Chapitre 22
Au réveil, Fieren se trouvait confortablement installé dans son lit. Le corps encore endolori par cette nuit exceptionnelle, il pouvait sentir le corps dur et chaud de son compagnon. En ouvrant les yeux, il se découvrit, la tête posée sur la poitrine du Roi, une main fermée en poing sur son ventre, leurs jambes entre-mêlées, bassins collées contre l'autre. Un bras l'entourait dans une étreinte rassurante et nonchalante. Atlas dormait sur le dos, un bras replié derrière la nuque, le visage détendu et endormi. L'ange releva le sien pour l'étudier, admirant cet homme légendaire et fort qui l'avait aimé avec une puissance qui l'avait totalement transcendé. Son corps se rappelait des ébats de leur nuit et du plaisir qu'ils avaient trouvé dans cet acte interdit.
- M'admires-tu tant que ça ? entendit-il, perdu dans sa contemplation.
- T'ai-je réveillé ?
- Je dors peu.
- Est-ce une habitude dû à ton ancienne vie d'humain ?
Atlas ouvrit les yeux, regardant le plafond de la chambre, perdu dans des réflexions profondes.
- En ce temps-là, je dormais encore moins. Souvent envoyé sur les champs de batailles ou dans des missions pour remettre de l'ordre dans les villes et les frontières du pays. Enfin… c'était bien ce qu'on m'ordonnait à la surface, mais la réalité était bien autre…
- Tuer ?
- Semer la terreur pour mieux me piéger.
La conversation n'était certainement pas celle à laquelle ils s'attendaient tous les deux à avoir après leurs retrouvailles de cette nuit, mais l'atmosphère n'avait pas perdue de sa chaleur, aussi Fieren préféra y mettre un terme, pour l'instant du moins.
- Nous devrions nous lever, tes hommes vont s'inquiéter.
- Oh crois moi cher ange, ils savent où je me trouve, sourit le Roi, embrassant la tempe de son compagnon qui soupira d'aise. As-tu mal ?
- Quelques courbatures, je ne vais probablement pas me déplacer hors de mon laboratoire aujourd'hui. Regrettes-tu ?
-Aucunement ! affirma Atlas avec force.
Fieren sentit son cœur battre vite, son corps devenir plus moue et se languir de lui. Était-il obsédé à ce point pour désiré de nouveau être ravagé par ce guerrier ? Mais la réponse le fit rougir quand sa main rencontra le témoin de l'excitation de son partenaire.
- Je devrais me lever, déclara Atlas, conscient que son corps ne lui obéissait plus en présence de l'ange.
- Attends ! le rattrapa Fieren, alors qu'il le voyait quitter le lit. Ne… Ne pars pas…
Ils restèrent là, sans rien dire, plongés dans des doutes et un désir de s'aimer encore. Fieren fut celui qui initia l'action, il se mit sur les genoux, s'approcha du Roi et l'embrassa, entourant ses bras pour capturer le démon qui resta figé une fraction de seconde.
Il se mit à gronder sourdement, faisant vibrer le corps de Fieren qui se retrouva à cheval sur ses cuisses, les doigts durs du démon lui caressant la chaire, la pétrissant à sa guise pour le mener plus haut dans le plaisir avant de se ficher entièrement en lui.
- Atlas ! cria l'ange alors qu'il retrouvait le membre dur et brûlant de son partenaire, dans le plus profond de son corps.
Son esprit ne fonctionnait plus hormis pour gémir et grogner de plaisir, actionnant son corps afin de les emmener tous les deux vers ce pays doux qu'ils avaient souvent visité toute la nuit durant. Atlas le tenait contre lui, l'aidant à coulisser sur son organe pulsant. Leurs bouches se retrouvèrent, se dégustèrent, avalant les cris de l'un et propageant la fureur de l'autre jusqu'à ce qu'ils ne jouissent de nouveau ensemble.
Atlas posa son front contre l'épaule de l'ange qu'il tenait toujours contre lui, assis sur le lit.
- Les démons sont faibles, murmura le Roi. Vous êtes forts trop appétissants pour des anges.
- Nous ne sommes pas plus forts que les démons. Mon corps en est la preuve. souffla Fieren, qui ne voulait plus bouger.
- Je deviens addict, ce n'est bon pour personne.
- Comptes-tu t'éloigner de moi ?
- Oh que non ! Seulement pour quelques heures. J'ai à faire auprès du Seigneur des Abysses.
- Auras-tu la force de t'éloigner ? le taquina l'ange amusé de se savoir aussi désiré et attiré par cet être particulier.
- Fieren...
- Hm ?
- Ce que nous faisons est mal. Très mal, mais en aucun cas je ne pourrais m'arrêter. Après ton départ, j'ai tourné comme un fou, espérant que tu fasses demi-tour pour continuer à échanger avec toi, apprendre plus sur tes idées et tes recherches, uniquement pour t'entendre parler. La douleur est moins forte quand tu es là, tu brilles tant que je la sens me quitter pour un temps. Mais durant ces trois années, je n'ai fait que souffrir, hurlé ma douleur seul dans ma chambre et tué à l'extérieur. Quand Storke m'a prévenu, j'ai cru devenir fou et j'ai foncé pour espérer que ça ne soit pas un rêve.
Fieren, touché, lui prit le visage entre ses mains, le lui relevant pour plonger son regard dans le sien. Il lui caressa les pommettes de ses pouces, entendant Atlas soupirer à son contact le grisait. Son corps tremblait de savoir qu'ils étaient connectés, et même encore plus ainsi.
- Tu es un être de légende parmi les anges et les Abysses, lui avoua Fieren. Tu… ah ne bouge pas je t'en prie !
- Ne fais point attention à moi, dis moi ce que tu as envie de dire. gronda Atlas, mouvant de nouveau son corps contre le sien, impossible à se calmer tant il l'avait en sa possession.
- La première fois ou je… je suis venu, j'ai cru que tu allais me tuer. Galiya semblait être devenue une pêcheresse tombée sous le charme du démon qui… ah… qui résidait dans le château. Mais votre attitude à tous en...envers elle était si… hmm… si froide et violente que je- Atlas !
- Que tu ? gronda le Roi, dégustant sa peau de gorge à l'odeur spéciale comme une fleur qu'il n'aurai jamais découvert mais dont le pouvoir était puissant.
- Que… Que je me suis demandé si je pouvais gagner ta sympathie. J'ai essayé de restreindre ma façon d'être pour ne point te fâcher. Mais mes mauvais côtés sont assez vite ressorties et tu as éveillé en moi quelque chose qui aurait jamais dû voir le jour. Atlas, Roi Gardien, je ne sais pas encore pourquoi nous sommes ainsi liés, mais je ne compte pas m'éloigner.
- Cela tombe bien alors, parce que moi non plus.
Il le souleva pour le plaquer sur le lit et posséder sans fin son corps, écouter avec plaisir ses cris de plaisir, sentir ses formes d'hommes se frotter à lui, quémandant encore et encore son attention jusqu'à ne plus pouvoir ouvrir un seul œil.
Le Roi s'occupa de lui et le quitta pour prendre un peu de temps, pour se calmer et retrouver son maître qui exigeait sa présence afin de le punir.
Dehors, il trouva ses hommes qui lui adressèrent tous des petits sourires entendu.
- Rangez moi ces visages, gronda le démon.
- Le petit rat est donc revenu ?
- Karssian.
- Maître ?
- Je sens que les Cieux s'agitent pour l'avoir envoyé ici.
- Je vais enquêter. Reste t-il ?
- Oui. Je ne compte pas m'en débarrasser.
- Trois ans, n'est-ce pas court ?
- Tais toi sale bête !
Le second du Roi démon éclata de rire, ainsi que le reste des hommes.
- Sa protection nous est prioritaire, gronda enfin le Roi avec sérieux.
- Ne vous en faîtes pas ! s'exclama Storke en frappant l'épaule de Kabal, faisant tousser ce dernier sous la surprise et la force du démon. Nous serons ses ombres.
- Je l'espère bien. Il s'est rendormi, il ne quittera pas le laboratoire de la journée.
- Oh par l'enfer ! Chef, vous êtes un monstre pour épuiser un ange.
Les hommes partirent en fou rire. Bien sûr l'obsession d'Atlas vis-à-vis de Fieren n'était pas un secret, du moins pas pour eux. Rien de ce que ferai Atlas ou dirait qui aurait un rapport avec l'ange ne leur échapperait pas. Et puis... ils savaient déjà pour le coeur du démon. Rien de surprenant pour eux, car de toute leur faction, le seul à n'avoir jamais connu les plaisirs de la chaire de quelques manières que ce soit, c'était bien leur Seigneur. Alors oui, un ange était un niveau de désir ultime pour un démon, mais qui aurait surtout envie de le déplumer et le tuer par plaisir et sadisme. Un homme devait aimer une femme, mais l'homosexualité n'était pas proscrite ici-bas, contrairement à ailleurs. Toutefois, un démon et un ange ne devaient pas s'unir et encore moins entre deux hommes. Atlas était puissant, une légende parmi les morts comme les vivants qui répandaient encore son nom sur terre. Les anges le craignaient, mais lui n'avait d'yeux que pour un seul d'entre eux qui ne le traitait pas comme une expérience ou comme un pestiféré.
Fieren était un ange étrange, viril et combattif, mais c'était également la douceur incarnée. Il était franc, droit et avec un intérêt singulier pour la connaissance de l'univers. Atlas avait apprécié leurs premiers échanges, trois ans en arrière. Maintenant qu'il avait pu goûter au fruit défendu, est-ce que leur relation serait pareil qu'avant ? Il en doutait, mais l'avait marqué comme étant le sien. Il ne pourrait plus s'en éloigner sans en ressentir une lente agonie.
- Le Seigneur vous attends.
- Je sais. Veillez sur lui et les mineurs.
- Oui Chef ! Bon voyage.
Atlas quitta les lieux, accompagné de son second ainsi que de quatre autres. Ils traversairent au grand galop, le territoire, passant à travers les mineurs angéliques effrayés, suivant les oiseaux du malheur qui volaient devant eux, en direction du grand royaume des ombres.
Mais sa journée allait être la plus longue, car à peine arrivé, une voix qui lui était effroyable à l'oreille, se fit entendre :
- Seigneur Gardien !
- Que fait cette femme ici ?
- C'est une envoyé du Seigneur des Cieux pour le représenter à la table des négociations, lui apprit un des serviteurs présent dans le grand couloir qui menait à ladite salle de réunions.
Mais il esquiva Galiya, il n'avait aucune envie de se trouver à proximité de cette dernière, encore moins de perdre son temps avec celle-ci. Pourtant, elle tenta de s'accrocher à lui jusqu'à ce qu'il prenne place et qu'elle se retrouve proche du siège du Seigneur.
- Voilà une image assez édifiante, n'est-il pas ? s'amusa l'ancien ange en souriant, s'approchant de sa place pour s'y installer. Atlas. Roi Gardien, l'envoyé est-il arrivé ?
- Oui Seigneur, hier. Il a pris sa fonction ce matin.
Mensonge. L'homme le savait bien, mais ne lui en tiendrait pas rigueur. Pourquoi ? Parce que lui-même avait un secret qu'Atlas détenait et qu'il pouvait utiliser contrer lui à tout instant. Mais depuis sa mort, Atlas ne l'avait jamais divulgué et ne comptait pas le faire, du moins tant qu'il n'en voyait pas l'utilité. Il gardait toujours une longueur d'avance sur son propre maître, refusant de se faire duper à nouveau. Avec l'arrivée de Fieren, les enjeux allaient devenir plus périlleux.
Pourtant, le Seigneur des Abysses jeta un regard mauvais à Galiya qui tiqua.
- Seigneur, que fait cette… créature ici ? demanda un incube sur la défensive.
- Mon cher voisin a proposé une trêve. Cette personne est ici pour faire le lien entre nos deux parties.
Mais l'annonce ne plus à personne. Tous se moquèrent de Galiya, la décrivant comme étant la moins qualifiée pour ce rôle. Furieuse, elle tenta de garder la face, jusqu'à ce que la séance ne soit interrompue par une arrivée surprise.
- Veuillez excuser mon retard Seigneur. Je n'ai reçu l'ordre qu'il y a peu.
- Installez-vous. sourit le Seigneur sombre en invitant la créature à se présenter à son maître surpris qui ne s'attendait clairement pas à le voir ici.
- Pourquoi es-tu …
- Plus tard.
***
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