Travaux
Un jour, je suis allé chez Estelle, l'esprit un peu embrumé, et six mois plus tard, à deux heures du matin, je faisais de la peinture et de l'enduit dans son appartement pour le transformer en donjon SM et espace détente. On a tout cassé chez elle, tout enlevé, tout à refaire. L'employé de la déchetterie me serre la main et me propose même un café de temps en temps. Les magasins de bricolage, je commence à les connaître par cœur, et le fait de voir une promotion sur une perceuse électrique me rend tout aussi heureux qu'un jour de Noël.
Que suis-je devenu ? J'ai même eu un débat entre deux marques de visseuse avec un parfait inconnu pour lui dire que la marque orange était très bien pour ce que je faisais, alors que lui ne jurait que par la marque vert-jaune bizarre. La marque orange me va très bien ! Je possède même un chargeur de batterie qui peut recharger quatre batteries à la fois.
Avec Estelle, on était nuls en bricolage, mais on avait tous deux un passé de travail manuel, et au final, faire des travaux, ce n'est pas compliqué, c'est juste très, très long et ça coûte une blinde ! Mais ça répondait très bien à un de nos problèmes : occuper nos cerveaux malades. Passer trois heures à choisir du carrelage pour la salle de bain, cinq heures pour les peintures, réfléchir à comment tout agencer. On avait lancé le chantier avec une idée simple avec ma soumise : on casse tout et on fait un petit nid bien-être et SM.
Et on a bien respecté la consigne pour tout casser : ça, on n'y est pas allés de main morte ! Du salon à la douche, on a tout enlevé, même la cuisine, les faïences, le lino pourri, tout, et on n'avait pas trop réfléchi à l'après. Une fois tout cassé, pendant trois semaines, on s'est dit qu'on n'était pas sortis de l'auberge, mais alors vraiment pas. Opération pièce par pièce. On définissait ce qui allait dans chaque pièce et leur but.
Le concept de la chambre : le donjon SM. Pour le salon, espace bien-être, la douche, on voulait un côté tropical, un côté nature humide vivant. Et un petit coin cuisine avec juste le minimum syndical et un frigo.
L'appartement n'est pas très grand, mais la somme de travail une fois vidé était considérable. Mais on avait le temps, on n'était pas pressés. On faisait ça à notre rythme, selon notre élan de motivation. Et les élans de motivation, une fois lancés, ne s'arrêtaient pas avant deux ou trois heures du matin ! Notre première mission : les murs et le plafond pour l'isolation phonique. On en a mis la dose, car on voulait éviter qu'un voisin pense que je bats Estelle. Sandwichs, chips et soda et on passait nos soirées et week-ends à faire des travaux qu'on ne savait pas faire, on regardait les tutos, on improvisait, mais on était plutôt satisfaits de notre travail. Estelle était sur les gros œuvres, le bourrin, les premières couches, et j'étais dans les finitions.
Les semaines passaient à une vitesse folle, on ne voyait pas le temps passer, absorbés par les travaux. On était crevés, mais le genre de fatigue qui fait plaisir, la fatigue de l'effort, la fatigue des projets qui avancent. Mon garage était devenu un atelier géant et ma maison un semi-bordel où on avait un peu fourré tout ce qui restait de chez Estelle. La dynamique était folle entre notre vie SM et les travaux. Les matinées et les réveils avant le travail étaient énormément dédiés au cul, à nous avant tout. Après le travail, les travaux prenaient le dessus, non sans dérapages, d'accord, beaucoup de dérapages qui entraînaient des retards, enfin plutôt augmentaient la durée des travaux. On n'avait pas de deadline, donc la notion de retard n'existait pas vraiment.
Ce qui fait qu'en deux mois, le gros de l'isolation phonique, le carrelage de la salle de bain et la peinture étaient quasiment finis, ce qui faisait un appartement vide mais neuf. Restait le sol à changer et nous allions pouvoir attaquer l'aménagement et le remplissage de l'appartement. Deux mois éreintants et tellement satisfaisants pour nous deux. La chose la plus satisfaisante était étrangement que le cul n'était plus le centre du monde de notre couple. Ça nous a donné une bouffée d'oxygène, faire autre chose, avoir un autre objectif en commun.
Il y avait comme un vent de fraîcheur à ne plus être juste un couple SM lié par un contrat BDSM. Il y avait comme une sorte de vie en dehors de notre relation Dominant-soumise. Même si le but de cet appartement était de le transformer en baisodrome et espace bien-être. Loin de dire qu'on pratiquait moins, en vrai loin de là. Ma soumise avait une dynamique différente suite à une légère crise de tension qu'elle a très bien expliquée à l'écrit. Sa position plus joueuse était un défi de domination de chaque instant. Mais on ne se définissait plus qu'avec le spectre du sexe, il y avait le spectre du couple qui s'était ajouté.
Et ce spectre était différent de beaucoup de choses que nous connaissions, parler travail, projets, de tout juste parce que c'était agréable de parler de tout et pas que de cul. Même si on parlait encore énormément de cul, il y avait cette touche de normalité du couple. Et ce côté couple, ça instaurait de la confiance réciproque, de l'intimité plus sensuelle, sensuelle à notre façon. Et ça participait vraiment à une augmentation de plaisir très puissant dans le jeu. Estelle n'était plus juste ma soumise, c'était ma conjointe. Et on ne baise pas un plan cul comme à une personne à qui on attache de l'importance. La baise a laissé place à faire l'amour.
Faire l'amour, ma Soumise l'a prononcé en premier pendant les travaux un soir bien avancé :
- Maître, j'ai envie, j'ai envie que vous me fassiez l'amour.
Entre la perceuse, les rouleaux et un merlin. Ma soumise à genoux, la tête bien agrippée, souillée de la transpiration de ma bite, sa bouche etoufé par mon gland, son cul fessé à la faire crier, les lèvres de sa chatte trempées pincées entre mes dents, sa poitrine rougie sous les claques de mes mains, mon visage noyé de sa chatte si charnelle et puissante. Ses genoux finir maculés de contusions à quatre pattes, pénétrée violemment à même le sol sous ses gémissements. Elle inonda le sol de son éjaculation quand je la branlais, toujours à quatre pattes comme une chienne, en lui tirant les cheveux. Elle finit la soirée avec mon foutre coulant le long de ses cuisses, après avoir joui en elle, la pénétrant avec une brutalité qu'elle me laissait à loisir exercer sur son corps.
Du coup, les travaux pouvaient prendre du temps avec nos petites pauses, et il y en avait beaucoup. Ce qui fait que dans la boîte à outils se trouvait toujours du lubrifiant. Faire l'amour implique une chose : la fluidité, la connexion avec Estelle. Faire l'amour, ce n'est pas une séance SM programmée ou à l'improviste impliquant notre protocole SM et les règles. Non, faire l'amour, c'est se connecter, c'est prendre le plaisir dans une communion charnelle, sans parler, sans explication. Les gestes sont fluides, les pratiques connues, routinières même, mais elles font un bien fou. On ne cherche pas l'humiliation la plus avilissante ou la sodomie la plus brutale, on cherche le plaisir commun dans un instant intemporel.
Oui, quand j'y réfléchis, on ne se fait sûrement pas l'amour comme beaucoup de couples, mais j'ai entièrement accepté que j'avais le cerveau cramé et que pour jouir, j'avais besoin d'un rapport de domination qu'Estelle m'offrait entièrement. Je pouvais jouir en faisant l'amour et pas seulement pendant les séances ou les passages de soumission puissants.
Cette arrivée des travaux à presque plein temps avait rendu notre relation SM moins portée sur la performance mais sur le plaisir. On ne cherchait pas à faire toujours plus, on était plus posés, à profiter de nous entre deux coups de pinceaux ou de merlin contre un mur, j'espère pas porteur. Estelle avait pu se poser sur sa recherche du toujours plus soumise pour juste se concentrer sur "je suis soumise". Les travaux furent une pause tout à fait agréable dans notre course au SM du toujours plus.
On n'etait pas sortis des travaux, mais la base est bonne, les couleurs nous plaisent, juste trouver le sol, le lino imitation bois dégueulasse, c'est vraiment pas terrible et il a pas mal subi de dégâts pendant les travaux. Mais il y avait déjà une énorme sensation de satisfaction quand on était dans l'appartement qui était une ruine après qu'on ait tout fracassé.
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