Fournaise 3
— Bien, Monsieur, je reprends un peu mon souffle avant, si c'est possible ?
— Oui, bien sûr, assieds-toi sur le rebord du lit, tu es à quatre pattes depuis une éternité. Je vais d'abord t'enlever ta culotte.
Je saisis le textile intime et finis par le faire glisser le long de ses jambes pour le garder dans ma main. Une fois assise, je pus voir que sa poitrine était trempée de sueur, tout comme son visage. À cette vision, je me rendis compte que j'étais dans le même état sous mon t-shirt et mon pantalon. Nos corps subissaient l'assaut inarrêtable de la chaleur et de nos pulsions.
Sa poitrine se soulevait au rythme de ses grandes inspirations. J'aurais bien proposé deux verres d'eau fraîche, mais j'aurais dû sortir de cette chambre et cette chambre, tant qu'elle restait fermée, était une bulle, loin de tout. Un cocon charnel, embrumé de chaleur corporelle et de cette lumière brûlante. Ici, Estelle était nue et moi habillée, sa culotte trempée dans ma main. Nous n'étions que tous les deux dans cet univers. Ni elle ni moi ne voulions briser cet instant en ouvrant la porte pour de simples verres d'eau.
Pour seul rafraîchissement, je lui offris sa culotte moite sous son nez, prenant bien soin de placer le textile qui était en contact avec son sexe en priorité sous ses narines.
— Prends de grandes inspirations et souffle.
Estelle s'exécuta sans bouger, sa poitrine dansant au gré de ses longues respirations. Assouvir un plaisir aussi primaire de domination sur les sens d'Estelle était tout à fait plaisant. Je laissai la situation durer de longues minutes avant de retirer le tissu intime et de le lancer négligemment dans un coin de la chambre.
— Désolé pour la digression. On parlait d'orgasme profond, je crois.
— Oui, Monsieur. L'orgasme profond, c'est plus compliqué, plus long, c'est une déconnexion totale due à un plaisir intense.
— Et comment l'atteint-on ? Je suppose qu'une simple digression ne suffit pas.
— Non, Monsieur, en effet. Disons qu'il faut deux paramètres essentiels. Une confiance totale en mon maître, créant un espace de soumission et d'humiliation dans lequel je peux me laisser aller sans aucun risque.
Estelle marqua une pause, comme hésitante.
– Si tu n'es pas prête ou que tu n'as pas envie, le deuxième point peut attendre.
– Ah non, c'est juste que je me disais que vous aviez créé cet espace en moins de temps que personne ne l'a jamais fait. Je m'égare, le deuxième point, c'est la douleur.
Tous les compliments étaient bons à prendre pour mon ego, pas forcément au mieux de sa forme depuis quelque temps.
— Merci. La douleur, quel type de douleur ?
— Toutes !
La réponse fut cinglante et rapide. La douleur, cette garce du plaisir. Deux sensations opposées qui peuvent se marier pour créer un plaisir unique. Malheureusement, une fois l'union célébrée, il est bien difficile de revenir en arrière sur des plaisirs plus simples.
Je posai une main sur sa poitrine humide de transpiration, fis glisser son téton entre deux doigts, puis commençai à resserrer mon emprise en tenaille.
— Sois plus précise, je t'en prie.
Elle expira bruyamment sous cette nouvelle sensation de brûlure.
— La douleur, c'est mon espace de soumise. J'ai besoin de la subir. Coups, fessées, morsures, brûlures, j'en ai besoin dans mon plaisir. C'est mon déclencheur et avec le temps, j'ai appris qu'il n'y a pas vraiment de limite tant que je suis avec un maître de confiance.
Je fis une rotation avec mon emprise sur son mamelon, lui arrachant un gémissement. Sous cette douleur, je sentis sa peau devenir encore plus chaude et transpirante.
— Sans limite, c'est vaste et dangereux, dis-je.
— Oui, c'est pour ça que le premier point est primordial, pouvoir abandonner totalement mon corps à mon maître.
Je positionnai ma main libre sur son deuxième sein de la même manière que l'autre. Sa respiration devenait saccadée et Estelle ne me lâchait pas du regard, la lumière orange de la lampe dévoilant un regard empli d'un plaisir que je n'avais que rarement vu chez une soumise.
– Tu cherches finalement un maître avec lequel tu peux t'abandonner sans limites à tes plaisirs.
– Oui, monsieur.
Sa voix tremblait légèrement, mais elle essayait de garder une assurance tout à fait remarquable face aux torsions et aux pincements que je faisais subir à ses tétons gonflés de plaisir.
– Intéressant, une telle envie de lâcher-prise total. On s'égare, on s'égare, mais on n'a toujours pas parlé de ton sexe dans tout ça.
Je relâchai d'un coup l'emprise sur sa poitrine, lui arrachant un cri de surprise et de douleur avant de me mettre à genoux entre ses jambes. Puis je la masturbai en faisant des ronds sur son clitoris. Enfin, je suppose, il faisait sombre et c'est plutôt bien caché ces choses-là. À la vue des rapides contractions de ses cuisses, je n'étais pas loin en tout cas. Je m'arrêtai ensuite d'un coup sec. Laissant voir une rage de frustration l'espace d'un instant sur son visage rougi par la douleur, la chaleur et le plaisir.
— La pénétration, on en a déjà parlé tout à l'heure, dis-moi tout le reste pour ton sexe.
— Ça peut paraître étrange, mais en soumission, mon sexe est la propriété de mon maître, je considère ne plus avoir de pouvoir dessus.
— Pourquoi étrange ?
— Si vous voulez que je sois épilée, c'est vous qui devez le faire. Pareil pour la douche, si vous êtes là, je vous laisse me laver le sexe. Pour uriner, c'est vous qui me dites si je dois m'essuyer. En fait, tout, je ne veux plus avoir à réfléchir à propos de mon sexe en soumission.
C'était finalement la première fois, de tous les entretiens que j'avais faits, qu'une personne cherchait une telle soumission. J'avais déjà croisé, dans certains couples, cet abandon total du corps et de la sexualité et, pour le coup, ça me faisait un peu peur à genoux devant son sexe.
— Du coup, quel est ton rapport au consentement en soumission si tu donnes autant de pouvoir ?
— J'aime dire que c'est mon safeword et ma signature sur mon contrat de soumise, Monsieur.
Je me relevai, essayant de garder la face au vu de ses dernières révélations. Dans cette chambre brûlante, après sept ans, Estelle avait développé une envie de soumission et d'abandon très puissante, tandis que moi, j'avais passé ces années loin de tout cet univers. Serais-je seulement à la hauteur ?
— Je crois qu'on a bien fait le tour de tes attentes et de tes envies. Je vais faire un résumé pour être sûr que j'ai bien tout compris et tu m'interromps si jamais je me trompe.
Je me positionnai de nouveau face à elle.
— Bien, Monsieur.
À peine eut-elle fini sa phrase que je la poussai sur le lit à la renverse, ce qui la fit pousser un cri d'étonnement. Je saisis ses hanches pour la retourner sur le ventre sans grande délicatesse avant de relever ses fesses. Qui, dans un mouvement de provocation, elle bombait avec toute la malice qui pouvait caractériser une soumise. Une provocation accueillie par une volée de fessées au claquement étouffé par la chaleur et ses cris. Mes mains étaient brûlantes, mais moins que la peau rougissante de ses fesses. Une chaleur soudaine chassa les doutes de mon esprit. Dans cette montée de chaleur soudaine, j'enlevai mon t-shirt noir trempé.
Je saisis ses cheveux et tirai dessus, la mettant à genoux sur le lit et la plaçant contre mon torse. De ma main libre, je claquai ses seins, rougissant instantanément aussi vif que ses cris, puis approchai ma bouche de son oreille pour lui murmurer.
– Tu cherches une soumission extrêmement forte et sans concession. Tu es une soumise qui donne beaucoup, mais attend énormément de son maître. C'est bien ça ?
— Oui, Monsieur, souffla-t-elle avant que ma main libre ne se mette à pincer de nouveau son téton.
Ainsi collée à mon torse, je sentais tous les mouvements de son corps, ses frémissements, ses contractions, sa peau collante contre la mienne. Cette contrainte de proximité était tout à fait délectable, ce lâcher-prise qu'elle m'offrait.
— La soumission, c'est au-delà de la pratique pour toi. Ce n'est pas juste une sodomie, une faciale et j'avale. Non, c'est une action complète, un procédé à long terme, un laissé-aller. Te sentir petit à petit entièrement possédée par ton maître. Pour cela, il te faut une confiance totale en ton maître et qu'il respecte ton statut de soumise.
Oui, des fois, j'aime bien m'entendre parler pendant les entretiens du rôle de ce Monsieur un peu prétentieux. À la suite de cette phrase, je tirai un grand coup sur son téton avant de la relancer sur le lit, étouffant son cri dans la couette.
— Je suis toujours dans le vrai ?
— Oui, Monsieur, dit-elle en relevant la tête.
— À quatre pattes et bien cambrée, je te prie.
Elle s'exécuta toujours avec sa provocation habituelle, les fesses bien bombées, les jambes légèrement écartées. Le pouvoir de soumission me grisait toujours autant, là, je l'avais complètement à ma disposition.
— Dans le respect, je dirais que tu attends deux choses, une présence dont tu sais que ton safeword sera respecté dans tous les cas. Et deuxièmement, tu attends de ton maître qu'il respecte ton corps, autre que juste pour te baiser. Tu attends de l'attention, des after-care. Un maître qui n'a pas honte de te lécher pour te faire plaisir, un maître qui te considère dans ton entier et pas seulement comme une chose à faire crier et un déversoir à foutre.
— Oui, Monsieur.
— Bien, ai-je oublié des choses ?
— Non, Monsieur, je ne crois pas.
Je claquai ses fesses d'une grande fessée plus douloureuse que prévu pour ma main et tout aussi douloureuse pour elle, au son de cris aigus de surprise et de douleur. Puis, de mes deux mains libres, je saisis du bout des doigts ses lèvres intimes.
— Il faut être sur, Estelle.
Je commençai à pincer son intimité qu'elle m'offrait dans cette position. La réponse de son corps fut immédiate, contractant tous les muscles de son dos et de ses cuisses, accompagnés d'un gémissement long et puissant.
— Non, c'est tout bon, Monsieur, vous n'avez rien oublié.
— Je desserrai le pincement effectué par mes doigts devenus trempés.
— Reformule mieux, je t'en prie.
Une certaine incompréhension la parcourut.
— Non Mons… Un cri l'empêcha de finir sa phrase, pinçant son intimité comme ses mamelons.
— Reformule mieux, je t'en prie.
Elle souffla, gémit, trembla. Dans cette position, je pouvais voir la cohabitation de son plaisir et de la douleur sur son sexe qui n'était qu'une éruption de cyprine.
— Non, Maître, vous avez compris ma façon d'être votre soumise.
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