Chapitre 0: Lanovas
Chapitre 0
« On ne devient pas paria, on le né »
Chaque naissance à son lot de bonnes et de mauvaises nouvelles, lors de cet événement qui est un don des dieux, l’enfant né sans une « marque d’allégeance »est exclu de la société, et se voit contraint du haut de ses quelques secondes d’existence de devenir un paria, il grandira à l’écart parmi un groupe de même titre dans l’unique but de servir à la « cérémonie de la cire », entre mensonges, vérités, et divinités le jeune Lanovas devra forger sa place dans ce monde…
Du haut de mes neuf ans j’aurais aimer pouvoir comprendre pourquoi cet enfant me faisant face refusait de m’approcher, j’avais rarement eu la chance de les approcher d’aussi prêt, Idrak ne cessait de nous répéter que nous avions interdictions de leur parler, de même les regarder… étais-se pour ça que nous vivions reculés dans les montagnes? Enfin je ne suis pas le seul, d’autres enfants de mon âge vivaient avec moi donc je ne m’ennuyais pas! Et puis tout les jours depuis que je m’en rappelle Idrak nous emmènes chasser, traquer et nous promener dans les plaines des montagnes alentours.
Sur le chemin du retour de l’une de nos expéditions je traînais en chassant un écureuil à l’aide de l’arc que m’avait confectionné Idrak.
-Lan’! Dépêche toi veux-tu? La voix grave et forte de l’homme me rappelait à l’ordre, je grimaça à la petite bête à l’abri dans l’arbre puis accouru pour rejoindre celui qui m’élevait.
-Tu ne dois jamais t’éloigner de moi Lanovas. M’indiquait-il à nouveau.
-Mais pourquoi?
-Ne t’éloigne pas, c’est tout.
-Hum…
Le garçon de tout à l’heure nous avait suivit et cria « Sale misérable! Tu es une erreur! » en sortant de derrière un rocher sur notre droite. Je ne comprenais pas pourquoi ce garçon m’accostait mais encore moins pourquoi Idrak sortie de ses gonds et renvoya le gamin aussi vite qu’il était apparu à l’aide de menace qu’un enfant de neuf ans ne devrait pas entendre.
-Que voulait-il? Demandais-je alors d’un ton incrédule.
-Rien ne t’inquiète pas, et maintenant avance! Il me poussa assez pour me faire tituber vers l’avant. Nous arrivions finalement à la chaumière, la ou nous vivions lorsque le temps nous le permettait. Idrak se rua en cuisine me laissant sous mon drap avec pour seul ordre d’attendre sagement le dîner. Les volets fait maison laissait pénétrer la lumière du coucher de soleil, ici Idrak avait tout fait lui même… on se plantait souvent des échardes à cause du bois mal travaillé… mais il était toujours là pour soigner nos maux et blessures… il était le père que nous n’avions pas eu. J’avais même écris dans mon livre que j’ai reçu pour mes neuf ans une phrase qu’il nous répète sans cesse, « Devient fort et grand pour la cérémonie de la Cire, tu pourras alors accomplir ton devoir ». Enfin… je dois bien avouer qu’il ne la dit plus beaucoup en ce moment… mais je veux comprendre le sens de cette phrase mais… Idrak ne se justifie jamais, et se contente de nous enseigner les techniques de survie et chasses et ça jours après jours.
Durant le repas Idrak, les deux autres enfants et moi même savourions un ragoût de lapin que l’on avait chassé dans la journée. Très bon cuisinier, je le félicitai chaque soir en pensant à toutes ces questions que je voudrais lui poser…
-Idrak pourquoi tu portes cette marque au poignet? Demanda la bouche pleine un des deux autres enfants.
-Car je suis un adulte. Répondit-il alors, le garçonnet se contentait de cette réponse faible en argument.
-Nous aussi nous la porterons plus tard? Demandais-je alors, il arrêta de mâcher un instant, ferma les yeux puis avala sa bouchée.
-Lanovas, finit ton assiette, vous êtes des parias, vous devez prendre des forces. Me répondit-il calmement.
-Des parias… en quoi sommes-nous si différent? m’énervais-je en ayant assez d’entendre ce mot qui sonnait comme une injure.
-Vous ne portez pas la marque, je vous l’ai déjà dis. Indiquait-il en pointant son œil borgne.
-Tu ne la portes pas non plus! m’exprimais-je ensuite.
-J’ai perdu mon œil lors d’une chasse… mais cela ne change rien.
-Pourquoi sommes nous nés sans marque? Risquais-je alors. Il posa sa cuillère et répondu sèchement.
- Je n’ai pas les réponses à vos questions, mais quand vous serez en âge de participer à la cérémonie de la Cire… vous comprendrez, maintenant… Mangez!
Le lendemain matin Idrak me leva à l’aube, nous devions nous rendre à un point de passage plus bas dans la montagne, je n’avais pas tout bien compris mais mon mentor marchait sans se retourner.
-Lan’ ,m’appelait-il, tu dois devenir fort pour la cérémonie de la cire, il s’agira d’une étape dans ta vie. Nous allons aujourd’hui saluer le courage de l’un de tes frères, la cérémonie de la cire se déroule le jour du printemps soit aujourd’hui même, dans huit ans toi aussi tu partiras en quête de réponse.
-Dans huit ans?… Puis je réalisais que la cire était ce soir… J’aurais aimé y participer mais nous n’avions pas le droit… même Idrak ne nous racontait sous aucun prétexte les faits, sa justification? « Nous nous devions d’être pur de toutes colères ». Arrivé au point de passage, Idrak m’indiqua un endroit ou m’asseoir, j’avais pu en chemin demander pourquoi j’avais été le seul à me lever si tôt, les deux autres enfants avec moi, tout les deux un peu plus vieux avaient déjà assisté au départ d’un de nos frères. Il ne fallut pas attendre longtemps avant de voir la jeune adolescente de dix-sept ans passer le col de la montagne.
-Idrak! s’écriait-elle les larmes aux yeux, rousse et équipée jusqu’au cou d’un arc, d’une lance et de flèches ; elle salua l’homme qui l’avait élevée.
-Ma petite… Idrak resta en hauteur et laissa son regard se perdre dans le sien.
-Je prouverai lors de la Cire que ton enseignement n’a pas été vain! Je te ferai honneur et comprendrait pourquoi nous autres parias sommes rejetés! Encore merci pour tout!…
-Rihne… L’homme grand et vêtu d’habit chaud sembla verser une larme, étais-se une larme d’émotion? Ça ne pouvait être que ça en y réfléchissant.
-Allons-y Lanovas, il est l’heure de l’entraînement. Comme à son habitude il m’emmena dans les plaines chasser de petits gibiers, mon habileté à l’arc n’était pas flagrante mais je me débrouillais. Mon maniement de la lance était tout de même meilleure. Mon entraînement favoris était quand même lorsque nous combattions sur une poutre afin d’allier agilité et dextérité. Tout se passait à merveille quand un cri retentit, une voix humaine semblait crier à l’aide en contre-bas de la falaise ou nous étions. Interpellé je baissa mon attention et fut désarmé par Idrak.
-Tu serais mort à cause d’un cri d’enfant. N’y prête pas attention Lanovas. Indiquait-il sans chercher à comprendre. Inquiet je descendis et pencha ma tête en direction de la crevasse. Un enfant du peuple était dos au mur face à un ours des montagnes pour le moins affamé. Mon premier reflex fut d’appeler Idrak mais avant que je n’ai eu le temps de me retourner il était déjà à mes côtés arc et flèche en place, il tira deux flèches, une qu’il planta entre l’enfant et la bête, la deuxième qu’il logea sur la patte avant droite. L’ours recula, l’enfant leva les yeux vers nous, Idrak lui fit un signe de la main comme pour le rassuré et ni une ni deux l’enfant incanta un nom divin, celui de « Continent », dans une phrase que je ne perçus pas clairement, des halos de lumières brunâtres apparurent à ses poignets et lui conférèrent une force démente, il frappa la bête jusqu’à sang. Émerveillé je me demandais bien de quel genre de pouvoir il pouvait bien s’agir alors que le gamin s’éloignait sous mes yeux.
-Pourquoi le garçon n’avait pas d’arme sur lui? Pourquoi je n’ai pas de pouvoir? Je mitraillais le pauvre Idrak de question sur le chemin de la maison.
-Les parias ne possèdent pas de pouvoir, c’est pour cela que je vous apprends des techniques de chasses et de survie.
-Mais… pourquoi encore les parias… Râlais-je tristement…
-Lors de la cérémonie…
-Lors de la cérémonie de la Cire tout me sera révélée oui oui je le sais! Coupais-je de colère.
Idrak ne savait pas comment réagir, il continua sa marche en silence jusqu’à notre chaumière tandis que je pensais à une idée pour assister à la cérémonie de la Cire de ce soir…
Le dîner passé, allongé dans mon lit j’hésitais… étais-se une bonne idée de sortir? Ma fenêtre était prête… plus rien ne m’empêchait d’aller assister à cette fameuse cérémonie… mais une soudaine appréhension me prit au ventre… Je pris mon courage à deux mains et passa cette fenêtre, je me retrouvai à gambader dans les bois sans aucune protection en direction du village du peuple… Idrak n’avait pas cessé de m’indiquer l’endroit de ce village, il me suffisait de me rappeler vaguement de ces indications. Une fois arrivés je me cacha dans un buisson en hauteur, je n’avais pas vue sur toute la scène mais assez pour apercevoir Rhine au milieu d’autres jeunes, brandissant un fier sourire… enfin ils allaient comprendre pourquoi avoir été bannis et quel est leur mission.
Ce que j’y vu… me fit froid dans le dos.
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