Le Spationef Coincé (27)

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Le Secrétaire s'est lancé dans un beau discours, plein de bonnes intentions, faisant preuve d'un altruisme qui force l'admiration. J'ai écouté avec attention mais, alors qu'il termine son intervention, je tremble de plus en plus parce que ce sera bientôt à moi de jouer...

-    C’est à nous de faire ce que la Raison nous impose ! continue Thivettius d'une voix passionnée. Nous n’avons plus de temps à perdre : les signes sont déjà là, évidents, incontestables. Ils nous alertent sans cesse. Il est temps de sauver le monde, parce que tel est le contrat qui nous lie à nos enfants !

Thivettius, décidément en grande forme, termine son discours. C’était splendide, plein de verve, d’imagination et de tact pour ne froisser personne alors que le sujet est brûlant.
Y a pas à dire ; diplomate, c’est un métier !
Pendant qu’il darde encore de son regard plein de doucereuse compassion sur quelques hommes politiques de premier plan, histoire de les rappeler à leurs obligations de sauveurs du monde, je profite de mes ultimes instants de tranquillité pour noter encore quelques idées pour mon propre discours. J’ai l’impression d’être un collégien en train de relire ses notes avant de se présenter face à son examinateur. L'improvisation est mon guide puisque les Agents n'ont pas été foutus de me donner la moindre piste. Alors, je tente dans l'urgence de pondre un de ces discours qu'il convient de prononcer  en se disant qu'il fera date. Malheureusement, je n'ai aucun talent d'orateur, tout juste une piteuse expérience, souvent avinée, de quelques phrases bredouillées lors de fiestas familiales qui ne m'attirèrent que les rires et les sifflets des convives. Ça promet !

Normalement, je devrais faire sensation. Je pense, en effet, que jamais on n’entendra pire discours que le mien dans cette enceinte. Thivettius a donné pas mal d’informations effroyables sur les perspectives à venir. J’en suis atterré. Pour une fois, la presse a bien fait son travail en relayant sans cesse les messages d'alertes des scientifiques et l'avenir humain semble sur le point de se réduire comme peau de chagrin en quelques années seulement. Rien ne manque au tableau d’une Apocalypse en devenir.  Mais j’en sais bien plus encore, maintenant que je baigne dans le même bocal que les grands prédateurs de nos civilisations. Pour résumer, qu'il suffise de savoir que les dirigeants du monde continuent de tenir les populations dans l’ignorance. Pourtant, tout ce que j’ai entendu mérite largement d’être diffusé.

En tout cas, ça va pas être de la tarte pour mes contemporains. D'autant que ce que j'entends maintenant me hérisse tout simplement le poil. Soudain, ce représentant des Nations Unies m'apparaît sous son vrai jour, bien plus haïssable malgré la blancheur de ses sourires convenus. 

Au fur et à mesure qu’il avance dans son discours, le Secrétaire explique posément à ses collègues qu’ils ont maintenant pour tâche de sélectionner une multitude contrôlée de personnes…dignes d’êtres sauvées. Il précise que nous recevrions tous, nous les Présidents, un dossier complet avec toutes les indications pour « bien sauver » une partie du genre humain. Une partie seulement ! Celle qui aurait pour unique destinée de continuer à les servir, eux les rois du monde…
C’est là, je crois, que j’ai senti monter la colère en moi.
Je comprends un peu mieux pourquoi les médias sont tenus à distance ; la moindre fuite qui paraîtrait dans les journaux donnerait des sueurs froides à tous ces aristocrates de pacotille et il n’est pas envisageable pour eux de risquer le moindre faux pas s'ils veulent sauver leur cul.  
Parce que le premier souci de ces notables est de sauver leur petit fessier, rien de plus.Je comprends mieux ce que me disait Agent quand il me disait qu'il voulait profiter des circonstances pour faire le ménage au sein des dirigeants du monde. Non seulement je le comprends mais j'ai une furieuse envie de participer activement à ce coup de torchon salutaire pour la planète entière !
Mon sang de libertaire de salon ne fait qu’un tour.
Je réduis mes premières notes en bouillie et je décide d’improviser une riposte à ma manière. Juste pour les énerver.

Et puis je pense à quelques amis qui pourraient m'assister aussi; je vais demander à Agent de les faire venir au plus vite. J’ignore comment il s’y prendra mais c’est le cadet de mes soucis. Qu’il se débrouille, qu’il envoie tous ces sbires aux quatre coins du monde pour les ramener près de moi. Et vite !

Pour le moment, je dois répondre à la main tendue du Secrétaire qui m’invite à prendre place au pupitre, officiellement pour ouvrir les débats. Je me rends compte qu’ils ont décidé de laisser l’ouverture du cirque à un Président sans importance, histoire de donner une couleur un peu pittoresque à l'évènement et pour faire croire que les magnats du monde se soucient du monde entier, même d’un archipel sans aucune importance économique pour eux. Ça fera croire aux populations qu’ils se soucient vraiment de la survie du monde. Et puis, avec un peu de chance, leur côte de popularité remontera un peu dans les sondages. Certains d’entre eux ont déclaré des guerres pour ce même résultat mais les effets ne durent pas assez à leur goût. Peut-être ont-ils décidé une nouvelle version pour manipuler et terroriser les populations, les obligeant ainsi à rester tranquilles ?
Je ne suis pas loin de le croire et, malgré tous mes efforts pour me persuader que je me trompe, mon petit sens logique me susurre doucement que je suis à deux doigts de la vérité.

Je pense à la vitesse de la lumière; puisque je suis celui qui a été choisi, un Élu, en somme,  pour véritablement donner sa chance au monde, puisque je suis tout seul face au monde, je dois assumer mes responsabilités et, surtout, ne pas me tromper de ton pour déclamer mon discours. Alors, pendant que je grimpe les dernières marches qui me mènent au centre de l’attention de toute l’assemblée, je cogite quelques phrases bien banales pour les prévenir que rien ne se passera comme ils le souhaitent tous…

Je suis l’infime insecte au pied d’un immense colosse.
J’espère qu’il a mauvaise vue, c’est tout. Ou des semelles compensées…

Arrivé au pupitre, je prends le temps de considérer l’assemblée silencieuse. Je règle les deux micros puis, après m’être éclairci la voix, je me lance :

-    Mesdames, Messieurs…vous pardonnerez, j’espère, le pauvre Président du bout du monde qui se présente à vous et qui ne sait pas grand-chose des intérêts des Nations que vous représentez. Qui n’est pas versé non plus dans l’art des ronds de jambe et autres flagorneries d’usage… Pour ma part, je ne suis que l’humble émissaire d’un peuple qui voit ses terres disparaître un peu plus tous les jours sous les vagues toujours plus hautes d’un Océan qui n’a plus de Pacifique que le nom…

Belle entrée en matière, me dis-je. Je ne me connaissais pas ce don de dire n’importe quoi. Et j’étais loin d’imaginer qu’il fut aussi simple de parler pour ne rien dire, même devant les plus pros en la matière ! Pourtant, je m’inquiète déjà. Je ne vais pas pouvoir continuer ainsi très longtemps ; mon stock d’âneries est assez limité et mon auditoire va vite se lasser.
Alors, je décide d’animer cette salle un peu triste.

-    Bon, les mecs…on va pas se raconter de balivernes, ok ? C’est la fin du monde, je pense qu’on est tous d’accord là-dessus, non ? 

Là, j’ai peut-être lancé le bouchon un peu trop loin… Les types en face de moi me regardent, stupéfaits, les sourcils arrondis à n’en plus pouvoir. Ils ne s’attendaient pas à un discours de ce genre. Moi, je fais ce que je peux. Après tout, ne s’improvise pas roi de l’Oratoire qui veut. Et puis, Agent n’avait qu’à me donner ses fichues instructions !

-    Je vois que la plupart d’entre vous ignorent d’où je viens. Moi-même, en vous regardant, je me demanderais presque de quelle planète je viens… Il est vrai que vous ne ressemblez pas à ceux que je fréquente au quotidien. C’est vrai, avec vos petites joues roses, vos bijoux tout brillants, qui vous vont à ravir, Mesdames, je tiens à le préciser tout de suite, je constate que vous ne devez rien savoir des affres d’une population démunie et abandonnée… Vous qui prétendez vous réunir ici pour élaborer un plan sublime et sauver l’Humanité, me semblez uniquement préoccupés par le souci que vous vous faites de protéger vos biens et vos fortunes.

Ça commence à râler dans les fauteuils… Mais je me sens inspiré, alors je profite de l’occasion qui m’est offerte pour me faire plaisir. Je pense que cela ne durera que quelques minutes, peut-être même moins que ça avant que le Service d’ordre se jette sur moi, qui prétend semer le désordre. Je veux quand même ajouter deux, trois choses qui soulageront ma colère…

-    Ainsi, quand notre vénéré Secrétaire général des Nations unies déclare avec emphase qu’il revient à l’ Élite mondiale de préserver son avenir, vous, paraît-il ! je ne vois, pour ma part, qu’une merveilleuse invite à ne rien changer de vos habitudes, à ne rien céder de vos fortunes… tout juste à inventer quelque nouveau procédé pour vous tenir à l’abri d’intempéries qui sont un peu plus fortes et dérangeantes que d’habitude.

-    Mais qui êtes-vous pour oser insulter ici autant de personnes de bonne volonté ? s’étrangle un homme rouge de colère subite.

-    Salut, camarade ! J’ignore qui tu es et d’où tu viens. Pourtant, à juger par la taille de la montre que tu te trimbales, je pense que tu ne sais pas ce que c’est que de voir sa maison disparaître sous les flots, dans l’indifférence générale. Alors, si tu veux bien t’asseoir et me laisser terminer, ce serait gentil de ta part… Tu pourras ensuite prendre le crachoir et débiter tes conneries pour endormir les peuples. En attendant, c'est à moi de jacter !  Je reprends ; vous, qui n’ignorez rien des méfaits des politiques guerrières et dominatrices sur les peuplades les plus démunies, puisque vous en êtes les initiateurs, devez vous dire que mon pays n’est qu’une infime tâche d’encre au beau milieu d’un océan. Océan que vous n’avez pas encore asservi à vos appétits féroces parce qu’il est toujours trop puissant pour vous.

Ils ne s’attendaient vraiment pas à ça. Habitués des coups tordus et surprises de tout ordre, malgré tout, ils se disent déjà que je ne suis pas celui qu’ils pensaient devoir entendre les supplier à genoux. Près de moi, j’aperçois Thivettius lancer quelques coups d’œil éloquents aux gardes en bas de la tribune. C’est donc presque fini pour moi… Dommage, je commençais à m’amuser.
Malgré tout, je persiste puisqu’on m’y invite :

-    En quoi serions-nous responsables des terribles évènements de ces derniers temps ? proteste un autre homme, quelque part dans l’assemblée.

-    Voici une bonne question ! Et qui met en avant un autre problème, essentiel celui-ci : vous êtes tellement loin de la réalité que vous ne comprenez rien de ce qui arrive !

-    Et vous, vous seriez mieux informé que nous ? Disposeriez-vous de moyens supérieurs aux nôtres, et qui n’auraient pas encore été engloutis par ce fameux Océan qui ne semble en vouloir qu’à vous ? ironise Patine, le nouveau Tsar.

Son intervention rassure ses comparses... Je ne veux pas me trouver en infériorité pour autant :

-    Camarde ex-communiste, non, je ne suis pas mieux informé ; je sais réellement ce qui se déroule sous vos yeux parce que moi, je barbote dans les vagues qui submergent maintenant les planchers en bambou de mon salon ! Je ne suis pas informé parce que vos milliards et la férocité idiote de vos appétits de pouvoir retiennent des informations vitales pour des milliards d'individus qui ne représentent rien pour vous !

Ma réponse ne me vaut que des quolibets acides. Malgré tout, le Secrétaire retient ses molosses, preuve que mon intervention pourrait lui être utile…

-    Parce que je peux vous dire que personne dans le monde ne se doute de ce qui se passe réellement.Vous savez, vous, mais vous estimez que nous ne sommes pas capables ni de comprendre ni de faire face ! Et aujourd'hui, vous avez l'immonde prétention de choisir qui, parmi ces moins que rien, sera digne de vous servir encore dans un avenir que vous prétendez dessiner au mieux de vos intérêts ! Heureusement pour la planète, je suis venu ici pour rendre ses chances au monde !

-    Foutaises ! hurle un chinois qui, comme de juste, se pense supérieur à l’humanité et qui ne supporte donc pas qu’on puisse en savoir plus que lui.

-    Alors, chers collègues, trop chers collègues inutiles et dangereux, ce que je vais vous révéler risque de vous surprendre et d’affoler vos états-majors...

Je deviens un as de la parlotte ; ils sont pendus à mes lèvres !
Il est temps d’informer le monde, je crois. Je dépose discrètement mes notes sur le pupitre, retiens mon souffle puis je m’apprête à leur dire la vérité. La vraie ; celle qui prédit qu’une bande de fous de l’espace prévoit de réduire la Terre à l’état de planète morte en prélevant en son centre une énergie dont je ne sais pas grand-chose mais qui, il n’est pas question d’en douter un instant, nous privera de toute chance de survie à très court terme.
Donc, je respire un grand coup, provoquant un maelström aigu dans les micros sous mon nez puis je me lance :

-    M’sieurs, dames, vous tous présents…je suis ici pour vous annoncer une chose incroyable, une chose que vous aurez beaucoup de mal à croire mais, pour commencer, il me faut recadrer quelques détails. Je ne suis pas l'Amiral-Président Cénoûlesgadh Lamar-Hinn… Le corps qui vous parle n’est pas le mien.

Hilarité soudaine de l’assemblée, entrecoupée de commentaires aigres-doux… Je réalise qu’à  parler de la sorte, je risque fort de me retrouver sous camisole sous peu  mais que faire d’autre ?
Je regarde la foule avec appréhension mais je constate qu’ils font tous une drôle de tête, maintenant. Ils regardent par terre, au plafond, à gauche (pas très nombreux ceux-là ; la plupart regardent à droite…) se regardent entre eux, visiblement surpris, voire inquiets.
Et le manège dure assez pour me forcer au silence… Mais que font-ils ?
Puis, ils me regardent avec de grands yeux écarquillés.
Ça me fait une drôle d’impression de les voir tourner la tête vers moi, tous en même temps…

Les voilà maintenant qui commencent à me faire de grands signes en serrant leurs mains sur les oreilles… ils sont devenus dingues ? Entendraient-ils des messages venus de l’Au-delà ? Maintenant, ils baissent leurs mains à hauteur de leurs épaules avant de les remettre sur les oreilles.

Je ne comprends rien mais je vois bien qu’ils essaient de me dire quelque chose.  Si certains abandonnent leurs mimiques, d’autres plus tenaces continuent leurs simagrées. Enfin, un grand type maigre et blond comme un viking, il doit s’agir d’un Suédois ou d’un Norvégien, se lève et se dirige vers moi d’un pas rapide et nerveux. Les gardes font un pas pour le stopper mais ils se ravisent soudain, peut-être sur l’ordre du Secrétaire. L’autre grimpe rapidement les marches qui mènent à mon pupitre. Encore un pas et il sera sur moi, peut-être pour me fracasser le crâne ! Je me mets en position défensive, poings serrés en une belle garde à la Mike Tyson, les muscles en moins. Mais le bonhomme ne me regarde même pas. Il se rue sous le pupitre pour en ressortir presque aussitôt armé d’un casque audio qu’il me tend d’un air autoritaire. Et, pour mieux me faire comprendre, il reprend les gestes que ses collègues s’acharnaient à me faire comprendre, il y a moins d’une minute encore…
Je comprends ; je dois enfiler ce casque !
Je m’exécute pendant que le type retourne à sa place. Je règle le volume dans les écouteurs…ça crachote un peu, puis…

-    Dickens, vous m’entendez ? Dickens ?

Je reconnais la voix d’Agent, enfin de retour !

-    Dickens, j'ai demandé aux traducteurs de dire à l'assemblée de vous faire comprendre de prendre un casque, vous êtes bouché ou quoi ?

-    Agent ? Mais où diable étiez-vous passé ? murmuré-je, ignorant que tout le monde entend notre conversation, traduite en direct dans toutes les langues du monde.

-    J’ai raté mon bus ce matin. Mon radio-réveil n’a pas fonctionné, je crois… me répond Agent d’un ton où perce le mensonge éhonté.

-    Votre bus ? Vous vous moquez de moi ?

-    Non, je vous assure ! Mais ce n’est pas le plus important… J’ai du trouver un moyen de vous contacter et je n’ai trouvé que celui-ci.

-    Euh..lequel ?

-    Bah, je vous parle depuis une des cabines des interprètes, là-haut ! Regardez sur votre gauche, j’ouvre ma fenêtre…Vous me voyez ? Je vous fais signe !

Éberlué, je regarde sur le côté et j’aperçois en effet un bras qui s’agite là-haut. Je n’avais pas remarqué les discrètes cabines où des interprètes s’activent à traduire pour chaque interlocuteur présent le discours de la personne au pupitre. Donc, mon discours… !

-    Attendez, je coupe la communication… fait Agent, visiblement empêtré avec les commandes de je ne sais quel pupitre.

-    Mais non ! Ne coupez pas ! m’exclamè-je.

-    Je ne coupe que le général, pour que nous puissions discuter tranquillement…

-    Et la télépathie, alors ? Elle est partie, la télépathie ? me renfrogné-je.

-    M'en parlez pas ! On a juste oublié que cet immeuble est protégé contre les ondes magnétiques et qu’il existe un système de brouillage de communication. Sans le savoir, les concepteurs de ce truc ont réussi à neutraliser aussi les voies télépathiques.

-    Comme quoi, on n’est pas si bêtes pour des humains, hein ? fais-je, goguenard.

-    C’est un pur hasard, un pur coup de bol ! répond Agent, vexé.

-    Bon, et je fais quoi, moi, maintenant que je les ai bien chauffés, tous ceux-là ?

Un silence. Agent tente de se ressaisir. Les autres attendent, comme au spectacle. La seule chose que j’y gagne pour le moment, c’est qu’ils sont tous dépassés par les évènements. Si les journalistes ont bien prédit que cette réunion changerait la face du monde, pour le moment elle ne fait que couper le sifflet aux rois du globe…
Rassuré par le retour de mon complice, je me tais.
J'adresse quelques signes amicaux de la main au public, histoire de le faire patienter…

-    C’est bon…on peut y aller, maintenant, reprend Agent. Alors, je dois vous prévenir que les choses ne se passent pas du tout comme nous pensions..

-    J’ai bien vu, patate ! ne puis-je m’empêcher de lui dire d’un ton mécontent. Je me débrouille tout seul depuis le début de votre opération pourrie !

-    Tout va bien, à présent, fait Agent d’un ton fait pour me rassurer.

-    Bon, admettons… Que se passe-t-il de si important, alors ?

-    Voilà : il semblerait que les hommes d’Obi Wan Kenobi soient en route pour l’ONU. Un ou plusieurs de leurs espions auraient noyauté notre propre organisation…

-    De quoi ? Qui ? m’étranglé-je de stupeur.

-    Un de nos récents recrutés. AgentDouble, je crois.

-    Vous avez engagé un type avec un nom pareil ? Décidément, vous êtes des rigolos !

-    Oui, je sais…Mais on vient de l'attraper, grâce à La Fumée qui s’est chargé de le coincer, Dieu sait comment.

-    C’est pour ça…

-    Qu’il avait brusquement quitté sa cellule de repos ? Oui ! Il n’avait pas le temps de vous prévenir.

Pendant que nous discutons, je regarde la foule médusée. Elle ne dit rien mais j’ai pourtant l’impression qu’ils ne manquent rien de notre conversation…

-    Dites, Agent…Vous êtes bien sûr d’avoir coupé le général… ? Ils ont l’air bien attentifs, en face de moi, là…

-    Attendez, je vérifie… oui, je vous confirme, c’est ok pour nous deux !

-    Ok…

-    Alors, je dois vous prévenir, donc, que les hommes de Kenobi peuvent surgir à tout instant. Nous avons expédié en urgence nos meilleures troupes pour les contenir mais il se peut que quelques-uns passent au travers des mailles du filet…

Je suis ahuri de surprise et muet comme une carpe. Les autres, devant moi, lisent ma sidération sur mon visage et semblent soudain aussi inquiets que moi.

-    Dickens, vous êtes encore là ?

-    Euh…oui, je vous écoute !

-    Alors, s’ils arrivent à franchir le périmètre de sécurité de mes agents, je pense qu’ils devraient passer par…

Il n’a pas le temps de finir sa phrase !

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