Chapitre 1.0: Le Grand Jour est Arrivé

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Chapitre 1.0: Le Grand Jour est Arrivé

"Papa... hum... papa, réveille-toi, c'est l'heure." La voix douce mais insistante de ma fille perça ma torpeur. J'ouvris immédiatement les yeux, bien que mes muscles endoloris protestaient. Dormir quelques heures sur cette chaise en bois n'était clairement pas la meilleure idée que j'aie eue ces dernières semaines. Cependant, l'importance de cette journée et de notre objectif immédiat me donna l'énergie nécessaire.

"Enfin, le grand jour est arrivé, ma chérie. Tu te rends compte, cinq ans que nous préparons tout cela." Une brise fraîche venant du hangar me parcourut le dos. "On dirait que le temps s'est rafraîchi, comment ça se passe de ton côté ?" Je me dirigeais vers le coin du hangar à droite de mon bureau pour attraper une dosette et préparer ce café salvateur qui me sortirait de ma torpeur mentale.

Ma fille répondit : "Le temps de ton petit sommeil de deux heures." Elle eut un petit ricanement. "J'ai pu réaliser certains contrôles sur le système d'émission et de réception de la vidéo et du son entre le hangar et Liberty, mais il y aura encore certainement des paramètres à revoir en vol."

Je me retournai pour observer la pièce, quelque peu spartiate en décoration, où seul un tableau représentant une fleur de feu dans un paysage idyllique attirait l’attention. J'admirais le travail accompli au fil des années. Le télescope GPS "Tonbogiri" trônait fièrement au centre de ce hangar, ainsi que l'ordinateur sur lequel ma fille travaillait via un écran. Derriere lui, Liberty, ce véhicule qui allait faire rêver le monde. Du moins, je l'espérais. Elle me disait souvent dans mes rêves : "Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve, une réalité, pour franchir les limites."

"Je vais enfiler ma combinaison, je te laisse finaliser les contrôles de Liberty, ma fille." Ma fille sourit et opina du chef. "Tu sais, même si tu ne me l'avais pas demandé, je comptais le faire moi aussi. Je veux que tout se passe bien."

Je finis de boire ce doux nectar dans ma tasse, puis je me dirigeai vers mon laboratoire de fortune, situé à gauche de la cuisine, pour enfiler ma combinaison. "Je vais commencer à contrôler Liberty, le temps que tu finisses de vérifier ta combinaison." En jetant un dernier regard par la fenêtre du hangar, située à côté du laboratoire, je contemplai le paysage naturel. C'était l'un des avantages de se trouver à la campagne, loin des villes qui dissimulent parfois de si belles vues, comme ce champ de lavande d'un violet profond. Ce hangar comportait tellement de souvenirs de mon enfance, c'était un lieu parfait pour sa tranquillité, mais aussi pour éloigner les curieux qui pourraient jeter un regard indiscret. Il avait une taille plus que suffisante pour mener à bien notre projet. Mon grand-père l'utilisait pour stocker son matériel agricole, et son aspect rustique convenait parfaitement à nos besoins.

"Papa, tu n'as toujours pas enfilé ta combinaison, et tu sais que nous avons un planning à respecter. Si tu ne veux pas rater ta fenêtre d'opportunité, tu ferais mieux de te changer, à moins que tu aies changé d'avis ?" Ma fille interrompit ma rêverie. Je hochai la tête, souriant. "Non, bien sûr que non. Allons-y."

J'ai attrapé ma combinaison de cosmonaute, que j'avais moi-même confectionnée, même si elle était précaire en comparaison à une véritable combinaison. Néanmoins, elle devrait suffire à remplir sa mission principale, qui était de me maintenir en vie. Elle était équipée de divers systèmes conçus pour garantir un certain confort, même en cas de sortie dans l'espace.

Elle était blanche, afin de minimiser les échauffements dus aux radiations. J'aurais préféré une autre couleur, mais cela aurait été déraisonnable. Après l'avoir enfilée, j'ai resserré les colliers au niveau des bras, du torse et des mains pour éviter tout flottement de la combinaison et l'ajuster correctement à mon corps. Cela m'a pris un certain temps pour régler tous les détails, mais je devais m'assurer que tout était parfait.

Une fois le casque en place et le recycleur d'air branché, il me restait l'étape de la chambre à vide pour vérifier l'étanchéité de la combinaison, afin de ne pas me retrouver gonflé comme un ballon dans l'espace, comme les premiers astronautes. Une fois dans la chambre à vide, j'ai fait baisser la pression pour simuler le vide spatial. J'ai pu respirer correctement grâce à ma combinaison intégrale, et les appareils de mesure de la combinaison indiquaient que tout était en ordre. J'ai effectué des tests radio et vidéo avec ma fille pour vérifier leur bon fonctionnement, et tout semblait correct. La réception était claire, mais de toute façon, l'habitacle de Liberty était étanche, donc je n'aurais besoin du casque que pour les sorties spatiales.

J'ai ensuite rétabli la pression dans la chambre à vide pour en ressortir, puis j'ai retiré mon casque. Respirer cet air recyclé pendant plusieurs heures ne serait pas facile, mais ce n'était rien comparé à l'air frais que nous respirons au quotidien.

Je suis sorti du laboratoire avec mon casque à la main pour le déposer du côté passager du Liberty. En passant près de Tonbogiri, qui ressemblait à un télescope géant mais qui était bien plus que cela, car il serait ma lumière dans les ténèbres pour retrouver mon chemin une fois dans l'infini de l'espace. En scrutant l'écran de l'ordinateur principal, j'ai aperçu ma fille qui était concentrée dans son travail d'organisation des retours en direct sur Twitch. Elle agitait les bras telle un chef d'orchestre sur ses différents claviers virtuels.

J'ai demandé : "Alors, tout se passe bien de ton côté ?"

Elle a répondu, toujours plongée dans ses derniers réglages : "Oui, je fais un dernier ajustement avec le live Twitch et le Starlink. Le réseau 5G est également prêt, vu que tu vas parcourir le monde. Je réalise encore 2,3 points avec Tonbogiri en mélangeant l'azote. Il man..."

Je l'ai interrompue en la rassurant : "Tout va bien se passer, ne t'inquiète pas." J'ai essayé de lui donner un sourire confiant. "La journée que nous attendions depuis si longtemps est enfin arrivée. Si quelque chose doit arriver, ça arrivera, on ne peut rien y faire."

Elle a hoché la tête, les yeux légèrement larmoyants. "De plus, c'est plutôt moi qui devrais m'inquiéter. Toi aussi, tu as un rôle important à jouer ici, et quand ta position sera révélée, je crains les actions du gouvernement. Même si nous avons protégé les lieux avec un système de défense sommaire, ils voudront certainement s'emparer de toi et de l'anneau céleste, et cette idée me déplaît vraiment."

Elle a répondu tout en reprenant ses réglages : "Je suis bien consciente de cela, père. Je le crains aussi, et c'est pour cela que nous avions prévu le plan B dans le cas éventuel où ils voudraient s'emparer de tout par la force."

J'ai répondu amèrement : "Tu sais ce que je pense du plan B. Moi, je veux juste que il ne t'arrive rien. Donc s'il te plaît, seulement en dernier recours, d'accord ?"

Elle a arrêté de taper sur ses claviers pour me regarder droit dans les yeux. "Au final, c'est toi le plus inquiet de nous deux. Mais père, concentre-toi sur ta mission en priorité. Nous allons accomplir de grandes choses, et nous n'avons rien à craindre du moment où nous sommes ensemble."

Son regard profond en disait long sur sa détermination à mener à bien notre mission. Je n'avais plus d'arguments à lui opposer, et j'ai dû céder. Je n'ai pas rompu le contact visuel que nous avions, et je me suis approché de l'écran de l'ordinateur pour y déposer ma main. Elle a fait de même à travers l'écran. C'était notre manière à nous de nous soutenir et de partager une sorte d'étreinte virtuelle à travers l'écran. Il n'y avait pas de chaleur à partager ni de frottement ou de pression exercée entre nous, mais c'était plus symbolique, plus profond qu'un simple contact physique, une façon de partager et d'échanger avec notre âme.

J'ai brisé le contact visuel en premier, avec un soupir de soulagement, sentant toute mon anxiété s'envoler. Je l'ai regardée une dernière fois. "Je reviens vite, ma chérie, pour un monde meilleur."

Elle a murmuré d'une voix émue, les yeux emplis de larmes. "Je t'attendrai."

Je monte dans le prototype Liberty, une navette spatiale que j'ai réalisée sur la base d'un châssis de voiture. Tout cela a été réalisé par mes soins avec l'aide de ma fille, notamment pour ce qui concerne l'aérodynamique et le design épuré de ce véhicule. Il est équipé de nombreuses fonctionnalités, telles qu'un bouclier à l'avant du véhicule qui se déploie comme un parapluie pour protéger contre les projectiles spatiaux.L'extérieur de la navette est entièrement blanc, avec l'inscription "liberté" en noir sur toute la surface, dans différentes langues. J'espère que cela sera perçu comme un message de paix, redonnant de l'espoir aux gens qui suivront notre aventure à travers le live ou qui nous verront simplement passer dans le ciel.

Il est propulsé par 5 réacteurs Jack Frost Boost disposés aux 4 coins du vaisseau, dont un à l'avant pour les phases de décélération. Ces réacteurs assureront le vol de cette navette.ce réacteur est unique en son genre, de la taille d'une chaise, et est capable d'une poussée phénoménale. Je n'ai pas pu le mesurer convenablement dans mon atelier de fortune, ce qui a causé un trou dans le mur suite à un décrochage d' un des réacteurs lors des tests. Il a la particularité de refouler de l'air froid, voire glacial, à la sortie du réacteur. Cependant, ce type de réacteur ne serait pas viable sans une source d'énergie conséquente.

C'est là qu'intervient le cœur du Liberty, l'anneau céleste ADAMAI, une source d'énergie infinie qui alimente l'ensemble du vaisseau. Il fournit l'énergie nécessaire au fonctionnement des 5 réacteurs. Sans cette source d'énergie, toute cette entreprise serait impossible. Il existe également sa sœur, EVELYNE, qui alimente le hangar et Tonbogiri. Ces deux sources d'énergie sont uniques en leur genre et vont révolutionner le monde dans un futur proche, c'est pourquoi elles ne doivent pas tomber entre de mauvaises mains.

Je m'installe confortablement dans le siège du pilote, me retrouvant face à la navette. Je pose mon casque sur le siège passager, sachant que je n'en aurai besoin que lorsque nous serons dans l'espace. Même s'il est possible de pressuriser l'intérieur de la navette pour respirer sans problème, il vaut mieux être prudent. En cas de bris de vitre au moment du décollage dans l'espace, cela pourrait être catastrophique.

Face au tableau de bord, je trouve deux joysticks de chaque côté, ainsi que le contrôle des gaz, me permettant de contrôler les réacteurs. Le tableau de bord est équipé de plusieurs affichages et écrans, dont un pour afficher le retour du live Twitch, me permettant de garder un œil sur ma fille avec son avatar, ainsi que sur ce qui se passe dans le monde. Les équipements de mesure sont primordiaux, comme l'altimètre, ainsi que le GPS, assurant un tour du monde en toute sécurité et en respectant l'itinéraire prévu.

Je contrôle minutieusement chaque fonction du vaisseau dans un silence et une concentration totale, que ce soit le moteur ou le bouclier, ouvrant et fermant pour vérifier leur bon fonctionnement. Combien de fois ai-je déjà effectué ces contrôles, mais cette fois-ci, c'est pour de vrai. Je ne descendrai pas du véhicule sans qu'il ait enfin pris son premier envol. Je peux sentir mon cœur s'accélérer à mesure que tout cela devient réel.

"Père, plus que 10 minutes avant notre fenêtre de départ," les mots de ma fille me surprennent et me prennent au dépourvu. "Oui, merci ma fille, j'ai presque fini les dernières vérifications de mon côté."

"Père, tu sais que je peux voir ton rythme cardiaque ?"

"Ah ah ah, je comprends pas pourquoi tu dis ça," un peu hébété que ma fille me voie dans cet état, même si au fond, elle a connu bien pire que cela de mon état de santé.

"Père, respire, calme-toi, je vais m'occuper des derniers réglages." Je pousse un soupir et lui dis merci. Je dois me reprendre, me calmer. Je joins les deux mains côte à côte, paumes ouvertes, et reprends une respiration beaucoup plus calme et posée. Je repense à comment nous en sommes arrivés là et souris, me disant que c'est la première pierre posée du monument que nous nous apprêtons à construire.

"Ça va mieux maintenant, ma fille. As-tu besoin de moi ?"

"Cela devrait être bon. De toute façon, nous avons encore des tests à faire une fois en vol. Je vais commencer à ouvrir le toit du hangar."

Lorsque ma fille a ouvert le hangar, j'ai été témoin d'un spectacle céleste à couper le souffle. Le toit s'est écarté avec une grâce majestueuse, révélant le ciel étoilé dans toute sa splendeur. Un millier d'étoiles brillaient intensément, éparpillées à travers le firmament, formant une mosaïque d'une beauté incommensurable.

La Voie lactée s'étendait comme un ruban d'argent scintillant, serpentant à travers l'obscurité. Les étoiles semblaient jouer une symphonie silencieuse, une danse cosmique qui m'a ému jusqu'au plus profond de mon âme. C'était un spectacle à couper le souffle, une fenêtre ouverte sur l'infini, une invitation à rêver et à explorer les mystères du cosmos.

La nuit était empreinte de mystère et de promesse, et le ciel étoilé était le parfait prélude à notre aventure imminente. C'était comme si les étoiles elles-mêmes nous encourageaient, nous rappelant que l'univers était vaste, rempli de secrets à découvrir. Cet instant était à la fois solennel et exaltant.

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