Iyoah 3
Le feu est presque éteint lorsque le soleil émerge de l’horizon et que sa lumière nous inonde. Nous sommes tombés à terre, ivres, entremêlés, abasourdis de fatigue.
Je m’extrais des corps et me lève pour saluer la divinité. Il me faut me tenir bien droite et danser devant lui, pleine de défi, pleine de violence. Il doit, de peur, raccourcir peu à peu ses venues jusqu'à n’être plus qu’une rumeur dans le flou d'une pluie éternelle. Je lui hurle de s’en aller, j’invoque dieux et démons, jusqu’au bout de mon souffle. Mes muscles sont crispés, ma respiration est courte. Je lève les bras et les secoue pour l’effrayer. Malgré tous mes efforts, il continue de progresser ; on distingue maintenant presque entièrement son disque. Le monde encore gris ne tardera pas à être tout à fait bleu.
À mes pieds, Garbeï et Myrah n’ont pas cessé de danser. Myrah s’est juchée sur Garbeï et ondule. Je me glisse derrière elle, le nez dans son cou au goût de sel, et j’ai le soulagement de constater qu’elle m’accueille avec plaisir. L’épuisement ferme mes yeux et fait tomber ma tête. La musique s’éteint peu à peu, les quelques Douraïs encore éveillés, un peu hagards, fument ou boivent sous le ciel sans nuage. Certains nous regardent ou nous imitent, avides de plaisirs avant que la chaleur ne soit trop forte ou la lassitude trop intense.
Le soleil monte et enfin sa brûlure nous parvient, nous aveugle. J’invite les autres à se redresser. Lentement, semblables à des ivrognes, nous nous dirigeons vers la hutte. Malgré l’épuisement, je ne compte pas profiter de l’ombre offerte par les branchages pour me reposer.
Le jour sera long, l’ivresse infinie, et le sommeil attendra.
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