Cuisine 3
Cinq années de cauchemar, deux années de procédure judiciaire, et là, à cet instant, une allégresse de pouvoir revenue soudainement efface une morosité latente de mon esprit.
On ne se connaissait que par de longs messages et discussions virtuelles et un ensemble de mauvais timing faisait qu'on ne s'était jamais rencontré. Et cette rencontre était plus une bouteille à la mer entre deux personnes un peu perdues par la vie. On était sûrement en train d'essayer de se guérir de la pire et de la meilleure façon à nos yeux. S'abandonner à un jeu qui pousse et met en exergue les blessures, soigner en se brûlant encore plus. Redevenir dominant après avoir vécu le pire, ce que la domination peut-être dans une relation abusive. Estelle redevient une soumise en freeuse pour affronter sa soumission.
Et là, j'avais un consentement sans limites, je n'avais qu'une peur en moi, et si je devenais ce que j'ai combattu pendant deux ans en justice, si je devenais ce bourreau pour Estelle.
Et si je foirais tout, si je la blessais encore plus.
Le genre de question totalement absurde qui pouvait me parvenir alors qu'Estelle était là, allongée sur la table, m'offrant entièrement son corps, plus précisément son sexe, qu'elle m'offrait à ma demande. Un psy serait sûrement bien plus efficace, à ne pas en douter, pour soigner mon cerveau. À moins que…
Ici, entre ses jambes transpirantes de ce jour de canicule, il y avait une autre vision de l'avenir qui germait dans mon esprit ; et si je devenais meilleur et si je n'étais pas comme ça, si au fond, j'étais juste moi. L'idée était un grain de lumière au loin dans mon esprit, faible certes, mais j'avait une envie de m'accrocher, de ne pas sombrer. Devenir un dominant bienveillant, ne pas devenir un monstre absurde voulant se prouver une virilité dénuée de sens.
Cette lumière, il va falloir la faire grandir, rayonner pour effacer l'ombre lancinante de mon esprit. Et j'avais une certaine idée de comment arriver à cette fin. Faire jouir Estelle était l'opposé de la domination mécanique, dure, froide et brutale. Mettre en place une domination basée sur son plaisir.
Et j'étais plutôt au bon endroit à cet instant de doute. Enfin, c'était surtout la contraction de la cuisse d'Estelle qui me fit ressortir cette réflexion étrange à cet instant tout aussi étrange. J'avais, sans m'en rendre compte, posé ma tête sur l'intérieur de sa cuisse et une de mes mains jouait avec ses lèvres intimes. Se soigner par le SM, allez, pourquoi pas… Ça sonnait absurde, semblait absurde, mais y avait-il quelque chose de pas absurde à ce moment dans ma tête… Je ne crois pas. Alors, j'avais décidé de plonger dans cet absurde jeu pour tenter une absurde guérison pour des blessures loin d'être absurdes.
Et je me rendis compte que je faisais sûrement subir un terrible moment de doute à Estelle, obligée de révéler son sexe qu'elle détestait pendant une si longue période à la lumière du jour de cette cuisine. Dans la chambre, la lumière était rare et brullante, ici, elle ne pouvait rien cacher, jambes écartées, mon visage à quelques centimètres de sa chatte.
Son plaisir perlait sur sa pilosité intime et coulait sur ses fesses et son anus, dire qu'elle mouillait abondamment était presque un euphémisme. Voir cette rivière de plaisir était magnifique, je trouvais. En fait, tout ce qui était lié à son plaisir était sublime.
Je ne pus m'empêcher de laper ce plaisir ruisselant de ma langue sur ses fesses encore rouges. Je n'avais pas foncièrement de kink précis sur les odeurs et les sécrétions intimes, c'était plus quelque chose d'excitant naturellement chez moi, c'était l'intime. Mais le fait qu'elle n'aimait pas tout ce qui touchait à son sexe me mit l'idée en tête d'aller explorer tous les plaisirs liés à cet univers, de comprendre mon excitation de toutes ses sécrétions de l'interdit.
Et je n'avais clairement aucun mal à m'abandonner à cet univers, la cyprine étant extrêmement excitante pour moi, le liquide du plaisir, la mouille, à la texture sirupeuse, au goût neutre, je pourrais jouer avec, la lécher des heures durant. Le plaisir de jouer avec son excitation.
Plus intenses et plus étranges, les odeurs de sexe ne m'ont jamais dérangé, elles m'ont toujours paru comme étant normales, faisant partie de la sexualité. Mais je pouvais comprendre les craintes d'Estelle sur l'odeur, moi-même me servant souvent en soumission de l'odeur de mon sexe en fin de journée comme punition humiliante à sentir et à lécher. Humiliation que j'avais reprise d'une maitresse qui faisait de même avec ses soumis il y a longtemps, elle était coach sportif et tous les soirs son soumis la lavait. C'était il y a plus de dix que j'avais parlé à cette maitresse. Mes pensées se perdaient tout comme ma bouche sur son sexe. Ça va être long de se guérir du passé, des blessures, mais j'allais faire de mon mieux.
Ici, finalement, j'étais le maitre. C'est moi qui choisissais de la gouter, de la sentir, même après toutes ses heures dans la chambre, les ruisseaux de mouille. Et la seule chose qui me venait à l'esprit et dont j'étais sûr, c'était que j'allais devenir accro à ce torrent d'hormones.
Tout comme aux jets de ses éjaculations lors de ses orgasmes, elle ne résistait guère au combo succion du clitoris et sodomie avec deux doigts. Il va falloir une autre feuille pour écrire le contrat, celle sous ses fesses était trempée.
Dans un souffle court et murmuré, elle réussit à dire un merci, maitre.
- Quand tu pourras remarcher, il faudra une autre feuille, je crois.
Oui, c'était excellent pour mon égo de voir ses jambes tremblantes, ne pouvant clairement pas la soutenir pour le moment. C'était bêtement excellent pour mon cerveau embrumé et laissait paraitre de futures éclaircies.
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