Paradis brûlant: La berceuse de l'âme
Quand Jade tomba au sol, elle n’avait toujours aucune animosité envers ce groupe de filles qui, sous de futiles prétextes, étaient venues pour chercher la bataille et la frapper. Et quand elle se releva et terrassa une par une ses opposantes, la colère ne guidait toujours pas ses coups. L’habitude, presque un réflexe. Et quand la petite troupe s’en alla en proférant maintes insultes, elle ne se sentit pas plus énervé que précédemment. Reprenant son sac et quittant le cercle de lycéens qui s’étaient agglutiné autour pour profiter du spectacle, elle avait déjà chassé de son esprit cet épisode au combien sans intérêt pour elle.
Jade était fatiguée.
Elle avait l'habitude de se battre. Les gens lui cherchaient toujours des embrouilles pour des broutilles ; pour ses cheveux roux, pour ses fringues qu'ils jugeaient ''excentrique''... Cette fois ci, c'était parce qu'elle s'était rapprochée d'un garçon et la copine de ce dernier croyait qu'elle le draguait.
Une journée somme toute banale dans sa vie. Une autre journée sans intérêt.
Elle rentra chez elle et alla dans la salle de bain vérifier qu'elle n'avait pas de bleu ou d’oeil au beurre noir. Elle n'avait rien. Tant mieux, cela éviterait une quelconque discussion avec son géniteur.
Elle se regarda attentivement dans le miroir. Non décidément, elle ne se reconnaissait pas. Cela faisait des années qu'elle ne se reconnaissait plus, que son reflet lui semblait être celui de quelqu'un d'autre. Que l’air éternellement blasé qu’'affichait ce visage réfléchit par la glace lui semblait provenir d’une parfaite inconnue.
Elle alla dans sa chambre et ce laissa tomber sur son lit. Elle se fuma une clope en regardant le plafond. Elle était tellement fatiguée... Elle aurait voulu dormir, dormir des années.
Jade, une fois sa cigarette finie, se leva et regarda son piano numérique.
De toute les choses qu’elle possédait, ce piano était, à ses yeux, son bien quelle chérissait le plus. Pour elle, il n’y a pas de plus bel instrument que le piano. Capable de retranscrire la joie ou la tristesse, la colère ou la démence, il emmenait Jade dans un monde magique, un monde dont seule elle avait les clés. Un monde où il n’y avait personne pour l'emmerder, ou tous ses rêves prenaient forme. Un monde dans lequel elle aimait se perdre...
Elle s'assit et posa les mains sur les touches. Lentement, elle commença à jouer une mélodie qu'elle avait inventé. Aussitôt, ce fut comme si tous ses problèmes c étaient envolé. Elle n'était plus Jade. Elle n'était plus qu'une pianiste sans nom s'envolant vers un monde lointain. Elle se sentait bien.
La nuit était fraîche. La ville était noyée dans les ténèbres, seuls quelques lampadaires venaient briser l'obscurité. Une légère bruine tombait. Au milieu de la ville endormie, Jade se promenait.
Il était quatre heures du matin. Le sommeil fuyant la jeune fille, elle avait décidé de sortir.
Elle marchait au hasard, laissant ses pas la guider. Ses écouteurs sur les oreilles, elle chantonnait.
Elle arriva à la gare. C'était une petite gare avec seulement deux voies. Elle aimait venir ici quand elle était sûre qu’il n’y avait pas âme qui y traînait. Les murs extérieurs avaient été tagués, mais visiblement par des artistes, tant les graffitis semblaient retranscrire les émotions de leurs créateurs. Faiblement éclairé par un néon solitaire, ils prenaient une aura assez étrange, pas désagréable à observer.
Elle alla s'asseoir sur un des bancs. Elle était trempée, elle avait froid, mais elle n'avait pas envie de rentrer. Elle laissa son regard se perdre dans le vague. Elle pensa à la journée qui l'attendait, dans quelques heures. Elle ira au lycée, où elle passera son temps à se demander pourquoi elle y était venue. Elle contemplera sur sa montre l’éternel manège des aiguilles, attendant que vienne la sonnerie de la pause, puis de l’heure du repas, puis de la pause de l’après-midi et enfin la sonnerie finale. Avec de la chance, personne ne lui fera de remarques ou ne lui cherchera des embrouilles. Elle recroisera sûrement les filles qui l'avaient cherché la veille. Ensuite, elle rentrera chez elle, fera ses devoirs à la va vite puis son père rentrera et picolera comme d'habitude. Il finira certainement bourré et frappera sa mère. Elle assistera à la scène, impuissante et terrifiée et ira se cacher dans sa chambre. Il passera peut-être ses humeurs sur elle également. Peut-être pleurera-t-elle. Non décidément, la journée ne s'annonçait pas brillante et pleine de joies. Enfin ce sera une journée normale. Une journée où il ne se passe rien de particulier, à part des tuiles. Une autre journée à vouloir dormir pour échapper à l'ennuie.
Soudain son regard fut attiré par quelque chose. Dans la pénombre, elle distinguait une forme sur les rails. Elle s'approcha pour mieux voir. Elle poussa un cri quand elle se rendit compte de ce que c'était.
Une fille était allongée sur la voie.
Parfaitement consciente, elle regardait Jade avec de grands yeux vides. Son visage fatigué trahissait les nombreuses larmes qui avaient coulé.
Une fois la surprise passée, Jade se ressaisit. Elle chercha les mots justes à dire. Les questions du genre ''qu'est- ce que tu fais la ?'' étaient évidemment à ne pas dire (si cette fille était sur les rails, c'était qu’elle attendait que le train passe et détruise sa vie en même temps que son corps) de même que ''ça va ?'' qui était une question idiote (si elle était là, c'était que ça n'allait pas). Elle choisit donc de dire :
- Tu ne devrais pas faire ça.
Pas de réponses.
- Non sans déconner, c'est pas cool pour ceux qui vont ramasser les morceaux de faire ça. Pis le train va rester bloquer un moment ici, des gens vont rager comme pas possible, être de mauvais poil et ça va se répercuter sur leurs entourages. Peut-être que ça amènera des conflits dans des familles
L'autre avait relevé la tête pour la regarder, ébahie. Cette note d'humour (noir) était tellement inattendue que la suicidante finit par dire :
-C'est tout ce que tu as trouvé pour que je bouge.
- Déjà tu parles, c'est un bon début... Non sans rire, il ne faut pas faire ça.
- Pourquoi ?
- Quoi ''pourquoi'' ?
- Pourquoi je ne devrais pas faire ça ? Qu'est ce qui m'en empêche ? C'est ma vie j'en fais ce que je veux. Si j’ai envie de mourir, ça me regarde et j'en ai le droit.
- Ouais mais...
- Quoi ? Tu vas me dire que la vie est belle ? Navrée de briser ton conte de fées, mais la vie est immonde (elle s’était légèrement dressée) elle est cruelle et seuls les forts peuvent survire dans ce monde injuste. Moi je suis faible et tôt ou tard je vais disparaître. Si ce n'est pas cette nuit, ce sera la prochaine. Là, j’ ai la malchance d'être tombée sur toi, mais tu ne seras pas toujours là pour m'en empêcher. Alors, maintenant, tu vas être gentille et dégager. Je ne veux pas vivre une minute de plus cette vie.
-Dommage, le prochain train ne passe que dans trente-six minutes. T'as encore trente-six minutes à supporter cette vie.
- Tu fais toujours des remarques comme ça ? C'est chiant.
- Bah vaut mieux en rire. Et puis pour ta gouverne, je n'allais pas te dire que la vie est belle. J'allai dire que j'allai te déloger ou appeler les flics pour qu’ils le fassent si tu ne bougeais pas de toi-même.
La jeune suicidaire garda le silence quelques instants, puis reprit sur un ton suspicieux
- Qu’est-ce que ça peut te faire que je sois réduit en purée au bout du compte ?
- J’ sais pas. J’ ai pas envie, c’est tout.
- Ouais mais moi, je n’ai pas envie que tu restes, que tu me parles et que tu me fasses des remarques.
- C’est con, je comptais faire les trois.
L'autre resta silencieuse à nouveau quelques secondes puis :
- Comment tu t'appelles ?
- Jade.
- T'es une drôle de fille Jade.
- On me le dit souvent. Et toi ?
- Quoi moi ?
- Tu t'appelles comment ?
- Agathe.
- Bon Agathe, voilà ce que je te propose ; tu vas te lever et venir avec moi.
- Pour quoi faire ?
- Marcher.
- Si tu crois que je vais te raconter ma vie, tu te trompes. Je déteste voir la pitié dans le regard des gens quand je la leur raconte.
- J ai dit ‘marcher’, pas parler. Et puis je m'en fous de ta vie.
-…
- Alors ? Tu vas voir, ça détend les balades nocturnes.
- Bon d'accord... Mais tu jures de ne poser aucune question.
- OK.
- Jure.
- Je le jure. Tu es contente ?
Agathe ne répondit pas et se releva. Elle monta sur le quai et regarda Jade dans les yeux. Cette dernière put s'apercevoir que la suicidaire devait avoir son âge. Ses longs cheveux noirs collaient à son visage mouillé par la bruine. De ses yeux tristes, Agathe continuait de la fixer.
- T'es vraiment une drôle de fille.
Le soleil pointait à l'horizon. Jade ne savait pas quelle heure il pouvait être. Mais elle s'en fichait un peu.
Comme elle l'avait dit, elle n'avait posé aucune question à Agathe. Les deux filles avaient parcouru la ville de long en large. Elles n'avaient pas parlé. Finalement, elles arrivèrent devant la maison de Jade.
- Viens. Dis la rouquine.
- C'est chez toi ?
- Oui.
- Et t'es parents ? Ils ne vont rien dire si tu ramènes une inconnue chez toi de bon matin ?
- Ils sont déjà partis bosser.
- Pas de frère ou soeur ?
- Non.
- Bon d'accord, je rentre... mais c'est bien parce que j’ai froid.
Elles entrèrent dans la maison déserte. Arrivées au salon, Agathe se laissa tomber sur le canapé. Jade se planta devant elle et lui dit :
- Tu as soif ?
- Un peu.
- Qu'est-ce que tu veux boire ?
- Un truc fort.
- Ouais, de l'alcool quoi. Tu veux quoi ?
- Ça dépend, tu as quoi ?
- Plein de trucs. Mon père est alcoolique, alors il a ses réserves.
- Bon bah, vodka.
- OK.
Elle lui rapporta un verre que l'autre s'enfila cul sec.
- Sacrée descente.
- Ouais je sais. J’ai l'habitude.
- Qu'est-ce que tu veux faire ?
- De quoi ? Oh, je te rappels qu’on se connait depuis quelques heures, ce n’est pas un peu tôt pour faire comme si on était bonnes copines. Déjà que tu me ramènes chez toi comme ça.
- Tant qu’à être ici, autant faire quelque chose.
Agathe soupira puis, vaincue, déclara.
- Je ne sais pas, tu proposes quoi comme activité ?
-Tu veux qu’on aille sur l'ordinateur ? Je dois avoir quelques jeux qui traînent dessus.
Agathe sembla soudain avoir une révélation soudaine.
- Tu n'es pas censé avoir cours Jade ?
- Si.
- Et… ?
- Pas envie d’y aller.
- Je vois.
- Donc je répète, tu veux que l'on aille sur...
- Non, j’ ai passé trop de temps sur l'ordi ces derniers mois, je sature.
- Bon... Tu fumes ?
- La cigarette ?
- Je ne pensais pas à ça à vrai dire.
Le visage de la brunette s’éclaircit un peu.
- Ça fait des mois que je n’ai pas pu en avoir.
- Viens, c’est dans ma chambre.
Elles montèrent à l'étage dans la chambre de Jade. Agathe resta quelques secondes à observer la décoration de la pièce puis s’assit sur le lit tandis que sa rousse comparse s’emparait d’une petite boîte cachée derrière une pile de livres et commença à préparer le joint, toujours de son air blasé.
- Si on m’avait dit hier soir que le lendemain, à cette heure-là, je me fumerai un pétard, j’aurai ri jaune.
Jade ne répondit rien, n’esquissa même pas un sourire.
- Charge le bien. Ordonna presque la brune.
- C’était bien mon intention.
Une fois fini, Jade contempla un instant son oeuvre, puis tendis le joint à l’autre en même temps qu’un briquet.
- A toi l’honneur.
Quelques minutes après l’allumage, les deux filles, allongée côte à côte sur le lit, se laissaient lentement gagné par les effets de la drogue. Jade se dit brièvement qu’elle l’avait peut-être trop chargé avant qu’une autre pensée vint remplacer la précédente.
Les esprits et les corps s'abandonnèrent peu à peu à un monde de sensations factices, mais au combien agréable. Jade finit par se blottir contre Agathe, la chaleur de cette dernière augmentant la sensation de bien-être de la rousse. Agathe commença à lui caresser le crâne. Une demi-heure passa ainsi, dans la torpeur et la tendresse.
Agathe demanda soudainement
- T as déjà songé à mettre fin à tes jours ?
Un peu hagard cause de la drogue, Jade mit un temps à répondre.
- Oui
Cette réponse courte ne sembla pas satisfaire la curiosité de la brune qui hocha la tête pour la pousser à continuer.
- ... Mais finalement non.
- Pourquoi ?
- Peur de regretter.
Agathe eut un petit rire.
- J’ignore ce en quoi tu crois, mais en suivant mes croyances, tu n'aurais pas la possibilité de regretter ton acte
- Non je ne parle pas d’après la mort, je pense plutôt au moment entre le geste final et la mort et...
Jade sembla réfléchir à son argumentation
- ... Je crois que j’ai peur d'avoir peur en fait. Entre le moment où...Je ne sais pas, où je sauterai, trancherai une veine ou prendrai tel ou tel truc et l'instant où je vais mourir... J’ ai peur d'être prise de panique, de vouloir brusquement stopper tout, de regretter, mais de ne pouvoir rien faire. Je ne sais pas si je suis très claire, mais je pense que c'est ça... Peur d'avoir peur et de regretter.
Une bonne minute de silence
- Pis mourir, ça à beau être une option c'est... Je ne sais pas, quand t'es bloquée contre un boss dans un jeu, si tu éteins la console et que tu n'y rejoues plus, t'as quand même pas vaincu le boss.
Jade éclata de rire.
- Bordel, la vieille comparaison que je viens de faire !
Sa collègue de fumette se mit à rire également et se recolla contre la rouquine.
Jade eut du mal à suivre la conversation qui suivit tant elle était loin dans ses pensées. Elle se souvint vaguement des questions de la suicidaire, mais pas de ses réponses Agathe fit enfin une remarque qui la tira de sa torpeur
- C'est à toi le piano ?
Jade rit
- Non, c'est au fils des voisins. Je lui ai tiré.
- T'es bête.
- Je sais.
- Tu sais en jouer ?
- Oui.
- Tu voudrais bien m'en jouer un peu ?
- Dans mon état, je ne suis pas sûr d'arriver à faire grand-chose.
- Pas grave ça. Je voulais juste t'entendre un peu jouer.
- S’il n’y a que ça pour te faire plaisir…
Elle s’installa devant l’instrument, caressa les notes du bout des doigts.
Tu sais, reprit Jade, quand je joue, j’ai l’impression que tous mes problèmes, toutes mes peines, mes inquiétudes s’envolent. Comme si cela endormait la douleur.
Alors apaise la mienne.
D’accord… Agathe.
Elle avait prononcé le prénom de sa convive presque amoureusement, ce qui l’étonna elle-même.
Et la rousse commença à jouer. Ses mains se baladaient sur le clavier, appuyant sur des touches au hasard. Après quelques minutes à jouer au hasard, elle trouva finalement une mélodie, qui ressemblait à une berceuse. Comme à chaque fois, Jade perdit pied avec la réalité. Elle oublia tout, y compris Agathe. Elle était partie dans son monde. Ses doigts tremblaient un peu sous l'effet de l'émotion. Les notes résonnaient dans la pièce. Elles semblaient tangibles, Jade avait l'impression de les voir défiler devant ses yeux. Elle se sentait bien.
Combien de temps joua-t-elle ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Le temps n’était plus qu’une notion abstraite et sans aucune importance.
Quand elle arrêta, elle resta quelques minutes à fixer le vide. Chaque fois que ses mélodies se terminaient, elle se sentait triste. Parce qu’elle avait quitté son monde, parce que ce magnifique moment était mort. Elle était incapable de refaire ce qu’elle venait de jouer. La mélodie était perdue pour l'éternité.
Elle se tourna vers Agathe. Cette dernière la regardait, une expression indescriptible sur le visage. Quand elle parla, sa voix tremblait légèrement.
- Tu peux refaire ce que tu viens de jouer ?
- Non, je ne peux pas.
- Je vois...
Les deux filles restèrent silencieuses durant un laps de temps qui leur sembla durer des heures. Jade ne savait pas quoi faire. Soudain, elle sentit les bras d'Agathe s'enrouler autour de son corps. Cette dernière murmura :
- J’ai envie de toi. Là, maintenant.
Jade se retourna, surpris par cette déclaration. Elle le fut encore plus quand Agathe posa ses lèvres sur les siennes. Mais la surprise passa vite, laissant place à une envie jusque-là inconnu pour elle ; le désir.
La chaleur ne diminua pas quand Agathe lui retira son T-shirt. Elle brûlait de l’intérieur. Seul les caresses de sa partenaire semblaient pouvoir atténuer la puissance de ce feu.
Jade n’avait jamais fait ça. Avec personne. Cette sensation de découverte augmenté son plaisir.
Corps brûlant contre corps brûlant. Le paradis est brûlant.
Quand Jade se réveilla, elle était seule dans la chambre. Elle se rhabilla et sortit.
Il était midi passé.
La maison était calme. Pas un bruit. La jeune fille descendit pour voir s’il y avait des traces du départ de son invitée. Non, ses chaussures étaient toujours là. Elle n'avait pas quitté la maison. Mais où était-elle ?
Jade se dirigea vers la salle de bain. Mais elle n'entre pas. La lumière de la pièce était allumée.
Jade resta devant la porte, une boule ce formant dans son ventre. Elle avait un mauvais pressentiment. Après plusieurs minutes d'hésitation, elle poussa finalement la porte.
Le spectacle devant elle la pétrifia.
Agathe était dans la baignoire.
Les veines des poignets tranchés.
Morte.
Jade eut un haut les coeurs. Elle lutta contre l'envie de vomir. Elle tomba à genou. Finalement, elle ne vomit pas, mais sa tête tournait. Elle resta de longues minutes au sol.
Quand elle put se relever, elle contempla le corps de sa ''camarade'' qui était d'une pâleur fantomatique. La baignoire était remplie de sang. Le couteau avec lequel elle s'était tuée gisait entre ses jambes. Ce qui choquait le plus Jade, c'était le petit sourire d'Agathe, un sourire de bien être, comme si elle était morte heureuse.
Jade vit qu'il y avait un papier dans la main droite de la suicidée. Un message d'adieu ?
Elle le prit (avec difficulté, le corps commençant déjà à durcir) et le lu.
C'était bien ça.
''Jade.
Je te l'avais bien dit que tu ne pourrais pas tout le temps être là pour m'arrêter.
Mais je pars heureuse.
Merci pour ces moments que tu m'as fait vivre, j’ai beaucoup apprécié.
J’ai été heureuse ces quelques heures en ta compagnie
Si tu décides de continuer à vivre, continu le piano. Tu as du talent.
Cette mélodie que tu as jouée pour moi a apaisé mon âme.
Si tu décides de mourir...
Sache que la mort n'a rien d'effrayant.
En tout cas, merci.
Agathe
PS
Désolé d'avoir dégueulassé ta salle de bain.
(Tu vois, moi aussi, je peux faire de l'humour dans une situation à la con.)''
Jade sortit de la salle de bain. Elle monta dans sa chambre. Elle pleurait.
Instinctivement, elle s'installa au piano.
Elle appellera les flics plus tard.
Elle était tellement fatiguée.
Pour l'instant, tout ce qu’elle voulait, c'était apaiser son âme, elle aussi.
Elle joua.
Aussitôt, tout s'envola. Elle repartit dans son monde.
Et elle aurait voulu s’y perdre pour l'éternité.
La musique est la clé vers le bonheur.
Annotations
Versions