Chapitre 4.1 : À l'abordage de la Station Spatiale Mondiale

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Je pointai le véhicule dans la direction indiquée par mon tableau de bord afin de me lancer à la poursuite de la Station Spatiale Mondiale (SSM). Je l'aperçus dans l'espace infini, avec le reflet de la lumière du soleil qui se reflétait sur ses gigantesques panneaux solaires telles de grandes voiles déployées. La station se présentait sous la forme d'une intersection générale centrale avec six faces, chacune d'entre elles étant connectée à plusieurs modules destinés à la survie des astronautes ainsi qu'à des expériences en cours. Une grande ligne de modules partait de ce point central et se reliait aux nombreux panneaux solaires destinés à alimenter toute la station. Cette station représentait le potentiel de l'humanité à vouloir aller plus loin et rassemblait également toutes les plus grandes technologies.

Je m'approchai le plus délicatement possible de la station pour éviter tout dommage matériel, utilisant les petits jets d'air comprimé autour du vaisseau pour contrôler sa position avec précision dans l'espace. Après quelques ajustements, je parvins à me stabiliser à une distance raisonnable de la station orbitale. Je préparai ma sortie dans l'espace, toujours accroché à la sangle de mon vaisseau, qui me servirait également à m'amarrer à la station. J'ouvris la porte de mon véhicule et sautai une fois de plus dans le vide, m'élancant vers la station. Mon impulsion fit reculer ma voiture dans l'espace, mais cela me permit tout de même d'atteindre la station spatiale et de frapper sa coque. Je m'agrippai à une barre de fixation conçue pour les déplacements en extérieur des astronautes et attachai le mousqueton de la sangle de mon vaisseau à cette barre. Après avoir tiré dessus plusieurs fois pour tester sa solidité, je me sentis assuré que mon point de fixation était solide.

"Je commence à me dire que cela ressemble plus à un abordage de vaisseau spatial maintenant."

"Dans ce cas, père, tu serais alors le premier pirate de l'espace."

"Oui, c'est vrai, mais j'aimerais qu'on évite que l'on me voie comme un bandit."

"Au sujet de ça, je pense que tu n'as pas trop de souci à te faire. Tu devrais regarder sur ta gauche au passage."

Je regardai sur ma gauche, tout en évitant de regarder dans le vide de l'espace qui avait encore tendance à me donner des nausées, pour repérer une personne en tenue de cosmonaute qui longeait avec aisance la coque de la station, tel un nageur professionnel, comme si cet environnement lui semblait tout à fait normal. À côté de lui, j'avais l'impression d'un nourrisson qui apprenait à nager pour la première fois et qui n'osait pas lâcher le bord de la piscine. Il s'arrêta à un mètre de moi et me tendit la main pour me permettre de le saluer. Je l'attrapai avec plaisir afin de pouvoir le saluer comme si toute cette situation était normale. Il tenait ma main fermement puis la lâcha pour me passer une corde avec un mousqueton à son bout, me faisant signe de l'accrocher à ma ceinture. Une fois bien sécurisé et attaché tous les deux ensemble, il me tourna le dos tout en me faisant des signes pour que je le suive.

“ chérie tu pourrais t'occuper du vaisseau durant mon absence “

“Pas de souci, profite pour nous donner de belles images de ta visite avec ta caméra.”

Nous longeâmes les énormes modules de la station, où je dois admettre que lâcher les rampes de la station était plus difficile que pour mon hôte qui était venu me chercher. Il jetait de nombreux coups d'œil en arrière pour s'assurer que je le suivais, et je me devais de me dépêcher car le temps était compté, et je ne pouvais traîner à rêvasser sur le bord. Une fois enfin arrivés devant ce qui semblait être la porte de la station, elle s'ouvrit devant nous et nous rentrâmes dans l'espace avec mon hôte, qui referma la porte derrière nous.

Tandis qu'elle appuyait sur plusieurs boutons dans le sas de décompression, j'observais l'environnement qui aurait certainement rendu un claustrophobe fou, avec son espace réduit et confiné, à peine plus grand qu'une voiture. Je commençai à ressentir la pression exercée sur ma combinaison tandis que mon hôte enlevait son casque d'un simple quart de tour, comme pour me confirmer que l'air était respirable. Elle me fit signe d'enlever mon casque, tandis qu'elle m'observait avec ses yeux verts vifs, emplis de curiosité envers ma venue. Ses cheveux bruns courts flottaient dans l'apesanteur tandis qu'elle enlevait entièrement sa combinaison spatiale. Je me hâtai d'enlever mon casque. C'était plus compliqué que son casque, avec les nombreuses attaches que je devais défaire avec mes énormes gants et un tournevis attaché à ma jambe pour défaire les attaches de mon casque. Après plusieurs minutes et avec l'aide de mon hôte, je pus enfin retirer mon casque, alors que la porte du sas s'ouvrait devant moi, laissant apparaître deux autres astronautes. Mon hôte se présenta puis me présenta les deux personnes devant moi en anglais. Samantha Cristoforetti, une astronaute aux cheveux bruns courts et aux yeux vifs, s'avança avec un sourire accueillant.

"Bonjour, je suis Samantha Cristoforetti. Je suis ravie de vous accueillir à bord de la station spatiale mondiale," dit-elle d'une voix calme mais pleine d'enthousiasme.

"Permettez-moi de vous présenter mes collègues." Elle désigna d'abord une femme aux cheveux blonds soigneusement coupés et au visage empreint de sagesse. "Voici Whitson Peggy, notre commandante de bord. Elle est une véritable vétéran de l'espace et une source inépuisable de sagesse et d'expérience."

Samantha se tourna ensuite vers un homme au visage marqué par les années et portant une expression sérieuse mais chaleureuse. "Et voici Vinogradov Pavel, notre en navigation spatiale et l'un des piliers de notre équipage. Son expertise et son dévouement sont essentiels au bon fonctionnement de notre station."

"Je vous remercie de me permettre de faire une halte sur votre station et de m'accueillir alors que j'arrive à l'improviste", dis-je.

"Vraiment à l'improviste ? Avec tout ce que tu as fait sur terre, on ne pouvait qu'être au courant, surtout que nous aussi, on suivait ton live", me répondit Whitson Peggy.Je me sentis un peu gêné sur le coup de savoir que même dans l'espace, on suivait notre aventure.

Ils me demandèrent de les suivre pour me présenter au reste de l'équipage, et nous remontâmes plusieurs modules où je pouvais apercevoir de nombreuses machines sur toute la surface des murs. Pendant que les astronautes devant moi avançaient, l'un d'eux s'arrêta devant ce qui ressemblait à une ferme hydroponique et me lança une balle rouge qui flottait doucement dans l'espace, me laissant largement le temps de l'attraper et de m'apercevoir qu'en réalité, c'était une tomate.

"Tu peux la manger pour la goûter", dit Vinogradov Pavel. Il me parla en français avec un léger accent russe mais compréhensible, ce qui me rassura un peu étant donné mon manque d'élocution dans les langues étrangères. Je croquai dans cette tomate, poussant involontairement une grimace en constatant son manque de goût. Comme s'il s'attendait à ma réaction, Peggy sourit en voyant ma grimace, puis ajouta en riant :"Bienvenue dans la réalité spatiale. Nos papilles gustatives ne sont pas en vacances ici. En l'absence de gravité, les fluides de notre corps se répartissent différemment, ce qui perturbe notre perception des saveurs."

Pavel tapota mon épaule après m'avoir expliqué le phénomène. "Ne t'inquiète pas, on s'y habitue avec le temps. Et puis, il y a toujours les épices."

J'avais déjà entendu parler de ce genre de problème dans l'espace, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit à ce point. Je continuai à les suivre tant bien que mal dans la station jusqu'à me retrouver face à trois astronautes supplémentaires.

Samantha désigna le premier astronaute, un homme grand et mince avec des cheveux noirs courts et des lunettes. "Voici Dr. Hiroshi Tanaka, notre spécialiste en biotechnologie. Il travaille sur des projets innovants pour la culture de plantes en apesanteur."

Elle se tourna ensuite vers une femme aux cheveux roux et bouclés, avec un sourire chaleureux. "Et voici Karen O'Reilly, notre ingénieure en chef. Si quelque chose casse ou doit être réparé, c'est elle qui s'en occupe."

Enfin, elle pointa un homme costaud avec une barbe poivre et sel. "Et ce monsieur est Alexei Volkov, notre pilote et expert en navigation spatiale et en propulsion. Il a plus de missions à son actif que n'importe lequel d'entre nous."

"Je vous remercie de m'accueillir parmi vous et de me permettre de faire une petite halte avant de reprendre ma route," dis-je.

"Reprendre ta route ? Sérieusement ? C'est déjà un grand miracle d'avoir pu faire le tour de la Terre, mais en plus d'aller dans l'espace !" s'exclama Dr. Hiroshi Tanaka, visiblement étonné.

"Puisque tu es ici, on pourrait te présenter la station," proposa Vinogradov Pavel en posant une main amicale sur mon épaule.

"Il a raison, on pourrait te montrer tous les avantages et les inconvénients d'être dans l'espace maintenant que tu es ici," ajouta Alexei Volkov en s'approchant de moi et en me jetant une bulle d'eau en apesanteur au visage, avant de la voir rebondir et la manger.

"Je vous remercie de votre offre, mais mon voyage doit continuer. Tout a été planifié rigoureusement avec ma fille. Si je devais rentrer maintenant sur Terre, je ne pourrais pas accomplir tout ce que je veux," répondis-je avec un sourire.

"Mais où veux-tu aller maintenant ? Sur la Lune peut-être ?" demanda Samantha Cristoforetti.

En me frottant la nuque, je leur répondis : "Pas exactement. Même si j'aurais voulu y aller aussi, ce serait plutôt sur Mars pour marquer l'histoire."

L'équipage changea d'expression : Vinogradov Pavel semblait émerveillé, Samantha Cristoforetti et Alexei Volkov se mirent à rire, tandis que Karen O'Reilly, Dr. Hiroshi Tanaka et Whitson Peggy me regardaient d'un air interrogateur.

"Écoute, je veux bien que tu ailles sur Mars, mais actuellement les meilleurs moteurs sur Terre permettent d'y aller en plusieurs mois," dit Alexei Volkov.

"Pas avec les moteurs équipés sur mon vaisseau. D'après ce que nous avons pu mesurer, nous devrions atteindre la planète Mars en moins de deux heures, à condition que je supporte l'accélération et la décélération. Notre plus grosse difficulté sera de nous repérer dans l'espace et de retourner sur Terre une fois arrivés sur Mars

"C'est impossible, cela voudrait dire que tu te déplaces à une vitesse proche de celle de la lumière," dit Alexei Volkov, incrédule.

"Quand j'ai utilisé les propulseurs sur Terre, je n'ai utilisé que 10 % de leur puissance. Ces moteurs ont une puissance exponentielle, ce qui signifie que nos calculs ne sont même pas précis. Mais la forte accélération lors de mes actions sur Terre a causé des lésions sur mon corps, comme une côte probablement fêlée et de nombreuses nausées dont j'aimerais me passer dans l'espace," dis-je, en voyant plusieurs d'entre eux choqués par cette révélation.

"Et tu dis que ta plus grosse difficulté est de te repérer ?" proposa Vinogradov Pavel.

"Oui, effectivement, je ne vais pas vous mentir : ma fille et moi n'avons aucune expérience dans ce domaine. Nous avons donc dû concevoir un fil d'Ariane pour nous guider, aussi bien pour l'aller que pour le retour."

"Un fil d'Ariane ? Que veux-tu dire par là ?" demanda Samantha Cristoforetti.

"Je suis désolé, mais je ne peux pas me prononcer sur ce sujet. Disons que cet outil peut être perçu autrement que comme un simple guide pour les naufragés, surtout s'il tombe entre de mauvaises mains. Comprenez que toute notre discussion est actuellement diffusée, et je ne peux me permettre de donner des détails," dis-je, en voyant plusieurs d'entre eux prendre un air surpris à l'annonce que nous étions filmés.

"Comment ça, diffusée ?" demanda Samantha Cristoforetti.

"Tu ne le savais pas ? Depuis son arrivée ici, nous sommes filmés par sa caméra sur son épaule," répondit Whitson Peggy d'un air moqueur.

"Je suis son live depuis son arrivée au Japon, personnellement. J'ai même cru à une mise en scène au début," dit Dr. Hiroshi Tanaka.

"Je suis désolé, j'aurais peut-être dû vous avertir avant," dis-je en me grattant l'arrière de la tête.

"Disons que, habituellement, il nous faut des autorisations pour filmer tout ce qui se passe sur la station, mais bon, le mal est déjà fait," dit Alexei Volkov.

"Attendez, c'est une chose le live, mais dans combien de temps comptes-tu quitter la station ?" demanda

Vinogradov Pavel d'un air excité.

"Dans approximativement dix minutes," répondis-je en regardant l'heure sur ma manche tandis que nous flottions tous en apesanteur.

"Mais pourquoi t'es-tu réellement arrêté sur la station ? Tu aurais très bien pu continuer ton voyage directement vers Mars," demanda Whitson Peggy d'un air intrigué.

"Ah ah, on dirait que je me suis fait griller. Disons que, comparé à la NASA, je ne possède pas les mêmes fonds financiers et j'ai dû bâcler un peu ma combinaison sur certains points. Je dois faire des pauses pour mon recycleur d'air. L'habitacle de mon vaisseau peut être pressurisé pendant le voyage, et le recycleur de ma combinaison n'est vraiment utile que pour les entrées et sorties en atmosphère en cas de décompression du vaisseau. Une fois que je serai sur Mars, j'ai la possibilité de me connecter directement à mon vaisseau pour avoir de l'air via des bouteilles qui servent à la fois à la compression de l'habitacle et à économiser le recycleur d'air de la combinaison. Mais je dois dire que l'air que nous respirons dans la station n'est pas forcément agréable."

"Je vous avais bien dit que ça puait dans la station," rétorqua Dr. Hiroshi Tanaka.

"Tu n'as qu'à te laver plus souvent si tu n'es pas content," répondit Karen O'Reilly à sa pique.

Tandis que les deux astronautes se chamaillaient sous le regard amusé de leurs camarades, avec Samantha Cristoforetti se prenant la tête dans les mains, je continuai à expliquer la raison de ma visite.

"Je dois dire aussi que je venais pour voir la station spatiale et vous rencontrer. C'est comme un rêve pour moi de me retrouver dans cette structure et de voir des personnes qui prennent des risques pour être ici. Je dois admettre que je suis content que vous m'ayez laissé entrer et ne m'ayez pas abandonné sur le pas de la porte," dis-je en rougissant légèrement.

Whitson Peggy me prit dans ses bras et déclara, "Dites, on peut l'adopter ?"

Les astronautes sourirent, touchés par ma sincérité. Samantha hocha la tête avec un sourire compréhensif.

"Nous sommes heureux de t'avoir ici. La station est un endroit incroyable, et c'est toujours un plaisir de partager cette expérience avec quelqu'un de passionné comme toi."

"Oui, et qui sait, peut-être que cette visite te donnera de nouvelles idées pour ton voyage vers Mars," ajouta Karen O'Reilly en souriant.

"Je l'espère bien," répondis-je, sentant un regain de détermination et de gratitude envers ces astronautes qui m'accueillaient si chaleureusement.

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