Je sens mon cœur s’emballer dans ma poitrine. Une nouvelle quinte de toux. Plus forte. Plus violente. Plus longue. J’ai l’impression de manquer d’air tout à coup. Ma main tâtonne sur le bord de mon lit à la recherche de mon inhalateur, perdu entre les monticules de couvertures et de plaids étendus là, sur mes jambes et mon ordinateur portable. Mes doigts attrapent enfin la surface lisse et froide de la cartouche.

Je porte l’embout à mes lèvres, appuie sur la détente. Libère une fine nuée de poudre. Inspire profondément. J’appuie une seconde fois. Et inspire à nouveau. Profondément. Je sens la poudre descendre jusque dans mes poumons meurtris. Les colmater. Les dilater. Retirer toute cette tension. M’apaiser. Je ferme les yeux. Il me faut encore quelques secondes avant que la crise ne disparaisse enfin complètement. Je sens des larmes s’échapper en traître et perler le long de ma joue. Je les essuie d’un revers de main sec en reniflant négligemment. Oh non, hors de question ! Je n’ai pas le droit de me relâcher ! Pas maintenant ! Pas après tout ce que je me suis promis ! Je n’abandonnerai pas ! Jamais !