Chapitre 4.6 : Arrivée sur Mars

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Jeremy Chapi :

"Ça y est, nous sommes entrés dans le champ de gravité de Mars," m'exclamai-je, sentant une excitation nerveuse monter en moi. À côté de moi, Pavel émergea de sa sieste, les yeux encore brouillés de sommeil.

"Je pense que je peux déclarer que c'est l'une des pires siestes que j'ai jamais prises, mais le spectacle en vaut le détour. Regarde, on peut même apercevoir la couche de glace à ses pôles," déclara Pavel, encore engourdi de son repos mais visiblement émerveillé par la vue.

"Nous allons nous poser là-bas, mais pas tout de suite. Nous allons d'abord entrer dans son atmosphère et faire un petit vol au-dessus," répondis-je, mon regard fixé sur les instruments de navigation.

"Fais attention en entrant dans l'atmosphère de Mars. Elle a beaucoup moins de résistance et ne devrait pas trop échauffer la coque, mais reste prudent," me rappela Pavel.

"Pas de souci," dis-je, souriant. "Nous allons remettre nos casques pour l'entrée sur Mars, au cas où il y aurait un pépin."

Durant le voyage, nous avions pressurisé l'habitacle du Liberty pour le rendre respirable et augmenter notre confort, mais pour les phases de manœuvre, je préférais ne prendre aucun risque. Une dépressurisation accidentelle pourrait nous tuer instantanément. Pavel et moi ajustâmes nos casques, nous assurant que tous les systèmes de survie étaient opérationnels.

Les moteurs se mirent à vrombir doucement tandis que nous entamions notre décélération et notre descente vers notre destination. À travers les hublots, Mars se rapprochait rapidement, son paysage rougeâtre devenant de plus en plus distinct. Des montagnes, des vallées et des canyons immenses se dessinaient devant nous, évoquant une beauté austère et désolée incomparable à celle de notre chère planète bleue.

"Entrée dans l'atmosphère, tiens-toi bien," dis-je à Pavel.

Nous ressentîmes une légère secousse alors que nous pénétrions dans la fine atmosphère martienne. Les boucliers thermiques supportaient sans problème les faibles températures générées par la friction, et notre descente se poursuivait sans accroc.

Je continuais à diriger le Liberty vers le sol de Mars, maintenant une hauteur suffisante pour pouvoir le survoler sans risque.

"C'est relativement pauvre en couleur," s'exclama Pavel. Effectivement, Mars n'offrait pas la même palette de couleurs que notre chère planète. Ici, nous pouvions voir des nuances de gris, de marron et de rouge, avec un ciel légèrement maladif, loin de notre ciel bleu. Mais c'était un objectif que l'humanité avait de coloniser Mars.

"Que dirais-tu de faire un remake de l'alunissage, mais sur Mars ?" proposai-je à Pavel.

"Tu veux te poser ?" me demanda Pavel.

"Bien sûr, nous ne sommes pas venus que pour faire du tourisme à la base." J'entamai la phase d'atterrissage le plus délicatement possible.

Les quatre pieds du Liberty touchèrent le sol. Nous voilà posés sur Mars.

"Quoi qu'il arrive, nous serons les premiers humains à faire tout ce que nous nous apprêtons à faire," dis-je à Pavel avec excitation.

"Oui, je le sais très bien. J'ai l'impression que mon cœur va lâcher si ça continue," me dit Pavel, tout aussi excité que moi.

"Décompression de l'habitacle," annonçai-je en attrapant la main de Pavel. "Ensemble, sortons et posons les premières traces de l'humanité sur ce sol."

Nous ouvrîmes tous les deux les portes du Liberty et posâmes timidement nos pieds sur Mars, puis le deuxième, sortant enfin du Liberty pour admirer ce paysage unique qui nous entourait. Nous respectâmes une minute de silence, laissant le moment imprégner nos esprits. Un léger vent dispersait la poussière autour de nous, ajoutant une dimension presque éthérée à la scène.

Alors que je m'apprêtais à faire mon premier pas véritable sur Mars, je tombai soudainement au sol.

"Ça va ?" demanda Pavel, une pointe de panique dans la voix.

"Non, j'ai des fourmis dans la jambe," dis-je, étalé sur le côté, me tenant la jambe droite pour calmer la sensation désagréable et blessé dans mon ego à l'idée d'être le premier homme à tomber sur Mars.

"Ah, ça va alors. Je ne suis pas le seul," dit Pavel, rassuré, avant d'être pris d'un fou rire. "Dès que je peux marcher, je viens t'aider. Ah ah ah !"

Je me pris au jeu de son fou rire et me mis à rire moi aussi, tout en me retournant pour me placer sur le dos afin de voir ce ciel, qui à l'horizon était d'un marron clair et qui s'éclaircissait en un blanc au-dessus de moi. Tandis que je restais posé sur le sol, étalé de toute ma longueur, je profitais de ce moment de pause pour serrer le sol de ma main afin de saisir une poignée de terre sableuse de Mars et la laisser s'écouler de ma main comme un sablier. Les grains étaient uniformes et secs, mais cela ressemblait en tout point à la même terre que notre chère planète.

J'avais lu certaines études sur la terraformation de Mars pour la rendre vivable comme la Terre. Même si certaines théories paraissaient tirées par les cheveux, je devais admettre que, maintenant que je voyais cette terre sèche et aride autour de moi, cela semblait difficile. Mais l'impossible n'est pas humain. Je voyais maintenant Pavel au-dessus de moi, comme pour me sortir de mes songes, et il me tendait une main chaleureuse pour m'aider à me relever. Je saisis avec plaisir sa main pour me redresser sur mes jambes encore légèrement engourdies.

"Et maintenant, que veux-tu faire ?" demanda Pavel.

"Nous allons ramasser des échantillons," lui expliquai-je en me dirigeant vers l'avant du véhicule pour ouvrir le capot. À l'intérieur, se trouvaient plusieurs boîtes étanches, une pelle militaire pliante, une petite pioche, et une glacière dans le coin. "Je sais que le rover Curiosity a déjà fait un excellent travail d'analyse sur Mars depuis son envoi, mais je me dis que ramener de la terre directement de là-bas permettra certainement une analyse plus poussée. Et nous pourrons aussi éventuellement ramasser de la glace à un des pôles," expliquai-je à Pavel.

Il prit la pioche et un bac vide. "Cela fera un beau cadeau de retour, effectivement. Mais on devrait creuser à plusieurs endroits différents pour maximiser les différents échantillons."

Je hochai la tête, approuvant son idée. "Oui, tu as raison. Allons-y. Je propose que nous commencions par cette plaine là-bas, puis nous irons près de ces formations rocheuses pour comparer."

Nous nous mîmes au travail, creusant soigneusement le sol martien pour prélever des échantillons. Chaque coup de pioche soulevait des nuages de poussière rougeâtre, et chaque poignée de terre que nous ramassions semblait porter le poids des rêves et des aspirations de l'humanité. Le silence de Mars, ponctué par le bruit de nos outils, créait une atmosphère solennelle et inspirante.

Une fois nos conteneurs remplis d'échantillons de terre martienne ramassés ici et là, je me mis à sauter sur place, réalisant que mes sauts étaient bien deux fois plus élevés que sur Terre. Le poids des outils que je portais ne semblait pas peser autant que je l'avais ressenti au début du voyage. Je m'étais adapté progressivement à la gravité plus faible, mais à cet instant précis, cela me frappa vraiment : la gravité sur Mars était loin d'être comparable à celle de la Terre.

Je vis Pavel me regarder avec un sourire amusé à travers son casque.

"Tu t'amuses bien ?" lança-t-il d'un ton sarcastique.

"Oui, je ne m'attendais pas à ressentir ça, pour être honnête," répondis-je en atterrissant au sol, avant de faire de grandes enjambées exagérées dans sa direction.

"Et encore, ce n’est rien comparé à la Lune," répondit Pavel. "Mars a presque une gravité trois fois inférieure à la Terre. Et heureusement pour moi, d'un côté."

Intrigué par son commentaire, je demandai : "Pourquoi dis-tu ça ?"

"On appelle ça le 'mal de Terre'," expliqua Pavel. "Quand on retourne sur Terre après un long séjour dans l'espace, le corps n'est tout simplement plus habitué à la gravité. Cela peut causer des déséquilibres, des vomissements... et encore, c’est la partie la plus agréable ! Ah ah ah !"

Je ressentis une légère inquiétude pour lui. "Tu vas tenir le coup, non ?" demandai-je, un peu soucieux.

"Ne t'inquiète pas pour moi," répondit Pavel avec assurance. "Ce n'est pas mon premier rodéo. Étonnamment, les effets sont moins ressentis ici sur Mars, et j'étais bien conscient des risques avant de venir. Alors, ne te fais pas de souci, je ne veux pas être un boulet que tu te traînes par ma faute."

"Pour moi, tu es loin d'être un boulet, et je te remercie de m'avoir accompagné. Dis-moi, ça te dirait de piloter le Liberty pour notre prochaine destination vers les pôles ?" lui répondis-je sincèrement, tout en refermant le capot du Liberty et en attrapant un sac.

"Tu es sûr que je peux ?" demanda Pavel, visiblement surpris, en me regardant avec un air interrogateur.

"Oui, il ne devrait pas y avoir de problème. Je t'expliquerai toutes les commandes, et une fois arrivés à notre point de destination, on pourra se restaurer un peu," dis-je, en lui montrant le sac, tout en me dirigeant vers la place passager, l'invitant indirectement à prendre les commandes du pilote.

Pavel s’installa à ma place, et nous pressurisions à nouveau la cabine du Liberty afin qu'il puisse piloter plus librement, sans les gants encombrants de sa combinaison, et respirer de l’air frais après nos travaux extérieurs. Il écoutait attentivement toutes mes explications sur le pilotage du Liberty, qui se manœuvrait à l'aide de deux joysticks, un à chaque bras du siège. Le décollage fut la partie la plus simple, mais une fois en altitude, il suivit mes conseils pour accélérer et ajuster le vaisseau.

"Il est plus facile à piloter que je ne le pensais," répondit Pavel, concentré.

"Oui, je dois admettre que le vol est bien plus simple que les phases de stationnement ou de navigation dans l'espace. Heureusement que ma fille a fait des réglages parfaits pour faciliter le pilotage."

"Je vois que vous avez vraiment fait un travail formidable sur cette navette. Même s'il manque quelques instruments de mesure selon moi, c'est tout à fait respectable," répondit Pavel avec un sourire.

"Merci pour les compliments, ça me touche. On a passé tellement de nuits blanches sur ce projet que j'ai arrêté de les compter," dis-je en riant légèrement.

"Je vais me diriger vers le pôle blanc de Mars alors, pour récupérer de la glace ?"

"Oui, fais ça. De mon côté, j'aimerais bien trouver Curiosity ou Perseverance. Même si les chances de tomber dessus sont minces, j'aimerais tellement prendre une photo avec l'un d'eux."

Pavel éclata de rire. "Effectivement, il nous faudrait beaucoup de chance pour ça."

"On n'avance pas très vite, tu peux accélérer un peu avec la commande à ta gauche, mais vas-y doucement, tire-la progressivement."

"Celle-ci ?" demanda Pavel en tirant légèrement sur la commande.

En une fraction de seconde, nous fûmes collés à nos sièges par une brutale accélération qui nous coupa le souffle. Sans paniquer, Pavel repoussa doucement la commande pour réduire la vitesse, et nous retrouvâmes une allure plus raisonnable.

"Je ne touche plus à l'accélération !" s'exclama-t-il d'un ton choqué, mais amusé. "C'était encore pire que le décollage depuis la Terre."

Je ris en me tenant les côtes, qui me faisaient mal après ce brusque coup. "Ah, j'ai mal ! C'est pour ça qu'il faut vraiment y aller progressivement. J'ai appris ça à mes dépens sur Terre après une mauvaise manœuvre."

Pavel secoua la tête avec un sourire. "Désolé pour ça, mais avec tout ça, on ne devrait pas tarder à arriver. Je commence à voir le pôle blanc de Mars."

Dans le sac, soigneusement préservé du froid martien, reposaient quelques trésors culinaires de notre Terre : du saucisson sec, des morceaux de fromages odorants – du Comté et du Rocamadour – une baguette croustillante, et une demi-bouteille de vin rouge. Pour ajouter une touche de modernité à ce pique-nique improvisé, quelques canettes de boissons énergisantes étaient prêtes à nous redonner un coup de fouet.

Pavel resta un moment silencieux en voyant le contenu du sac. "Tu plaisantes ?" s’étonna-t-il, un sourire se dessinant lentement sur son visage. "Un vrai festin de gourmet sur Mars ?"

"Pourquoi pas !" répondis-je en riant. "Après tout ce travail, on l’a bien mérité. Ce sera toujours mieux que la purée de nutriments qu’on bouffe à la station, non ?"

Nous partagions ce repas avec une simplicité qui contrastait avec l’incroyable paysage qui nous entourait. Chaque bouchée, chaque gorgée de vin prenait une saveur particulière dans ce décor étrange : un sol rouge poussiéreux, bordé de stalagmites de glace, et un ciel brunâtre qui s’assombrissait lentement à l’approche du crépuscule. C’était comme un pique-nique improbable, sur un terrain étranger, où la convivialité trouvait sa place, même à des millions de kilomètres de chez nous.

"Santé !", lança Pavel en levant son verre improvisé. Nous trinquâmes avec enthousiasme, le tintement léger de nos canettes et de la bouteille résonnant dans la cabine du Liberty.

Pourtant, alors que le calme de cette pause se prolongeait, mon regard tomba sur ma montre. Mon cœur fit un bond. "Pavel," dis-je en lui tapotant l’épaule, "il nous reste à peine un quart d’heure avant de devoir repartir."

Pavel écarquilla les yeux. "Déjà ?" Sans attendre, nous vidâmes nos canettes d’un trait, et je commençai à remettre mes gants, prêt à sortir.

Mais au moment où j’essayai d’ouvrir la porte du Liberty, rien ne se passa. La porte restait obstinément fermée. Je me tournai vers Pavel, un peu confus, tandis qu’il tapotait son casque, posé sur ses genoux, avec un sourire en coin. "Eh oui, on est pas sur Terre," me dit-il en riant.

Je me sentis un peu idiot. "Ah oui... le casque." J’attrapai le mien et le remis en place avant de réactiver la dépressurisation du Liberty. L'air se vida lentement de la cabine, Une fois prêts, nous sortîmes enfin pour récolter des cristaux de glace martienne, tout en nous hâtant pour ne pas perdre de temps. Après avoir rassemblé ces précieux échantillons et les avoir placés dans un conteneur spécialement conçu pour les protéger, nous prîmes une dernière photo ensemble sur Mars, un souvenir que je chérirai sûrement dans les années à venir. C'était un moment à la fois historique et personnel.

De retour à bord du Liberty, je repris ma place de pilote, et nous fîmes un dernier signe d'au revoir à Mars avant de quitter son atmosphère. L'entrée dans l'espace provoqua quelques secousses, mais rien de dangereux pour notre navette. Une fois que nous fûmes enfin dans le vide spatial, en apesanteur, nous vîmes les miettes de notre petit repas flotter un peu partout dans la cabine.

"C'est pour ça qu'on évite la nourriture qui peut générer des miettes dans la station spatiale," dit Pavel en souriant.

"Oui, je comprends mieux maintenant," répondis-je en rigolant. "Je vais dépressuriser un instant pour évacuer ces miettes."

J'effectuai une brève décompression de l'habitacle, permettant à la majorité des débris de quitter le vaisseau. Une fois la cabine à nouveau pressurisée, Pavel me demanda :

"Alors, quelle est la suite du plan ?"

"Nous devrions voir le 'fils de lumière' arriver pour nous indiquer le chemin de retour," répondis-je, confiant. "Le seul problème, c'est qu'après l'interruption qui s'est produite, je ne suis pas sûr à 100% qu'il apparaîtra. Mais je suis persuadé que ma fille fait tout ce qu'elle peut pour nous guider."

"Et si jamais il n’apparaît pas, on peut toujours retourner sur Terre par nos propres moyens, non ? Avec le Liberty ?"

"Oui, bien sûr, mais ça nous prendrait plus de temps. Ce qui m'inquiète le plus, c'est de retrouver la communication avec la Terre et de vérifier notre position exacte. Pour l'instant, je ne sais même pas où se trouve notre planète au milieu de ce vaste ciel étoilé."

Pavel jeta un coup d'œil à travers le hublot, observant le spectacle cosmique qui s'étalait devant nous.

"Ce n’est pas vraiment un problème," dit-il calmement. "Regarde, la Terre est juste là, entre les constellations du Lion et du Petit Lion."

Je le regardai, un peu surpris. Il pointait du doigt un amas de petites lumières que je ne pouvais clairement distinguer.

"Attends… tu vois quelque chose ? Comment tu fais pour être aussi sûr ?" demandai-je, encore plus étonné.

"Eh bien, c’est mon boulot à la base. Je connais bien les constellations et la Terre doit se trouver là, vu notre position actuelle. Nous avons un angle de vue différent depuis Mars. En plus, d'après l'alignement des planètes, il ne peut s’agir que de la Terre, surtout avec Saturne visible ici." Il me montra un point lumineux jaunâtre à peine perceptible, qui devait effectivement être Saturne.

Pavel semblait sûr de lui, et je devais lui faire confiance.

"D’accord, dans ce cas, nous allons nous orienter dans cette direction. Si, d’ici la fin du temps prévu pour recevoir un signal de ma fille, nous n’avons toujours rien, alors on prendra cette route."

"Ça me va," répondit Pavel en levant son pouce avec un sourire approbateur.

Les minutes défilaient tandis que nous étions suspendus dans le vide de l’espace, Mars derrière nous, et notre maison, la Terre, n'apparaissant que comme une petite lumière lointaine, presque insignifiante face à l'immensité. Quelques débris frappaient doucement les vitres du Liberty, ajoutant une légère tension.

L’attente du signal du 'fils de lumière' pesait lourdement sur mon estomac. J’espérais de tout cœur que rien de grave n’était arrivé à ma fille sur Terre. L'arrêt brutal du signal et la perte de communication avec elle, alors que nous nous dirigions vers Mars, n'avaient cessé de me hanter. Notre bref détour sur la planète rouge et la compagnie de Pavel avaient réussi à me distraire un moment, mais maintenant, toutes mes pensées revenaient avec force. Que s’était-il passé pour que le signal s'interrompe si soudainement ? Était-elle en sécurité ? Je n’aurais jamais dû la laisser seule là-bas. Est-ce que ses derniers mots allaient vraiment être les derniers que j'entendrais d'elle ?

Inconsciemment, les mots s'échappèrent de mes lèvres : "Je veux la revoir maintenant..."

"Tout va bien ?" demanda Pavel, posant une main réconfortante sur mon épaule.

Je pris une profonde inspiration. "Oui, ça va… Je pense que nous avons suffisamment attendu." Une larme perla au coin de mon œil, que j'essuyai rapidement avant de me concentrer sur les commandes du Liberty. Pavel me regardait, clairement inquiet pour mon état mental, surtout avec la fatigue qui commençait à peser sur nous deux, sans compter mes côtes encore douloureuses après les accélérations brutales de plus tôt. C'était la dernière ligne droite, je devais tenir bon.

Soudain, Pavel pointa devant lui. "C'est quoi, ça ?"

Une lumière éclatante se dirigeait vers nous à toute allure. Elle passa à proximité du Liberty avant d’aller frapper Mars. Des éclairs d’énergie se mirent à fuser sur toute la surface de la planète, comme une fleur gigantesque s’épanouissant, ses pétales s'étendant de plus en plus loin sur le sol martien. C'était un spectacle d’une beauté incroyable, presque irréelle.

C’est à ce moment-là que je compris. "C’est notre signal, Pavel."

Je me mis rapidement à manœuvrer le Liberty pour nous aligner sur ce qui ressemblait à notre fil d’Ariane, et déployai la "canne à pêche" pour capter le faisceau lumineux. Dès que nous fûmes connectés, une violente accélération secoua tout le vaisseau, tirant sur mes muscles déjà épuisés. Mon corps criait de douleur, mais je serrai les dents. Pavel, lui, semblait mieux résister à cette épreuve, son expérience dans l’espace jouant en sa faveur.

Alors que nous nous stabilisions peu à peu, les écrans du Liberty clignotèrent : la connexion avec la Terre était rétablie. La vidéo ne fonctionnait pas encore, mais je pouvais entendre des signaux audio. Quelqu’un essayait de nous contacter. Je sortis de ma torpeur et répondis immédiatement.

"Ici Liberty, tu me reçois, ma fille ?"

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