Chapitre 20

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Le lendemain matin, Fieren se réveilla avec un sentiment d'avoir dormis chez lui. Pourquoi avait-il eu ce sentiment d'être si bien dans cet endroit ? Avait-il était affecté par les démons et leur environnement ? Fieren était si surpris qu'il ne savait comment réagir à ce sentiment étrange de plénitude. Alors que le soleil rouge baignait sa chambre d'une lueur lugubre, l'ange se décida à quitter cette dernière pour  se diriger vers la grande salle où l'attendait le Roi Atlas.

Aujourd'hui, il saurait si oui ou non, le monarque démoniaque allait lui autoriser à rapporter un rapport inscrivant l'accord passé avec ce dernier.

Il entra dans la grande salle et y trouva Atlas, installé sur son trône, des chiens des enfers à ses pieds, dégustant une viande que Fieren préférait ne pas savoir d'où ou de qui elle provenait, puis s'avança.

- Je vous souhaite le bonjour Majesté.
- Ah petit rat, bonjour. Approche.

La voix sombre et profonde du Roi fit frissonner l'ange qui hésita légèrement avant de s'approcher pour se retrouver en bas des trois marches qui menaient à l'homme.

- J'ai lu ce que tu m'as apporté.
- Qu'en... Qu'en pensez-vous ?

Il se tenait aussi droit que possible, figeant son corps dans une attente insoutenable. Allait-il accepter et le laisser partir ou refuser et le garder voir le tuer ? Pourquoi, l'idée qu'il le laisse repartir lui pinçait-elle le cœur ? Il ne comprenait visiblement pas ce qu'il vivait et avait de plus en plus de questions mais devait d'abord faire face à une grosse décision.

- Thaelis Magnis. souffla Atlas.
- Je ne suis pas un expert de la section ouvrière, mais j'ai déjà étudié le minerais en question.
- Je suis bien intéressé par le résultat de tes recherches sur tout ceci. Raconte moi petit rat.

Il vit Atlas se pencher en avant, délaissant le rouleau sur le sol, pour se concentrer sur ce qu'il allait lui dire, plongeant son regard dans le sien. Atlas avait toujours été assoiffé de connaissances, intéressé par tout ce que le monde pouvait lui offrir, il était conscient que ce n'était pas quelque chose que les anges lui offriraient gratuitement, cependant, quand Fieren se lança dans une étude détaillée de ses recherches sur ce que pouvait apporter le matériau, il avait sentit cette envie d'en apprendre encore plus. Il aimait l'entendre parler de ses recherches, lui posait des questions et partageait même avec l'ange, ses idées et ses curiosités. Les deux hommes discutèrent pendant une matinée entière jusqu'à ce qu'enfin, Atlas déclare :

- Petit rat. Kabal et Siméon te raccompagneront jusqu'à la bordure.

Fieren fut surpris. Son cœur se serra. Avait-il fait ou dit quelque chose ?

- J'ai signé l'accord. Tu es une créature particulière, petit rat, sourit le monarque. N'ai crainte, tu seras sous protection jusqu'à ton retour. J'organiserai une escouade afin de permettre aux miniers de ne pas être blessés ni les tiens qui viendraient pour récupérer leur précieux minerais.

Atlas se leva et descendit les quelques marches pour se poster face à l'ange, le dominant de toute sa hauteur. Il lui prit son menton et releva son visage pour plonger son regard sombre dans l'azure de l'ange encore secoué par sa décision. Le touché de cet homme sur sa peau, le fit frissonner de la tête aux pieds, électrisant tout son être, le rendant faible.

- Rentre chez toi petit rat. J'ai hâte d'entendre ton nom bientôt et le résultat de tes prochaines recherches.
- Je... Je vous les enverrais, assurément... bredouilla faiblement l'ange conscient qu'il ne le pouvait pas, mais qu'il le voulait.

Atlas caressa sa joue, fasciné par la douceur de ce dernier, se pencha et, pris dans une frénésie, il déposa un léger baiser sur les lèvres fines de l'ange. Le baiser était léger, furtif, mais il laissa sur eux, une empreinte brûlante que ni l'un ni l'autre ne pourrait oublier.

- Rentre chez toi petit rat, souffla t-il, le regard enflammé.
- Je n'ai pas envie... pourquoi ?
- Le monstre te tente petit ange ? Je suis épuisé. Kabal et Siméon ne devraient pas tarder. Prépare tes affaires et pars avec eux. Je t'en supplie.

Surpris, Fieren ne sut quoi dire. Il le regarda une dernière fois, gardant cette proximité, puis s'inclina avant de totalement disparaître et de laisser Atlas seul dans sa salle, le corps secoué et le cœur battant à tout rompre, lui faisant mal au point qu'il sente un désir violant de tuer l'étreindre. Non, il avait fait une promesse de ne plus le faire. Il garderait cette promesse aussi longtemps qu'il le pourrait, jusqu'à ce que le démon le consume entièrement et qu'il perde réellement tout.

Fieren avait couru jusqu'à sa chambre. Non pas qu'il était pressé de partir, bien au contraire ! Mais le Roi avait clairement laissé sur lui une trace qui l'avait affolé. Fieren était un ange ! Mais il s'était laissé tenté par le démon ! Comment avait-il put faire ça ? Il devait rentrer, mettre de l'espace entre eux, alors qu'intérieurement il espérait que le Roi revienne sur sa décision et le garde.

Il fourra ses affaires dans son baluchon et sortie quand on toqua à sa porte.

Deux démons se présentèrent à lui indiquant qu'ils étaient là pour l'escorter. L'ange les suivi jusque dans la cour où se trouvaient les autres démons.

- Vous nous quittez déjà ?
- Le Roi a accepté l'accord, leur dit-il. Je m'excuse d'être venu après Galiya.
- Dîtes pas ça ! Vous êtes le bienvenu, si c'est pour enfoncer cette garce, s'amusèrent les démons, faisant sourire Fieren.
- Rentrez bien petit rat !
- Merci.

Il s'inclina et on l'aida à monter sur un des chevaux sombres du Roi et quitta les lieux sans se retourner une seule fois alors qu'il en mourrait d'envie.

Le chemin vers la bordure allait leur prendre plus de six heures à cheval, aussi avait-il le temps de réfléchir à ce qu'il c'était passé durant ce court instant d'intimité, mais une fois arrivé, il n'avait trouvé aucune réponse.

- Vous voilà arrivé !
- Merci bien Messires, dit-il en quittant sa selle. Bon retour chez vous.
- Vous également.

Fieren passa la bordure et disparu, laissant les deux cavaliers faire demi-tour et repartir chez eux.

[…]

Les jours passèrent, les semaines et mois,  jusqu'à ce que trois années passent sans que Fieren n'ai la chance de retourner dans les Abysses. On ne lui parlait pas du Roi, ni des échanges avec les démons pour la récolte. Même Galiya, rentrée bien avant lui, n'avait plus donné signe de vie. Où était-elle passée ? Personne n'avait eu envie de lui en parler. 

L'étrangeté de la situation s'intensifia quand son laboratoire fut vidé. Alors qu'un jour il s'y rendait, il trouva deux gardes postés devant la porte blanche.

- Que ce passe t-il ?
- Nous vidons ce laboratoire.
- Pardon ? Mais j'y travail ! Que ce passe t-il ? Ai-je fait quelque chose que le Seigneur veut punir ?
- Nous avons juste reçu l'ordre de vider ce laboratoire.

Il ne pouvait rien tirer de ces deux anges de gardes. Il ne comprenait pas ce qu'il ce passait mais aucun des deux anges ne voulu lui en dire plus. Il comprenait que si ça venait de plus haut, il ne pourrait rien savoir avant d'être lui-même convoqué, chose qui arriva assez rapidement.

Alors que tout son laboratoire se vidait sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit, un autre l'invita à le suivre, sous les regards étranges de ses paires, murmurant des rumeurs sur son compte. Pourquoi ? Qu'avait-il fait ? Que ce passait-il ? Atlas avait-il mentit ou faillit à sa promesse de protéger les leurs ? Pourtant tout semblait aller bien, non ?

- Fieren ! entendit-il tonner dans la grande salle du jugement.
- Seigneur ? Que… Que ce passe t-il ? Mon laboratoire est vidé, que… Ai-je fait quelque chose que…
- Silence ! 

Galiya apparue. 

Oh, il commençait à comprendre à son regard mauvais et son attitude qu'elle avait parasité l'esprit et le jugement du Seigneur.

- Le traité avec les Abysses a t-il été rompu ?
- Le Roi Gardien n'a point failli.

Soulagé, Fieren restait tout de même sur la défensive et jeta des regards à Galiya furieuse, qui ne l'avait pas quitté des yeux. Que ce passait-il à la fin ?!

- Tu es envoyé aux Abysses.
- Pardon ? Seigneur, suis-je bannis ?
- Tu es le chercheur le plus avancé de la branche. Le Thaelis Magnis reste encore très instable quand il est rapatrié ici. Nous ordonnons que tu sois envoyé là-bas afin d'en apprendre plus et de comprendre pourquoi nos tentatives ne fonctionnent pas.

Ainsi il avait la chance de retourner au domaine du Roi Gardien. Secrètement, l'ange sourit. Son cœur battait à la chamade, son corps se réchuaffa. Il avait attendu trois ans avant qu'on ne l'autorise à y retourner et voilà qu'il avait un accès total !

- Le Roi n'est pas là.

L'effet de l'annonce le plongea dans un bain de glace. Pas là ? 

- Où…
- Il a été envoyé en mission pour notre frère.
- Quelqu'un sera t-il sur place ?
- Oui, l'escouade de surveillance mise en place par le Roi Gardien attend ton arrivée imminente. Pars.

Fieren s'inclina puis quitta l'endroit, tout en jetant un regard curieux à la femme qui se mit à gronder de colère ou de jalousie ?

Trois ans et il ne le verrait finalement pas. Partit en mission, voilà une mauvaise nouvelle pour l'ange qui avait espéré revoir cet homme qui avait transformé tout son être. 

De retour dans son chez lui, Fieren fit ses bagages. Il ne savait pas pour combien de temps il partait, alors il valait mieux faire un grand tri dans les affaires à emporter. Les temps ne changeaient que rarement sur le domaine du Gardien, mais il serait sans doute amené à aller ailleurs et dans les mines, donc autant prendre des vêtements qui lui permettrait d'affronter des températures variantes du grand froid à la grande chaleur des Abysses.

Après une bonne heure de rangement, il fut enfin prêt. Il chargea son gros sac sur son dos et pris l'autre dans ses mains, quitta son logement qu'il ferma à clé puis pris la direction des grands départs. 

- Ne crois pas que, parce que tu es un envoyé spécial du Seigneur, que tu y seras bien reçu, entendit-il alors qu'il s'apprêtait à monter dans un des chariots en partance pour les Abysses, emportant à son bord, plusieurs anges mineurs.
- Je ne sais ce que tu prépares Galiya ou ce que tu penses, mais j'ai reçu une mission du Seigneur. Je me dois de l'exécuter selon son souhait.
- Alors je te souhaite d'échouer.
- Ce n'est pas dans nos principes de souhaiter l'échec, lui rappela un ange.
- Qu'en ai-je à faire ? Il mourra là-bas de toute façon ! s'écria t-elle avant de disparaître.
- Cette femme est mauvaise, grommela un mineur.
- Je ne comprends pas pourquoi le Seigneur la garde.
- Chut, ne dîtes rien de plus. Il semblerait qu'elle ait été contaminée par le Roi Gardien et ses démons, murmura un autre pour ne pas se faire entendre des autres qui traînaient en dehors du chariot, lancé en direction de la bordure.

Durant le chemin, Fieren écoutait alors ce qu'il ce racontait sur Atlas et ses hommes. Certains avaient put le rencontrer, mais s'étaient heurtés à une attitude froide de l'homme en question, toujours de mauvaise humeur et en colère. D'autres avaient su esquiver la créature pour ne rencontrer que ses sbires présents pour les protéger. Beaucoup discutaient de leurs expériences dans les mines depuis que l'accord avait été signé avec le Seigneur. Fieren pouvait en apprendre un peu plus, mais finalement rien de bien concluent, car personne n'avait revu le Roi depuis la première année, ce qui n'aidait en rien l'ange.

Il leur fallut quatre jours pour atteindre les bordures des Abysses. Une fois atteint, une voix retenti :

- Petit rat !
- Sir Storke ? Sir Kabal ?
- Ah ! s'exclama le géant, un des généraux du Roi, le sourire aux lèvres. Je savais que c'était le petit rat qu'ils nous enverraient ! Bon retour !
- Merci, j'ai été surpris également quand le Seigneur m'a informé de ma mission ici. répondit Fieren en souriant aux deux démons qui venaient le saluer, visiblement contents de le voir débarquer après trois ans. Comment vous portez-vous ?
- Ma foi, nous sommes des démons.

Fieren sourit à ces deux créatures sous les regards intrigués des anges mineurs.

- Est-ce là toutes vos affaires ?
- Oui Sir Kabal. Est-ce que je serais logé dans un baraquement ?
- Oui, nous vous avons réservé un logement assez grand pour votre laboratoire. Toutes vos affaires nous ont été envoyé.
- Le Seigneur a envoyé mes affaires de recherches ? s'étonna t-il.
- Montez, nous allons vous y emmener.

Kabal l'aida à grimper avec lui sur son cheval, Storke récupérant les affaires de l'ange et prirent la direction d'un grand logement à l'écart. 

- Vérifiez que tout soit là, lui ordonna Storke alors qu'il déposait ses affaires sur le parquet ciré de la bâtisse.

Fieren examina les lieux, il trouva même un sous sol avec une salle très grande où se trouvaient ses affaires de recherches etc... Un lent sourire étira sa bouche.

- Tout y est ?
- Tout y est, merci.
- Vous serez livré à vous-même.
- Ne vous en faîtes pas, j'ai l'habitude. Je vis seul dans mon laboratoire, donc je ne serais pas perdu. Merci encore. Oh, Sirs !
- Hm ?
- Vous voulez savoir si le Roi sera là ?

Fieren se figea. Était-il si lisible ? Son attitude fit rire les deux démons.

- Il reviendra aussi vite quand il saura que vous êtes celui qui a été envoyé. répondit Storke. Nous devons y aller, vous avez quelques provisions dans le cellier.
- Merci encore.

Fieren les raccompagna avant de s'attaquer au nettoyage et rangement de son nouveau logement. Il se prépara un bain et alla dîner.

Ce n'est qu'une fois prêt à s'endormir, que des coups violents se firent entendre contre sa porte.

Qui cela pouvait bien être ?

Il quitta son lit, enfila une robe de chambre qu'il ceintura d'un cordon autour de sa taille étroite et fine, puis alla ouvrir la porte avant que la personne derrière ne l'explose.

- Ma-
- Petit rat…

Atlas le poussa à l'intérieur, ferma la porte qui claqua brutalement. Il lui prit la nuque pour l'attirer à lui et posséda sa bouche voracement.

- Tu es de retour, gronda le Roi à voix basse.
- Je suis de retour, murmura Fieren, s'accrochant à ses larges épaules, capturant sa bouche charnue.

***

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