Chapitre 17
Taran...
Cette forteresse perdue dans un brouillard magique de froid impénétrable que seuls, le Prince Nohan et ses Ravageurs pouvaient traverser librement.
Du moins jusqu'à l'arrivée de Thomas et sa mère qui n'avaient eut aucun problème à pénétrer le brouillard sans aide. Seules, Cassia, Capucine et Ellan avaient dû bénéficier du soutien de leurs partenaires pour pouvoir entrer dans les lieux sans se faire rejeter par la magie démoniaque qui entourait Taran.
Si la forteresse des Neiges était entourée d'un froid mordant, il était bien plus allégé à l'intérieur, gardant tout de même ce froid caractéristique du pays dans lequel elle se trouvait, mais bien plus adoucit. La neige brillante éclairait les lieux qui semblaient bien trop sombres aux yeux des humains qui s'imaginaient, depuis toujours, des lieux hideux, terriblement froids et surtout où le sang coulait à flot. Bien loin de la réalité.
Mais les Ravageurs et leur Maître étaient tous habitués à ce genre de rumeurs ou de légendes que l'on pouvait entendre ou raconter sur eux. Kaerthage avait également put les entendre depuis Solaris, durant son enfance. Pareil pour Thomas, mais à sa première découverte des lieux, le petit garçon n'avait pas eu le cœur à le découvrir, sa mère ayant été endormis tout une année durant, il n'avait pas eut l'envie de devenir un petit aventurier et braver les couloirs de la forteresse.
Mais maintenant qu'ils étaient rentrés, enfin, chez eux, la mère comme le fils allaient pouvoir en apprendre plus sur les lieux emblématiques de cette faction d'élite démoniaque.
Pourtant, ce que venait de leur apprendre Liark, le soigneur mage du groupe resté sur place, mettait toute la forteresse dans un danger extrême mais surtout... plongea Atlas dans une colère sans précédent.
- Maître, est-ce vraiment vous ce Cavalier de Chaire ?
- Oui. À une époque où je ne connaissais point encore Fieren, j'ai été affublé de ce nom car je marchais sur les champs de batailles, le corps défiguré, en lambeau, blessés par les flèches et les lames qui traversaient mon corps de part en part. Mon cheval tombait tout autant en ruine que moi. L'un comme l'autre, nous errions sur la terre, apportant la mort avec nous, tuant et déchirant nos ennemis au nom d'un Roi qui n'avait pas lieu d'être. raconta Atlas, plongé dans un passé dont il se serait volontiers passé.
- Avez-vous tué ce Roi ? demanda Kaerthage.
- Nous aurions préféré. Mais il fut celui qui nous plongea tous les deux dans ce tourment et cette mort sans raison. Ce désir de vengeance n'est pas né d'un simple hasard. J'ai désiré me venger, je l'ai fait une fois mort. J'ai été désigné comme étant un être vile et sombre, ne désirant que la mort, jalousant cet immonde hypocrite alors que je n'étais que son général, loyal chien et fidèle à son maître. Mais quand on me donna la mort par trahison, un coup de le dos comme des lâches, j'ai pu trouver un certain repos qui ne dura que peu de temps.
- Que c'est-il passé ?
Se replongeant dans ses souvenirs vieux de plusieurs siècles, Atlas pris le temps alors de raconter :
" Une légende racontait que si l'on croisait un cavalier au corps défraichit, des flèches lui parcourant le corps et des lames perçant son cheval, alors la mort vous approchait. Cette légende était à moitié vraie car dès que j'apparaissais, c'était pour rependre le chaos, sous ordre de ce Roi. Je tuais sans vraiment questionner mon maître de pourquoi je devais le faire. Je le faisais tout simplement et amenais derrière moi, les spectres des Abysses qui avaient fini par en entendre parler et s'étaient pris d'affection pour ma personne. On m'a alors, une fois, demandé quel était mon souhait si j'en avais un à demander. J'ai alors répondu que si quelqu'un avait le pouvoir d'exhausser mon souhait le plus cher, je lui demanderai de me rendre mes hommes en qui j'avais toujours eu confiance et qui avaient péri inutilement pour cet homme qui ne se lèverait jamais de son trône. Mais je ne me serais jamais attendu à ce qu'un jour se vœu soit exhausser. Pourtant, il ne l'a pas été dans l'immédiat. Il aura fallu que mon maître de ce temps me trahisse et me tue, d'un coup de poignard dans le dos, pour que je disparaisse et me retrouve aux portes des Abysses. Aucun jugement divin pour moi qui n'ai fait qu'apporter mort et chaos dans ce monde."
- Atlas, aviez-vous un nom à cette époque ?
- Un nom ? Oui j'en avais probablement un... quel était-il ? Je ne m'en rappelle plus. Ah, si... Galaan Motiliak était mon nom d'humain avant de devenir Atlas, Roi Sanguinaire... Roi Gardien de l'Abysse Profonde.
- C'est vous ?! s'écria la jeune femme allongée, une cuisse dénudée.
Son regard vairon s'éclaira et un sourire étira sa bouche.
- Princesse ?
- Pardonnez-moi. Mais je comprends mieux maintenant. Nohan, je... Il faut que je le dise avant que l'on en apprenne plus. Fieren m'a déjà expliqué d'où je viens, qui m'a façonné et avec quoi. Mais cet artefact qui a disparu est une création de deux entités que les Cieux désespèrent récupérer car c'est une abérration pour eux. Atlas...
Les larmes qui coulaient sur les joues de Kaerthage les surprirent tous les quatre. Le Roi démon s'installa sur le lit, portant sa main à sa joue pour en écraser quelques unes, inquiet.
- Parlez jeune fille. Qu'y a t-il ?
- Je sais qui je suis à présent et pourquoi Thomas et moi sommes liées à vous Seigneur. dit-elle dans un large sourire.
Oui, certaines pièces du puzzle se mettaient en place quand d'autres restaient encore introuvables, mais elle comprenait enfin. Son origine se fit plus clair, sa vie et sa destiné aussi. Oui, elle comprenait maintenant les mots étranges de Fieren.
- Fieren.. souffla t-elle. Eliven.
- Co- Comment connaissez-vous ce...
- Kaeethage, gronda la voix de l'ange surpris.
- J'ai...
Les larmes coulèrent de plus en plus, mais son sourire restait éclatant de joie mais aussi d'une certaine nostalgie. L'ange lui caressa le visage, essuyant les larmes.
- Parlez mon enfant.
- Nohan, j'ai...
- Parle ma douce.
- Kamille, Sartan et Konnan. Je... Fais les appeler.
- Thomas. J'y vais ! s'exclama le garçon qui sentait que quelque chose d'important allait se passer.
Il se mit à courir dans les couloirs de la forteresse, criant les noms des guerriers pour que ceux-ci lui répondent. Il les trouva dans une sorte de salle de repos un étage plus bas.
- Jeune Prince ?
- Je... Mère vous cherche. Sir Kamille, Sir Sartan et Sir Konnan. C'est... C'est très important, leur dit-il essoufflé.
- Tout de suite.
Les trois guerriers surpris, se levèrent, lui emboitant le pas qui se remit à courir jusqu'à la chambre. Mais à peine entrés, les trois hommes durent détourner le regard, car leur maîtresse présentait une partie de son corps à leurs vues.
- Ce n'est que ma blessure, pouffa t-elle.
- Fermez la porte, ordonna Nohan d'un ton plus dur.
Konnan s'exécuta et ils s'approchèrent.
- Maître ? Pourquoi nous avoir appelé ?
- Liark ?
- Silence, leur intima t-il.
Le regard luisant d'un bleu presque blanc leur apprit que Fieren était présent. Mais le visage de la belle les inquiéta.
- Leron, souffla t-elle, Karssian, Storke.
Les démons s'éveillèrent, ouvrant un œil d'une couleur différente sur leurs hôtes.
- Votre Altesse ?
- Pourquoi les avoir fait appeler ? demanda Fieren.
- Il y a longtemps, vous m'avez fait part d'une histoire, celle d'un artefact que les Cieux cherchaient à récupérer. Après avoir trouvé le Thaelis Magnis, j'ai ressentis et vue des choses qui m'étaient étrange. Nohan les a vu aussi mais pas comme moi. Du moins, une partie se ressemble.
- Qu'as-tu vu Prêtresse ? demanda l'ange.
- Thomas, peux-tu me donner la dague ?
- Tout de suite !
Il alla fouiller dans le sac qui n'avait pas encore été défait, pour en sortir le cadeau qu'il lui avait fait et le lui tendit. Elle sourit à son enfant puis dégaina l'arme.
- Thaelis Magnis ou pierre de vie des Abysses. Il me semble que cette pierre appartient au Royaume du Gardien. dit-elle en souriant à Atlas.
- Pour me créer, les mages ont usé des pierres de Lune, les pierres du Destin. Il ne manque que trois pierres pour façonner une vie. La pierre de l'amour, la pierre de la défiance et la pierre de l'unité.
Comment savait-elle tout cela ? Pourquoi pleurait-elle et souriait-elle en même temps ? Le démon et l'ange ne comprenaient pas et en même temps avaient peur de comprendre, mais Nohan semblait avoir saisit.
- J'ai en moi, les pierres de Lune, c'est à dire celles de la Destiné. La pierre de vie des abysses : Thaelis Magnis. Il ne m'en manque que trois. Sauf que... J'en possède une autre et elle se trouve ici.
Elle montra alors le rubis brillant sur l'arme.
- La...
- La pierre d'unité. Oui, c'est elle. Son aura unique m'a attirée quand l'oncle de la petite Lina nous l'a présenté. Mais où sont les autres ? Je ne puis le savoir dans l'immédiat. Cependant...
- Non... Cela ne ce peut, souffla Fieren qui soudain comprit.
- Sir Fieren avez-vous la réponse ? s'amusa la Princesse dont le coeur battait à tout rompre. C'est bien moi.
- Fieren ?
- A... Atlas, elle est... Non, je ne puis le prononcer sans craindre de me perdre.
- Je ne puis vous prendre dans mes bras, dit Kaerthage quelque peu déçue et triste. Mais vous êtes ceux qui ont fait de moi qui je suis.
Atlas se releva brusquement du lit, le regard agrandit par la surprise. Cette fille, cette petite princesse bafouée et humiliée qui se tenait maintenant en belle jeune femme aguérit ne pouvait être celle qu'ils avaient un jour perdu. Pourtant, quand son regard rencontra celui de son compagnon, il se laissa tomber à genoux. Les larmes coulèrent alors sur ses joues, il... il avait voulu faire qu'une avec cette enfant, avait apprécié son être, elle ne pouvait... Nohan avait possédé cette fille qu'il aimait et que lui avait enfanté. Il leva sa main tremblante vers Kaerthage. Elle la lui prit et laissa l'aura de Fieren se refléter en elle pour les lier de nouveau.
- Je te demande pardon petite fille, murmura Atlas. Je te...
- Nohan le sait. Nohan sait tout. dit-elle en souriant.
- Qu'est-ce que cela signifie ? demanda Konnan.
- La Princesse est la fille de notre Seigneur et de l'Ange Fieren, répondit alors Liark.
Les regards s'agrandirent, fixant les deux êtres qui se regardaient avec beaucoup trop d'émotions.
- Il aura fallu une rencontre fortuite pour que nous nous retrouvions mon enfant, dit le démon.
- Une belle rencontre, dit-elle. Nohan est certes l'homme que j'aime le plus sur cette terre. Thomas en est le résultat. Mais vous avez fait de moi ce que je suis.
Atlas lui pris la tête et posa son front contre le sien. Une douce chaleur les encercla, réalisant ainsi que ce qui manquait à cette femme, se trouvait déjà là. Atlas sentit son être s'apaiser et Fieren pleura.
Nohan et Kaerthage furent secrètement témoins d'un baiser fiévreux échangé entre ces deux hommes, guerriers émérites et spectaculaires, dans leurs vraies formes.
- Notre enfant, déclarèrent les deux entités.
***
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