Rountine
Il y a bien un chose d'aliénant avec le travail, c'est la vitesse à laquelle il impose une routine, horaire de réveil, douche, travail, rentrée, faire à manger, moment de repos et retour au lit. Malgré la nouveauté de notre mise en contrat avec Estelle, il a fallu moins d'une semaine pour mettre en place une routine entièrement réglée par les horaires de travail.
C'est une réalité tristement fataliste, mais dans notre cas, au final, ce fut plutôt une bonne nouvelle cette routine aussi étrange que cela puisse paraître. Quand on a le cerveau noyé d'ombres et d'idées parasites, la routine est un mécanisme de blocage puissant contre ces idées. Avoir un cadre, c'est rassurant, même extrêmement rassurant quand il implique une très grande dose de sexualité débridée. Dès le premier vendredi soir attablé au bar de la cuisine, on se dit que cette routine était sûrement un très bon point d'ancrage.
-Maître, cette semaine chez vous m'a fait un bien fou.
-Ta présence aussi, je t'assure.
On trinquait et buvait au coca, car il y a bien une certitude avec les addictions, il suffit d'une fois pour que tout le travail et les efforts s'effondrent en une gorgée.
-Je me sens plus féminine que jamais grâce à vous, maître, et vous avez presque réussi ma ligne de sourcils parfaitement.
-Pour une première, c'est un compliment pour moi, dis-je en rigolant.
-C'en est un, maître, et vous, ça va votre position de dominant ?
-Ça va, je prends mes aises avec ton corps et mon ego futile masculin remonte doucement.
-Une semaine et on est presque devenus des personnes normales !
-Au détail près de cette nuit où j'ai un peu craqué.
-Et moi, le soir où nous sommes allés chez moi, où vous m'avez interceptée avant que je prenne une charge de médicaments. J'ai bien dit "presque" normal, maître.
-Presque, c'est déjà un énorme plus par rapport à une semaine.
-Y'a une semaine, j'aurais été sous ma couette, shootée aux médicaments, à me toucher et à regarder des séries pour gratter une molécule de sérotonine, dit Estelle avec un sourire amer.
-Y'a encore du chemin, mais on progresse.
-Ça, c'est sûr, maître.
Nous avions besoin de nous motiver l'un et l'autre, malgré tous nos efforts, cette foutue noirceur attendait partout à chaque tournant, à chaque faiblesse de notre part. Mais grâce à une certaine communication, nous arrivions à prévenir l'autre pour quand ça n'allait pas, pour ne pas sombrer seul. Nous n'étions clairement pas sur des solutions médicamenteuses reconnues par la science, mais pour nous, ça marchait.
-Maître ?
-Oui, soumise.
-Petit débriefing de fin de semaine, j'aimerais vous entendre parler de vos sentiments et de moi.
Elle avait ce visage tout innocent et crédule.
-Effectivement, c'est sûrement une bonne idée. Il va aussi falloir parler toi aussi après..
-Vous êtes dur avec moi, mais je dirai tout, maître.
-Grâce à toi, j'ai beaucoup moins mal au dos et au cou, du coup, c'est parfait. Voilà.
Je fis une grande pause, soutenue par sa tête de moue, elle savait pertinemment que je jouais avec elle.
-Surtout le bas du dos, tu as fait des miracles.
-Vous le faites exprès d'être là !
-Possible, oui. Alors, je commence par quoi ?
Je faisais semblant de réfléchir.
-Disons qu'en une semaine, tu as fait envoler beaucoup d'insécurités de dominant et tu as énormément remonté ma vision de ma virilité, aussi bête que cela puisse être.
-Pourquoi bête ? Vous avez un aspect extrêmement viril dans votre façon d'être.
-Je reviens de loin, le simple fait que tu dises oui à tous les ordres sans jamais rien dire a un aspect très avilissant pour mon cerveau. Le fait d'être à fond dans ton rôle de soumise me fait un bien fou.
-J'ai signé pour dire oui à tout, maître.
-Oui, mais tu joues très bien ton rôle, même si ce n'est pas des ordres dominants, comme les facesitting le matin où tu m'étouffes. Le fait que tu le fasses sans juger, sans rien dire, c'est magique le matin pour éloigner les idées noires de la nuit. En fait, partout tu fais disparaître les idées noires, en ostéopathe très coquine pour les étirements, petie soumise se fesant fessées ou encors prendre soin de toi avec mon salon esthéticien improvisé, tout permet de chasser les idées noires. Et le fait de répéter le même rythme presque depuis lundi fixe les idées noires, bloquées par le cadre du temps.
Je marquai une pause.
-J'ai oublié des parties.
-Oui, vous évitez les passages bestiaux et votre ressentiment sur ce que vous me faites subir, maître. -C'est toi qui es dure avec moi là.
Elle avait raison, j'éludais toujours un peu la partie purement baise et séance, ce n'était pas facile de mettre des mots dessus, je trouvais.
-C'est étrange d'évoquer cela à voix haute, j'ai peur que cela sonne mal et déplacé.
-Je vous assure que ce ne sera pas le cas.
-Je sais. Disons que j'aime t'entendre avoir mal, j'aime te voir souffrir sous mes coups. A ne surtout ne pas sortir du contexte. Voir ton corps rougir, marquer de la douleur, ça évacue en moi un plaisir bestial de domination étrange. En fait, j'ai peur d'aller trop loin, de lâcher prise et de partir en live. Comme une bête à contenir, nourrie par tes cris de douleur. Du coup, je lâche cette bestialité dans des baises violentes, et je prends un pied monstre à te baiser comme un jouet, à te déshumaniser, à te transformer en trois trous qui gémissent. Ça gonfle un ego perdu, que j'ai un peu peur de laisser trop se développer des fois. C'est une limite excitante et effrayante que tu m'offres avec ton corps.
Elle avait les yeux pétillants, ne perdant pas une miette de ce que je disais.
-Je suis sur une corde sensible qui est un peu effrayante, mais à la fois excitante. J'aime ce que tu m'offres dans ta douleur et ton plaisir. Ton sexe qui explose de plaisir, ton cul qui se contracte quand tu jouis. J'aime pouvoir me lâcher sur toi et voir ton corps si réceptif. C'est plus précis ?
-C'est terriblement excitant de vous entendre parler de moi et de votre ressenti. C'est terriblement viril, un dominant avec des doutes, des questions, qui ne pense pas que tout lui est acquis.
-Ça va être à ton tour, et il va falloir des détails, du coup.
-Vous êtes sûr ?
-J'en ai bien peur, soumise.
-D'accord, maître. Premièrement, je dirais merci, maître, d'avoir réussi à me faire sentir belle, je commence doucement à apprécier mon corps et un peu ma chatte eu mon sexe.
-Tu peux parler librement.
-Merci maître, je me suis prise plusieurs fois à regarder le fond d'écran de mon téléphone que vous avez mis avec ma chatte et je me suis dit, t'es baisable.
Elle rit à sa bêtise.
-Même si dix minutes après, elle me répugne mais il y a des moments où je l'aime, c'est un exploit. L'envie de médicament est clairement de plus en plus compliquée à gérer, mais vous êtes extrêmement efficace pour faire passer leur envie. La routine mise en place depuis lundi, vous avez raison, c'est un cadre qui permet de me dire, il arrive dans une heure, dans une heure je serais prise comme une salope. Et ça me permet de tenir. D'expérience, la deuxième semaine de sevrage est un enfer, elle me fait un peu peur, je dois avouer. Je l'ai jamais passée. C'est faux, j'ai pas peur, je suis effrayée au fond de moi.
Je sortis mon téléphone sous son regard étonné, manipulai plusieurs boutons.
-Voilà. J'ai mis une semaine de vacances la semaine prochaine.
-Pour moi ?
-Oui.
Elle devint rouge pivoine.
-Il ne faut pas.
-Si tu dis que la deuxième semaine est la plus dure, alors pour moi aussi, ça va l'être. Autant que je sois là.
-Merci mille fois, maître.
-Ne me remercie pas trop vite, je risque d'être sur ton cul et ta chatte en permanence.
-Je préfère ça à retomber dans les médicaments.
-Tu peux continuer.
-D'un point de vue soumise et baise, j'adore votre calme apparent. Ça vous donne une présence excitante. Vous faites mine de rien et la seconde d'après, vous êtes sous mon bureau à me bouffer la chatte ou me fesser à me faire crier. Puis, vous redevenez normal comme si de rien n'était. C'est terriblement excitant cette aspect où vous pouvez exploser à tout moment. Après, dans l'acte, vous me laissez une latitude de salope tellement appréciable. Je peux me lâcher, jouir de douleur, de plaisir, c'est vraiment un abandon que vous me laissez extrêmement jouissif. Je mouille rien que d'en parler. Dit-elle en s'essuyant la cuisse. Je ne peux aussi que saluer votre retenue sur la baise pure. Vous n'êtes pas là à me pilonner des heures à chaque fois, c'est que quelques minutes, mais c'est tellement intense, brutal comme vous avez dit. Cette bestialité me fait sentir tellement impuissante, mais je suis en confiance. D'un coup, vous passez de normal à bestial, c'est jouissif au possible. Là-dessus, votre dosage est parfait. Entre séance où je ne suis que votre jouet et séance baise bestiale, j'aime beaucoup que tout ne soit pas centré que sur votre bite.
Elle prit une grande gorgée de soda.
-Pour la douleur, vous vous débrouillez à merveille avec vos ustensiles de cuisine, mais sachez que vous avez une énorme marge de manœuvre. Vous pouvez lâcher les chevaux, comme pour la baise bestiale, je peux encaisser bien plus. Elle sourit avec malice. En fait, ça fait longtemps que je n'ai pas été aussi sereine dans mon rôle de grosse salope soumise. Même pour le facesitting matinal, en vrai, y'a une semaine, j'aurais jamais osé avec ma chatte qui me répugne et qui sent la transpiration et la pisse de la nuit. Mais avec vous, non, je le fais avec un plaisir total car c'est pour vous, c'est vos envies et au final, c'est un ordre de votre part, alors ça m'excite.
Elle fit une nouvelle pause pour s'essuyer les cuisses.
-Et gros point positif final, vous ne faites pas que m'enculer, c'est appréciable que vous alterniez. Beaucoup de dominants, tu leur ouvres ton cul et ta chatte disparaît. Voilà les grandes lignes, maître.
-Promets-moi une chose pour la semaine prochaine, soumise, même si j'ai de la marge comme tu dis, n'hésite pas à utiliser ton safe word.
-Promis, maître.
Elle avait pris un air très sérieux pour le dire.
-On continue, du coup, soumise ?
-Oh oui, maître.
Estelle avait cette capacité à changer d'expression du tout au tout que je trouvais vraiment drôle.
-On a plus qu'à se préparer ce week-end pour la deuxième semaine de sevrage, alors.
-Oui, il va falloir être prêt ! Le pire de mon expérience, c'est de sortir, c'est le moment où je craque à chaque fois. Passage urgence, pharmacie, ça va plus vite qu'il n'y paraît. Alcool, même pas besoin d'ordonnance.
-Demain, opération gros drive, du coup. Je chargerais le frigo pour pouvoir cuisiner une semaine. La cuisine, ça vide bien la tête et quand y'a pas un chef étoilé à l'ego fragile qui t'urle dessus, c'est plutôt quelque chose que j'aime bien faire !
-Et moi, je vais me remettre un peu à la page sur l'ostéopathie et la kiné. Vous êtes un patient que j'aime beaucoup soigner.
-Remplacer des addictions par d'autres.
-En effet, occuper le cerveau, c'est le plus important, l'éviter de ruminer du noir. Il me faut des huiles de massage, je pense pour votre dos aussi.
-Dans ce cas, pas de drive et demain, opération shopping.
-J'ai horreur du shopping, maître.
-Moi aussi, à nous d'être efficaces et rapides dans ce cas !
-L'approche me plaît beaucoup. Rapide et efficace.
Ce ne fut pas du tout le cas. On est parti à neuf heures du matin pour rentrer à dix-huit heures sans même avoir fait les courses. Clairement, on n'a pas été bons, en temps, en timing et en dépenses. Une tonne de matériel bien-être pour Estelle et son suivi médical du dos : huile de massage, diffuseur d'huile aromatique, pierre à chauffer et j'en passe. Moi, je me suis dit, même par peur, je vais me mettre à l'onglerie sans rien y connaître et au soin du corps. Crème hydratante, vernis semi-permanent et la machine pour sécher, pas mal de crème et solution pour l'intimité d'Estelle L'épilation,il y a plus agréable et j'ai découvert sur le coup qu'il existait des gammes de crème spéciales pour l'après épilation intime. Après ça, je me suis égaré dans un magasin de cuisine et me voilà équipé d'un arsenal de couteaux et un kit complet de casseroles et poêles en cuivre. Les vrais savent qu'on ne cuisine pas avec des trucs antiadhérents ! Bien sûr, dans notre folie dépensière, on est passé dans un sex-shop qui nous a gentiment délesté nos portefeuilles contre une armada d'objets en cuir dont la seule finalité sera de faire crier Estelle, une mise à la retraite de mes ustensiles de cuisine. Estelle ne put s'empêcher d'exploser sa carte bleue en sous-vêtements extrêmement sensuels, sexy et aussi totalement vulgaires.
Bref, on s'est égarés. Le dimanche matin fut réservé au plein de courses de la semaine pour mettre à rude épreuve mes talents de cuisinier. Le frigo finit plein à craquer et le congélateur aussi, le tout sans la moindre molécule d'éthanol à l'horizon. Même si l'envie était présente dans mon cerveau, ce fut difficile à maîtriser dans le magasin.
Au final, on cherchait surtout à ne pas rien faire sans se l'avouer, la raison de nos longues errances de shopping et du plein de courses de presque quatre heures, et aussi les magasins ont la clim, c'est non négligeable. Le dimanche aprés-midi fut alloué à de la lecture sur la terrasse. Oui, du coup, samedi, j'ai acheté un deuxième transat aussi. Bizarre, toujours pas d'appel du banquier.
Entre deux pages, je me suis repris pour un cuisinier et j'ai préparé mes menus pour toute la semaine, et aussi entre deux pages, j'ai fait hurler Estelle de douleur et de plaisir sur la terrasse. C'était que la sixième fois depuis samedi matin. On était prêt et armé pour cette deuxième semaine qui risquait fort d'être une épreuve terrible pour nos deux esprits.
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