Chapitre 4.0 : Espace, Me Voilà
Jeremy Chapi :
Je me trouvais actuellement sur l'une des faces de la Tour Eiffel, à sa perpendiculaire. Le but était d'utiliser la Dame de Fer comme rampe de lancement. J'étais enfoncé dans mon siège, avec une vue sur la pointe de la tour éclairée et le ciel étoilé. Une foule de personnes était présente encore au pied de celle-ci, attendant la suite des événements, tandis que plusieurs hélicoptères militaires volaient autour de moi. Mais je m'en fichais ; plus rien ne pourrait m'arrêter maintenant. Pendant le vol vers Paris, j'ai pu assister à tout ce qui s'est passé à travers le retour du live. Ma fille a su faire preuve d'un self-contrôle que je n'aurais pas pu tenir face à ces sales énergumènes, comme je m'y attendais. Enfin, j'aurais le temps de régler cette affaire à un autre moment. Je devais me préparer pour mon entrée dans l'espace. Même si l'habitacle du Liberty pouvait être pressurisé, je n'étais pas à l'abri d'un problème technique. J'enfilais mon casque et le verrouillais pour rendre ma tenue parfaitement étanche, puis je branchais le recycleur d'air de ma combinaison. Ensuite, je déployais le bouclier à l'avant du vaisseau, au cas où je rencontrerais un obstacle en sortie d'atmosphère. Mon départ était imminent. "Ma fille, je te laisse à toi et à ton public me faire le compte à rebours pour mon décollage."
Vous avez entendu, public ? Avec moi tous en chœur : 10, 9, 8, 7, 6." Je pouvais entendre la foule de l'extérieur crier le compte à rebours aussi, et mon cœur battait la chamade de plus en plus vite à mesure de l'excitation. "5, 4, 3, 2, 1, 0." Je poussais les moteurs pour commencer mon ascension, malgré les hélicoptères qui tournaient autour de moi. Au fond de moi, je récitais mon mantra "Par-delà les rêves, je trouve la lumière, toujours aller plus loin. Vous qui avez confiance en moi, je ne peux que repousser mes limites." Je ne voyais plus la pointe de la Tour Eiffel qui me donnait ma direction, et je ne pouvais me repérer que par les étoiles maintenant pour me diriger vers ma cible. Je pouvais ressentir la poussée des moteurs, la vibration du vaisseau qui me secouait, tandis que le vaisseau prenait de l'altitude jusqu'à ce que les lumières des villes disparaissent dans mon champ de vision, et je ne voyais plus que l'obscurité m'entourer. Dans mon élévation vers l'espace, plus rien ne pouvait m'arrêter maintenant. Et là, une lumière m'éblouit, et c'est là que je l'ai vue : la magnifique courbure de la Terre, avec l'atmosphère d'une couleur orangée magnifique d'un soleil qui se lèverait bientôt sur l'Europe.
C'était un moment saisissant alors que je m'éloignais peu à peu de mon seul et unique foyer. À mesure que la Terre disparaissait progressivement de ma vue par la fenêtre, je pouvais entamer la procédure de décélération pour me stabiliser dans ce vide spatial. Mon corps se sentait léger, mes bras flottaient librement, seules les sangles du harnais de mon siège me maintenaient en place.
Une fois que ma vitesse de déplacement était réduite à zéro dans l'espace, j'ai pu amorcer la rotation du Liberty pour me retrouver face à mon foyer, le seul et unique foyer de l'humanité. Il était là, devant moi, dans toute sa splendeur, où la nuit et le jour se confondaient, où la partie sombre de la Terre se dessinait à sa surface, éclairée par les lumières des villes, tandis que la partie lumineuse révélait la beauté naturelle de notre planète.
Je pouvais distinguer les contours des continents, les éclairages des villes, les forêts, les plaines et les déserts, ainsi que les nuages dispersés qui révélaient les régions sous la pluie. Les vastes étendues d'océans se déployaient majestueusement, avec leur teinte bleue dominante contrastant avec les terres émergées. C'était une vue à couper le souffle, une vision qui rappelait la fragilité et la beauté de notre planète, suspendue dans l'immensité de l'espace.
Je me laissai absorber par ce paysage et lâchai une larme devant une telle beauté unique. Je me laissai emporter par cette euphorie, des flyers qui restaient encore dans l'habitacle ainsi que mon portable flottaient à l'intérieur du véhicule. Je pris tout cela et le rangeai dans la boîte à gants du véhicule, puis commençai à dépressuriser l'habitacle du Liberty afin de faire une sortie dans l'espace et de profiter de l'absence de gravité et de me dégourdir les jambes après toutes ces heures de vol.
" Père, que fais-tu ? "
J'avais complètement oublié le live. " Je vais juste faire un tour à l'extérieur, me dégourdir un peu les jambes. Je vois que la connexion est plutôt bonne, tout le monde a pu profiter du retour d'image ? " Je préparai ma ligne de vie, qui consiste en une sangle d'une longueur de 20 mètres attachée à l'intérieur du véhicule et à ma ceinture.
" Le public est bluffé par le retour sur les images de la Terre ainsi que par la tête que tu tirais, père. "
Je pouvais entendre le petit rire moqueur de ma fille alors qu'elle se moquait de moi, mais rester impassible face à ce paysage était impossible pour moi.
" Je vais faire une sortie. Notre second objectif devrait arriver dans combien de temps environ ? "
J'ouvrais la porte et en regardant vers le bas, je fus pris d'un vertige infini, perdu dans le noir et les lumières des nombreuses étoiles de l'espace. Une bile acide remonta dans ma gorge, mais je la gardai au fond de moi pour éviter de vomir dans mon casque. Me levant de mon siège, je fixais un point fixe à l'intérieur du Liberty pour ne plus me concentrer sur l'infini qui s'offrait à moi. Mes jambes me faisaient terriblement souffrir, certainement à cause des longues heures assises, mais la faible gravité facilitait mes déplacements. Je m'arrêtai sur le cadre de la porte et fus pris des pires vertiges de ma vie, avec un goût amer dans la bouche. Même les plus grandes montagnes russes ne m'avaient jamais fait ressentir cela. Je fermai les yeux, vidai mon esprit et m'élançai délicatement hors de la porte.
Je n'avais plus aucun contact physique pour me repérer, que ce soit avec mes pieds ou mes mains. Je me sentais comme dans une piscine, en totale liberté d'apesanteur, me laissant emporter par le calme absolu qui régnait autour de moi. Seule la corde attachée à ma ceinture me ramena à la réalité, après avoir senti une secousse due au fait que le fil était tendu entre moi et le Liberty.
" Alors, père, comment est l'espace ? "
" C'est si calme et reposant de se retrouver sans aucune pression sur son corps et de juste flotter. La beauté que notre monde a à offrir, tout cela, ma fille, je voudrais le partager avec le plus de monde afin de sensibiliser les gens sur ce qui nous entoure réellement et l'importance de vivre ces rêves. "
" Je veux bien te croire, père, mais je me dois de te sortir de ta méditation. Notre objectif se rapproche et il ne faudrait pas que tu manques son passage. "
J'ouvris délicatement les yeux et réalisai que j'étais en faible rotation dans l'espace, ce qui déclencha une deuxième remontée acide dans ma gorge, que je réprimai encore au fond de moi avec un dégoût indescriptible. J'attrapai la sangle des deux mains et fixai le Liberty afin d'éviter toute nouvelle nausée, puis me tirai sans la moindre difficulté vers mon vaisseau et remontai à l'intérieur, me réinstallant confortablement à l'intérieur.
" Peux-tu me donner la position de notre objectif sur le tableau de bord, ma chérie ? ".
" Oui, je m'en occupe tout de suite et tu devras te lancer à sa poursuite. ".
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