Chapitre 8

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- Elle les a tous tué. avoua la Reine. Il en reste plus personne.

Bien que, ni elle ni Thomas, ne gardaient de bons souvenirs de Solaris, ils ne pouvaient nier la tristesse et la blessure profonde que leur procuraient la disparition entière de leur famille.

Kaerthage était inconsolable et Thomas à ses côtés, pleurait également.

- Pourquoi... Pourquoi tant de haine ? Tant de mépris ? Pourquoi personne ne les a protégé ?
- Nous n'avions rien vu venir. Chaque nuit, l'un d'entre eux disparaissait sans que nous ne puissions trouver qui les enlevait, ni où ils étaient emmenés.

Nohan ne pouvait que ressentir la détresse de sa femme et de son fils, mais ne la partageait pas car il n'était pas proche de cette famille.

- M- Majesté, s'exclama Caleb. 
- Qui...
- Lina Kermen. Est-elle...
- Lina ? Oh oui je me souviens de cette petite. Elle doit être cachée dans sa chambre. Es-tu un ami ?
- Il est son fiancé. répondit Nohan de sa voix sombre et vibrante.
- Allez la chercher.
- Oui Majesté.
- Ne t'attends pas à voir sa famille jeune homme. Elle a péri en tentant de protéger les filles et fils de Solaris. avoua la Reine.

Caleb tomba à genoux à son tour, apprenant là la terrible nouvelle comme ci elle était celle de la mort de ses propres parents.

- Majesté, Lina est là.
- Li... Lina ! s'exclama Caleb en se relevant.

Il découvrit sa jeune amie, le visage creusé par la maigreur, les cernes noires, le visage salis par les larmes. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Quand elle entendit la voix de Caleb, son regard brilla.

- Caleb... souffla t-elle.

Le garçon se précipita vers elle et la pris dans ses bras, la laissant pleurer de tout son saoul contre lui. Elle cria, pleura, s'accrochant à lui avec désespoir. 

- Elle les a tué ! Elle les a... elle les a tué...
- Je sais, je sais... Elle ne le fera plus. Je te le promet.
- Comment peux-tu le savoir ?
- Car je l'ai tué. fit la voix absente de Kaerthage encore au sol, la tête contre la cuisse de son époux, son fils près d'elle.
- Qui...
- La Princesse Lunaire.

Lina s'approcha, titubant vers la Princesse pour découvrir son visage livide, les larmes coulant à flot sur ses joues, le regard fixé sur les lits où reposaient ses frères et sœurs.

- À quoi sert-il de posséder un pouvoir si il ne peut nous aider à protéger les nôtres ? souffla la Princesse.
- Nous ne n'avions put le prévoir, répondit son mari, effrayant Lina.

La petite croisa son regard et fut pétrifiée par la peur. Dans ce regard, elle pouvait ressentir le sang, la mort et la colère. 

Le démon posa son regard sur elle, Lina couina, se recroquevillant contre Caleb.

- Majesté, vous-

Nohan n'en avait rien à faire, toute son attention était tournée sur sa femme et son fils qui pleuraient leurs frères et sœurs, tués par la cupidité d'une des leurs. Quand il posa de nouveau son regard sur les deux ados, il était encore plus violent. Caleb se tue.

- Nohan, souffla Kaerthage.

L'homme s'accroupis près d'elle, faisant craquer le cuir de sa tunique, cliqueter sa côte de maille.

- Pourquoi mes pouvoirs n'ont-ils pas pu prédire tout ce massacre ?
- Ne te fustige pas pour ça, femme. répondit la voix sombre mais plus adoucis, du géant.

Il lui prit le menton, releva son visage pour enfoncer ses yeux dans les siens et capter sa douleur qu'il chercha à diminuer.

- Maîtresse...
- Majesté, gronda Nohan sans se tourner vers la dernière maîtresse de Solaris.
- Prince Nohan ?
- Nous est-il possible de séjourner ici ?
- Bien entendu, je vais faire préparer des chambres. 
- N'en préparez qu'une. Nous ne resterons que le temps des funérailles et de vous apporter notre aide. déclara le géant en se redressant.
- Qu'une seule ? s'étonna la Reine. Mais, et vos hommes ?

Leurs regards changèrent quand le Prince déclara :

- Nous avons nulle besoin de sommeil comme les humains.

[...]


- Les Ravageurs sont là ?
- Si fait. Ils n'ont demandé qu'une chambre.
- Vont-ils tous dormir au même endroit ?
- N'ont-ils aucune manière ?
- Le Prince a ordonné qu'on prépare qu'une seule chambre.
- Ses hommes sont d'accord ? Où vont-ils dormir ?
- Dans les écuries ? 
- Faut-il les préparer ?
- Il y a déjà leurs chevaux et les carioles.
- Que faire ?
- Préparons déjà la chambre, ils aviseront entre eux.

Les servantes se répartirent les tâches, allant préparer la chambre en question, sans vraiment savoir pourquoi une seule avait été demandé et non plusieurs pour les hommes de ce fameux Prince étrange.

- La chambre est-elle prête ? demanda la supérieure.
- Oui Miss ! s'exclamèrent les servantes qui venaient tout juste de finir de préparer le lit.
- Bien, veuillez défaire le lit.

Elles la regardèrent intriguées.

Des pas se firent entendre dans le grand corridor. Une aura froide et meurtrière remplissait  l'espace, frigorifiant quiconque se trouvait sur le passage.

- Ils arrivent, s'exclama la supérieure en panique. Dépêchez-vous ! Ouvrez le lit !
- Tout de suite !

Trop tard, Nohan entra dans la chambre, tenant Kaerthage dans ses bras.

- Le lit est prêt.

Nohan s'avança vers le lit pour y déposer sa femme. Thomas se montra à son tour, surprenant les servantes et leur supérieure. 

- Tes aides vont te préparer, entendirent-elles provenir du Prince terrifiant.

C'était la première fois qu'elles le voyaient en vrai et l'aura qui l'entourait était si sombre, si glaciale, qu'elles se tenaient à distance.

- Majesté.
- Est-il possible d'avoir de quoi préparer le bain de la Princesse ? demanda une des trois femmes qui accompagnaient la faction.
- Oui, par ici.
- Danik, Minos. gronda la voix du prince.

La supérieure quitta la chambre pour guider deux des femmes et les deux Ravageurs pour récupérer le bac ainsi, de quoi préparer l'eau.

- As-tu besoin d'aide ?
- Cassia.
- Majesté ?
- Pouvez-vous m'aider ?
- Bien sûr.

Les servantes restèrent en retrait, observant la scène, alors que les hommes restaient à proximités. 

- Poussez-vous, entendirent-ils quelques instants plus tard.
- Dehors, souffla Kaerthage alors que ses aides préparaient son bain.
- Nous serons juste derrière. dit Nohan en lui embrassant el front. Thomas.

Le garçon jeta un regard à sa mère, puis quitta la chambre pour rejoindre son père et ses hommes.

Alors qu'Ellan aidait sa maîtresse à se dévêtir, les servantes solariennes découvrirent la blessure sur sa cuisse.

- Mon dieu ! Avez-vous mal ?
- Ça ira mieux dans quelques temps, fit la jeune femme en souriant tristement à la servante horrifiée.
- Capucine, aide moi.

Ellan et Capucine aidèrent la Princesse à entrer dans le bac fumant.

- Avez-vous besoin de quoi que ce soit ?
- Non merci. Vous pouvez sortir.
- Vous êtes sûr ? hésita une des femmes.

Mais les aides de Kaerthage leur indiquèrent de quitter la chambre, sortant à leur tour pour laisser leur maîtresse seule, jusqu'à ce qu'elle se mette à chanter une complainte, pleurant les morts. Thomas, d'instinct, se joignit à son chant, pleurant à son tour sous le regard concerné de son père.

Nohan posa une main sur sa petite tête, les écoutant chanter en choeur dans cette mélancolie, écoutant leur tristesse, ce désir de revenir dans des temps anciens afin de revoir ces visages aujourd'hui disparus. Quand le chant se tue, Nohan pris Thomas avec lui, interdisant l'accès à quiconque dans la chambre, s'y enfermant avec sa famille.

- On nous a demandé une chambre unique, êtes-vous sûr que cela sera suffisant pour vous
tous ?
- Nous ne resterons pas longtemps, dit Ellan, proche d'un géant.

Les servantes solariennes étudièrent attentivement la faction, remarquant que les trois aides étaient proches des Ravageurs.

- Puis-je vous poser une question ? 
- Bien sûr.
- À quel point notre maîtresse était-elle proche de ses frères et sœurs ?
- Oh... Pour les plus vieux, très peu.
- Surtout avec...
- Mais les plus jeunes l'adoraient et elle s'en occupait comme si ils étaient ses enfants.
- Comment est-elle depuis son départ de Solaris ?
- Son Altesse est une jeune femme étonnante et pure. répondit un des hommes dont le regard était fixé sur la porte de la chambre.
- Une créature aussi étrange qu'intrigante et dont la chaleur nous est plus bénéfique que le feu.
- Pourquoi Thomas est-il encore en vie ? demanda alors une des servantes qui ne pouvait plus se retenir de les interroger.
- Ne le saviez-vous pas ? Le jeune Prince est le fils de la Princesse Lunaire et de notre Chef.
- Excusez moi, quoi ?
- Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus. déclara Sartan adossé au murs, Cassia contre lui. 

Cette dernière posa une main à plat sur sa poitrine, calmant le bras droit du Prince Maudit. Il glissa son regard sur elle. Karssian et lui aimaient beaucoup cette femme et la remercièrent pour sa présence dans leur vie. Ellan tenait la main de son fiancé, quant à Capucine, elle se tenait toute proche de Danik, accroché à sa manche.

Ils restèrent ainsi jusqu'à ce que Nohan et Thomas sortent de la pièce.

- Elle vous demande.

Les trois femmes commencèrent à se diriger vers la porte, mais Nohan gronda sourdement, toisant les servantes solariennes.

- Nohan, entendirent-ils.
- Seulement vous trois.
- Oui Votre Altesse.

Ellan, Capucine et Cassia entrèrent pour fermer la porte et aider la jeune femme à sortir du bac, se sécher et appliquer les soins cicatrisants sur sa cuisse douloureuse. Elles l'habillèrent, la coiffèrent, pour le repas du soir.

Quand Capucine ouvrit la porte, un gémissement douloureux se fit entendre et ils la virent boiter.

Nohan ne supportait pas de la voir ainsi : blessée et malheureuse. Son éclat d'ange mystérieux avait complètement disparu, annihilé par la perte de ses proches et le fait d'avoir dû tuer un membre de sa famille. Il la souleva dans ses bras et ils purent quitter les lieux afin de se rendre dans la grande salle où les attendaient la Reine et le reste de sa cour.

- Avez-vous pu vous reposer ?
- Ma femme a put prendre un bain, merci.
- Installez-vous.

Mais alors que le repas se passait dans un silence pesant, Kaerthage demanda :

- Majesté.
- Oui ?
- Me permettez-vous de chanter ?

La Reine se figea, mais accepta.

Ils devaient faire leurs deuils et le sien devait se faire comme pour cette enfant abandonnée.

- Bien entendu.

Kamille se leva pour aider la jeune femme à grimper sur l'estrade et l'installer sur un fauteuil. Elle prit le lute, l'accorda. La Princesse Lunaire allait chanter, bien que personne ne l'avait entendu le faire réellement et encore moins dans de telles circonstances, cela captivait tout ceux qui se trouvaient dans la salle.

Sa voix douce et posée s'éleva au rythme des accords qu'elle plaqua sur l'instrument. Rejointe par Thomas, ils entamèrent à eux deux, le chant des étoiles.

- C'est magnifique, pouvait-on entendre autour de la table.
- Quelle voix...

Mais Kaerthage et Thomas étaient trop tristes pour faire attention à ce qu'il ce disait, ils exprimaient leur peine et les regrets qu'ils avaient.

Ce n'est qu'une fois que l'on a perdu quelque chose, que l'on en mesure l'importance. Parfois trop tard...


***

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