Le Spationef Coincé (17)

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-    Bon, maintenant qu’on s’est bien marré, on pourrait peut-être passer aux choses sérieuses, non ? fais-je enfin, en écrasant une dernière larme de rire.

-    Et comment ! me rétorque Agent qui n’attendait que ça.

-    Alors, on va faire quoi ?

-    Trois fois rien ; un méga coup d’arnaque qui fera, à la fin de la fin, un vrai changement dans ce monde qui perd son temps à végéter. En clair, on va virer tous les potentats en place pour y placer des personnes dignes de faire évoluer la planète.

-    Ça va faire un max de mecs à virer, ça… Et on commence par qui ?

-    On va faire ça en un coup.

-    Mazette ! Tout le monde d’un coup ? Il va falloir les réunir, et rien que ça…pas facile !

-    On a pensé à tout, t’inquiète ! me répond Agent sans prendre garde au tutoiement soudain.

Et les voilà enfin qui m’expliquent les grandes lignes de leur plan machiavélique. AgentDarme sort des cartes, des plans de bâtiments, des listes d’armes, des noms de complices et… des biscuits servis dans une grande corbeille.

Face à mon air surpris, Agent m’explique.

-    Les cartes ; là où nous allons intervenir, grâce à toi. Les bâtiments ; là où seront nos cibles. Les armes ; je t’explique pas. Les noms ; nos amis à préserver et à ne pas remplacer. Je ne pense pas que tu aies besoin d’en savoir plus pour le moment, parce que la suite risque de te surprendre un peu.

-    Euh…et les biscuits, là ? fais-je en convoitant la corbeille d’un œil féroce.

-    Ça ? Ah oui, j’allais oublier ; on va les truffer de trucs spéciaux qui feront roupiller tous les attentés.

-    Les attentés ?

-    Bah oui ; ceux qui seront victimes de nos attentats, quoi !

-    Ah…je vois. Pourquoi pas… Mais ça va faire jaser un peu, non ? fais-je, un peu dubitatif.

-    Perso, on s’en moque un peu, tu vois… L’essentiel sera, ne le perds jamais de vue, d’empêcher la destruction de ta planète pour que les rigolos des sous-sols ne redécollent un jour en carbonisant vos dépouilles dans l’enfer de leurs réacteurs. Donc, nous n’avons pas trop le choix. Et pour une fois, note bien aussi, ce sont ceux du sommet de la pyramide qui paieront les frais de l’affaire.

-    C’est vrai qu’à bien y réfléchir, ça leur ferait pas de mal d’aller un peu au casse-pipe, à ceux-là. Depuis le temps qu’ils massacrent des générations entières de pauvres gens, je crois que ça me plairait pas mal de les voir s’entretuer pendant que nous on compterait les points…

-    Euh...ils ne vont pas exactement s’entretuer.

-    Je ne comprends pas...un coup de baguette magique ?

-    Pas loin ! fait Agent, très content de lui. On va leur faire une petite surprise que notre cher AgentDissolvant vient de mettre au point.

J’avoue que je suis sur le point de prendre mes jambes à mon cou pour aller me cacher dans un petit coin tranquille pourtant, je dois bien l’avouer, l’idée d’envoyer en enfer tous les malades qui nous gouvernent me fait bien envie… C’est pas beau de penser ça mais, quand même. Je reste songeur quelques instants, le menton en l’air. Il y a quand même une chose qui me tarabuste…

-    Dis-donc, Agent…

-    Moui… ? me fait l’intéressé.

-    Dans votre plan, là…vous êtes sûrs qu’il n’y aura pas d'insensible à votre traitement ? Parce qu’il ne faudrait qu’un ultime de ces mohicans se dise que, seul sur le marché, il n’aurait plus qu’à jouer le rôle du Maître du Monde, vous voyez ?

-    Je crois que tu ne peux pas trop comprendre...me répond-il d'un air songeur.

Agent me regarde avec une pointe de déception qui me fait comprendre que pour lui, je ne suis rien qu’un primate…

-    Tu veux bien m’expliquer un peu mieux, alors ? fais-je, penaud.

-    On va les faire muter !

-    Vous voulez dire que vous allez leur donner de nouveaux postes ?

-    Des nouveaux postes ? Tu veux dire quoi, là ? me fait Agent, de plus en plus déçu de mon incompréhension.

-    Bah…tu me parles de mutation…vous allez leur faire prendre des vacances au soleil ?

-    Non…soupire Agent, qui vient de comprendre ma méprise. Tu es carrément à côté de la plaque, mon chou…un vrai boulet !

-    Tu sais ce qu’il te dit, le chou ? me rebiffé-je d’un coup.

-    Bon, je t’explique. On va les neutraliser, disons qu’on va les endormir, tu comprends ça ? Pour les rendre un peu plus efficaces. Pour ça, on va leur implanter quelques gênes nouveaux, et on va en supprimer quelques autres. Tu vois le genre ?

-    Mais vous êtes aussi débiles que ceux d’en bas, alors ? fais-je, sourcils froncés.

-    Pas du tout ! Nous, on ne projette pas de volatiliser ta planète pour refaire le plein !

-    Mais, vous venez d’où, au fait ! Parce que, c’est bien joli tout ça, mais moi et mes congénères on est, comme qui dirait, des petits jouets entre vos mains, hein !

-    C’est vrai que j’ai un peu négligé de te dire ça aussi… s’excuse Agent.

-    Vas-y…balance ! intimé-je d’un ton autoritaire.

-    Alors, nous sommes de la Constellation de Véga. Troisième planète à gauche, au fond du Tiroir des Néréides.

-    Véga ? Comme Albator ?

-    Connais pas ! fait Agent après une seconde de réflexion. En attendant, on tente depuis des siècles, enfin ce qui correspond à vos siècles, de rattraper les rigolos du dessous pour les enfermer. En fait, ils se sont tous échappés d’un astéroïde médicalisé pour débiles et autres attardés de la Galaxie.

-    Je ne comprends pas…il vous faut une planète entière pour sécuriser votre monde ?

-    Pas une seule planète ; plusieurs centaines, en fait.

-    Et comment ont-ils fait pour se sauver en masse ?

-    Ils ont profité d’un mercredi après-midi pour le faire. Le directeur du programme de soins avait cru qu’il serait bénéfique pour eux de leur organiser un goûter planétaire, avec diffusion de vos meilleures séries télévisées.

-    Nos quoi ?

-    Cosmos 1999, Star Wars, Star Treck, Men in Black… et j’en oublie. Bref, que des séries qui avaient fait des cartons chez vous. Mais bon, on va pas y passer le reste de la semaine. Tu en sais bien assez pour commencer…

Ensuite ? Ensuite, il me pique avec une seringue sortie de je ne sais où ! Je n’ai rien vu venir. Et je ne me vois pas partir non plus…

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