L'après-midi était très chaud et sec, ce que Hermès n'avait pas prévu. Depuis son dernier passage sur terre, la pluie n'avait pas cessé son déluge sur toute la Grèce continentale et ce, pendant près d'une semaine. Et bien que l'eau ne fusse pas son élément favori, la fraîcheur ne le dérangeait pas non plus. La chaleur lui rappelait souvent les soirées arrosées de Dionysos mais aussi la forge du malheureux Hephaistos. Malgré cette moiteur omniprésente, Hermès devait tout faire pour obtenir un moment avec Polymélé, même quelque minutes seulement. Il voulait encore admirer ces yeux ornés de cette chevelure de feu. Et forcer un peu le destin ne serait pas une mauvaise chose.

Hermès se trouvait dans les jardins du palais lorsqu'il se matérialisa sous sa forme humaine. Il reconnut qu'il appréciait cette apparence bien que sa physionomie divine ne lui parut pas désagréable ni repoussante. Le dieu n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvait Polymélé mais il ne perdit pas espoir. Elle pouvait être n'importe où, que ce soit dans ses appartements comme à l'extérieur. Hermès déambula pendant une bonne demie-heure sans trop savoir où aller. Par ailleurs, il ne tenait pas à être interpellé par des domestiques ou des gardes, suspicieux à l'dée de croiser une personne non identifiée parmi le personnel du palais de Pylos. C'est alors qu'il sentit une présence non loin de lui.

Il continua d'avancer sur le sentier bordé d'oliviers, visionnant chaque arbre susceptible de la cacher. Il finit par distinguer ce qui s'apparentait à plusieurs fils flamboyants, étendus non loin d'un grand olivier. Hermès s'approcha à pas de loups et vit la princesse allongée et dormant paisiblement, vêtue d'une longue tunique bleue. Rêvait-elle de lui?

Il se pencha tout doucement vers elle et lui caressa délicatement le visage. Il aurait voulu qu'elle se réveille, qu'elle aussi le contemple et échange quelques mots avec lui, même un simple bonjour aurait suffi à le rendre heureux. Rien qu'en l'observant, il sut qu'il l'aimait. Bien qu'il ne la connaissait pas sufisamment, quelque chose chez elle lui plaisait. Or, le temps passait et Hermès savait qu'il ne pourrait pas demeurer ici trop longtemps. Néanmoins, il reviendrait chaque jour s'il le fallait et il serait présent pour elle.

Il finit par s'éloigner à grands regrets, ses yeux toujours rivés sur la jeune princesse. Lorsque Polymélé se réveilla, Hermès était parti depuis un petit moment. Elle eut une étrange sensation, comme si le mystérieux étranger croisé parmi la foule s'était tenu à ses côtés pendant son sommeil, lui caressant la joue. Pour revivre ce moment, elle mit doucement une main sur une de ses joues et ferma les yeux.