C'est quoi déjà le nom de Boris ? Je sais qu'il a un nom polonais... Le voilà ! Janikowski. Le bouton du haut à droite. Je sonne.

    — Bonjour Monsieur, est-ce que Boris est là ? C'est Florent...

    — Bonjour. Il est pas là mais va voir dans le terrain vert, je l'ai vu partir avec un ballon.

    — Merci !

   Et bien allons-y... Effectivement il joue au foot avec des amis. Je n'en connais aucun. Certains portent des maillots bleus floqués au nom de Zidane et Trézéguet.Boris m'interpelle...

    — Viens Florent ! On pourra faire un trois contre trois, avec goal volant...

    — Je suis nul au foot...

    — C'est pas grave, c'est juste pour jouer.

    Je fais comme il m'a dit. Je reste en défense et dégage quand j'ai le ballon. Difficile de jouer contre eux. Ils sont presque tous inscrits en club, je n'ai pas leur agilité quand je dribble, je ne sais pas intercepter la balle de la poitrine, faire une tête convenable. Heureusement que j'ai Boris dans mon équipe, sinon il m'aurait déjà fracturé un os vu sa façon de jouer : bousculades, tacles par derrière, pieds en l'air... Puis il râle à la moindre – soi-disant – faute de l'équipe adverse. Du coup je ne fais que courir lamentablement après le ballon. Ah ! En voilà un qui arrive à mes pieds. Je tire loin vers la cage.

    — But !

    Un joueur adverse rétorque à Boris qu'il y a poteau. Le ballon a en effet frôlé un des pulls déposés à terre pour délimiter la cage. Difficile donc de dire s'il y a but ou pas.

    — Alors poteau rentrant !

    Et encore un débat sans fin... De toute façon c'est la pause. Elle ne se refuse pas en cette après-midi ensoleillée. Je sens la chaleur remplir mes joues dégoulinantes de sueur. Le diabolo menthe amené par Boris soulage ma soif. J'ai du mal à suivre le match aujourd'hui. Encore plus que d'habitude. Ophélie tient une grande place dans mes pensées. Je ne l'ai pas vue des vacances. Pourtant j'aimerais prendre de ses nouvelles. Je l'ai trouvée bizarre lors de notre dernier pique-nique au Parc de Haute-Claire. Presque effrayante. Elle parlait peu, contrairement à ses habitudes, et semblait blasée de tout. Rien ne l'enchantait. En arrivant au collège, elle ne portait pas ses écouteurs pour écouter ce morceau d'Anastacia qu'elle aimait tant, son rituel matinal. Puis elle ne souriait plus. Le mal-être sortait de ses yeux tristes, à croire qu'à chaque instant elle pouvait fondre en larmes. Tout ça c'est de la faute à Dany. Et elle lui en veut terriblement. Elle m'a même confié que tôt ou tard elle se vengerait, sur un ton froid et monocorde. Avec l'aide de quelqu'un s'il le faut. Elle connaît des mecs de cité qui pourraient lui rendre ce service.

    Le match reprend. Je resterais bien assis quelques minutes de plus, mais quand faut y aller... J'aimerais chasser Dany des pensées d'Ophélie, mais la tâche s'avère compliquée tant il devient son obsession...