Chapitre 6
Le jeune archer n'était certes pas au bout de ses surprises, lui qui ne pensait jamais rencontrer le Prince Maudit du pays froid, dont il avait tant et tant entendu parlé.
Voilà qu'il avait rencontré sa femme, une jeune Princesse belle et bien étrange et son mari maudit. Un être sombre, menaçant et beaucoup trop épris d'elle.
- Prends garde mon jeune ami, lui dit un des Ravageurs, tu risque de découvrir une chose bien plus horrible encore.
- Messire ?
- Caleb, gronda Nohan.
- Mon Seigneur ?
- Tu seras avec Konnan.
- Entendu.
Il se tourna vers un ours immense qui lui adressa un regard étrange.
Mais alors qu'il reportait son attention sur leur chef, ce dernier se pencha pour ramasser ce qui devait être un caillou, dans la neige. Il visa quelque part près du dôme et le lança si fort que ce dernier perfora la protection, faisant hurler quelqu'un à l'intérieur.
- Intéressant, fit Atlas. Caleb.
- Ou-Oui ?
- Tire ta flèche à l'endroit que nous venons de toucher.
- Euh... ou-oui, d'accord.
Peu sûr de ce qu'il devait faire, le garçon campa sur ses jambes, banda son arc, sa flèche en place, tira sur la corde en crin et visa l'endroit indiqué. Il tira sa flèche qui partie droit vers sa destination. La protection se brisa, du moins pas totalement. Ils purent entendre les cris rageurs de l'intérieur et Nohan pouffer sombrement.
- Recule petit, l'avertit alors l'ours qui devait l'accompagner.
Il n'eut pas le temps de demander pourquoi qu'il fut tiré en arrière et découvrit quelque chose qui le fit trembler de peur. Nohan, ou peu importait qui se trouvait devant lui en cet instant, tira sa lourde épée, marcha vers le dôme brisé pour donner un coup si violent que la neige s'en dégagea, faisant trembler la terre dangereusement. Des hennissements paniqués se firent entendre plus loin.
- Il est temps. déclara le Prince, prêt à régler ses comptes avec celle qui semblait vouloir tuer sa jeune épouse à l'intérieur.
[...]
- Je crains que vous n'ayez eut raison, ma chère, fit Fieren.
- Comment est-ce possible ? souffla t-elle.
Après avoir quitté le château avec Fieren, Kaerthage s'était dirigée vers la colline où le signal du nécromancien était le plus fort. Mais quand ils furent arrivés sur place, la surprise avait été si grande pour la jeune femme.
- Comment ?
- Bien le bonjour ma très chère sœur !
- Cérésia... Que ce passe t-il ? Comment as-tu put ?
- Devenir comme toi ? Père m'avait préparé à ce que je puisse reprendre après lui. s'exclama la princesse Solarienne furieuse. Ainsi, ce qu'il n'a put obtenir avec toi, il l'aurait eu avec moi si tu ne l'avais pas tué !
- Il allait faire le génocide de tout un pays !
- UN PAYS QUI ME REVENAIT DE DROIT !
- Ainsi donc, la jalousie est un trait particulièrement fort chez les Solariens, soupira Fieren.
- Je n'ai jamais cherché à convoiter quelque chose qui ne m'appartiens pas.
- Alors rends moi ce que tu m'as volé ! Sorcière !
Fieren buta à ses paroles.
- Elle pense que je lui ai volé Nohan.
- Oh... Je vois. Ce n'est donc que de ça qu'il s'agit.
Mais alors que l'ange et sa partenaire discutaient face à cette princesse incontrôlable, Cérésia fulminait. Que ce passait-il pour que le monstre qu'avait créé son père soit à ce point désobéissant, même envers elle qui était du sang royal ? Elle devait lui montrer à qui elle devait appartenir et à qui elle devait obéir. Cérésia avait passé son année à travailler la maîtrise de cet art sombre, allant jusqu'à tuer bon nombre de gens, trompant son monde au pays de la chaleur.
Personne ne se doutait qu'elle avait été à l'origine d'autant de disparitions, et elle n'en avait que faire. Du moment qu'elle pouvait faire plier cette chienne et la mettre à sa botte, elle était prête à tout. Même à ternir son propre esprit qui, de toute façon, ne lui appartenait déjà plus.
Mais voilà qu'elle s'était lancée dans une révolution et une tuerie de masse, alimentant son pouvoir mortel pour le pousser à son maximum et ainsi, asservir Kaerthage.
Mais, ce dont elle ne pouvait se douter, était que son pouvoir était insignifiant face à celui de sa sœur. L'ange, en prenant possession de son corps, lui offrait une force décuplée et un savoir qui allait bien au delà de ce que Cérésia avait put apprendre dans les livres qu'elle avait volé.
Elle lui envoya une attaque visant le cœur de sa sœur, mais Fieren para l'attaque assez rapidement.
- Hmpf, gronda le Diamant de Solaris. Habile mais pas assez puissante. Tu vas voir !
Elle tenta d'autres attaques, quelques unes touchèrent Kaerthage, la blessant ci et là, déchirant ses atours, laissant le sang glisser sur le sol neigeux. Mais la jeune femme ne se laissa pas démonter pour autant, parant les attaques.
Elle ne voulait clairement pas blesser sa sœur, jusqu'à ce que cette dernière se mette soudainement à hurler de rage et de douleur.
Kaerthage releva la tête pour voir le dôme qui la retenait prisonnière, se fissurer. Quelqu'un tentait d'entrer par la force. Caleb ? Non, même si ce jeune archer était fort, il n'avait la puissance nécessaire pour-
- Nohan ! s'exclama Kaerthage, comprenant que son mari était à l'origine de cette intrusion.
- Restez concentrée jeune fille ! intervint Fieren alors que Cérésia lui envoya une attaque lourde, la touchant à la cuisse, perforant cette dernière.
Comme l'effet d'une lance plantée dans sa chaire, Kaerthage se trouva foudroyée par la douleur.
- Kaerthage ! entendit-elle crier derrière elle.
- Nohan... Que fais-tu là ?
- Je viens récupérer ce qui m'appartiens. T'a t-elle blessé ?
- À l'instant, répondit Fieren.
- Que...
- Ne vous en mêlez pas, siffla la voix de Kaerthage, dont la cuisse lui lançait. Ma soeur est en colère.
- Sa cupidité et sa jalousie sont un fardeau très lourd à porter.
- Son cœur a toujours été corrompu par père, mais je ne puis me résoudre à la tuer... Pourtant il le faut.
Elle s'appuya sur le bras de la créature qui se tenait à ses côtés. Nohan et Atlas avaient encore passés un cap dans leur immense colère, mais c'était bien à elle de régler ce problème. Solaris serait à jamais sa terre natale, pourtant son souvenir ne sera jamais le plus heureux.
- Fieren ?
- Il ne pourra intervenir cette fois, déclara t-elle en boitant jusqu'à Cérésia qui s'était figée.
Alors que la bête qui lui faisait face se trouvait être ce prince qu'elle avait désiré avoir pour asseoir son pouvoir et son autorité sur un pays comme Kaolan, le voilà qu'il se trouvait être aussi hideux que Kaerthage.
- N'approche pas monstre ! hurla t-elle quand elle la vit s'avancer, la jambe saignant depuis la cuisse. Souhaites-tu mourir ?
- Je n'ai point ce souhait. Mais tu ne me laisse pas le choix que de rendre justice. Père était un être mauvais et tu as tout pris de lui. Moi qui pensais avoir une sœur… Tu n'étais qu'une copie de ce monstre assoiffé de pouvoir.
- Tu n'es pas ma sœur ! Père était un homme bon et juste !
- Tu es aveuglée Cérésia. Les tueries, les meurtres de masses, les guerres incessantes, les morts de nos frères abandonnés au combat. Je sais pour tout ça. Comme je sais ce que tu as fait pour en arriver là.
- NON ! Tu ne sais rien ! Rien du tout !
- Sais-tu que pour obtenir le mal il te faut passer le cap de tuer un innocent ? Qui as-tu donc sacrifié pour ton sombre complot ? Est-ce un passant ou un de nos frères ?
- Lily.
La douleur vrilla le cœur de Kaerthage.
- NON ! hurla la jeune femme. MONSTRE ! Tu oses donc assumer que père et toi êtes des honnêtes personnes quand tu oses sacrifier même une de nos sœurs ?!
Les larmes lui brouillèrent la vue, sa douleur était immense. La petite Lily était la dernière de leur grande fratrie. Comment avait-elle put s'en prendre à un être si petit ? Qu'avait pu dire la Reine ? Leurs mères ?
Leurs frères et sœurs ? Étaient-ils tous encore en vie ?
Mais la blessure de Kaerthage était trop grande et elle n'eut d'autre choix, quand une attaque visa Nohan, que de répliquer à son tour.
- Tu ne me laisses donc pas le choix. Que justice soit faite. Tu rejoindra père, où qu'il soit, dans les profondeurs des pays des Enfers.
Cérésia comprit que trop tard ce qui allait se passer. Elle n'eut que le temps de lancer quelques sorts mais la magie flamboyante de sa sœur brisa sa résistance pour la tuer sur place.
- Le...
- Kaerthage !
Nohan la rattrapa.
- Lily...
- Récupérez le corps de Cérésia ! Nous allons retourner au château !
- Que fait-on du corps ?
- Solaris, souffla la jeune femme dans ses bras.
- Nous allons le déposer à Solaris.
- Majesté ! s'écria la voix de Caleb alors qu'ils revenaient vers l'entrée du dôme qui s'était effacé après la mort de la nécromancienne.
- Nous rentrons.
- Tu n'as pas fini de nous voir mon jeune ami, s'amusa Konnan jusqu'à ce qu'il voit sa jeune maîtresse. Dame Kaerthage...
- Rentrons.
Au château, tous avaient reprit leurs esprits, se demandant ce qu'ils avaient bien pu faire et pourquoi se retrouvaient-ils tous armés, en train d'attaquer leurs maîtres.
- Place ! hurla Konnan de sa grosse voix, alors qu'ils entraient dans la cour. Ellan !
Alors que Sartan aidait Caleb à descendre du cheval sur lequel ils étaient installés, le jeune homme lui demanda :
- Qui est Ellan ?
- La fiancée de Konnan.
- Oh... Hein ? Les... Les Ravageurs peuvent avoir des compagnes ?!
- Qui a dit que nous n'avions pas le droit ?
- Konnan ! Stroke ! entendirent crier.
- Ellan !
Une femme apparue, courant vers lui et sautant dans les bras du colosse qui posséda sa bouche voracement, embarrassant l'adolescent qui détourna la tête.
- Ta Dame est blessée.
- Majesté ! s'écrièrent deux autres femmes, courant à travers les soldats et gens de Kaolan, pour venir jusqu'à eux.
- Sir Sartan ! Que...
- Y a t-il des blessés ?
- Non Majesté, répondit Ellan au Prince qui tenait toujours sa belle dans les bras.
- Thomas... Où... Où est Thomas ? paniqua Kaerthage.
- À l'intérieur, Sir Leron et Sir Kamille ont refusé de le lâcher. Il est épuisé mais très fort. répondit Capucine.
- Nohan...
Caleb fut, bien malgré lui, embarqué par le groupe, à l'intérieur du château jusqu'à arriver à la grande salle.
- Nohan ! entendirent-ils provenir de la Reine. Mon dieu, Kaerthage ! Vite, un médecin !
- Thomas...
- Maman, appela une petite voix.
Nohan, rassuré de le voir dans les bras de Kamille, lui fit signe de les rejoindre, mais l'état de la jeune femme dans ses bras inquiéta le garçonnet qui couru vers eux.
- Et les Ravageurs peuvent enfanter, précisa Sartan à l'oreille de l'adolescent.
- Père ! Maman !
Nohan le souleva dans ses bras, tenant sa femme et son fils contre lui, soufflant enfin. Le regard du guerrier se modifia pour laisser apparaître celui d'Atlas, lui aussi soulagé.
Ce n'est que plus tard, alors qu'ils étaient conviés dans la grande salle des Ravageurs, que Caleb fut enfin présenté. Thomas, connu comme étant le jeune prince, enfant de ce couple étrange, le détailla de haut en bas.
Kaerthage, assise sur les cuisses de son mari, aussi protecteur qu'un dragon.
Elle était entourée d'un long peignoir ainsi que d'une cape chaude, sa cuisse bandée, Nohan faisait en sorte de ne pas lui faire mal. Ses cheveux lâchés, retombaient en cascade dans son dos.
Elle était si belle que l'adolescent eut bien du mal à ne pas détourner son regard d'elle.
- Qui es-tu ? demanda le garçonnet curieux.
- Thomas, souffla sa mère.
- Je m'appelle Thomas Karsan, se présenta t-il en saluant Caleb.
- Je... Caleb Stuart. répondit l'archer à son tour, pris au dépourvu.
- Caleb a veillé sur moi le temps que Nohan et Atlas n'arrivent, expliqua Kaerthage.
- Merci, répondit simplement Thomas.
Car dans son esprit, Caleb n'avait pas plus réussi que lui, à protéger sa mère.
- Euh, je... Je n'ai rien fait que de...
- Inutile de te justifier, fit le Prince maudit, caressant sa belle.
- Nous devrons partir sous peu. Le corps doit être ramené à Solaris. dit la jeune femme, le regard triste.
- Te sens-tu de pouvoir faire le trajet ?
- Je ne saurais le dire. Mais nous devrons...
- Douce femme, gronda Nohan.
- Thomas. Cérésia a...
Était-ce vraiment une bonne idée de lui dire ? Il était jeune et serai perturbé à jamais, mais lui cacher avant leur arrivé ne ferait qu'empirer les choses.
- Qu'a t-elle fait ?
- Elle a... Lily...
Les larmes de sa mère, le ton vibrant... Thomas compris.
Son cri fut si rauque, si fort que le sol vibra. Son petit corps ne put endiguer la tristesse, la colère et la haine qui affluaient en lui en cet instant.
Sa voix se brisa devant sa mère.
Elle venait de perdre deux sœurs, l'une tuée par l'autre. Quant à l'autre... Elle l'avait tué elle-même.
***
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