Iyoah 4
Je m’éveille tard, le corps recouvert de sueur, la migraine qui me tiraille.. La chaleur a envahi la hutte, dont l’air saturé est moite et collant. Garbeï et Myrah, profondément endormis, reposent à côté de moi. Je fourre mon nez dans la chevelure drue de Myrah, m'enivrant de son odeur. Elle s’agite, s’éveille, me sourit, et mes doigts s’en vont bientôt visiter l'intérieur de ses cuisses.
Plus tard, l’esprit encore embrumé, je me lève enfin. Les jambes lourdes, je me faufile entre les corps endormis et sors de la hutte, prenant le temps d’accoutumer mes yeux à la clarté aveuglante.
Une lune auparavant, sur mon ordre, nous avons installé notre campement sur un plateau d’herbe jaune. Au-dessus de nous, des rocs acérés sont supposés nous procurer de l’ombre. A son zénith, pourtant, rien ne peut empêcher ses rayons de nous lacérer. Quelques heures encore à le subir et il passera derrière la pierre. Les autres font bien de dormir, ce n’est pas une heure à gambader dans le camp.
En contrebas, un ruisseau a patiemment creusé son chemin dans la roche. Il est ifficile d’accès, même pour les rayons du soleil. Au-delà, il n’y a que de la pierre, de la poussière ou de hautes herbes jaunes à perte de vue. Le domaine des bardouks, les grandes bêtes sacrées.
J’entame la descente. La roche est brûlante sous mes pieds. Je me suis vêtue pour me camoufler du soleil et j’étouffe de chaleur. Les derniers pas réclament que je m'accroupisse pour ne pas glisser tant la pente est raide. Enfin, j’arrive sur le gré et plonge mes pieds dans l’onde tiède.
La rivière n’est pas profonde et ne peut pas me recouvrir toute entière même en m’y prélassant. Peu importe, la crasse s’évacue un peu de moi et brunit l’eau autour de moi.
Alors que je frotte ma peau pour la débarrasser des résidus de la veille, j’entends des pas faire crisser les pierres de la berge. Ouvrant les yeux, je découvre Myrah qui se dirige vers l’eau et s’en asperge le visage.
- Netakà, murmure-t-elle en inclinant la tête.
Il y a l'ombre d’une hilarité dans ses yeux. Chez toute autre personne, je la prendrais pour de l’insolence. Mais Myrah n’est pas encore tout à fait une Douraï et ne maîtrise pas complètement ni nos coutumes ni notre langue. Jusqu’à peu, j’ignorais même si je pouvais lui faire confiance. Partager sa couche a levé nombre de mes doutes.
Le rire dans ses yeux n’est pas une moquerie, c' est une bénédiction des esprits.
- Il fait chaud, articule doucement Myrah en ne me quittant pas des yeux.
La chaleur, en effet, est écrasante, comme si elle jaillissait directement du sol grillé.
- Chaque jour sera un peu moins long maintenant, Myrah.
Elle acquiesce, s’écrase un peu plus dans le ruisseau. La pointe de ses seins dépasse de l’eau et je ne peux en détacher le regard, ce qu’elle remarque avec un sourire. Sa peau est plus sombre que la mienne. Par contraste, ses yeux se révèlent presque jaunes. Ils me fixent et je n’aime pas le frisson qui me prend en dépit de la chaleur.
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