Chapitre 7
Caleb se retrouva bien malgré lui, une nouvelle fois embarqué dans une aventure qu'il n'avait pas prévu.
Deux jours après la révolte, le peuple de Kaolan s'était vu être confiné chez eux. Le groupe dirigé par Nohan, pris le départ quand la Dame du Prince fut en état de se lever sans vaciller.
Dans une cariole tiré par deux chevaux robustes, la Dame, ses aides et son fils y étaient installés pour tout le voyage.
L'adolescent se trouvait assis, à côté de Konnan qui guidait les deux destriers. Il pouvait voir Nohan devant, le regard rivé sur l'horizon, l'air sombre et plus menaçante encore.
- Solaris a décidé de s'en prendre à la mauvaise personne, entendit-il sur sa droite.
- Messire ?
- Derek.
Le regard de l'homme se changea, lui faisant comprendre que le démon était de sortie pour les accompagner.
- Pourquoi Solaris s'en prendrait-il à une de leurs filles ? le questionna l'ado.
- Yenesse est-il si excentré pour que les nouvelles du monde ne passent pas ? s'étonna Thomas.
- Jeune prince ?
- Derek ! s'exclama le garçon en souriant au démon qui fit ralentir son cheval pour être à la hauteur de sa fenêtre. Pas trop fatigué ?
- Grâce à vos efforts nous avons put économiser beaucoup, mais vous devriez être le plus fatigué d'entre nous, pourtant...
- Pourtant, notre petit prince est aussi féroce que son père, rétorqua Kaeethage.
- Majesté.
Le ton du démon était plus inquiet.
- Je vais bien Sir Derek. Mais je vais devoir demander à votre chef une pause, car ma cuisse me lance.
- De suite !
Le démon lança son cheval au galop pour rattraper le Prince en tête de cortège, et lui donner l'information. Nohan fit demi tour pour se rapprocher de la fenêtre.
- Femme.
- Désolée de vous ralentir, mais j'ai besoin de marcher.
- Te sens-tu assez forte ?
- J'en ai besoin. Je dois éviter de trop en faire, mais rester assise me créé plus de douleurs qu'autre chose.
- D'accord. Nous allons faire une halte ! hurla t-il à ses hommes. Thomas tu veux bien sortir ?
- Oui !
Alors que la faction s'arrêta dans un endroit assez isolé mais bien fermé, il descendit de Tyr dont il confia les rênes à un de ses hommes. Les femmes aidant la sienne à descendre. Quand son pieds toucha la neige froide, un soupir de soulagement s'échappa de sa bouche.
- Si j'avais su que la neige te ferai autant de bien, je t''aurai plongé dans une bassine, ma douce Princesse des Glaces.
- Si j'avais su, je n'aurai jamais demandé à revenir à Solaris, sourit-elle en lui prenant la main qu'il lui proposa.
- Je vais te guider, accroche toi à moi.
Alors que le père et le fils quittaient le camp avec la femme blessée, Caleb aida les hommes et les trois femmes à préparer le campement pour la nuit.
Depuis son départ, Caleb n'avait pu réellement faire ce qu'il avait prévu. Lui qui était venu à Kaolan pour retrouver quelqu'un, le voilà embarqué dans une aventure bien plus complexe qu'elle n'y paraissait.
Il avait rencontré une femme étrange, avait reconnu une autre qui s'était avérée être l'ennemi. Il avait vu de ses propres yeux le démon et le Prince, rencontré les Ravageurs, fit la connaissance du fils d'un couple impressionnant et il avait sous les yeux une famille soudée et dont l'amour éclatant l'éblouissait un peu trop.
Si son père avait été là, lui aussi aurait du mal à y croire. Il sourit à l'idée que son vieux père puisse rencontrer ce trio impressionnant, mais surtout savoir que son fils avait été proche du Prince Maudit.
Bien qu'il avait aperçu la famille Solarienne quand il était encore qu'un enfant, il avait reconnu Cérésia et Kaerthage, mais cette dernière était loin de ressembler à la jeune fille qu'il avait en souvenir.
Celle-ci n'était plus si effacée et possédait effectivement un regard spectaculaire qui le hantait.
- Caleb ! l'interpela un des Ravageurs. Tu devrais te préparer au lieu d'épier.
Les rires sombres et moqueurs des Ravageurs lui donnaient froid dans le dos.
Durant la soirée, alors que Kaerthage, Thomas et les trois femmes étaient couchées dans la cariole, à l'abri du froid, les hommes eux restaient dehors.
- Tu es sûr de vouloir rester ? se moqua un des hommes, alors que Caleb se trouvait encore en leur présence.
- Est-ce une réunion privée ?
- Du tout, répondit la voix vibrante et profonde de Nohan. Mais il est l'heure pour les enfants d'aller dormir.
- J'ai quatorze ans !
- Oh ? Et dis nous donc, jeune homme, pourquoi es-tu venu à Kaolan ?
La voix, il la reconnu comme étant celle du démon possédant le Prince. son timbre le fit frissonner de peur.
Quand il tourna son regard vers les autres, il découvrit alors pourquoi le Prince l'avait mis en garde : c'était l'heure où les démons se réveillaient.
- Je.... Je suis venu chercher quelqu'un.
- À Kaolan ?
- D'après mes recherches elle se serait arrêté à la capitale avant de reprendre la route.
- Qui cherches-tu ? Un père ? Un frère ?
- Ma fiancée, déclara t-il non sans rougir.
- Ta fiancée ?
- Lina est mon amie d'enfance et nous nous sommes promis l'un à l'autre avant qu'elle ne parte de Yenesse.
Les démons sourirent. Le garçon était intrépide et ça les amusaient bien.
- N'est-ce pas compliqué de voyager seul à la recherche de cette fille ?
- Lina n'est pas qu'une simple fille ! Elle...
- Quel est son nom ?
- Kermen, elle s'appelle Lina Kermen.
- Elle est à Solaris, entendirent-ils.
- Princesse ?
Atlas se leva pour venir l'aider à marcher jusqu'au feu. Les Démons se raidirent, attentif à la jeune femme, Caleb assista à une scène assez inédite. Tout leurs regards étaient braqués sur elle, attendant à ce qu'elle soit installée, au chaud, contre leur maître.
- Vous dîtes que Lina est à Solaris ? fit Derek.
- Si fait, je me souviens d'une jeune fille répondant à ce nom. Elle et ses parents sont venu chez nous pour entrer au service de Cérésia. Mais j'ai le souvenir que ma sœur en a fait des siennes. Lina a donc fini par entrer au service de mon aînée : Elsa.
Voyant le regard de Caleb, briller, Kaerthage lui sourit.
- Je ne puis garantir qu'elle y soit encore. Je ne l'ai pas vu quand ils sont venu à notre mariage.
- Je ne me souviens pas que tes sœurs avaient des aides non plus, répondit Nohan.
- Tu ne dors pas encore ?
- Quand je t'ais entendu, je n'ai pu me résoudre à fermer l'œil. Personne ne le peut.
- Je m'en excuse...
- Ne le faites pas, lui répondit Leron. Comment va votre jambe ?
- J'ai mal. Mais c'est plus supportable. Si je marche un peu, la douleur se calme. dit-elle. Je ne vous ai pas remercié d'avoir veillé sur Thomas et de l'avoir protégé.
Elle inclina la tête.
- Le petit Prince a un pouvoir extraordinaire, c'est surtout lui qui nous a protégé. répondit Leron.
- C'est vrai ! Pour un garçon de son âge, il est absolument extraordinaire d'avoir une telle endurance, compléta Fran.
Le regard adouci et étrange de la Princesse les firent frissonner. Les démons ne purent s'empêcher de feuler en croisant son aura chaude et apaisante.
Nohan et Atlas rajustèrent la fourrure autour de Kaerthage, la tenant un peu plus contre eux, proche du feu pour la maintenir au chaud jusqu'à ce qu'elle s'endorme, bercée par les discussions des Démons et de son époux.
- Ne vaut-il mieux pas la ramener dans la cariole ?
- Elle ne dormira pas.
- Ne te mêle pas de ça mon garçon, l'avertit Karssian. Allons-y Messieurs, nous avons du travail.
- Caleb, va dans la cariole. ordonna Leron.
Ne comprenant pas pourquoi ils désertaient le camp, le jeune homme dû tout de même obéir.
- Il leur faut du temps, dit Thomas quand il entra dans l'habitacle.
- Prince Thomas, vous ne dormiez pas ? murmura l'archer.
- Je m'inquiète pour maman. Mais ils ont besoin d'être seuls.
- Ça vaut pour vous aussi.
- Sir Leron, sourit le garçon.
Une caresse sur sa tête et le garçon referma les yeux, s'endormant contre Capucine.
Caleb ne pouvait exprimer ce qu'il vit en levant son regard vers le couple près du feu, car pour lui ça sortait de l'ordinaire, mais il pouvait clairement voir le démon et l'humain discuter, yeux fermés, tenant fermemant leur trésor entre leurs bras féroces. Une sorte d'onde douce entoura le couple, se propageant un peu partout dans le campement. Il pouvait entendre les feulements et soupirs des hommes autour de lui.
Durant leur voyage et les quelques nuits qu'ils passèrent dehors, Caleb fut témoin de bien des choses comme celle-ci. Mais il n'osa jamais demander ce que c'était comme phénomène.
[...]
- Que ce passe t-il ?
- Pourquoi le Prince de Kaolan et les Ravageurs sont là ?
- La princesse Lunaire est de retour !
- Que ce passe t-il ?
Depuis qu'ils étaient entrés dans la ville forte, les murmures des habitants se faisant nombreux, les accompagnant jusqu'aux grilles du château.
Quand ils s'arrêtèrent devant ces dernières, fermées, ils sentirent que quelque chose n'allait pas et que Solaris s'était peignée d'une teinte rouge et noire.
- Halte ! fit un garde.
- Nous venons voir la Reine de Solaris, tonna la voix de Nohan.
Le garde sembla surpris et baissa la tête.
Quelque chose n'allait définitivement pas.
- Réponds, qui dirige Solaris ? gronda Nohan.
- Laissez les entrer, annonça une voix paniquée.
Une des dames de compagnies de la Reine avait dû être appelée en urgence pour venir voir qui attendait à la grille. Quand elle découvrit Kaerthage, la panique pris le dessus, mais l'aura de son époux maudit la terrifiait encore plus. Si ils étaient là, c'est que quelque chose s'était passé.
Le garde hocha la tête, il ouvrit la grille et laissa passer la faction avec ses deux chariots.
- Qu'est-ce qu'ils transportent à ton avis ?
- Des vivres ?
- De l'or ?
- Il paraît que la Princesse Lunaire a tué le Roi Edmund durant son mariage.
Dans la cour, ils purent s'apercevoir que le château tombait en désuettude.
- Que ce passe t-il ici ? s'enquit Minos intrigué par l'état du palais.
- De... Vous devriez rentrer. fit la femme en les précédent vers la grande salle. Majesté, Kaolan a envoyé...
- Kaolan ? s'enquit la Reine veuve et seule régente actuelle. Qu'ils entrent ! Kaerthage !
- Majesté, dit la jeune femme en se penchant, soutenue par son époux.
- Que...
- Un siège, demanda Nohan. Ma femme est blessée.
- Oh mon dieu !
L'annonce de sa blessure fit le tour du palais et bientôt du pays. Mais la raison de sa blessure ne fut exposé qu'après qu'elle ai put s'installer.
- Comment ?
- Lily. murmura simplement la Princesse.
- Alors tu sais.
Sans rien dire, on apporta le corps de Cérésia. La Reine savait. Oui, elle savait depuis longtemps que cette fille là n'était plus elle-même depuis que son père avait décidé d'envoyer Kaerthage à sa place auprès du Prince. Mais jamais, elle ne s'était attendu à temps d'abominations de sa part. Jamais elle ne s'était attendu à ce que cette fille-là devienne aussi violente, au point de tuer son propre sang.
- Je veux la voir.
- Bien sûr. Mais... Suivez moi.
La Reine se leva pour les guider vers une salle qui sentait la mort et la décomposition.
Devant eux...
- Non... Non, cela ne ce peut... Elle...
Kaerthage s'effondra au sol.
- Aucun n'a survécu. Je les ai tous perdu.
***
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