Maison

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Si une phrase me vint à l'esprit en entrant dans ma maison avec Estelle à mes côtés, ce fut "Et maintenant ?"

Elle était là dans mon salon, qui reflétait bien mon esprit, un chaos total. Des vêtements un peu partout, des objets qui traînaient de ci de là. Le seul point positif était l'absence de vaisselle sale qui traînait, mais ça, je le devais plus à mon lave-vaisselle qu'à autre chose. Ce n'était clairement pas prévu que quelqu'un vienne chez moi.

— Ça ressemble étonnamment à mon appartement quinze minutes avant que vous n'arriviez chez moi, maître.

— C'est rangé ici, t'as pas vu ma chambre.

Je ris à ma blague plus par désespoir de cause en raison du travail que j'allais avoir à faire pour que ça ressemble à un lieu vivable à deux.

— Normalement, la chambre d'amis est bien rangée.

Sans lui faire visiter, je me dirigeai vers la première porte au fond du couloir du salon, c'était la chambre d'amis, un lit, une armoire et une salle d'eau. On aimait recevoir avec mon ex, enfin elle aimait recevoir, et j'avais passé un temps monstre à transformer cette chambre en suite parentale.

— Désolé, je te jette un peu dans cette chambre, j'ai honte de te présenter ma maison dans cet état. Je vais ranger vite fait. Prends ton temps pour prendre possession des lieux.

— Bien, maître.

Estelle était quelque peu déstabilisée par mon changement d'état, tout à fait compréhensible. Je fonçais vers le salon, réfléchissant à la façon de faire en sorte qu'il ressemble à quelque chose le plus vite possible.

Première étape, récupérer les vêtements et les lancer dans une machine avec une capsule. Je triais les t-shirts, les pantalons, tout était en boule partout. J'utilisais la méthode unique de sentir les vêtements pour savoir s'il y en avait un de propre, mais sans grand espoir, tout finit à la machine.

Il y avait un côté satisfaisant dans ce grand ménage, deux mois de laisser-aller sombre, alors que tout le monde me disait, "t'as gagné le procès, t'as la maison, la voiture, sois heureux". Heureux de quoi, de devoir reconstruire 7 ans de harcèlement et d'humiliation. Plus facile à dire qu'à faire.

Le plus honteux dans mon deuxième retour au salon fut de regrouper les canettes et bouteilles d'alcool qui traînaient. Seulement deux mois, autant de cadavres, c'était un électrochoc. En fait, je me cachais à moi-même tout ça en évitant de ranger, si je ne rangeais pas, ça n'existait pas ! Le déni en puissance. Tout fut mis dans un sac de la honte mis dans le garage.

L'aspirateur se remplit à une vitesse totalement absurde de poussière et de miettes, que je dus le vider deux fois pour finir de l'utiliser. Et la serpillère se rapprochait d'un film d'horreur tant l'eau devint grise rapidement.

Salon, salle de bain, toilettes, tout était un triste reflet de mon esprit embrumé. Ce rangement fut un médicament bien plus efficace que les plaquettes d'anxiolytiques prescrites à une dose cheval, "pour vous aider à dormir, monsieur" le regard sans compassion du médecin me frappa. J'étais devenu un cas désespéré, de ces gens qu'on assomme sans plus d'espoir.

Je ne vis pas le temps passer, et Estelle dut se sentir bien gênée dans la chambre d'amis en entendant le bruit que je faisais pendant tout ce temps-là. Ce n'était pas le plus beau rangement, et encore moins le plus efficace, mais il faisait illusion à mes yeux. Point positif de la canicule, le sol séchait plus vite que je ne passais la serpillère.

Je revins devant la porte de la chambre d'amis, honteux d'avoir accepté qu'elle vienne, voir ma déchéance. Pour une raison inconnue, je frappai à la porte. Elle ouvrit la porte en grand.

— Désolé, j'avais oublié que ma maison ressemblait à une porcherie. J'ai fait un peu de rangement et d'aération, c'était vital, je pense.

Elle avait un grand sourire plein de compréhensionn, l'opposé de l'image de mon médecin.

— C'est pas grave, maître, je vous ai un peu pris au dépourvu en venant chez vous.

— Oui, mais c'est pas une raison de se laisser sombrer comme ça et de présenter une maison putride.

— Putride, il ne faut pas exagérer, ça ne sentait que la bière frelatée, la transpiration et un relent de sperme refermé, Maître. Je suis plutôt bien placée pour comprendre, le fait de sombrer, c'est pas grave, la tête ça tourne pas toujours comme on le souhaiterait.

— Je te fais visiter, normalement, j'ai aéré ?

— Volontiers, maître.

En fait, le tour allait vite, ce n'était pas non plus la plus grande maison du monde ; un salon avec bar, cuisine fermée, deux suites parentales, dont ma chambre qui n'était pour le coup pas rangée, je ne m'attardai pas. Et la salle de bain avec la baignoire et la douche à l'italienne. Un garage faisant office de fourre-tout et de bric-à-brac.

— J'ai encore un peu de rangement à prévoir, je suis encore désolé.

— Maître, vous vous débrouillez très bien.

— Maître, un peu ridicule pour le moment, mais ça va me passer, j'accuse un peu le coup, je ne voyais pas la maison autant en bordel.

— J'ai un établi dans le garage qu'on peut mettre en bureau dans ta chambre pour travailler.

— Ah oui, ça peut être pratique.

Ca n'allait pas être le bureau le plus grandiose de la décennie, mais ça ferait l'affaire. À un détail près, j'avais mis le sac des cadavres alcooliques sur le bureau et les boîtes d'anxiolytiques aussi.

Je le déplaçai honteusement pour le mettre ailleurs.

— Le remède miracle à tous les problèmes, je l'ai eu pendant un moment, à long terme, ça ne marche pas trop.

— À court terme non plus, j'ai l'impression, je vais réorganiser ma tête, je pense.

— Je suis là pour ça aussi, on va le faire à deux, enfin essayer, c'est déjà un bon début.

— T'as raison, mettons pas la barre trop haute.

Le bureau de fortune déplacé et nettoyé, ça faisait chambre étudiante tout confort, en fait.

— Le loyer pour cette magnifique une pièce, c'est ton corps à ma disposition, soumise.

J'essayais d'éloigner le nuage noir de mon esprit. Elle fit tomber sa robe, dévoilant sa poitrine nue et une culotte noire sans fioriture.

— À votre disposition, Maître.

Nos regards se croisèrent avec un sourire sincère de nous deux, qui en disait long. Une empathie partagée de nos cerveaux embrumés d'un noir dur à chasser.

— Cire ou rasoir pour ta chatte et ton anus ?

Ma question la prit au dépourvu, je voulais retrouver l'ambiance du jeu SM en éloignant l'ombre de mon esprit.

— Si vous savez faire à la cire, alors cire, maître.

— Petite anecdote, en général, je m'épile les épaules, le torse, le pubis et l'anus à la cire tous les mois, mais on va dire qu'il y a eu un laisser-aller ces derniers temps.

— Un laisser-aller, je n'avais pas vu, Maître.

— Tout comme tu ne vas pas voir les 10 prochaines fessées pour arrogance, à quatre pattes sur le lit et baisse ta culotte.

Elle s'exécuta sans rechigner et accueillit avec des cris surjoués de douleur et de plaisir les claques qui faisaient rougir la peau de ses fesses. Elle avait un talent tout à fait étonnant pour jouer son rôle de soumise, docile et cambrée, les jambes légèrement écartées pour laisser son intimité à ma vue. À chaque impact, son corps ondulait et se contractait, et il était impossible de passer à côté du fillet de mouille qui coulait entre ses lèvres intimes. Les fessées à quatre pattes, une banalité SM réconfortante. En fait, des fois, les choses les plus simples font un bien monstre au cerveau, régressif et sans complication, juste des claques sur les fesses rougies d'Estelle, gémissant dans son propre plaisir régressif de soumise docile.

— Allonge-toi, jambes écartées, je vais chercher le matériel.

— Bien, maître, fit-elle en se retournant et en finissant d'enlever sa culotte.

Prendre soin de moi était mon seul repère de sérénité quand j'étais en couple, je prenais soin de moi en dehors de toute les agressions que je subissais. J'avais amassé pas mal de matériel au fil du temps. Pour l'épilation, je n'étais pas fan des poils repoussant avec un rasoir, j'avais appris à utiliser la cire. Tout le matériel était bien rangé dans une armoire de la salle de bain, j'avais trois cires différentes : une pour l'épaule, une pour le pubis et une pour l'anus. Je pris celle spéciale Intimité, ainsi que des huiles parfumées et des crèmes apaisantes.

Ce placard du bien-être me fit sourire, deux mois qu'il n'avait pas été ouvert, alors que pendant plusieurs années, c'était un de mes lieux de prédilection pour aller mieux.

Arrivé dans sa chambre, je branchai l'appareil à faire chauffer la cire et branchai un autre appareil à vapeur pour détendre les pores de la peau.

— Vous êtes équipé, Maître.

— Oui, j'aimais prendre soin de moi. Je suis plutôt bien équipé.

Allongée sur une serviette, la machine réchauffait les poils de son pubis et de son sexe. Je sortis chercher une surprise dans le salon, le temps que tout se réchauffe.

Je revins avec deux pinces à linge pour sa poitrine que je lui mis sans lui demander. Elle les accueillit dans un cri aigu tout à fait agréable à l'oreille. Ses petits cris de douleur légèrement aigus et surjoués étaient addictifs. Je branchais ensuite une enceinte connectée avec une playlist de trance psychédélique.

Entre-temps, je me mis à appliquer le liquide chaud sur ses poils intimes, je le fis de façon appliquée, je n'avais que rarement fait ça sur d'autres personnes, mais ça semblait pas plus dur que sur soi. Au moins, j'avais mes deux mains libres et je voyais bien ce que je faisais, m'évitant quelque manœuvre hasardeuse et position acrobatique pour m'épiler les fesses.

— Ça va ?

— Oui, Maître, plus besoin de salon d'esthéticienne avec vous.

Une fois la cire refroidie, arriva la partie délicate de retirer les poils, elle n'émit pas un cri, pas un gémissement.

— En plus, vous êtes vraiment doué, Maître.

— La flatterie ne t'amènera à rien, soumise.

— J'essaye quand même, Maître.

Je m'appliquais, j'aimais vraiment faire ça, en fait. Il y avait un côté pas besoin de réfléchir, juste faire une action mécanique, s'appliquer, faire bien une chose. Il y avait une sorte de plénitude qui m'envahissait. Son sexe se dévoilant entièrement à ma vue, au fur et à mesure que la cire était enlevée. Au dernier morceau de cire, je sentais une certaine fébrilité d'Estelle.

— Elle est entièrement à ma vue, c'est ça ?

— Entièrement, soumise.

— Avec mes grosses lèvres qui dépassent ?

— Je te le dirais autant de fois qu'il le faudra, mais ta chatte est magnifique. Soumise, déverrouille ton téléphone et donne-le-moi.

Je pris en photo son sexe en gros plan et le mis en fond d'écran.

— À force de la voir, tu vas finir par l'aimer.

C'était bêtement régressif, et avec le recul, probablement pas la méthode la plus efficace pour lui faire apprécier cette partie de son corps.

— À quatre pattes, que je t'épile les fesses.

C'était pas la position la plus pratique de ce que j'avais appris avec le temps, mais dans le jeu de soumission, ça allait très bien. Et clairement, c'était plus par principe, car elle n'avait que très peu de pilosité sur cette zone.

Ce fut rapide à faire, la seule chose qui fit que ça dura plus longtemps, c'était que je lui bouffais la chatte et le cul de longues minutes après l'avoir entièrement épilé. Au dernier morceau de cire retirée, un long fillet de mouille s'échappa de ses lèvres, je ne pus m'empêcher d'engloutir mon visage face à ma soumise offerte en permanence. La simple idée de mise à disposition de son corps m'excitait, la simple idée de pouvoir assouvir une envie aussi simple que la lécher car je le pouvais m'excitait. Pas d'orgasme ici, ni pour moi ni pour elle, juste un moment de mise à disposition utilisé dans le contexte du jeu, un moment intime sans concession. En me retirant, Estelle tourna la tête me regardant fière.

— Que cache ce regard de fierté ?

— Vous m'utilisez comme vous avez envie, j'aime être cette soumise à votre disposition, ça m'a excitée cérébralement à un niveau très haut le fait que vous me léchiez sans demander la moindre permission, vous avez eu envie et vous vous êtes fait plaisir, c'était intellectuellement très plaisant. Et vos coups de langue sont des plus plaisants aussi.

— Merci de ton retour, j'ai beaucoup aimé ce moment aussi dans la globalité.

J'appliqua plusieurs crèmes sur son pubis, anus, fesses, apaisantes, hydratantes pendant encore bien quinze à vingt minutes avant qu'on ne se retrouve dans le salon, elle nue, moi habillé. La soirée, en fait, la nuit, était bien entamée, il était une heure du matin, on avait quelque peu oublié le temps. Devant mon frigo américain, il y a peu d'options : un frigo rempli de bières et un congélateur rempli de plats tout prêts.

— Je peux te proposer de la cuisine du monde, j'ai indien, japonais, du bien français.

— Tout le rayon Picard, en fait, c'est ça ?

— Un très bon résumé.

— Va pour japonais.

Je sorti deux barquettes que je mis dans mon four micro-ondes.

— Accompagné d'un grand verre d'eau, maître, s'il vous plaît.

Elle fit un sourire à cette phrase.

— Une bonne idée, le grand verre d'eau, après plus de deux mois à boire tout le temps, ça me fera du bien un peu d'eau.

On mangea sur le bar du salon nos repas gastronomiques.

— Alors, cette journée, je réponds à tes attentes pour le SM ?

— Oui, largement. Re désolé, maître, d'être venu chez vous de façon un peu égoïste, je voulais pas être chez moi seul pour ne pas être...

Elle marqua une pause, cherchant ses mots.

— Te retrouver dans la même situation que ma maison en arrivant ?

— Oui, c'est un peu ça, je crois.

— T'as bien fait de venir, ça enlève un gros nuage noir de mon esprit.

— Un peu pareil, maître.

— C'est que depuis cette après-midi, mais niveau sexualité, soumise, ça va, je suis dans les clous, j'ai pas envie de faire de dérapage.

— Oh oui, maître, vous y êtes, c'est très intimidant pour moi d'être là, nue, entièrement épilée, face à vous habillé, c'est très excitant de devoir subir votre regard qui s'égare sur mes courbes et mon sexe.

Il faut bien avouer que mon regard s'égarait énormément sur son corps nu et surtout son sexe épilé.

—Tu veux que je sois moins insistant ?

— Non, ça va, c'est juste ma tête à chaque fois que vous regardez en bas, je me dis, il est dégoûté de voir ça.

—Il faut que je te re-bouffe la chatte pour te convaincre que non ?

Elle rigola de bon coeur à ma blague douteuse.

— Merci d'être là, maître, ça m'a fait un bien fou cette journée.

— Pareil, soumise, pareil.

— Et moi, je réponds à vos attentes, maître, dit-elle d'un ton guilleret, me regardant dans les yeux, en faisant un petit pas sur le côté, écartant ses jambes et faisant danser sa poitrine de manière volontaire.

— Oui, tout à fait, je prends possession de toi doucement, je joue avec mes craintes et mes envies, c'est très appréciable, je dois avouer.

— De crainte, maître ?

— Oui, j'ai un grand pouvoir sur ton corps, il faut que j'apprenne à le doser, à jouer avec, j'ai cette ombre dans ma tête qui peut me jouer de mauvais tours, je vais essayer de jongler avec tout ça, les trucs classiques en gros.

— Je vois, vous vous débrouillez très bien.

Nos deux repas finis et un tour rapide à la salle de bain fait, Estelle rejoignit sa chambre après m'avoir gratifié d'un « bonne nuit, maître » et je me retrouvais seul dans ma chambre en bordel. Dans ce bordel, je savais où se trouvaient deux bouteilles d'alcool et une plaquette d'anxiolytiques. Il ne fallut qu'un clin d'œil pour me rendre compte que les deux éléments se trouvaient déjà dans mes mains et cette ombre dans ma tête me hurlant « Vas-y, prends-les!».

Je frappa à la porte de la chambre d'Estelle.

— C'est chez vous, maître, pas besoin de frapper.

— Elle était dans son lit avec son téléphone.

— Je peux venir, ma chambre a besoin d'un grand coup de ménage.

— Je suis à vous, maître, vous n'avez pas besoin d'autorisation.

Je me glissai dans son lit chaud, elle dormait nue.

— Ça va, maître ?

— Oui, j'ai juste oublié quelques bouteilles et plaquettes dans ma chambre, c'est un peu compliqué d'y résister seul.

-Oui, je connais, c'est même au-delà de compliqué.

À vrai dire, il devait être deux heures du matin et je crois qu'on s'est endormis sans même s'en rendre compte dans la chambre d'amie, collés l'un à l'autre, nus.

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