Chapitre 16
- Tout est prêt ?
- Oui Majesté ! s'exclamèrent les Ravageurs et deux des trois aides, dépêchées pour aider à embarquer les affaires dans la voiture couverte qu'ils trimballaient avec eux pour les protéger du froid.
Cassia, restée aux côtés de Kaerthage pour l'aider à préparer ses affaires de voyage, se tenait à la gauche de sa maîtresse, légèrement en retrait, l'accompagnant alors qu'elle-même se trouvait proche de la Reine qui regardait les hommes s'affairer.
L'aide de Kaerthage gardait un œil sur sa maîtresse mais également sur la Reine et son entourage. Elle avait hâte de partir, quand bien même Yenesse soit un pays accueillant, elle ne se sentait pas à l'aise. Était-ce à cause des récents évènements ou juste parce qu'elle était trop habituée au froid de Taran ? Au loin, Sartan jetait des regards sombres sur sa belle.
- Quelque chose ne va pas mon ami ? lui demanda Konnan.
- Cassia n'a pas l'air dans son assiette. Je la sens tendu et Sir Kassian la trouve aussi étrange.
- Elle ne souhaite que rentrer, leur dit Nohan en s'approchant, portant un gros sac sur son épaule, son fils à côté de lui.
- Dame Cassia est stressée, leur avoua Thomas.
- Jeune Prince ?
- Elle ne se sens pas à l'aise ici. Maman pareil. Elles sont sensibles à leur environnement mais aucune des deux ne se sens à l'aise ici.
- Voilà un don bien pratique fils, dit son père, posant sa main libre sur sa tête. Mais tu as raison. Nous allons d'abords nous arrêter chez la famille de la petite Lina avant de reprendre la route pour chez nous. Kaerthage n'a pas dormit de la nuit, elle était agitée.
- Maître, pensez-vous que quelqu'un tente de s'en prendre à elle sachant que nous partons ?
- Je le crois.
- Nous devons tous ouvrir l'œil, gronda Atlas, réveillant ses démons. Nous allons devoir tenir le temps que nous arrivions à notre première destination.
- Oui Majesté ! s'exclamèrent les démons d'une voix sombre et commune, faisant vibrer le sol dangereusement.
De l'autre côté, Kaerthage s'était reculée d'un pas pour prendre la main de son aide qu'elle savait tendue comme la corde d'un arc. Ce simple geste suffit à apaiser la jeune femme qui s'y accrocha comme à une corde lancée en pleine mer déchaînée pour sauver un naufragé. L'aura douce et chaude de Kaerthage la rassurait, mais elle savait que c'était aussi une façon pour la Princesse de lui dire qu'elle aussi était inquiète et était pressée de rentrer chez eux.
- Vous voilà bien chargé pour partir, retentit la voix du Roi qui arriva sur l'instant pour voir le groupe se mettre en selle et partir.
- En effet, nous vous remercions pour la nourriture Majesté, s'inclina légèrement Kaerthage, toujours blessée.
- N'en faites rien mon enfant, lui dit-il en souriant doucement. Vous m'avez sauvé durant votre séjour, je vous en serais infiniment reconnaissant.
- J'ai la Princesse Stalia en très haute estime et elle est comme une sœur dans mon cœur, leur apprit-elle, le regard rivé sur les hommes discutant avec son fils et son mari. Elle a été la première à me prendre dans les bras et à me guider alors que j'était intimidée et apeurée. Je lui en serais éternellement redevable pour ce simple geste.
- Merci de veiller sur notre fille Princesse. lui dit alors la Reine, le regard brillant de reconnaissance, une larme solitaire pointant le coin de son œil.
- Femme ! s'exclama la voix forte et profonde de son mari, faisant sursauter de peur, tous les gens autour d'eux.
- Il est temps pour nous de partir. Viens Cassia.
- Oui Votre Altesse.
Nohan s'approcha de quelques pas, tendant sa main à sa femme, aidée de son aide pour avancer.
- Comment te sens-tu ?
- Je pense que je peux monter si c'est uniquement pour aller les voir, mais une fois sortie du pays, je ne puis garantir que je le serai entièrement.
- Ne force pas mon amour, murmura t-il, embrassant le front de sa femme.
La jalousie, l'admiration et le romantisme vola dans la cour du château, faisant glousser, soupirer ou gémir les femmes et hommes présents qui admiraient ce beau geste d'amour, de la bête assoiffée de sang et de sa belle.
- Thomas montera avec Kamille, tu viendras avec moi, ordonna le Prince du Froid.
- À vos ordres mon Seigneur, sourit sa femme, souriant doucement.
- Ne me cherchez pas ma douce, la prévint-elle, le regard sombre et luisant d'une paillette malicieuse, appréciant cette façon qu'elle avait de lui répondre et de jouter avec l'homme dangereux qu'il était, sans craindre de représailles.
Les regards ahuris et inquiets des gens qui les regardaient, lui fit comprendre que sa belle, depuis toujours, avait ce don de pouvoir se poster face à lui sans le craindre, ni lui ni Atlas. Cette femme était si intrigante à l'aspect d'une guerrière qu'il ne pouvait décemment pas détourner le regard.
Ils se dirigèrent vers le couple de monarques, s'inclinèrent en les remerciant de leur hospitalité et s'excusant de partir aussi vite. On leur souhaita bon voyage, Thomas fut embarqué sur un cheval avec son protecteur, Kaerthage fut installée sur le devant de la selle de Tyr, Nohan grimpant derrière elle, la tenant contre lui. Il claqua de la langue, lançant ainsi l'ordre de se mettre en marche. La troupe quitta la cour sous les regards curieux de toutes les personnes présentes, gardant le silence sur cette scène particulière dont le sentiment était celui de l'urgence, du fatalisme.
Caleb les retrouva à la sortie de l'enceinte du château.
- Mon Seigneur !
- Caleb.
- Votre Altesse ! s'exclama l'adolescent en souriant à la Princesse qui le saluait radieuse. Comment vous sentez-vous ?
- Pour l'instant, ça va. Nous verrons une fois que nous partirons. répondit-elle.
- Je vais vous guider, suivez moi !
- Grimpe avec moi garçon ! lui lança un des Ravageurs en le soulevant d'un bras pour l'installer sur son cheval.
- Sir ! s'exclama t-il surpris de cette faciliter à le soulever.
Il les guida alors jusqu'au quartier où les attendaient la famille de Lina ainsi que cette dernière qui s'exclama en les voyant arriver :
- Ils sont là ! Majestés ! Bienvenue !
- Jeune Lina, la salua le Prince des Glaces.
- Je vous souhaite la bienvenue Seigneur, dit-elle en s'inclinant.
Caleb quitta le cheval du Ravageur pour aller prendre les rênes de Tyr, laissant Nohan descendre et aider sa femme à reposer les pieds sur terre. Un léger vertige la pris, elle se stabilisa avec le bras féroce qui lui serrait la taille contre un torse de granit.
- Comment tu te sens ?
- Tout va bien, le rassura t-elle.
- Votre Altesse, s'enquit Lina, venue près d'eux pour l'assister.
- Je vais bien, merci jeune fille.
Lina s'inclina timidement, mais garda sur elle un regard inquiet. Très vite, Kaerthage fut rejoint par ses aides et son fils.
Lina et Caleb les firent entrer dans le quartier que gérait la famille de la jeune fille qui les accueillir avec beaucoup de joie.
- Majestés ! s'exclama le grand-père de Lina.
- Nous sommes désolés de vous presser par notre départ, dit Kaerthage.
- Ne dites pas ça ! s'exclama la grand-mère.
Kaerthage tendit sa main à la vieille femme qui lui avait donné la sienne. La Princesse se laissa guider par la vieille femme et entra avec le vieux couple dans la cour de leur habitation familiale.
Cousins, cousines, tantes et oncles, grands-parents, amis de la famille, tous étaient là pour parler et déjeuner avec ce groupe étrange et impressionnant.
Mais, malgré un repas excellent et une ambiance conviviale, ils durent rapidement prendre le départ car ils étaient encore assez loin de chez eux.
Accompagnés de cette famille jusqu'à la herse de la capitale, où ils se dirent alors au revoir.
- Nous reviendrons vous voir, soyez rassurés, leur dit le Prince.
- Nous serons heureux de vous revoir Majesté.
- Prenez soin de vous Votre Altesse, fit la vieille femme à Kaerthage.
- Vous aussi Madame. Prenez tous soin de vous.
- Ne nous oubliez pas Majesté ! pleura Lina, contre Caleb.
- Je ne vous oublierai point jeune fille. J'ai bien hâte de vous voir grandir. sourit-elle.
Nohan talonna Tyr, le lançant sur la route, guidant le convoi qui prit environ deux semaines à atteindre Kaolan.
- Kaeethage ! s'exclama la Reine en accourant vers eux alors qu'on venait à peine de leur annoncer leur retour.
- Majesté ! sourit cette dernière.
- Kaerthage !
- Stalia !
- Doucement femme, ne gigote pas ou tu vas te faire du mal, gronda la voix forte et bourrue de son mari.
Les trois femmes pouffèrent, on laissa le temps à chacun de quitter les chevaux qu'on installa dans les écuries, mais Nohan annonça qu'ils ne pouvaient rester. Le voyage avait été rude et ils auraient tout le temps d'en parler plus tard. Kaolan n'était qu'une étape, après être passé à la tour des Mages. Maintenant que leur plan avait été placé entre leurs mains, ils allaient devoir, de leur côté, préparer leur avenir ainsi que cette quête de pouvoir contre laquelle ils devraient se battre. Mais de qui viendrait la menace ? Pour l'instant rien n'était clair, ils avaient encore le temps pour cela.
À peine trois heures après être arrivés à Kaolan, le convoi repartie pour Taran et furent enfin accueilli par les Ravageurs restés sur place.
- Votre Altesse ! pleura Samman, le cuisinier de la forteresse en se précipitant vers le cheval de sa maîtresse. Dieu que c'est bon de vous revoir.
- Samman, je suis si heureuse de vous revoir, répondit-elle en se laissant glisser dans les bras du Ravageur pour quitter le dos de son destrier qui piaffait heureux d'être rentré.
Mais le froid et la longue traversé, réveilla sa douleur.
- Vous... LIark ! Li... Liark ! La Princesse est blessée ! Liark !
- Doucement mon ami, je ne suis point sourd. gronda une voix sortant du bâtiment. Majesté.
- Liark, la Princesse... pleura le pauvre cuisinier.
- Sir Samman !
- Jeune Prince !
Il souleva l'enfant qui se mit à rire aux éclats. Samman avait été comme un oncle bienveillant et maladroit pour lui quand Kaerthage était endormie. Son attachement au petit était sincère et fort. Même si Kamille restait le principal protecteur du garçon.
- Votre Altesse, dit alors un homme étrange, un monocle sur le nez, un regard azure et froid.
- Sir Lirak, Sir Samany, fit-elle en souriant au Ravageur et son démon.
- Princesse répondirent-ils d'une seule et même voix.
- Je vais te porter à la chambre, déclara Nohan. Lirak tu nous suivras. Mes Dames je vous laisse le soin de sortir les affaires de ma femme et mon fils.
- Oui Majesté.
- Défaites tout et je vous laisse votre soirée ! déclara alors Nohan.
- Youhou ! Merci Majesté !
La joie, le soulagement et l'épuisement se ressentait et Nohan avait besoin de temps. Avec ce qu'on leur avait donné pour soigner la blessure de Kaerthage ainsi que l'expertise de son soigneur mage, ils pourraient la guérir plus vite et dans de meilleures conditions.
Allongée dans leur lit conjugal, Lirak se retourna pour laisser à sa maîtresse le temps de dénuder cette partie déchirée puis, quant on lui ordonna de se retourner, fronça les sourcils.
- C'est certes en bonne voie, toute fois...
- Sir, ne me cachez rien.
- Le mal qui ronge cette blessure est assez particulière. Bien que je sache ce qu'il ce passe, la vérité ne vous plaira pas, Votre Altesse.
- Lirak, dis nous ! ordonna le Prince à bout de nerfs.
Kaerthage lui pris la main pour le calmer.
- Une invocation sombre et sanglante, venue du plus profond des entrailles du monde, en quête de vengeance et de lumière pour semer le chaos sur l'entièreté de notre réalité, a été invoquée. L'arme utilisée pour vous blesser a été imbibée de son poison.
- Qui ?
- Storm.
- Le Cavalier de Chaire ? s'étonna Atlas.
- Maître, le connaissez-vous ?
- Pour sûr ! C'est de moi dont il s'agit ! gronda le démon. Qui ose usurper mon nom ?!
***
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