Chapitre 3.2 : Lutte pour ses Idéaux

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Iris Chapi :
Les caméras qui se trouvaient autour du hangar me signalèrent la présence de plusieurs voitures de gendarmerie qui commençaient à encercler la zone. Les gendarmes tournaient autour du hangar, et je pouvais les voir regarder à travers les barreaux des fenêtres pour chercher toute présence humaine. Ils s'agglutinèrent devant la grande porte à deux battants en fer du portail du hangar, qui était la seule entrée possible.

Ils frappèrent à plusieurs reprises et déclarèrent : "Gendarmerie, ouvrez !" J'intervins en utilisant les enceintes à l'intérieur et à l'extérieur du hangar : "Bonjour à vous, agents de la paix. Je me nomme Iris, et je suis la seule personne qui réside actuellement dans ce hangar. Nous sommes actuellement, mon père et moi, sur une mission de la plus grande importance, et je ne peux vous laisser entrer dans ce hangar, où vous pourriez endommager du matériel qui pourrait nuire à notre objectif."

Le retour des caméras me montra que les gendarmes semblaient frustrés de cette réponse et retournèrent à leur voiture. Cependant, ils revinrent cette fois avec un pied de biche et un bélier, et commencèrent à enfoncer la solide porte du garage.
La situation devenait de plus en plus tendue alors que les gendarmes tentaient d'entrer de force dans le hangar. Face à cette escalade, je décidai d'activer la procédure de défense externe du bâtiment. Des lourdes plaques se mirent à tomber devant les fenêtres, bloquant toute visibilité vers l'intérieur du hangar. En parallèle, un son strident retentit à travers les enceintes, masquant le bruit de l'ouverture partielle du toit du hangar.

Deux drones équipés de répliques d'armes, de grenades fumigènes avec du gaz poivre, et de bombes au poivre furent déployés pour faire face à l'approche des gendarmes. Les drones lâchèrent leurs fumigènes et bombes au poivre devant la porte, créant un nuage irritant qui força les gendarmes à reculer.

Je pris à nouveau la parole à travers les enceintes : "Nous ne vous voulons aucun mal, mais si vous cherchez à vous interposer à notre projet, nous répondrons à vos provocations. Vous devez d’abord négocier avant d'utiliser la force, ou avez-vous perdu toute notion de dialogue ?"

Les gendarmes, désormais confrontés à cette défense inattendue, semblèrent hésiter un instant avant de déposer leurs outils d'effraction et de se retirer vers leurs voitures. Ils furent escortés par les drones jusqu'à leurs véhicules, mettant fin à leur tentative d'entrée forcée.

Profitant de cette accalmie, je pris le contrôle des drones pour explorer les alentours du hangar. Je remarquai la mise en place de plusieurs barrages routiers, indiquant que les autorités cherchaient à isoler la zone. Dans cette situation délicate, il était clair que la confrontation n'était pas terminée.

Il ne devrait pas tarder à revenir, et mon père ne devrait plus tarder à arriver à Paris. Ce lieu ne peut pas tomber tant que je n'ai pas tracé la route. Mais je n'ai plus le choix, il vaut mieux que je les prenne de court. Je vais préparer mon plan de secours. À ce moment-là, une alarme se fit retentir. Un des drones m'avertissait de l'arrivée de véhicules lourds militaires équipés de mitrailleuses lourdes sur leur toit. Seraient-ils vraiment prêts à en arriver là pour récupérer la technologie, même au risque de la détruire ?

De toute façon, tous les pions ont été placés. Il reste à voir combien de temps cela va prendre pour que tout se mette en place. Comme pour les véhicules de la gendarmerie, ils encerclent le hangar et des militaires armés se disposent autour de celui-ci.

C'est à ce moment que j'ai pu apercevoir le ministre des Armées, Frédéric Garmie, un homme d'âge mûr dans la cinquantaine. Son visage austère est marqué par des cheveux grisonnants, peignés en arrière avec précision. Ses yeux, d'un bleu acier perçant, scrutent les gens avec suspicion et autorité, révélant un regard froid et calculateur, dépourvu d'émotions authentiques.

À ses côtés se tenait le Premier ministre, Bernard Elitable, légèrement plus jeune que Garmie. Son visage est souvent fermé, avec des traits taillés et anguleux qui témoignent de son caractère impitoyable. Son regard intense, avec des yeux sombres et perçants, semble lire à travers les gens.

Tous deux sont des figures politiques françaises accusées de nombreux méfaits et d'abus de pouvoir, mais protégées par leur statut de politiciens corrompus au sein du gouvernement. Leur simple présence me met mal à l'aise au plus profond de mon âme, pour une raison que j'ignore. Je pouvais les suivre à la trace et les voir se rapprocher devant la porte.

Je leur adressai quelques mots formels : "Bonjour à vous, Bernard Elitable, Premier ministre, et Frédéric Garmie, ministre des Armées."

Frédéric Garmie prit la parole, lançant ses mots avec mépris : "Iris, nous sommes ici pour vous demander de coopérer, bien que je doute que vous soyez même capable de comprendre la gravité de la situation. Vous n'êtes qu'une création artificielle, une simple entité informatique prétendant avoir une âme. Vous n'avez pas votre place dans cette affaire, alors ne faites pas obstacle à ceux qui dirigent réellement ce pays."

Bernard Elitable en rajouta une couche : "Exactement. Vous n'avez aucune idée des répercussions que vos actions pourraient avoir. Nous sommes prêts à tout pour protéger les intérêts de notre nation, même si cela signifie utiliser la force. Vous avez déjà vu à quel point nous sommes déterminés, mais nous espérons que vous comprendrez la gravité de la situation et coopérerez avant que les choses ne deviennent plus... désagréables."

La colère montait au fond de moi en voyant ces êtres humains qui refusaient de négocier et cherchaient simplement à s'emparer de nos efforts, réalisés avec mon père. Mais je devais rester impassible face à leurs provocations et laisser paraître une pointe de tristesse sur mon visage.

"Je vois que vous ne cherchez pas à négocier avec nous, et cela me désole. Vous me jugez même sur mes origines", déclarai-je, tentant de masquer ma propre colère.

Je pus voir le visage de Frédéric Garmie se crisper à mes paroles avant qu'il ne réponde : "Votre prétention est risible, mais votre obstination est irritante. Ouvrez ce hangar et laissez-nous récupérer ce qui nous appartient de droit, ou subissez les conséquences de votre arrogance. Vous n'avez pas votre mot à dire dans cette affaire, et votre refus ne fera que précipiter votre propre destruction."

"Il semble que vous soyez vraiment déterminés à entrer par la force, mais vous oubliez un détail crucial : le monde entier vous observe et vous jugera pour vos actes. De nombreuses personnes soutiennent notre cause, et êtes-vous prêts à affronter les conséquences de vos actions?"

Avant que je puisse terminer ma phrase, Bernard Elitable me coupa la parole avec un regard mesquin et de moquerie. "Pensez-vous vraiment que votre petit live changera quelque chose ? Que les citoyens viendront vous protéger ? Laissez-moi rire. Vous n'êtes qu'une aberration de la technologie, personne ne viendra ici. Alors arrêtez cela et je vous - bip - bip - bip." Son téléphone sonna, l'interrompant. Il répondit rapidement, s'éloignant du hangar vers sa voiture.

Pendant ce temps, Frédéric Garmie ordonna aux militaires : "Ouvrez-moi cette porte tout de suite", tout en s'éloignant à son tour. Les soldats commencèrent à se diriger vers la porte avec ce qui semblait être des explosifs. Avant même qu'ils ne puissent les appliquer, je réutilisai la même technique que contre les gendarmes en lançant un fumigène avec la bombe au poivre et en plaçant les drones devant eux. Avant même qu'ils ne s'approchent, les drones furent abattus par leurs armes à feu, suivis des caméras autour du hangar et des haut-parleurs. Certaines caméras cachées dans les champs autour de nous fournissaient encore une certaine visibilité, tout comme le dernier drone bien plus haut au-dessus de ma base.

Un des militaires posa sa main sur la porte en fer fermée, et bien que cela me dérangeât de lui faire cela alors qu'il ne faisait que son travail, je n'avais plus le choix. Je déclenchai l'électrification de la porte, la faisant tomber au sol devant la stupeur des autres soldats.

"Je suis désolée, mais vous ne me laissez pas le choix. Je dois répondre à la violence face à vos actions."

Déclarai-je, alors que deux militaires s'occupaient de leur camarade, assurant qu'il allait bien malgré la décharge qu'il avait reçue. Bien sûr, elle n'était pas suffisante pour le tuer, mais elle l'avait certainement sonné pour un moment.

Face à l'électrification de la porte, les soldats abandonnèrent l'idée de poser des explosifs, déçus, et décidèrent de passer à la chevrotine sur les gonds de fixation du portail pour tenter de le faire tomber. Cependant, l'épaisseur de la tôle qui protégeait toute l'armature les fit rapidement abandonner cette idée.

Je pouvais voir Bernard Elitable en colère au téléphone, mais je ne pouvais pas entendre la conversation à cause de la distance et des micros endommagés autour du hangar. Cependant, je remarquai que les militaires commençaient à sortir un chalumeau d'un de leurs camions. Bien que cette méthode prenne du temps, ils finiraient certainement par percer à travers la couche de métal qui nous séparait.

Alors que le militaire allumait la torche de son chalumeau, une flamme rouge en jaillit avant qu'elle ne se transforme en une flamme bleue concentrée, commençant à attaquer le centre de la serrure du portail. Cependant, à ce moment-là, les militaires qui assuraient la sécurité du périmètre autour du hangar commencèrent à s'agiter. La raison était simple : des centaines de milliers de personnes civiles arrivaient dans toutes les directions, se dirigeant vers nous suite à mon appel de soutien, que j'avais diffusé un peu partout sur les réseaux sociaux en leur donnant l'adresse directe du lieu.

De plus en plus de gens se rassemblaient, et je pouvais voir à travers le drone que d'autres personnes arrivaient au loin, avec les forces de l'ordre incapables de faire grand-chose face à une telle affluence. Des gens passaient à travers les champs avec leurs 4x4, tandis que d'autres descendaient de leurs voitures pour rejoindre le rassemblement. Toutes ces personnes avaient pu suivre ce qui se passait en direct sur le live et les communications que j'avais diffusées sur les différents réseaux sociaux, preuve que nos efforts avaient porté leurs fruits et que notre cause avait touché de nombreux cœurs. Beaucoup de personnes n'avaient pas aimé l'attaque sur le hangar, comme en témoignaient les réactions sur les réseaux sociaux du monde entier, et j'imaginai les répercussions politiques qui devaient se produire actuellement.

Pendant ce temps, le chalumeau continuait à découper la porte progressivement, mais la foule avait complètement encerclé le hangar et scandait ensemble : "Dégagez de là, laissez-nous rêver !" Les militaires étaient sur leurs gardes, pointant leurs fusils vers la foule pour la maintenir à distance, tandis que je pouvais observer les visages des politiciens se dégrader de minute en minute, alors que la tension montait. On aurait même pu la couper au couteau entre les militaires qui pointaient leurs armes depuis leurs véhicules et les civils en colère face à une telle réaction de leur gouvernement.


Des pierres commencèrent à voler en direction des militaires, ce qui aurait pu déclencher un bain de sang, mais avant que le pire ne se produise, je pris la parole à travers les haut-parleurs qui étaient encore fonctionnels, afin que les civils et les militaires puissent entendre ce que j'avais à dire.

Les yeux humides devant l'action qui se déroulait devant moi, je ne voulais pas que le sang soit versé pour notre aventure. "Arrêtez de vous battre ! Je vous en supplie", lançai-je.

La lapidation des militaires s'arrêta à l'écoute de mes paroles, et la tension redescendit juste à temps pour éviter l'inévitable. Le militaire qui découpait la porte au chalumeau s'arrêta également.

"Notre quête n'a pas pour but de faire couler le sang, mais de faire rêver les gens et de leur donner espoir", continuai-je.

La tension redescendit progressivement, tandis que nous pouvions observer la confusion dans le mouvement de l'armée, et je pus voir le Premier ministre se rapprocher de la porte.

Bernard Elitable prit la parole, lançant ses mots avec un dégoût à peine dissimulé : "Il semble que des personnes bien placées ont plaidé votre cause. Nous allons nous retirer, mais les militaires assureront tout de même la sécurité de ce lieu. Au plaisir de vous revoir."


"Au plaisir partagé de vous revoir, M. Bernard Elitable", répondis-je, bien que, au fond de moi, j'espérais ne plus jamais rencontrer ces personnes qui m'apportaient un malaise indescriptible. Leur départ précipité laissait présager que le coup de téléphone qu'il avait reçu plus tôt était probablement la cause. Je me demandais qui pouvait bien être ces personnes bien placées dont il parlait. Des dirigeants d'autres pays ? La question restait en suspens, mais pour l'instant, la priorité était de s'assurer que la situation restait calme et pacifique.

"Bonjour à toutes les personnes présentes ici, je vous remercie de votre venue. Nous n'aurions jamais pu imaginer, mon père et moi, que vous viendriez si nombreux pour défendre notre cause. Nous vous en remercions grandement. En guise de remerciement, je peux vous offrir quelque chose : la vue intérieure du hangar, là où tout a commencé. Mais vous ne pourrez pas entrer à l'intérieur pour des raisons de sécurité."

Les portes du hangar s'ouvrirent avec un grincement strident de métaux qui semblaient se frotter l'un contre l'autre, dévoilant la vue à la fois sur l'intérieur de l'atelier et sur Tonbogiri, qui à première vue ressemblait à un télescope. Je me présentai devant la foule avec mon écran mobile, me permettant de me déplacer dans l'atelier où seul le câble d'alimentation limitait ma distance de déplacement. J'étais également accompagné de trois véhicules radiocommandés de la taille d'un gros chien, équipés d'un bras mécanique avec une pince au bout, me permettant d'interagir avec l'environnement.

Je m'avançai devant la foule, qui semblait surprise par ma venue mais qui, par la suite, éclata en un tonnerre d'applaudissements. Seuls les militaires restaient stoïques à mon arrivée. Un petit enfant d'environ huit ans, accompagné de sa mère, s'avança vers moi, les yeux brillants d'étoiles, tenant une fleur de pissenlit dans sa main qu'il me présenta. J'ai fait avancer l'un de mes drones motorisés pour attraper délicatement la fleur qu'il me tendait à l'aide de la pince.

"Je te remercie pour cette fleur," lui dis-je. Il me sourit timidement, les joues rougissant, puis retourna auprès de sa mère.

À l'intérieur du hangar, les gens se formaient naturellement en file indienne devant la porte, chacun prenant son tour pour jeter un œil à l'intérieur. Ils me saluaient comme s'ils assistaient à une convention, tandis que mes drones et les militaires assuraient la sécurité. Les soldats ne cherchaient plus à entrer dans le hangar, mais je gardais quand même un œil sur eux, sachant que leurs armes pourraient causer de gros dégâts maintenant que les portes étaient ouvertes.

Bip, bip, bip. "Iris, je suis arrivé à la Tour Eiffel, je suis en position de décollage."

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