Cuisine 4
Estelle reveneait de la pièce d'à côté avec un nouveau paquet de feuilles de papier sec. Tout comme la table essuyée avec soin quand ses jambes avaient arrêté de trembler. Elle s'assit sur la chaise, prit le stylo et attendit mon ordre. Comme si de rien n'était et nous reprenons notre discussion de la même manière.
— Quel type de contrat veux-tu ? Court, long, verbeux, protocolaire ?
— Tant qu'il y a les safe words et les interdits, tout le reste, c'est votre choix.
— Extrêmement vulgaire et absurde ?
— L'idée me plaît pas mal, maître.
— On va donc partir sur une improvisation, tu peux écrire.
Soumise, chienne, salope
Tu seras mienne, ton corps sera mien, ta bouche mon déversoir, ta chatte mon aire de jeux, et ton cul ton lieu de punition. Ton plaisir, tu devras l'oublier, ton seul devoir sera de me servir, de me satisfaire.
À ce compte, savoir que mon plaisir sexuel est assouvi sera ta première priorité. Ne t'en fais pas, tu n’auras aucune décision ou initiative à prendre, juste à obéir à mes désirs. Tu conviendras donc que je n'en ai rien foutre de ton plaisir. Oublie les orgasmes d'un rapport passionné ou d'une baise d'un soir. Les seuls orgasmes que tu auras, c'est si je te l'autorise. C'est rare et implique une soumission totale.
Soyons clairs. Ton cul sera défoncé, ton visage recouvert de foutre, tu avaleras, tu lècheras. Ta chatte sera ta récompense si je daigne l'utiliser. Si t'es sage, soumise, je te lècherais, doigterais, voire pénétrais, mais n'y mets pas trop d'espoir.
J'assouvirais mes fétichismes sans gêne, tu ne seras qu'un réceptacle à mes plaisirs. Les tiens, je les connais, et ne l'ai assouvirai que quand tu seras la plus soumise des salopes que j'ai eues.
Respecte tes devoirs, accomplis tes corvées et tu seras satisfaite. Échoue et tu apprendras à aimer le fouet, qui claquera sur ta chair nue.
Tu as trois devoirs principaux.
– Ta bouche : toutes tes phrases finiront par « maître », c'est ici que je t'inculquerai les bonnes pratiques et le bon comportement. J'imprimerai les règles directement dans ta gorge, c'est ici que je me viderai les couilles, c'est ici que tu lécheras ma bite sale, ta mouille, la sueur et mon cul.
– Ta chatte : elle représente ta dévotion, ta soumission, sois sage et ton clito vibrera, déçois-moi et je l'oublierai.
– Ton cul : lieu de punition, à l'inverse de ta chatte, il ne sera pas oublié. Si tu me déçois, je le défoncerai encore et encore jusqu'à ta soumission totale.
Sache que ton corps de femme ne t'appartient pas. Si tu es une bonne soumise, alors tu auras droit à ton corps comme tu le souhaites. Sois désobéissante et tu seras une poupée épilée, pluggée et souillée.
Soumission : Freeuse 24/24
Safe Word : Yaourt
Si tu ne peux pas parler: trois tapements répétés avec la main ou le pied
Dernier recours : Fredonner « I like to move it »
Interdits : vomi et scatophilie
Maître : ......................... Soumise : .........................
Elle rit en relevant la tête.
-Plutôt inspiré, maître, dis donc, il me plaît beaucoup ce contrat.
– Parfait, vulgaire et absurde avec les informations principales à la fin. Je te laisse autant de temps que tu veux pour le signer, enfin, si tu veux, bien sûr.
Elle se pencha sur la table et le ratifia sans sourciller. Relevant la tête fiere.
— Voilà qui est tout réfléchi, maître.
Je me penchai sur la table et signai la partie maître. J'étais à la fois excité et effrayé, on allait où avec ce jeu.
— Les chances qu'on fasse tout trop vite et qu'on se plante sont élevées, non ?
— Oui, maître, mais j'ai envie d'essayer.
— Pareil, j'avoue avoir envie d'essayer, pour voir.
On était un peu bêtes dans la cuisine. Elle assise, moi debout à côté, ma main sur son cou moite, de transpiration autant que de la chaleur étouffante et que de nos jeux récents.
—Maître.
—Oui, soumise.
— Je peux venir chez vous ?
—Ça risque de faire un peu loin pour ton travail, non ?
— Je travaille pour un laboratoire au Japon, je suis en télétravail.
— Dans ce cas, oui, si tu te sens prête.
— Oui, maître, je pense, j'ai pas envie d'être seule chez moi.
Je me trouvais dans la même situation, mais trop fier pour me l'admettre, l'immensité de ma maison me pesait depuis la séparation. La suite fut un étrange ballet silencieux, parfaitement orchestré par deux quasi-inconnus. Je filais à la douche. Estelle fit sa valise la plus à l'arrache et rapide que j'ai jamais vue ; après coup, c'est elle qui se glissa dans la douche pour une longue période, pendant que j'attendais dans la moiteur du salon avec pour seule compagnie, le contrat signé et une tasse de café.
Mon esprit s'était longuement perdu, dans le doute, les questionnements, serais-je capable de gérer ma nouvelle soumise entièrement mise à ma disposition. Mêlé à l'extrême excitation de me dire qu'on allait explorer la phase de début de relation où les envies intimes sont au paroxysme avec une disponibilité totale de son corps.
C'était un débat sans fin et sans réponse dans son salon. Le son de sa voix me fit sortir de mes songes. Je ne l'avais même pas entendue rentrer dans la pièce, perdue dans mes pensées, elle était habillée, sa valise à côté. Sa tenue était une simple robe de couleur vive.
— Je suis prête, maître, dit-elle d'une petite voix. Sûrement assaillie d'autant de doutes que moi.
— Tu as peur ?
— Peur, non, assaillie de doutes, oui, et vous ?
— Pareil, c'est plutôt bon signe.
— Oui, je pense aussi, tu écoutes toujours de l'électro ?
— Oh, oui.
La musique des une heure de trajet fut tout trouvée, ainsi qu'une discussion sur les groupes, les festivals et les découvertes, jusqu'à la porte de ma maison.
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