Chapitre 3.2 - Le beau côté des choses.
— Faites gaffe où vous mettez les pieds, alerta Aimé. Les passages secrets cachent parfois des oubliettes…
— Quoi ! s’affola Axel.
— Ben quoi ? Dans les films, il y a toujours des oubliettes dans lesquelles les héros finissent par tomber.
— Aimé, arrête un peu. Je crois que Calimero a déjà eu sa dose de frayeur pour la semaine, suggéra Bertrand.
Ils revinrent doucement sur leurs pas, le faisceau de la lampe balayant le sol avec prudence. Soudain, un épais buisson se dressa devant eux, bloquant leur progression. La tension monta d'un cran alors que Christophe se baissa pour attraper une pierre. Jeannot sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine quand son coéquipier la lança de toutes ses forces vers le haut, déterminé à percer le mystère de cette étrange situation. Le projectile disparut dans l'obscurité, et un silence oppressant s'abattit sur le groupe. Tout à coup, un bruissement de feuilles au loin fit comprendre à Jeannot que la pierre ne ricocherait jamais contre un plafond. Son corps entier se crispa alors qu'il réalisait l'incroyable vérité. Il posa ses deux mains sur son crâne, cherchant à se protéger de cette conclusion irréelle.
— Non… Non ! Non ! Nous sommes dans un tunnel en plein après-midi ! implora Axel.
La mâchoire serrée, Jeannot se massa frénétiquement le cuir chevelu, essayant de trouver une issue à leur situation.
Du calme ! se répéta-t-il en boucle mentalement en fermant les yeux.
— Ah n… n... Non… Ce n’est pas… pas logique du tout, balbutia Axel.
— les gars ! Vous commencez à me faire flipper, lâcha Bertrand.
Jeannot aspira une grande bouffée d’air, tentant de reprendre l’ascendant sur ses émotions. S’aventurer à l’aveuglette de nuit avec du brouillard et en pleine montagne, c’était l’accident assuré. Il intima l’ordre de ne plus bouger, conscient des risques que cela représentait. Malgré les réprobations de Pierrot, le chef d’équipe campa sur ses positions, expliquant que la sécurité était primordiale.
— Christophe, éteins ta lampe. Il vaut mieux garder des piles, au cas où, suggéra-t-il.
— Et si le brouillard ne se lève pas ? demanda Axel.
— On verra, répondit Jeannot.
— Et si ce n’était pas du brouillard ?
— Et si je t’en mettais une pour que tu psychotes en silence ? lui rétorqua Christophe passablement excédé.
Un silence pesant s'abattit alors qu'ils se blottissaient les uns contre les autres dans l'herbe. De temps en temps, Christophe allumait la lampe, mais le brouillard dense persistait. Axel ne cessait de se plaindre de la situation.
— Pense à ce que dirait Francis : « Il faut savoir regarder le beau côté des choses et non le plus sombre », fit remarquer Pierrot afin de le rassurer.
— Ah ouais ! s’exclama Axel. Quel est le beau côté des choses, en ce moment ?
— Tu n’es pas seul...
Jeannot esquissa un sourire intérieur. Il s'étendit sur le dos, fermant les yeux en espérant que le brouillard se dissiperait tout comme le mystère qui enveloppait cet endroit. Il se reprochait de ne pas avoir été plus prudent avant de s'engager dans ce passage incertain. L'excitation de l'aventure avait laissé place à une angoisse grandissante, renforcée par le phénomène inexplicable qu'ils avaient vécu.
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