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    C'était sympa cette petite soirée chez Boris. Ses deux potes aussi se sont montrés agréables. Boris m'a demandé si j'avais des nouvelles d'Ophélie. Quelle question... Il me l'a posée car il prétend la croiser régulièrement aux abords d'un terrain vague, parfois accompagnée d'un mec promenant son chien. Bah non aucune nouvelle depuis presque un an. Je n'arrive pas à l'oublier Ophélie. Pourtant j'aimerais. Je noie ce tracas dans le travail, dans le combat social avec Clotilde et en profitant de mes quelques amis. Et en assurant des cours particuliers. À ce propos je me souviens de ce gamin que j'ai promis d'aider pour ses devoirs. Un enfant du village, Maman m'en en parlé l'autre jour, elle fréquente la mère du gamin. J'ai cru comprendre qu'il se déplace en fauteuil roulant, à cause d'une chute à cheval quand il était petit. C'est en maths qu'il a des lacunes. Sa mère aimerait qu'il soit à niveau avant la rentrée en sixième. Je le vois mercredi pour la première fois.

    Le dessert arrive ! Au centre de la table prend place un moelleux au chocolat saupoudré de sucre glace. Les cousins, les cousines et ma sœur, tous plus jeunes que moi, scrutent avec des yeux ronds leur nouvelle idole.

    Tonton allume la télé et tombe sur une chaîne du câble. Des filles en bikini et lunettes noires, la peau huilée et bronzée, lézardent autour d'une piscine, le dos collé aux lattes d'un transat. Elles parlent de mecs. De muscles. De leur aversion pour les maigres. Changement de plan. Des hommes grands et athlétiques, torses nus ou en caleçons, se prélassent dans des canapés en se racontant leur vie. Ah oui c'est Nice People. Une rediffusion car j'ai déjà vu ça il y a quelques temps, je dirais l'année dernière, du moins j'en ai regardé quelques épisodes. J'ai cherché en vain d'où pouvait venir le succès de ce genre de programmes. Dans ma classe tout le monde en parlait. Tu vas voter pour qui ? T'as vu comme elle est bonne la Russe ? Etc... Affligeant. Mais c'est peut-être moi l'extraterrestre...

    Tonton change de chaîne. Ça ressemble à un reportage. La voix off évoque une affaire judiciaire, une sombre histoire de pédocriminalité. Voilà qui pourrait générer une discussion comme ils les aiment si mes oncles qui traînent dans le coin tendent l'oreille.

    — Faudrait ressortir la guillotine pour les types comme ça !

    — Ce serait leur faire trop d'honneur. Moi je leur ferais trancher le bout et permettrais au père de la victime de regarder le violeur droit dans les yeux avant de lui coller une balle dans la tête !

    C'était prévisible. Ma tante demande à changer de chaîne car le programme est interdit aux moins de dix ans, puis invite tout le monde à se servir du gâteau. C'est toujours comme ça les réunions de famille chez mes grands-parents. Des petits cousins qui crient et piaillent, des oncles et tantes qui palabrent, le tout dans une cacophonie irritante où les paroles lâchées toutes azimuts se mêlent au cliquetis des couverts...

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