée assez longtemps pour qu'on puisse préparer tout ça.
— M'ouais... Pas le choix. Je commençais à croire qu'elle avait perdu la tête ou qu'on l'avait ensorcelé. Elle agissait comme une véritable cinglée.
Les deux se mirent à rire, leurs voix s'entremêlant dans une simple gaîté. Elles rayonnaient de bonheur rien que par leurs interactions, appréciant la compagnie de l'autre.
Karasha tenta de faire signe à Tyrath de la suivre, mais celui-ci était trop fasciné par le bassin d'eau pour lui prêter attention. Elle lui mordilla doucement le museau et le traîna avec elle, l'entraînant dans la pénombre d'un tunnel inexploré.
— Quoi ? ronchonna-t-il lorsqu'il fut relâché, sa voix résonnante qui semblait de plus en plus éloigné.
— On leur laisse un peu de privé, lâcha la dragonne avec sévérité.
— Bah je ne...
On ne pouvait plus les voir ni entendre leurs argumentations à présent.
Azéna se tourna vers l'elfe métisse en souriant timidement. Elle était réellement époustouflée par le travail mit dans cet endroit qui avait été transformé de lugubre à accueillant et douillet.
— Vous avez dépensé beaucoup d'énergie dans cette surprise ein ?
Lorsqu'elle croisa le regard de la géomancienne, cette dernière lui tendit la main pour lui offrir une fleur dont les nuances variaient entre le bleu fumé, l'azur et le bleu turquin. Un patron ressemblant à des flocons était dépeint sur son corps, lui donnant une allure sublime et unique. Une orchidée hivernale. Elles étaient particulièrement rares et difficiles à combler. Azéna accepta le présent, la saisissant délicatement entre ses doigts. Elle se sentait comme dans un conte de fée et c'était elle la princesse du couple. C'était un sentiment qui lui était étranger. Dans un sens, elle ne voyait pas du tout dans cette description, étant le garçon manqué qu'elle était. Par conséquent...
— L'ironie, se dit-elle, incapable de contenir sa joie. Moi qui n'aie jamais désiré me retrouver dans ce genre de rôle. C'est un peu ce que Tria s'imagine je suppose... Mais... c'est plaisant.
Elle remercia Naëshirie en s'approchant d'elle pour y passer ses bras autour de son cou. En retour, sa campagne effleura sa tempe, là où on l'avait frappé. C'était sensible, mais l'archère n'eut aucune difficulté à rester immobile. Son corps entier semblait surchauffé malgré la température frisquette. Est-ce que le feu était si puissant ? Non, il était modeste, à peine un demi-mètre en hauteur. Qu'est-ce qui se passait avec elle ? Son cœur battait la chamade et soudainement, elle ne savait plus quoi penser ni quoi faire. Elle devait dire quelque chose pour détendre l'atmosphère, quoi que Naëshirie semblait parfaitement à l'aise avec ce silence.
— Hé Naësh... Pourquoi moi ?
— Parce que tu m'as impressionnée dès notre première année ici, avoua la petite elfe en baissant le regard.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— En premier lieu, je ne t'ai pas connue directement, mais au travers de tes actions. Je t'observais au travers des années, au travers de notre entraînement. Tu nous as défendu, moi et Renora, alors que tu étais inexpérimenté en combat et que ton opposant était clairement plus puissant que toi. Tu étais brave, dépourvue de peur face à un danger immédiat.
— J-je n'étais pas... brave
— Je ne vais pas argumenter avec toi, mais sache que mon opinion de toi reste la même. À ce moment-là, j'ai réalisé que je désirais de toi comme modèle à suivre, comme idole.
Ses joues rosirent à vue d'œil et elle se mit à jouer avec une mèche de la chevelure argentée de sa partenaire, sûrement pour se distraire de sa gêne.
— À mes yeux, tu étais si vivante. Je désirais te le communiquer, mais je ne savais comment. Je ne te connaissais pas et moi, je n'étais qu'une apprentie parmi tant d'autres. Tu étais entouré de tes amis... J'ai balbutié quelques mots d'encouragement lorsque tu m'as encore défendue devant le Haut-Conseil, devant une autorité si intimidante qui aurait pût sévèrement te punir pour avoir dépassé les bornes. Ensuite, tu t'es battu pour Fayne contre Umah, ce même ennemi farouche. Je suis venue te visiter à l'infirmerie, mais tu dormais et je n'ais jamais eut le courage de revenir.
Azéna n'y croyait pas. Elle n'aurait jamais pu deviner. Elle était tellement aveugle, tout ce temps-là.
— Je suis tellement désolé. J'étais tellement préoccupé par pleins de trucs...
— Exactement alors, ne t'en fais pas. Tu as aussi accepté le duel de Serfantor que tu as bravement affronté.
— Courageusement serait un mot plus approprié, chuchota l'archère. J'avais tellement peur de ce qui allait arriver, mais il fallait que je défende Turion contre les dangers qui le guettait. Je n'avais pas le choix... pour Aerinda.
— C'est encore plus impressionnant dans ce cas. Tu vois, tu es réellement une Gardienne d'Aerinda même si ton entraînement n'est pas complété. Tu l'étais déjà depuis notre premier cycle. Tu étais déjà si forte et ce malgré tes faiblesses.
— Et... Depuis quand... es-tu intéressée dans... Enfin... Dans... un-une romance avec moi ?
— Depuis l'an passé. Tu en as beaucoup fait pour sauver ce même garçon qui t'a agressé sauvagement. Tu portais le code d'honneur des Gardiens d'Aerinda en priorité à votre historique. C'était honnêtement un peu idiot de ta part de t'engager dans une telle mission, mais je trouve que c'était mignon. Et en fin de compte, tu as passé en travers de pleins d'épreuves difficiles, certaines dont je ne connais pas j'en suis certaine.
— M-merci Naësh.
Elle ne savait honnêtement pas trop quoi dire à la géomancienne. Elle n'avait jamais été bonne à s'exprimer. Elle avait peur de tout dire de travers, mais elle désirait lui montrer sa gratitude et son affection. Elle était si maladroite avec ce genre de truc. Elle se sentait comme un bloc de gravier inflexible. Ses muscles étaient durs, tendues sous le stress.
Il faut croire que Naëshirie s'en était aperçu car elle se remit à parler en souriant.
— Azé, lui dit-elle en prenant son visage dans ses mains. J'étais faible, timide, incertaine et à partir de notre deuxième cycle d'entraînement, tu m'as inspirée à me pousser, à devenir plus que ce j'étais. Je me suis entraînée comme une malade en dehors de nos heures de cours avec des camarades qui m'avaient promis d'être sans pitié avec moi. Je me suis lentement endurcie, j'ai appris comment maîtriser l'élément de la terre avec plus de finesse comme avec plus de résolution.
Elle leva les yeux et plongea ceux-ci dans l'océan qu'elle fixait.
— Et c'est ainsi que j'ai été capable de me battre pour toi.
C'était vrai. Il y quelques saisons de cela, le vil Vyrius avait perdu ses esprits et s'en était pris à elles, mais plus particulièrement à Azéna.
— Alors, ais confiance en toi. Tu es forte, tu as du cran, tu es inspirante. Tu es en grande partie ce qui m'a emmené où je suis maintenant.
Ces derniers aveux plurent à la rebelle. Cette dernière sentit une vague de chaleur lui traverser le corps alors que la géomancienne approcha son visage du sien. Elle sentit ses lèvres chatouiller agréablement lorsque celles de Naëshirie vint les rejoindre. Elles étaient si douces. Ce moment était si parfait. L'archère se sentait comme si elle lui appartenait, complètement. Elle n'y éprouvait aucune résistance. Elle ferma les yeux et laissa les émotions la submerger comme un raz de marée qui s'écrasa sur tout son être.
Sans se séparer, les adolescentes se glissèrent sur le lit improvisé, courtoisie d'Ella. Naëshirie grimpa sur son amoureuse, la montant à califourchon. Son audace était sauvage. Ses yeux brillaient d'une flamme céladon qui n'existait pas en temps normal. Ce regard fauve hypnotisa l'archère qui ne pouvait regarder ailleurs. Quel était ce changement drastique ? C'était comme une différente personne qui se mouvait sensuellement par-dessus elle. Était-ce une tradition elfe sylvaine ? Quoi qu'il en soit, elle ne voulait plus y penser. Elle refusait de se donner la permission de réfléchir tout court. Elle en désirait plus. Il lui en fallait plus, de cette passion libre et sincère.
Particulièrement cette année, elle s'était souvent sentie à la merci de cette vague de chaleur séductrice qui faisait résurgence dans son entre-jambe. Cette-fois, c'était à un tout autre niveau. Elle s'était répartie un peu partout dans son corps et semblait avoir infecté son esprit d'une fièvre. Et les actions de Naëshirie n'aidaient pas la cause. À ce point, elle s'en foutait des conséquences. Elle avait souvent imaginé ce moment différemment - avec elle qui paniquait intérieurement.
Mais c'était une folie animale.
La petite elfe envoya son cœur à la renverse en posant une traînée de baisers le long de son cou. Une série de frissons aguichante courut le long de ses membres, provoquant une chair de poule. Ce qu'elle était impuissante et pour la première fois de sa vie, elle était confortable dans ce sentiment. La géomancienne semblait tout aussi à l'aise dans sa position dominante. Elle souriait, des étoiles dans les prunelles, effleurant la peau et passant sa main dans la chevelure argentée de sa partenaire.
Azéna était complètement à sa merci.
Elle ne savait pas comment elle devait agir, mais elle décida de laisser l'instinct la guidée. C'était aussi simple que ça. Ce qui lui paraissait juste, elle allait faire.
— Naësh, susurra-t-elle à l'oreille de la dragonnière brune. Je...
Elle hésita. Sa bravoure était éphémère. Elle serra la mâchoire et expira longuement. Son souffle chaud s'entremêla avec celui de sa partenaire qui l'écoutait patiemment.
— J'en veux plus, lâcha-t-elle enfin.
Elle ne se laissera plus revenir en arrière. Elle venait de donner sa bénédiction à l'elfe métisse.
— Montre-moi, requêta-t-elle, se doutant qu'elle était la seule du duo à n'avoir aucune expérience dans le domaine. Montre-moi comment on se sent.
Naëshirie lui répondit avec un sourire. Elle avait compris.
Comme si c'était cette permission qu'elle attendait, elle redoubla sont avance. Elle s'attaqua à Azéna en la couvrant de baisers, certains doux comme du velours, d'autres insoumis comme un tigre. Simultanément, elle retira un le linge, aléatoirement d'elle ou de l'archère, un morceau à la fois. La Valkirel se retrouva avec rien d'autre que le pendentif qu'elle dissimulait sous sa tunique. Elle sentit ses murailles mentales fondre. D'ailleurs, son corps catapulta lorsqu'elle sentit une peau agréablement douce et chaude s'étendre sur la sienne et qu'au même instant, des doigts s'aventurèrent sur sa cuisse, la caressant. Elle lâcha un gémissement involontaire et sentit une humidité persistante se répartir dans son entrejambe. Elle était déjà prête et Naëshirie n'avait encore rien entreprit de sérieux.
Elle sentit la géomancienne se lever pour l'observer de haut, sûrement pour admirer son corps nue. Elle en profita pour faire de même et ce qu'elle aperçut lui rappela que son amante était enfant de Nadalé. En temps normal, caché sous son uniforme, une série de tatouages tribaux décoraient son bassin, ses épaules, son ventre et enfin, faisait le tour de ses petits seins fermes. Les mamelons étaient percés de courtes barres métalliques. Celles-ci laissèrent leur admiratrice au dépourvue, autant que choquée qu'attirée. La beauté sauvage, libre, naturel. Il n'y avait que ce peuple qui le portait comme ça.
— Tu es tellement belle, marmonna la rebelle qui faisais très mollette.
La dragonnière brune frôla le bras partiellement noirci de son amoureuse. Cette dernière se sentit soudainement gênée, ayant complètement oublié la marque permanente laissée par la malédiction que lui avait donner Noktow l'an passé. Elle baissa le regard, incertaine de comment réagir.
Naëshirie embrasa le membre délicatement, signalant à sa partenaire qu'elle n'avait pas peur.
Azéna approcha son visage de ce chef d'œuvre. On aurait dit une peinture d'encre sombre qui racontait une vie fantastique et que la toile était de la peau cuivrée. L'aéromancienne en bavait presque. Elle n'avait jamais été si enivrer avant. Comme un ivrogne, elle se laissa guidée par ses désirs basiques, incapable de faire autrement. Elle se nicha le visage entre la paire de monts de chair et y planta ses lèvres amoureusement.
Naëshirie gémit à son tour. Ses doigts se serrèrent contre la jambe musclée de l'archère. Elle aussi était sous le charme de la soif de la nature. Elle laissa Azéna faire comme bon lui semblait, le visage enfouit, mais elle ne demeura pas inactive. Elle se mit à bouger son bassin avec des mouvements de vagues et de vas et vient, stimulant son intimité et celui de sa partenaire. Cette dernière ne bougea pas. Elle sentit son cœur battre un peu partout dans son corps et particulièrement à un endroit bien spécifique.
Après un moment à languir, juste au moment où elle allait enfin se relâcher, l'elfe, tout en continuant son travail acharné, repoussa son visage gentiment. Azéna eut un moment d'incertitude. Avait-elle fait quelque chose de mal? La réponse vint se poser sur ses lèvres. Et enfin, elle sentit une première vague de plaisir lui chavirer l'esprit. Elle ne pouvait plus maintenir un baiser. Elle grimaça de bonheur. Elle sentit Naëshirie lui mordre tendrement la lèvre. Une deuxième vague, plus intense encore, amplifié par l'audace démontré. Elle poussa un gémissement presque plaintif. Putain qu'elle adorait ce sentiment, cette vulnérabilité mélangée à de l'extase.
La troisième vague vint lorsqu'elle sentit qu'on lui retenait les bras par-dessus sa tête. Puis une quatrième. Elle jura entre deux baisers, adorant cette folie qui la dominait. Et enfin, c'était au tour de Naëshirie de se mettre à gémir, son corps brûlant de passion se mit à trembler subtilement, mais pas assez pour passer inaperçu de si près. Une dizaine de nouvelles vagues vinrent ravagées Azéna qui perdit la tête, hurlant dans sa béatitude absolue. Elle était déjà addict.
Et ça ne se termina pas là. La paire, toujours contrôlées par leurs instincts, se fixèrent, leurs souffles saccadés s'entremêlant. Quelques doigts s'invitèrent dans l'intimité noyé d'Azéna qui se cambra le dos avec invitation.
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