Chapitre 18
Il faisait chaud, perdu dans les flammes des Abysses, un homme étrangement fragile s'y aventure. Pas par désir, mais parce qu'il a une mission à y accomplir.
Il devait rencontrer un homme, qui était-ce déjà ? Le Roi Gardien de la Grande Porte. Si il réussissait à le trouver, il pourrait alors faire un pacte avec lui pour le bien de tous mais aussi pour ses propres recherches.
- Pourquoi est-ce qu'ils ont dû m'envoyer ici ? grommela l'homme caché dans ses vêtements pour camoufler qui il était aux ombres et autres créatures des Enfers qui le guettaient, suivant son avancée vers le Royaume Gardien.
La chaleur étouffante le faisait clairement suffoquer, l'ambiance était toute aussi néfaste que ce qu'on pouvait raconter dans les légendes aux jeunes Anges pour les préparer à se battre. Leur monde était si compliqué et les temps si sombres. Pourquoi devaient-ils se battre ? Cette quête du bien et du mal était-elle vraiment nécessaire ? Leur survie en dépendait-elle réellement ?
Il poussa un long soupir et plus long encore quand il arriva devant une pancarte presque illisible, indiquant qu'il venait d'entrer sur les terres du Roi Gardien. Qui était-il d'ailleurs ? Tout ce qu'il s'avait de cette créature, était qu'il avait, un jour, été un humain. Un guerrier protégeant la terre au nom d'un Roi cupide et stupide qui l'avait trahis pour le tuer. Bon nombre de légendes étaient racontées à son sujet, changeant les noms pour désigner le personnage, mais chaque fois, tous arrivaient à la même conclusion qu'il était dangereux et semait la mort autour de lui. S'était-il vengé de son ancien maître ? De ce qu'il s'avait, oui et d'une manière si horrible que même le Grand Seigneur n'avait osé le défier.
Il traversa encore, pendant de longues heures, un terrain glissant, sombre mais dont le décors, aurait put être joli si il y avait de la lumière. Les cris des damnés raisonnaient à ses oreilles, lui donnant la nausée et une sacré migraine. Il avait hâte de finir sa quête pour retourner auprès des siens. Il arriva enfin devant des grandes grilles démarquant l'entrée d'un domaine puissant et immense. L'homme mystérieux pouvait sentir tout le mal et la puissance qui émanait de cet endroit, mais aussi une sorte de magnificence maintenue.
- Qui va là ? s'exclama un cavalier armé, une lance à la main, un cheval renâclant sombrement.
- Je… Je suis un envoyé céleste ! répondit-il surpris et mal assuré.
- Que fait un représentant des Cieux ici ? gronda la créature furieuse et sur la défensive.
- Je suis envoyé ici pour obtenir un marcher avec le Seigneur Gardien ! J'ai ici un message du Tout Puissant qui l'indique !
Le cavalier fit tonner sa lance sur le sol, faisant ainsi ouvrir les grilles légèrement pour le laisser passer. Il eut à peine le temps de passer que le cavalier souleva sa lance pour que les grilles se fermes sourdement derrière lui, manquant de lui arracher un bras. Aucun son ne fut prononcé de plus et l'homme le guida depuis son cheval, jusqu'à la cour d'un château sombre et dont l'odeur de sang aurait dû émaner.
Surprenant et étrange, pensa l'homme encapuchonné.
Dans la cour du château, d'autres créatures s'y trouvaient, occupées à aiguiser leurs armes, jouer à quelques jeux de leur époque, se battre en entrainant leurs capacités. Tous n'y étaient pas, il le savait bien mais les voir était déjà assez effrayant pour un pauvre ange solitaire envoyé en mission suicide.
- Satyr ! cria une des créatures, interpellant le cavalier à la lance.
- Capitaine.
- Qui est-ce ?
- Un envoyé céleste.
- Que fait donc un ange dans un lieu pareil ? gronda la voix d'un homme imposant.
- Il est là pour faire affaire avec le Roi.
- Ce n'est pas le bon moment petit ange, gronda la créature.
- Je ne peux retourner sans avoir fourni la demande de mon supérieur, répondit alors l'homme.
Un cri douloureux retentit alors, faisant peur à tous. L'ange sursauta, regardant partout pour savoir ce qu'il ce passait, mais les créatures gardèrent le silence, jusqu'à ce qu'il voit...
- Galiya ?
- Fieren ? T'ont-ils aussi envoyé pour me récupérer ? fit une belle ange, visiblement assez arrogante pour oser se croire être la dame du château.
Elle lui paraissait agacée que quelqu'un d'autre soit là pour lui voler sa proie, mais toute aussi terrifiée par le Roi en question dont la voix portante, raisonna :
- Je ne veux voir aucun de ces anges de malheur ! Tuez-les si il le faut !
Fieren, jeune ange et chercheur de la branche scientifique, se figea. Il ne devait, initialement pas, se trouver là. Mais par un concours de circonstances, il avait fini par être désigné comme le prochain envoyé pour marchander avec le Roi Gardien afin de pouvoir acheter des pierres qui ne pouvaient se trouver qu'ici. Qu'avait fait Galiya pour que ce Roi soit si en colère ?
- Galiya, qu'as-tu...
- Ne joues pas à ça Fieren. Un simple scientifique comme toi n'as pas sa place ici.
- Pas plus que toi l'ange, gronda une créature au regard de la même couleur que le sang.
- Il m'a demandé de rester, fit-elle en levant le menton en signe de défiance.
Soudain, le cavalier qui l'avait amené jusqu'ici quitta sa selle pour le guider à l'intérieur sous les regards haineux de la femme et ses cris de colère. Elle leur emboita le pas pour les suivre et tenter de savoir si il survivrait ou non, pour son plus grand plaisir.
- Seigneur, dit le cavalier.
- Fais le entrer. entendirent-ils.
Satyr poussa la double porte et le fit entrer dans une grande salle où se trouvaient le Roi visiblement épuisé, ainsi que ses généraux.
- Encore un ange ? gronda un géant.
- Je... Je salue le Roi Gardien. Je me nomme Fieren, je suis envoyé par les Autorités Célestes afin de vous soumettre un marcher afin de pouvoir accéder à votre minerai. déclara alors l'ange en découvrant sa tête.
Le Roi, qui jusque là n'avait pas daigné s'intéresser à la femme, se figea face à la beauté de l'ange qui leur faisait face, pétrifié mais combatif.
- Quel rôle occupes-tu ? demanda le Roi.
- Je… Je suis-
- Fieren n'est qu'un petit scientifique Mon Seigneur, répondit Galiya, souriant pour montrer qu'elle était encore là et prête à se battre pour avoir les faveurs du monstre.
- Satyr.
Le cavalier quitta Fieren et embarqua la femme qui poussa des hurlements, jusqu'à ce que la double porte se referme lourdement sur eux, emprisonnant Fieren avec ces démons puissants.
[…]
Il fallut un moment au Roi pour qu'il cesse d'avoir envie d'étriper cette femme.
Il demanda alors :
- Que fait donc un chercheur ici bas ? Tu as parlé d'un contrat de marchandage ? demanda le colosse, s'amusant de sa stature pour lui faire peur.
Fieren dû se donner du courage pour ne pas flancher. Il s'approcha du Roi et sortie de sa cape le rouleau céleste estampillé du seau de la branche minière, afin de le lui donner.
Le Roi effrayant le lui prit, admirant la façon particulière qu'il avait pour oser s'être adressé à lui de cette façon. Il pouvait sentir la peur de l'ange dans son regard et les tremblements, même légers, qui traversaient son corps élancé et fin. Son regard azuré donnait au Roi un sentiment étrange de fascination.
Il brisa le seau d'un geste sec et laissa le rouleau de papier se défaire pour y lire l'intitulé du contrat ainsi que le message qui l'accompagnait.
Fieren avait reculé de quelques pas, observant l'étrange Roi qui, malgré tout ce qu'on pouvait raconter sur lui et ses sbires, il restait un bel homme, marqué par le temps et les combats, le corps percé par les armes qui l'ont battu. On pouvait voir sur son visage et la peau qu'il laissait entrevoir, les déchirures de sa chaire, les cicatrices et son regard noir, tout lui donnait un aspect de Roi Démon, comme dans les légendes.
- Fieren ! hurla la femme hors d'elle, frappant sur les portes lourdes. Fieren ! Espèce de sale vaurien !
- L'ange, l'appela le géant.
- M... Messire ?
- Pourquoi cette femme est-elle si en colère contre toi ?
- Galiya a toujours été.... bien entourée. soupira l'intéressé. Je ne fréquente pas beaucoup les autres. Je suis toujours en quête de savoir et de beaucoup d'autres choses.
- Un petit rat céleste, s'amusa un autre des généraux du Roi qui le regardait, la tête posée sur son poing fermé, le coude posé sur son accoudoir.
- Si c'est ainsi que vous me voyez, soit, répondit Fieren, haussant les épaules comme -ci ça ne le touchait pas. Notre Seigneur n'est pas très attiré par les actrices opulentes, mais étrangement, nos autres supérieurs l'apprécient.
- Mais pas toi petit rat ?
- Non. Je préfère être un rat que de chercher à avoir les faveurs d'une femme. Qu'elle soit belle ou non, je m'y intéresse guère.
- Les livres ?
- Me retrouver enfermé dans une salle silencieuse où je suis seul à réfléchir et imaginer des choses, en inventer d'autres et mettre à profit ce que l'on m'enseigne, répondit l'ange en affrontant le démon, droit dans les yeux.
Sans s'y attendre, le Roi éclata de rire.
- Voilà un ange bien sûr de lui ! Je t'aime bien.
Surprenant Fieren par son sourire et le regard qu'il lui portait, le Roi se leva, le rouleau déplié dans la main, il s'approcha de l'ange, lui prit le menton entre ses doigts pour relever son visage.
- Sois mon invité, petit rat.
- Que... Qu'allez-vous faire de Galiya ?
- Nous allons la renvoyer avec un message attaché à son cou. gronda le Roi, le dépassant pour aller ouvrir en grand la double porte. Savany !
- Seigneur ?
- Prépare une réponse et renvoi cette femme avec. N'oublie pas d'y mettre les formes. Quant à l'autre, il sera mon invité jusqu'à ce que j'ai décidé d'accepter ou non leur demande.
- Bien Seigneur.
Un étrange démon, possédant une vitre ronde sur un seul oeil, le regard de la même couleur que le regard de Satyr, le cavalier qui l'avait guidé jusqu'ici. Il n'était pas aussi grand que le Roi ou bien ce géant qui lui servait de général, mais il possédait une taille certaine et une carrure imposante, digne d'un combattant.
Il empoigna Galiya par les cheveux, l'emportant avec lui, laissant ses cris outrés les suivre dans les couloirs du château jusqu'à en pousser un ultime de terreur et de douleur avant que le calme ne revienne.
- Késen va te montrer où tu résideras jusqu'à nouvel ordre, déclara le Roi, tandis qu'un de ses hommes se présenta à lui. Repose toi petit rat, nous avons tous hâte de te voir au dîner.
Fieren, sentant bien qu'il avait survécu grâce à ses mauvaises habitudes de parler avec beaucoup trop de franchise, il avait su gagner l'intérêt du Roi Gardien et avec ça, un sursis.
Il espérait beaucoup que Galiya, même si il ne l'aimait pas, retourne en vie chez eux. Il n'espérait pas qu'elle tente de le sauver, car la cupidité de cette femme était de loin la plus vilaine chose qu'il ai put voir. Mais il savait d'avance qu'elle tenterait tout pour lui en faire baver. Était-il prêt à devoir se battre contre une des leurs ? Elle avait son petit monde, ses mignons la suivraient, mais pas le Seigneur.
Fieren avait reçu une mission car Galiya mettait trop de temps à revenir de la sienne qui était exactement la même. Pourquoi avait-elle eu en tête de chercher à séduire le Roi Gardien ? Qu'aurait-elle a y gagner ? il ne savait pas, mais ne désirait pas non plus chercher à comprendre l'esprit étriqué de cette femme. Le démon devant lui ouvrit une porte et le fit entrer dans une chambre assez spacieuse, point trop luxueuse et dont le calme fit sourire l'ange.
- Merci. dit-il au démon qui inclina la tête avant de partir, refermant la porte derrière lui.
Tout ceci était bien étrange, mais pour une raison qui lui était encore inconnue, Fieren trouvait l'endroit agréable et espérait revoir le Roi pour parler de nouveau avec lui. Bien qu'il avait le désir urgent de vouloir retourner dans les Cieux, il était bien curieux de voir ce que les prochains jours allaient lui apporter.
***
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