Chapitre 23

8 minutes de lecture

Atlas se figea en reconnaissant la voix qui venait d'entrer dans la salle. Son regard se dirigea vers Fieren. Que faisait-il là ? Il dormait au moment où il l'avait quitté, comment pouvait-il être ici aussi vite  ? À moins que… 

Le sourire du Seigneur lui fit comprendre qu'il avait raison sur ce point : il en était la cause. Le Roi démon fronça les sourcils, grondant sourdement, montrant ainsi son mécontentement. 

- Installez-vous, ordonna le Seigneur en montrant la place d'Atlas. 

Comprenant alors qu'il devrait se tenir à ses côtés, l'ange sentit son corps réagir immédiatement, mais dû se faire violence pour retenir le gémissement qui cherchait à quitter sa gorge. Tandis que l'ange s'installait au siège indiqué, Atlas se tourna vers lui :

- Que fais-tu ici ?

- Plus tard.

- Fieren. 

- Galiya ? Je suis étonné de te voir ici. Le Seigneur t'a t-il envoyé pour me surveiller ?
- Le monde ne tourne pas autour de toi, gronda cette dernière, se tenant droite sur elle, le regard furieux braqué sur l'ange qui n'en avait que faire, concentré à calmer son compagnon sur sa gauche qui n'avait aucune envie de le voir en présence de son maître dangereux.

Le chercheur avait glisser une main sur la cuisse du guerrier qui sentit immédiatement son corps se contracter. Il retint un grondement de bête boudeuse pour reporter son attention sur la séance du jour qui consistait à présenter le projet de trêve entre les deux Seigneurs de Vie.

- Galiya est ici pour faire le lien entre nos voisins des Cieux et nous-mêmes, expliqua t-il. Quant à cet ange-ci...

Fieren se leva, s'inclina :

- Je m'appelle Fieren. Je m'excuse de mon retard et remercie le Seigneur des Abysses de m'avoir convié à cette réunion. Je suis le chef de la branche de recherches Angéliques.

- Un chercheur ? Voilà qui est intéressant, sourit un incube, lançant un regard entendu à Atlas qui serra son poing sur la table.

- Sir Fieren, en quoi consistent vos recherches ? Quels en sont les sujets ?

- Divers et variés, je suis en quête de savoir sur le monde et bien plus loin encore. expliqua l'ange, apaisant de sa sympathie et sa passion, le Roi démon qui se mit à sourire.
- Le savoir du monde. murmura le Seigneur sombre. Ceci est très vaste.

- Je le sais Seigneur, mais c'est bien pour ça que j'étudie depuis des siècles. Mais j'ai été envoyé pour superviser les mineurs afin d'extraire le Thaelis Magnis et en comprendre son fonctionnement.

- Ah ! s'exclama un démon mineur. Cette pierre est capricieuse, nous-mêmes n'avons jamais réussi à la comprendre ni à l'utiliser.

- D'où ma présence parmi vous Sir, sourit l'ange.

- Quand êtes-vous arrivé ?

- Hier en fin de journée.

- Nous espérons des résultats assez vite, déclara le Seigneur.

- Je ferai de mon mieux pour ne pas vous décevoir, ni mon Seigneur.

La réunion se poursuivi, sans que Galiya ne soit intéressée ni même sollicitée. Ce qui n'avait fait qu'alimenter sa rage. Une fois la réunion finie, Atlas discuta avec certains autres dirigeants, présentant Fieren à ces derniers, sous le regard mauvais de la femme.

- Vous n'êtes là qu'en espionne, si mon frère n'avait pas tant insisté pour vous envoyer à mes côtés, jamais vous ne seriez ici. Ne l'oubliez pas, gronda le Seigneur sombre, lui-même mécontent de sa présence.

Galiya disparue, rageant si fort qu'elle sentait son corps à l'agonie de tant de manque de courtoisie et de reconnaissance pour sa personne. N'était-elle pas la plus belle des Cieux ? Ses maîtres et son Seigneur le disaient souvent, alors pourquoi Fieren recevait-il tout les éloges qui lui étaient dû ? Elle ne l'aimait pas et n'aimait pas cette situation d'ignorance totale. Elle se vengerait, elle s'en fit le serment, comme une sombre et furieuse promesse qui deviendrait le poison provoquant sa chute de son petit trône.

- Vous vous êtes fait une ennemi cher ami.

- Sa précédente arrivée sur mes terres n'était pas non plus plaisante, gronda Atlas alors qu'ils l'avaient vu quitter les lieux juste après le Seigneur. 

- Sir chercheur, nous espérons vous revoir bientôt. Nous devons nous quitter pour aujourd'hui.

- Ce fut un plaisir de vous rencontrer, Sir.
- Mon Roi, gardez bien cet ange-là. Il nous sera précieux.

- Tu n'as point besoin de le dire pour que je le protège Estaban. Fuis, vile créature.

- Ah le monstre sort ses griffes, pouffa l'incube en quittant la salle.

Atlas et Fieren partirent à leur tour, mais sur le chemin, l'ange dû se précipiter pour lui parler avant qu'il ne se méprenne sur quelque chose :

- J'ai reçu une missive de ton maître après ton départ. On est venu me chercher, m'ordonnant de participer à cette réunion. Mon Seigneur a également donné son ordre d'y participer.
- Je n'aime pas ça.

- Atlas…

Le Roi regarda droit devant lui, le corps tendu. Bien sûr, il n'en voulait pas à Fieren, mais flairait quelque chose de louche dans tout ceci. Et c'était ce danger-là qui l'inquiétait, car si leurs maîtres savaient pour eux, alors Fieren serait à protéger tout du long et sans aucun répit.

- À quoi penses-tu ?

- Que quelqu'un nous observe.

- Penses-tu que nos Seigneurs sachent déjà et que cela répondrait à la question de "pourquoi" ils m'ont ordonné de participer à cette réunion avec Galiya ?
- C'est en effet ce que je pense. Mais je pense aussi que cette femme est envoyée pour nous surveiller.

Durant le trajet retour, plus aucun ne parla et devant le logement de l'ange, le Roi partit sans rien lui dire non plus. L'ange sentit un pincement au coeur, mais se reprit assez vite quant on vint le trouver pour lui demander de rejoindre les mineurs.

Il eut à peine le temps de descendre de son cheval qu'il couru chez lui, récupérer son matériel et ses carnets, qu'il fourra dans son sac avant de rejoindre les anges à la mine.

- Fieren ! s'exclama un ange qu'il connaissait assez bien.

- Eliel. Que fais-tu ici ?
- Je me suis porté volontaire.
- Oh et bien voilà un visage familier pour cette histoire. Où en êtes-vous ?

- Tiens, regarde. Nous avons réussi à extraire la pierre, là n'est pas le problème.
- Où se trouve t-il alors ?

- Sir Fieren !

- Bonjour.

- Ah Sir !

Le chercheur salua les mineurs en souriant, puis se concentra sur ce qu'on lui disait. Il visita les forges et les exploitants afin de regarder en détail leur façon de travailler le minerai, mais à chaque fois, soit il perdait de son éclat et finissait par se ternir, soit il leur était impossible de le travailler. Cela allait lui donner du fil à retordre, mais il était prêt à relever le défis. Il demanda à collecter quelques morceaux de chaque état et quitta les mines pour s'enfermer durant le reste de la journée, dans son laboratoire réaménagé.

[…]

Atlas avait passé les trois jours suivants, enfermés dans son bureau à traiter les dossiers qui s'y empilaient. Même démon, il était le Roi d'un domaine vaste et imposant. Gardien de la Grande Porte, il devait faire en sorte d'accueillir les morts et d'y renvoyer les importuns qui auraient tenté leur chance pour venir braver le Roi démon.

Durant ces jours-là, il ne vint pas trouver Fieren et ne lui donna pas plus de ses propres nouvelles. Karssian envoyé pour enquêter, lui était revenu avec des nouvelles qui lui interdisaient de voir l'ange.

Le Seigneur des Cieux savait pour la relation de l'ange et du démon, mais son ambition de répandre sa soit disante paix dans le monde, voulait utiliser la trêve pour répandre son pouvoir et les éradiquer tous. De ce que Karssian et ses hommes avaient apprit, Fieren était un total ignorant de ses plans. Atlas sentait une sourde colère l'étreindre, mais avec le temps qui passait, cette dernière prenait de l'ampleur au point où il avait refusé de se montrer à Fieren ni de le toucher. Il gardait un œil sur lui, mais refusait de l'approcher. Pourtant… il se languissait de l'ange, autant que ce dernier cherchait à le voir. Il l'entendait l'appeler, il le sentait toujours proche. Ce qui était le plus terrible pour lui, était qu'il voulait le voir, l'approcher lui dire qu'il était là mais n'y arrivait pas ou du moins… se l'interdisait pour protéger son compagnon envers qui, il développait des sentiments bien trop dangereux.

L'ors qu'un soir, Fieren débarqua dans le château, esquivant les gardes et les hommes du Roi pour le trouver baignant dans une cuve qui lui servait de baignoire. Il regardait au dehors, sans prêter attention à ce qui l'entourait, perdu dans une réflexion bien profonde pour comprendre que l'ange venait de pénétrer dans ses quartiers.

Une main pourtant, se posa sur sa poitrine, glissant vers son ventre, faisant sursauter ce dernier qui attrapa son assaillant et le plongea dans l'eau, une dague sur la gorge.

- Fi... Fieren ? Que... Que fais-tu ici ? J'aurai pu te tuer ! s'exclama le Roi.

- Tu m'évites, tu refuses que j'approches. Qu'ai-je fait ? Que ce passe t-il ?

Atlas poussa un long soupir et se laissa retomber dans le bac, faisant éclabousser l'eau tout autour d'eux. Il se passa une main dans ses cheveux trempés, les plaquant en arrière.

- Je l'ai fait pour te protéger.
- De qui ? Que ce passe t-il ?

Atlas évita son regard, mais l'ange ne se laissa pas faire. il s'installa sur ses cuisses, l'obligeant ainsi à le regarder, découvrant son corps sous son vêtement trempé, rendu transparent.

- Atlas.

- Ton Seigneur cherche à détruire les Abysses... et toi avec.

Figé, Fieren plongea son regard azur dans celui du Roi et put y voir la sincérité de ce dernier. Blessé, l'ange posa son front sur l'épaule de son compagnon, expirant longuement et lentement.

- Notre proximité est connue, si il apprend que... Mon cher ange, je ne veux pas te perdre comme ça.

- Tu ne me perdras pas. Pas sans me battre.

- Fieren.

- Atlas, mon Roi.

Ce dernier se figea, surpris. 

- Mon Roi, répéta l'ange.

Sa bouche captura celle du démon qui avait encore à l'esprit ses mots : "mon Roi". Ce fut le déclencheur de son désir de le faire sien, de le marquer au plus vif et au plus profond de son être.

Ce n'est que plus tard,  une fois plus calme, tous les deux allongés l'un contre l'autre, dans la cuve, que l'ange déclara :

- Je ne puis me battre contre mon Seigneur. Mais je me battrais pour nous, quoi qu'il en soit. Eradiquer les Abysses ferai perdre son équilibre au monde. Si tes informations s'avèrent éxactes, alors quelque chose est en train de se passer. Le Seigneur n'est pas du genre à vouloir agir ainsi, quelqu'un a dû le lui conseiller.
- Galiya ?
- Je ne saurai te dire si elle a cet impact sur lui. Quoi qu'il en soit, j'ai ici, quelques personnes qui pourront m'aider.

- Je ne souhaite pas que tes amis ou toi soient blessés.
- Mon Roi est trop bon pour être un démon. Qu'as-tu souhaité pour n'être pas venu me rencontrer ?

- Donner tout ce que je pouvais pour mes hommes.

***

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Samarra Okayo ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0